Solidarité financière avec les travailleurs en grève de la sncf
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Catégorie : Global
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesLuttes salarialesMouvement
Caisse de grève du Collectif des usagers SNCF pour la grève générale illimitée
Le Collectif des usagers de la SNCF pour la grève générale illimitée a mis en place cette caisse de grève. Nous vous invitons à y contribuer et à la faire connaître un maximum.
Les sommes collectées seront reversées sans intermédiaires syndicaux et en toute transparence aux travailleurs du rail en grève et, le cas échéant, aux autres travailleurs en lutte dans les différentes villes où le Collectif des usagers de la SNCF pour la grève générale illimitée est implanté.
Nous reverserons les sommes collectées aux cheminots non-syndiqués aussi bien que syndiqués. Nous conseillons toutefois aux syndiqués de se tourner en premier lieu vers leur OS pour exiger le paiement de leurs jours de grève : de l’argent, il y en a, dans les caisses (noires) des syndicats !
Enfin, étant entendu d’une part que les cheminots ne gagneront qu’avec le soutien des autres salariés et, d’autre part, que la grève des travailleurs du rail – qui occupent une place stratégique dans l’économie – ouvre une fenêtre de tir pour que soient satisfaites nombre d’autres revendications salariales, nous incitons les travailleurs en lutte des différents secteurs à mettre en place des comités de liaison indépendants des appareils syndicaux afin que les grèves s’étendent, se coordonnent et se radicalisent.
La cagnotte, c’est ici : https://www.leetchi.com/c/collectif-des-usagers-sncf-pour-la-greve-generale-illimitee
Page FaceBook du collectif : https://www.facebook.com/Collectif-des-usagers-de-la-SNCF-pour-la-grève-illimitée-1948810298767966/
Contact : usagerssncfpourlagreve@gmail.com
Tiens donc ! Nous revoilà sur une question de fond du mouvement, telle que posée par les syndicats et leurs soutiens : « une grève dont on sait qu’elle ne sera gagnante qui si elle se généralise et prend un caractère illimité. » D’où sort cette ânerie exactement ?
Toute l’expérience du mouvement ouvrier depuis un siècle exprime parfaitement que c’est faux ! Un mouvement ne l’emporte que s’il déborde le cadre qu’il avait au départ, à savoir la corporation, l’entreprise, la région, et se généralise sur une base large qui déborde les revendications sectorielles de départ. Autrement dit : aucune lutte d’importance ne l’a jamais emporté en restant dans le secteur, en restant dans un cadre local, en se focalisant sur des revendications sectorielles. Ce qui est exactement le cas aujourd’hui.
La lutte depuis un siècle ne l’emporte que lorsqu’elle pose un cadre politique. En restant dans le cadre économique étroit du secteur, local, de la corporation, elle ne peut aucunement l’emporter parce qu’on n’a pas affaire à un patron isolé, mais à l’Etat tout entier, qui a une autre capacité de résistance et d’organisation.
C’est bien pour cela qu’une grève longue, dure, isolée, n’a AUCUNE CHANCE DE L’EMPORTER, et toute l’expérience de lutte depuis un siècle est là pour le montrer. La grève des cheminots en France en 1920 – allez, un peu d’histoire ! – qui ressemble beaucoup à celle d’aujourd’hui ? Une défaite totale. La grève des mineurs en Angleterre en 1983/84, qui a duré un an ? Un échec qui a cassé pour longtemps la classe ouvrière anglaise. La grève de la SNCF en décembre 1986, pourrie par le corporatisme – et pas un train ne roulait ! – : échec noir. On continue ? J’en ai encore une pleine armoire s’il le faut.
Donc, la caisse de grève n’a jamais prouvé sa pertinence, elle est la marotte des syndicalistes pour « tenir » soi-disant dans la durée. Mais en face le gouvernement ne fait face à aucune menace, que ce soit l’extension du mouvement au-delà de la corporation, son unification sur des revendications communes, la tenue d’AG communes aux différents secteurs en lutte, etc. Il n’a pas cédé après la grève en début de semaine ? Pourquoi le ferait-il la prochaine fois ?
Seulement, si le mouvement sortait des clous corporatistes et cherchait à s’unifier en s’étendant, il devrait immédiatement se confronter aux principaux chiens de garde de la bourgeoisie en secteur ouvrier, les syndicats…
Le » VSGCI » ne manque jamais à l’appel pour tirer à boulets rouges sur les articles publiés sur Indy… dont il est pourtant un lecteur régulier.
