La licra, prêtre officiel de la nouvelle laïcité ?
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Catégorie : Global
Thèmes : Racisme
L’Union Juive Française pour la Paix considère que cette convention et cette promotion de l’ouvrage cité sont un très mauvais coup porté à la laïcité, au « vivre ensemble » et à la lutte contre le racisme dans notre pays.
Sans préjudice d’une analyse ultérieure plus approfondie, nous citerons simplement quelques passages de l’ouvrage, qui certes n’en constituent pas l’essentiel, mais portent sur des sujets dont nous savons qu’ils sont justement au cœur des polémiques et des difficultés rencontrées par les personnels de l’éducation aujourd’hui, tout particulièrement depuis les crimes racistes qui ont endeuillé notre pays en janvier. Sur plusieurs points, nous sommes obligés de parler de l’œuvre de pompiers pyromanes, et nous en voulons pour preuve le choix de certains rédacteurs, tel Robert Redeker, l’auteur de la formule « islamisation des esprits ».
Dans leur introduction les auteurs savent à juste titre dire, après avoir montré comment « de nouveau on assassine des juifs uniquement parce qu’ils sont nés juifs », que « les musulmans de ce pays ne sont pas mieux traités ». Mais le reste de l’ouvrage montrera un traitement fort déséquilibré des notions et des faits.
La présentation d’Israël (seul Etat faisant l’objet d’une entrée) comme « seule authentique démocratie du Moyen Orient » ne peut être perçue que comme une provocation pour tous ceux qui sont horrifiés par les massacres répétés opérés par cet Etat au mépris du droit international depuis sa création, et encore aujourd’hui en Cisjordanie et bien sûr à Gaza. Israël est un Etat juif et démocratique au sens où il est démocratique pour les Juifs et oppose sa judéité à tous les autres, pour justifier les discriminations tant en matière de logement et de travail que de justice et de circulation, sans oublier la non-reconnaissance de nombreux villages palestiniens, dont ceux des Bédouins du Néguev.
Or Israël est présenté comme ayant « toujours eu deux langues officielles – hébreu et arabe – (…) ». Cela n’est plus vrai depuis des années, et tous ceux qui sont allés sur place savent à quel point tout est fait pour que l’arabe soit éliminé du paysage. Ni la Nakba, ni l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens conquis en 1967 ne sont évoquées.
De ce fait ne faudrait-il pas rappeler que les 50% de non-juifs vivant entre Mer Méditerranée et Jourdain sont privés de tout ou partie de leurs droits politiques et économiques ?
Cette présentation d’Israël se contente de reprendre le roman national proposé par le sionisme d’un « retour sur la terre ancestrale », et bien sûr ne questionne pas le sionisme comme idéologie de la séparation. La nécessité d’un Etat nation sur une base ethnique n’est peut-être pas le meilleur exemple pour promouvoir le « vivre ensemble », elle est même en contradiction avec la conception républicaine de la citoyenneté. Une telle présentation va de pair avec celle de l’antisionisme comme forme moderne de l’antisémitisme, en s’abritant derrière une citation de Léon Poliakov : « Cette agitation qui dure depuis trois millénaires, qui fut par exemple « anti mosaïque » dans l’Antiquité, « antijudaïque » chez les chrétiens et devint « antisioniste » au vingtième siècle, connaîtra probablement au vingt et unième siècle de nouveaux prolongements (…) ».
Mano Siri et Antoine Spire enfoncent le clou « En effet,Israël est le seul Etat du monde dont certaines forces politiques contestent encore la légitimité, confondant la critique d’une politique avec la négation de l’Etat. Avec la deuxième Intifada en septembre 2000, et malgré la signature d’accords de paix entre Israël et plusieurs de ses voisins arabes (Egypte et Jordanie), l’antisionisme recouvre à présent la délégitimation de l’Etat d’Israël et l’hostilité aux Juifs ».
