Gabriel Attal, désormais ministre de l’éducation nationale ayant fait toute sa scolarité au privé, donne le ton dès sa prise de fonction, avec l’interdiction des abayas dans les écoles.

La question étant : de quel droit se permet-il de décider de la tenue de jeunes femmes ?

Comme le rappelait la manifestation féministe d’Aurillac du 26 août dernier, les femmes n’ont pas le choix d’être torse nu dans ce pays. Un coup trop couvertes, un coup pas assez : un coup les CPE et proviseurs prétendent contrôler la profondeur du décolleté ou la longueur du short des lycéennes, un coup elles portent des vêtements trop longs, trop amples qui symboliseraient leur soumission ou une appartenance religieuse anormale. À quand la mesure de la longueur des robes à l’entrée des écoles ?

Mais il s’agit évidemment aussi d’une annonce raciste et islamophobe : à leurs yeux, une robe longue est, ou devient, un vêtement islamique selon la personne qui le porte. Les lycéennes blanches pourront continuer à porter des robes longues quand ces mêmes vêtements vendus dans des boutiques comme H&M ou Zara portés par leurs camarades de classe musulmanes ou identifiées comme telles se le verront interdire.

L’obsession de la société française et de son champ politique pour les vêtements des lycéennes noires ou arabes n’est pas nouvelle, et il nous rappelle les polémiques sur le port du foulard au lycée en 1989 aboutissant à la loi de 2004.

L’abaya n’est pas un vêtement religieux. Quand bien même ce serait le cas, l’interdiction des signes religieux est un dévoiement de la laïcité, censée protéger le droit de chacun·e à vivre ses croyances – y compris dans l’espace public. La pseudo-laïcité prônée ici est un double standard : elle est convoquée pour exclure et stigmatiser des lycéennes du système scolaire, mais elle est étrangement absente lorsqu’il s’agit en 2022 de lâcher 8 milliards d’euros pour les école privées à 96% catholiques.

Le racisme plus que décomplexé du gouvernement n’est pas qu’une énième polémique de rentrée pour nous empêcher de « parler des vrais sujets », comme la dégradation de l’école publique ou les 3000 postes vacants d’enseignant·es à la rentrée 2023. Il s’agit bien aussi du projet politique de ce gouvernement qui ne cesse d’attiser la haine raciale.

Nous affirmons notre soutien aux musulmanes et musulmans de ce pays qui subissent l’intensification des assauts racistes de la droite et de l’extrême droite ainsi que les lois racistes portées par les socialistes. Nous devons faire front face à l’islamophobie d’où qu’elle vienne, même depuis la gauche ou l’extrême gauche.

Nous n’oublions pas et exprimons toute notre solidarité avec les femmes musulmanes qui s’organisent et qui luttent pour obtenir les mêmes droits dans la société, que ce soit dans le sport, avec les Hijabeuses sur la réglementation de la Fédération Française de Football ou à la piscine municipale avec le Syndicat des Femmes Musulmanes de Grenoble en 2022, le tout dans une lutte résolument antiraciste et féministe.

Union communiste libertaire

https://unioncommunistelibertaire.org/?L-interdiction-de-l-abaya-la-nouvelle-attaque-raciste-et-sexiste-du