Pas avare de commentaires, pourrait-il aussi développer un point de vue sur la lutte à la Sncf par exemple, non pas à partir de principes « invariants », mais sur la base du mouvement tel qu’il existe, avec toutes ses contradictions ? Formuler donc positivement une politique concrète dans les conditions qu’on connaît des luttes ouvrières, marquées bien sûr à la Sncf comme ailleurs par le corporatisme ?
Et si le mouvement est aussi inconsistant, bref aussi peu à la hauteur historique des vues du » VSGCI « , c’est tant pis pour les ouvrie.e.rs n’est-ce pas, qui sont bien cons de se traîner derrière les syndicats ?
En l’espèce, une caisse de grève militante pourrait être un outil pour matérialiser la résistance d’une plus grande partie de la classe aux offensives bourgeoises… c’est à dire un pas en dehors du corporatisme.
Franchement, je t’invite à répondre car tu as certainement des formules magiques, on en a grandement besoin sur les piquets de grève.
Oh ! Oui, on peut partir des conditions actuelles du mouvement, et même du rapport de force international entre la classe ouvrière – qui n’est pas QUE française – et la bourgeoisie – qui fonctionne aussi en partie de façon concertée au niveau international, surtout en ce qui concerne la lutte de classe.
Donc, actuellement, il y a peu, très peu de luttes qui cherchent à déborder le cadre syndical dans le monde, ce qui signifie que, bien qu’il règne un mécontentement général, la bourgeoisie pour l’instant garde la main.
Ce que l’on voit en France, où l’attaque contre divers secteurs notamment la SNCF a été longuement annoncée et préparée en amont par l’Etat et ses syndicats. Mais je sens qu’Ibé ne considère pas les syndicats comme partie prenante de l’offensive de la bourgeoisie.
Je crois avoir expliqué ci-dessus pourquoi une caisse de grève n’est que la matérialisation de la stratégie de la bourgeoisie et de ses syndicats pour épuiser les salariés de la SNCF, en faisant croire que plus la grève dure, plus elle a de chances de l’emporter, ce qui est L’EXACT CONTRAIRE de la réalité. Un mouvement qui veut l’emporter doit impérativement être rapide dans une unité de revendications qui efface le corporatisme et déborde le cadre syndical, rempart de l’Etat contre la lutte de classe.
Ce qui signifie que, de fait, il n’y a pas de lutte en ce moment : il n’y a qu’un mouvement initié par les syndicats pour répondre au mécontentement de la « base » contre les mesures prises par l’Etat. Mais tant que les salariés ne prendront pas leur lutte en main en virant de facto les syndicats de sa direction, tant qu’ils suivront les directives syndicales de « grève intermittente » – qui n’a aucune chance d’établir un rapport de force -, tant qu’ils croiront que plus longtemps ils mènent ce genre de mouvement, plus ils auront de chance de l’emporter, tant qu’ils resteront dans le cadre de revendications corporatistes – la défense du statut – qui n’intéressent absolument personne d’autre qu’eux – en quoi la suppression du statut de cheminot me concerne-t-elle ? Et en quoi la destruction de mon propre statut au boulot intéresse-t-elle Ibé ?… – il n’y a aucune raison que le mouvement se généralise sur des REVENDICATIONS COMMUNES, ce qui serait le gage de sa capacité à engager un rapport de force POLITIQUE avec l’Etat.
Maintenant, au tour d’Ibé de répondre : en quoi la stratégie syndicale de grève longue chacun dans son coin offre-t-elle la moindre opportunité d’établir un rapport de force avec l’Etat ? Et en quoi les syndicats sont-ils aujourd’hui – et depuis longtemps – autre-chose qu’un appendice de l’Etat capitaliste, financé et maintenu à bout de bras en vie par les subsides étatiques et le paritarisme ?
Il pourrait aussi nous expliquer en quoi la fausse solidarité – la vraie étant de rejoindre le mouvement ! – de la « caisse militante » pourrait-elle bien « matérialiser la résistance d’une plus grande partie de la classe aux offensives bourgeoises »…
Il me paraît en effet tout à fait stérile d’adopter sur tout sujet l’attitude hyper critique de celui qui sait pour les autres. Que sait le « VSGCI » des objectifs et, surtout, de la pratique de ces promoteurs d’une caisse de grève ? Pourquoi déduit-il que je serai forcément d’accord avec les modalités de grève décidées par les fédérations syndicales ?