Ici, Mano Siri et Antoine Spire confondent la critique des conditions de la création de l’Etat d’Israël et des structures d’apartheid qu’il s’est données, ses pratiques d’épuration ethnique et son expansion par la construction du Mur ou la colonisation, et l’hostilité aux Juifs. Ce sont eux qui, en participant à cette confusion, comme d’ailleurs les autres soutiens inconditionnels de l’Etat d’Israël comme le CRIF, contribuent à l’antisémitisme.
C’est cette même définition de l’antisionisme comme la forme moderne de l’antisémitisme qui a conduit des militants alsaciens sur le banc des accusés pour avoir appelé au boycott des produits israéliens tant que ce pays ne respectera pas le droit international, procès dans lequel la LICRA s’était portée partie civile.
Ainsi, sur des questions clés, le livre apparait non comme un outil pédagogique ouvrant à débat, mais l’affirmation d’une idéologie assénée comme une vérité incontestable.
Choisir la LICRA comme partenaire privilégié et son livre comme référence est un acte délibéré d’importation du conflit Israël Palestine dans l’école sous prétexte d’antiracisme. L’UJFP demande solennellement que cette décision soit reconsidérée.
Le bureau national de l’UJFP, le 4 février 2015
NDLR du 13-02-2015 : la page donnant le lien sur ce livre était ici : http://eduscol.education.fr/cid85800/eduquer-contre-le-racisme-et-l-antisemitisme.html.
Cette page a été donc supprimée récemment. Mais nous avons une copie d’écran de celle-ci
Par ailleurs, l’annonce du partenariat figure toujours sur le site du ministère : http://www.education.gouv.fr/cid85862/le-ministere-de-l-education-nationale-renouvelle-son-partenariat-avec-la-licra.html
En septembre dernier, la Licra a publié un ouvrage rassemblant 100 textes, relatifs à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Problème, quand il est question d’Israël, il n’est jamais question de Palestine. Pour Pascal Boniface, qui a décortiqué les textes, ce traitement de la question du racisme et de l’antisémitisme est extrêmement problématique.
La Licra a édité en septembre 2014 « 100 mots pour se comprendre, contre le racisme et l’antisémitisme », sous la direction d’Antoine Spire et Mano Siri, aux éditions « Le bord de l’eau ».
Ce livre vient d’être publié sur le site Eduscol du ministère de l’Education nationale, qui a récemment renouvelé son partenariat avec la Licra, pour des interventions dans des établissements scolaires, ou la formation des formateurs.
Un traitement fondamentalement partial de la question
Combattre le racisme et l’antisémitisme, rien de plus nécessaire. Il n’est pas certain que ce livre y contribue réellement. On parle beaucoup d’éviter d’importer le conflit du Proche-Orient en France. J’ai déjà eu l’occasion de dire que ceci me paraissait vain, ce conflit étant de fait déjà importé. Le véritable objectif doit être d’en limiter les conséquences négatives sur notre société.
Le livre en question aborde bien le sujet, mais de façon tout à fait partiale. La volonté de donner un visage positif d’Israël est nette. L’entrée Israël est rédigée par Frédéric Encel. On peut y lire (p.93) :
« Seule authentique démocratie au Moyen-Orient, Israël fut confronté dès sa création au rejet quasi unanime des voisins arabes, et mena plusieurs guerres pour asseoir son existence. »
Des élèves qui auraient fait un peu d’histoire pourraient s’interroger sur qui fut à l’origine de guerres en 1956, 1967 et 1982.
Rassurons-nous, le processus de paix « finira sans doute par aboutir à un partage territorial entre l’État juif d’Israël et un État arabe de Palestine ». On ne sait pas trop quand. Mais aucun mot sur l’occupation, les checkpoints, la répression ou la colonisation, pour ne pas parler du blocus de Gaza.
« Quant au racisme, s’il existe hélas autant en Israël que dans d’autres pays, celui-ci tombe sous le coup de la Loi. » (p.94)
C’est oublier un peu rapidement les multiples déclarations de l’extrême-droite israélienne ou les manifestations où l’on crie « mort aux Arabes ».
