« pacte budgétaire européen » : l’austérité perpétuelle.
Catégorie : Global
Thèmes : Economie
ARTICLE PUBLIE DANS RACAILLES n°64 (fanzine militant – Caen – oct-nov 2012)
Dans la lignée de la mobilisation mémorable contre la « constitution européenne » de 2005, nous ne pouvons qu’affirmer notre refus de l’austérité perpétuelle imposée par le Pacte budgétaire européen (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) et relancer le débat partout en Europe.
Ce n’est une découverte pour personne, François Hollande et ses amis sociaux-démocrates ne comptent pas prendre la question de la dette publique autrement que leurs prédécesseurs. Loin d’eux l’idée d’effacement de toute la partie illégitime de cette dette et de rééquilibrage des impositions [voir dossier dette dans Racailles n°61]. la réduction à marche forcée du déficit public est en marche avec un objectif de 3% effectifs du PIB dès 2013 et le déficit « zéro » en 2017 (ce qu’on appelle grosso modo la « règle d’or »). Après les mascarades de la campagne électorale, Hollande a finalement ratifié le Pacte dès juin dernier tout en tentant de faire croire qu’il y avait imposé des modifications (la plupart des modifications étant déjà budgétisées auparavant).
Au moment où l’Europe s’enfonce dans une inquiétante récession provoquée par les politiques d’austérité, la ratification du Pacte budgétaire accélère la course à la catastrophe, alors que les prévisions de croissances pour 2013 sont déjà revues à la baisse !
Des coupes injustes et inefficaces
Ça y est, l’Europe a son propre FMI [Fond Monétaire International] pour mettre les États à genoux et ramasser le pactole. Tel les plans d’ajustements structurels imposés aux pays du Sud depuis 30 ans, le Pacte budgétaire s’inscrit dans la lignée de l’austérité menée en Europe depuis quelques années. Les mécanismes sont simples (coupes pour les fonctionnaires et les collectivités locales, dans la protection sociale, dans les services publics…) mais leurs conséquences dramatiques. Et comme toujours, les plus fragiles et précaires sont en première ligne. C’est le B.A.BA de l’injustice sociale.
C’est aussi un désastre économique car l’objectif de règle d’or va aggraver la récession et le chômage. Selon le FMI, 300 000 emplois seront de ce seul fait détruits en 2013, et presque autant les années suivantes. C’est un cercle vicieux où la baisse des dépenses publiques accentue la récession qui diminue les rentrées d’impôts et de cotisations… Le déficit augmente au lieu de diminuer et l’endettement s’accélère ! Les exemples sont déjà
nombreux : Grèce, Portugal, Espagne, Grande Bretagne… De plus, le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui complète le Pacte budgétaire, « aide » les pays surendettés à rembourser leurs créanciers, avec en contrepartie une brutale cure d’austérité supplémentaire.
Les riches cajolés
Pour réduire le déficit, les gouvernements disposent d’une autre option : augmenter les impôts. Mais plutôt de rééquilibrer l’impôt et reprendre aux riches les innombrables cadeaux, boucliers et niches dont ils bénéficient depuis 30 ans, c’est la hausse de la TVA (impôt le plus inégalitaire car indirect et proportionnel) qui est prônée par l’Europe. Et après l’annulation de la « TVA sociale » de Sarkozy, c’est une hausse de la CSG qui est sans doute programmée pour « alléger le coût du travail ». Mais pourquoi réduire encore les cotisations patronales, alors qu’elles bénéficient déjà d’allègements considérables et inefficaces, qui coûtent 30 milliards d’euros par an à la collectivité ?
On brade ! Tout doit disparaître !
Réduire les dépenses publiques à marche forcée ne leur suffit pas : les instances européennes poussent au détricotage du droit du travail pour « améliorer la compétitivité ». Pouvoir licencier plus facilement, réduire les droits et accords collectifs, favoriser la négociation individuelle des salaires et des contrats de travail… c’est ce que prône le Pacte de compétitivité, adopté en même temps que le Pacte budgétaire par le Conseil européen.
Derrière l’argument de la compétitivité et la croissance, cela signifie surtout
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Il y a un problème dans ce texte : il semble dire qu’il n’y a qu’en Europe que l’austérité est une réalité. C’est évidemment totalement faux : PARTOUT dans le monde les États sont en faillite et n’ont plus les moyens des dépenses qu’ils effectuaient pour maintenir l’économie à flot, comme ils l’ont fait depuis la Seconde Guerre mondiale. La Chine y compris !
L’austérité en Europe et ailleurs n’a pas pour origine le Pacte budgétaire européen ou quelqu’autre politique de la CE, et ladite politique de la CE n’a pas pour but de « mettre les États à genoux ». C’est la crise historique du capitalisme qui frappe à la porte des États développés, après avoir mis à genoux le Tiers-Monde, puis le Bloc de l’Est et les « Dragons » asiatiques (qui se souvient de la propagande sur les « Dragons » à la fin du siècle dernier ?). Et la CE, ce sont les États qui la composent, et rien d’autre ! Elle n’a aucune politique indépendante, ce sont les principaux États qui en font partie qui la dirigent ; l’instance dirigeante de la CE est bien toujours le conseil des chefs d’État, non ? Et aux dernières nouvelles, l’actuel représentant de la France audit conseil des chefs d’État a bien été élu avec la chaude recommandation de tous ceux qui dénoncent le Pacte budgétaire, ou me trompé-je ?
Le Front de Gauche et certains Trotskystes nous rebattent les oreilles du Pacte budgétaire européen, qui n’est qu’une réponse des États européens à la crise. Le texte veut « élancer le débat partout en Europe »; de quel débat s’agit-il ? S’il s’agit de discuter de la crise et de ses conséquences, il n’y a pas besoin d’un débat : quelle que soit la politique de la bourgeoisie, à un niveau national, européen ou autre, elle ne peut rien faire contre la crise et ses conséquences. Du reste, si elle le pouvait, ça fait longtemps qu’elle l’aurait fait ! La récession n’est pas quelque chose qui se commande !
Donc le véritable problème à affronter, ce n’est pas le Pacte Budgétaire européen ou toute autre politique particulière de la bourgeoisie, c’est le capitalisme et sa crise historique ; l’austérité n’est pas un choix : c’est la seule politique que la bourgeoisie puisse encore mettre en place. Il n’y a donc AUCUNE ALTERNATIVE à l’austérité dans le cadre capitaliste. Ce qu’il faut renverser n’est donc pas la politique d’austérité, mais le capitalisme comme un tout et la logique marchande. Et ça n’est pas en se « mobilisant » contre le Pacte budgétaire européen qu’on y arrivera !