Étant ouvrier de cette boîte, je n’ai pas spécialement à « rejoindre » le mouvement mais tout bêtement à y contribuer, en voyant toutes les contradictions et limites sur lesquelles il va butter.
Tu auras donc compris que je n’ai rien à voir avec cette initiative. Mais je me rappelle qu’en 2010 on avait lancé à quelques copains une caisse de grève sur une manif pour une entreprise en grève, que cette initiative avait été bien appréciée par des travailleurs de secteurs différents, manifestant leur soutien avec la thune et aussi par des messages écrits. Le piquet de grève avait au final attiré par mal d’initiatives comme la nôtre et au mur plein de messages, tracts, photos, dessins, étaient affichés. Cela matérialisait effectivement une convergence de différentes parties combatives de la classe à travers une lutte emblématique. Rien de plus, rien de moins.
Au lieu de quoi, » VSGCI « , tu refais le coup des généralités : les rapports de classes sont internationaux, la bourgeoisie garde la main, les syndicats sont intégrés au capital, etc. Merci pour la leçon !
Or si maintenant tu as déplacé ton auguste personne sur place, tu auras pu voir que de nombreux obstacles se dressent sur la reprise d’une lutte conséquente classiste qui ne dépendent pas uniquement de l’encadrement syndical. Supposer qu’il suffirait de faire sauter le couvercle syndical pour provoquer cette reprise, c’est bien simpliste. Ceux et celles qui sont prêts à se battre n’en sont ils pas d’abord, et pas davantage, à se coordonner par l’intermédiaire syndical ? Sont-ils pour autant plus arriérés que le gréviste qui reste dans son jardin, ou que celui qui travaille un jour de grève ?
Il existe bien d’autres mécanismes d’intégration qui ne dépendent pas de l’encadrement syndical, libre à toi de faire une enquête concrète qui serait plus féconde que d’asséner des leçons.
Enfin et surtout, rien n’empêcherait qu’une fraction mobilisée sorte des clous syndicaux, se cherche une voie autonome. Pourtant, on ne voit pas de tentatives de ce genre.
Que faire donc, ce qui était ma question de départ, compte tenu des conditions présentes de la lutte de classe ?
On sait que le mouvement amorcé est dans son expression principale un mouvement de corporation, marqué par des décennies d’idéologie et de pratiques de collaboration, d’intégration et de fierté d’entreprise. Il ne pourra donc, dès le départ, comme tu le prétends, adopter des objectifs classistes, comme si une telle conscience devait PRECEDER l’expérience de la lutte. Mais ce peut être un mouvement combatif, qui peut déclencher l’entrée dans la bagarre de secteurs différents, provoquer des rencontres, des solidarités qu’il faudra bien soutenir, amener les lutteurs-euses à se rencontrer, débattre, en dehors des chemins bien balisés.
Mais tu peux aussi aller voir les grévistes pour leur dire comme ici « qu’il n’y a pas de lutte en ce moment », ou leur gueuler dessus qu’il faudrait bien mieux créer des AG autonomes, alors que les AG officielles sont déjà maigrelettes.
Cela dit pour faire avancer le débat, si cela t’intéresse un peu !
Je dois dire qu’étant révolutionnaire, je n’ai rien à faire d’une approbation particulière à un moment donné, et je suis assez intervenu face à des assemblées pour le savoir : peu importe ce que tel ou tel ouvrier pense à un moment donné, ce qui compte est ce que la classe ouvrière sera contrainte de faire, conformément à son être historique (Marx, de mémoire).
Ibé me refait un coup très classique des syndicalistes et des gauchistes : la fameuse question « tes généralités, c’est très bien, mais toi, qu’est-ce que tu fais concrètement ? »
D’une part, je n’ai pas exprimé de généralités, mais des PRINCIPES permettant de comprendre ce qu’est ce mouvement et dans quel cadre général il se place. Et je constate que Ibé, tout en n’étant pas d’accord, aucunement, avec lesdits principes énoncés deux commentaires plus haut, refuse de les discuter. Il vaut bien mieux pour lui se pencher sur le « concret ».