On apprend aussi, à la même page, qu’ »une forte minorité arabophone dispose des mêmes droits et devoirs civiques que ceux de la majorité juive. »
D’énormes oublis, dont le mot « islamophobie »
Le terme Palestine, Palestiniens, n’apparaît pas. Le terme sionisme (antisionisme), oui. Il est jugé utile d’écrire que « l’arrivée d’Hitler au pouvoir et les débuts de la Shoah accompagnent la montée en puissance du mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini qui croit pouvoir, en soutenant les nazis, contribuer à liquider la question juive de Palestine. » (p.140)
Mais rien sur les attentats des extrémistes juifs pour faire partir les Britanniques avant la création d’Israël. On apprend que « les armées arabes pourtant supérieures en nombre perdent la guerre » (de 1948) et qu’ »Israël conquiert 26% de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage. »
Mais les termes de « réfugiés » ou « nakba » n’apparaissent pas.
Un chapitre est consacré au terrorisme, qui est réduit à sa dimension islamiste.
Le terme islamophobie est absent, et celui d’islamiste assimilé à islamiste radical ou terroriste, sans nuance. On apprend dans l’introduction (p.13) : « Chaque islamiste contribue un peu plus à diaboliser l’Islam. » Ennahda, l’AKP, les Frères musulmans, le Hamas, Al-Qaida, Daesh, tous dans le même sac ?
Une présentation grossière et biaisée
Peut-être certains lecteurs adhéreront à ce type de message et en tireront une approche plus favorable à Israël. On peut penser qu’une partie non négligeable y verra un souci de donner aux évènements du Proche-Orient une lecture biaisée et pro-israélienne. Que tous ne sont pas à ce point ignorants de la situation et que le caractère excessif du parti-pris dans un document censé rassembler leur sautera aux yeux.
Cela les conduira à contester ce document. Va-t-on dès lors dire qu’ils contestent l’objectif de la lutte contre le racisme ?
Parmi les rédacteurs, on retrouve Robert Redeker, présenté comme « philosophe, menacé de mort suite à une tribune parue dans Le Figaro ». Les menaces reçues par Redeker sont inadmissibles. Chacun doit exprimer sa solidarité pour dénoncer de telles menaces. Cela n’oblige pourtant pas à adhérer à ses propos qui permettent de se demander s’il est réellement bien placé pour participer à un outil pédagogique de lutte contre le racisme.
Rappelons quelques extraits de sa prose de l’époque, dans « Le Figaro », du 19 septembre 2006 : « Le Coran est un livre d’inouïe violence » ; l’islam est « une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine » ; Mahomet est « un chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame ».
On conviendra que ceci ne le rend pas très crédible pour participer à un manuel de lutte contre le racisme. Que sa présence peut légitimement être reçue par les musulmans comme une provocation.
Y-a-t-il quelqu’un qui au ministère a relu ce livre avant de le référencer ?
Ses auteurs ont manifestement choisi de privilégier la défense d’Israël à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. C’est leur libre-choix. Que l’Éducation nationale le cautionne officiellement est beaucoup plus discutable, et risque plus de faire monter les tensions que de susciter de l’apaisement.
http://www.iris-france.org/54409-la-licra-son-livre-contre-le-racisme-et-lantisemitisme-un-preche-partial-pro-israelien/
PROCÈS D’ANTISÉMITISME PAR LA LDH CONTRE DEUX PORTE-PAROLES DU COMITÉ BDS FRANCE 34
Une affaire grotesque et préjudiciable
Le mardi 9 juin 2015, une délégation de cinq membres de BDSF34 dont nous, Saadia et Husein, avons rencontré la délégation de la LDH (Ligue des Droits de l’homme), dont son président d’honneur Michel Tubiana et la présidente de la LDH34 Sophie Mazas.
Lors de cette rencontre, Sophie Mazas, à l’origine de la plainte contre nous, a bien reconnu qu’elle savait pertinemment que nous n’étions ni antisémites ni négationnistes. M Tubiana l’a également déclaré. Mais ils s’acharnent néanmoins à proclamer que nous devons « assumer nos responsabilités politiques » et reconnaître publiquement « notre erreur ». Si nous le faisons, « on en reste là ! » disent-ils.
Mais où en reste-t-on ?
Nous sommes convoqués le 25 juin au tribunal. Les membres présents de la LDH, avocats pour certains, nous précisent que quoi que nous fassions, nous serons poursuivis et que des organisations comme la LICRA ou le CRIF pourront également se porter partie civile.
Alors pourquoi cette rencontre aujourd’hui ?
La seule proposition de la LDH est que nous refassions un communiqué confirmant nos propos déjà écrits dans notre communiqué du 19/03. Nous répondons ici favorablement à cette demande en renouvelant nos déclarations déjà publiées, à savoir :
– Nous n’avions pas vu le texte caché derrière une image que nous avons partagée sur Facebook.
– Nous sommes totalement en désaccord avec les propos ignobles tenus dans ce texte.
– Dès que nous avons été informés de notre méprise, nous avons immédiatement supprimé le texte, la photo et l’expéditeur du post en question.
– Nous combattons avec toute notre énergie l’antisémitisme mais aussi l’amalgame qui assimile antisionisme et antisémitisme.
Mais alors pourquoi cette plainte ?
Pourquoi avoir porté publiquement ces accusations extrêmes alors même que les dirigeants de la LDH nous connaissent et reconnaissent que nous ne sommes pas ceux qu’ils prétendent ?
Pourquoi porter plainte contre un groupe actif qui ne ménage pas son énergie pour défendre les droits Humains notamment des palestiniens ?
Le fait d’avoir omis de publier un démenti écrit au moment des faits justifie-t-il une telle plainte ?
Car c’est uniquement sur cette omission en temps et en heure, que les dirigeants de la LDH justifient leurs accusations. Nos explications sur le contexte de l’été 2014, où nous étions tous mobilisés pour dénoncer les crimes de l’Etat israélien, où plusieurs d’entre nous tremblaient pour leur famille à Gaza qu’ils tentaient de joindre difficilement, révoltés par les vidéos circulant sur le net, montrant des militaires israéliens ouvrant le feu sur des enfants sur la plage de Gaza… pourraient être prises en compte pour comprendre cette « omission »…
Non, rien n’y fait, vous avez commis une erreur clament les dirigeants de la Ldh, vous devez assumer !
Nous sommes poursuivis et allons passer en procès pour : « Contestation de crimes contre l’humanité, provocation publique à la commission de crimes ou délits, à la discrimination ou à la haine raciale – apologie du crime sur Facebook ».
Ces accusations vont laisser une trace indélébile dans nos mémoires et nous poursuivre toute notre vie avec les conséquences que l’on peut imaginer.
Mais au-delà de nous, c’est aussi à la cause palestinienne que nous pensons. Cette affaire va surtout renforcer la criminalisation des militants de BDS, cette campagne non violente initiée par le peuple palestinien pour dénoncer les crimes de l’Etat d’Israël et réclamer Liberté, Justice et Egalité.
Avec cette plainte, la LDH a ouvert la porte aux attaques des officines sionistes (LICRA et Cie.) et renforce le climat actuel qui profite aux amalgames, aux raccourcis de pensée ne permettant pas un combat clair anticolonial contre tous les racismes : antisémitisme, islamophobie, anti-rom ….
NOUS SOMMES INNOCENTS DES ACCUSATIONS PORTÉES CONTRE NOUS !
NOUS EN APPELLONS À VOTRE SOLIDARITÉ
Rendez-vous jeudi 25 juin à 13h30
Devant le tribunal correctionnel de Montpellier
Place Pierre Flotte (Près jardin du Peyrou)
Saadia et Husein,
Avec le Comité BDS France 34
Montpellier le 15 juin 2015
https://bdsf34.wordpress.com/2015/06/20/proces-dantisemitisme-par-la-ldh-contre-deux-porte-paroles-du-comite-bds-france-34/
J’ai caché un commentaire : copié/collé d’un site sous copyright. D’ailleurs ça peut être bien de faire autre chose des copiers/collers d’autres sites, il y a la rubrique Liens pour ça