Donc, pratiquement, qu’est-ce que je propose ? D’arrêter le mouvement, le plus vite possible ! Plus il va durer, plus profonde sera l’inévitable défaite qui en résultera. Ce mouvement a été initié, organisé, planifié par la bourgeoisie, l’Etat et ses syndicats : il ne peut pas mener à autre chose. Et personne ne « sortira des clous syndicaux », parce que ça c’est au début du mouvement que ça peut se produire, et c’est là qu’il y a lutte, entre la classe et les organes d’encadrement de la bourgeoisie. Ce moment n’a jamais eu lieu, il ne se produira plus, dans ce mouvement-ci du moins. DONC et par conséquent, toute initiative visant à faire durer ce mouvement ne cherche qu’à approfondir la défaite qui en résultera. Et si je fais cette affirmation, c’est parce que je défends un certain nombre de principes, avec lesquels Ibé est de toute façon en désaccord.
Premier principe : une grève longue et isolée doit perdre. Je n’ai pas lu qu’Ibé discute cette « généralité », pourtant fondamentale pour comprendre un mouvement et lui donner une direction viable… et pour savoir qu’une « caisse de solidarité » est le plus souvent une très mauvaise idée !
Deuxième principe : les syndicats sont partout dans le monde des organes de sabotage de la lutte, maintenus en vie par la bourgeoisie et son Etat, dont les méthodes de lutte sont invariablement un sabotage de la dynamique ouvrière, et qui doivent être débordés et chassés de la tête d’un mouvement pour qu’il ait une chance de l’emporter. Et ce n’est pas une question d’organisation : c’est le SYNDICALISME en tant que principe de « lutte » qui est en cause, et depuis longtemps. Là encore, pas l’ombre d’une réponse d’Ibé, qui est tout autant en désaccord pourtant là-dessus…
Troisième principe : si la bourgeoisie a choisi la situation actuelle pour lancer l’actuel mouvement et casser proprement le statut des cheminots, c’est qu’elle sait parfaitement qu’elle peut se le permettre. Et elle sait parfaitement, elle, que si la lutte de classe, celle qui tend à déborder les mouvements syndicaux et à s’élargir sans contrôle, est très faible INTERNATIONALEMENT, elle met toutes les chances de son côté en la déclenchant en France maintenant. Une lutte a une chance de l’emporter quand elle prend la bourgeoisie par surprise, quand elle démarre sur un coup de colère de la classe et se développe sans que les syndicats puissent en prendre le contrôle. Ils finissent toujours par le reprendre, mais parfois il a fallu pour cela que la bourgeoisie cède… Et c’est quelque chose que l’on peut constater partout dans le monde.
Ibé n’a toujours pas expliqué en quoi une caisse de grève serait une initiative positive pour la grève, sauf à dire que les ouvriers à qui elle est destinée seront contents de la recevoir. Il est donc favorable à ce genre d’initiative, mais ne dit rien de ce qui sous-tend politiquement cette proposition. D’un côté, il peut rejoindre la Croix-Rouge ou mettre un gros nez rouge et aller distribuer des chocolats aux grévistes : il sera très bien reçu aussi, mais ça ne change RIEN à la logique politique du geste. On est ici dans le registre des dames patronnesses et de la charité bien ordonnée, ou dans la logique syndicale de la grève longue, dure et isolée, il faut choisir.
Dernier point : l’idée exprimée par Ibé que la conscience procède du mouvement est là encore TOTALEMENT FAUSSE, sinon on ne comprend pas pourquoi un mouvement de classe réellement positif ne démarre jamais du même point que ceux qui l’ont précédé. La lutte n’est pas qu’un facteur d’expérience, elle est le champ où la conscience de classe s’exprime, et Marx le disait déjà il y a 150 ans, cette conscience progresse sans qu’on la voie et ressurgit soudain sans qu’on l’ait vue venir. C’est pour cela qu’il parlait de « vieille taupe ». Il est très drôle de voir Ibé reprendre ici ce que racontait Lénine sur la « conscience trade-unioniste » dans son bouquin « Que faire ? » qui date de 1902, idée sur laquelle il a admis s’être trompé… On peut même dire qu’Ibé en est au même point que les Réformistes du SPD en… 1898, lorsque Rosa Luxemburg avait démoli l’idée que « le but n’est rien, le mouvement est tout ». Il ne le sait pas, mais Ibé dans sa dernière partie de commentaire vient de nous ressortir la même idée…
On a parlé de principes ? Oh, mais c’est vrai : ça n’est pas concret…