Radio libertaire ou « radio français d’abord » ?
Catégorie : Global
Thèmes : Libérations nationalesRacisme
Toutes deux ont harcelé pendant plusieurs minutes et cherché systématiquement à coincer deux jeunes ados, parce que la première s’était présentée à l’antenne comme « Tunisienne » (alors que selon l’animatrice et la chanteuse elle devrait se dire « Française d’origine tunisienne ») et un « Egypto Marocain » (même réflexion ridicule à son propos).
Les deux ados étaient venus parler d’un spectacle qu’ils doivent présenter prochainement, parler de leurs rêves de devenir comique, acteur, footballeuse ou actrice, dire tout le bien qu’ils pensent de ceux (leurs profs du collège) qui les ont poussés à faire du théâtre. Nos deux ados ne savaient pas qu’ils allaient passer devant le Grand Tribunal libertaire de l’identité nationale. En effet ces deux jeunes se sont fait rappeler à l’ordre par la chanteuse et par l’animatrice parce qu’ils ne se disaient pas français.
Pour les coincer elles leur ont posé des questions à deux balles du genre « Où sont tes amis, où joues-tu au foot », etc., dignes d’un questionnaire bessonien. Ils ont subir des réflexions du type « Un mois de vacances au pays cela compte moins que 11 mois en France ». Et cerise sur le gâteau « Vous croyez que dans vos pays d’origine vous pourriez dire ce que vous dites » ? De Villiers a dû se frotter les mains…
Nos « libertaires » et « féministes » n’ont même pas pris la peine d’écouter ce que disaient maladroitement ces deux jeunes, à savoir que les autres (les Franco-Français et apparemment aussi les libertaires de l’émission) leur renvoyaient tellement à la gueule leurs origines qu’ils avaient décidé de les revendiquer fièrement sans se préoccuper de savoir s’ils avaient ou non la carté d’identité ou le passeport du pays dont ils se réclamaient les ressortissants.
Le plus choquant dans cette émission, en dehors de l’abus de pouvoir caractérisé commis par ces adultes prétendument libertaires vis-à-vis d’ados invités sans doute pour la première fois dans une radio, ce fut la phrase de la chanteuse « Si je n’accepte pas ma nationalité (sous entendu française, Y.C.) comment pourrais-je revendiquer mes droits » ? Ainsi, en plein débat sur l’identité nationale, des « libertaires » peuvent tranquillement expliquer que en tant que « citoyens » d’un pays (en clair, en tant que personnes reconnaissant l’autorité d’un Etat ! Bakounine a dû se retourner dans sa tombe… s’il écoute Radio libertaire) il est normal qu’ils aient des droits (ce qui est juste) sans ajouter aussitôt que tout individu vivant dans ce pays, ou même y passant quelques jours, devrait avoir LES MEMES DROITS qu’eux, ces braves citoyens et citoyennes français et libertaires ?
Ne pas dénoncer clairement le mythe de l’identité nationale, lier la jouissance de droits démocratiques comme la liberté d’expression à LA SEULE CITOYENNETE (de surcroît française), culpabiliser ces jeunes, c’est reconnaître implicitement qu’il est normal qu’un prétendu « étranger » ait moins de droits qu’un prétendu « citoyen » d’un pays, ici la France.
Ce qu’il y a de marrant (en fait de sinistre) c’est qu’à un moment la même chanteuse (ou l’animatrice je ne sais plus) a déclaré « Vous nous apportez ce qu’il y a chez vous », sans se rendre compte qu’ainsi elle donnait raison à ces jeunes qui ne veulent pas se dire Français, même s’ils ont toujours leur carte d’identité en poche pour éviter le prochain contrôle policier au faciès. Preuve qu’effectivement les Franco-quelque chose sont plus « quelque chose » que « franco » pour ces citoyennistes libertaires.
Cette émission montre que les libertaires (tout comme la gauche ou l’extrême gauche) feraient bien de réfléchir un peu à ce que signifient des termes comme « identité », « nationale », « citoyen » ou « français » avant de sermonner des ados dont les parents viennent d’autres pays et qui se sentent rejetés par la « patrie des droits de l’homme ».
Et l’allusion des participantes au « retour à la religion » (en clair à l’islam) a bien montré que les adultes libertaires présents n’ont rien compris aux mécanismes de l’exclusion raciste qui fonctionnaient en France bien avant la construction de quelques mosquées, l’ouverture de centaines de salles de prière pour les musulmans ou la progression du port du voile dans les quartiers populaires.
Avec des adversaires aussi confus, Besson, Hortefeux et Sarko n’ont pas grand-chose à craindre. Leur propagande sur l’identité nationale a un boulevard devant elle….
Yves Coleman 3/12/2009
PS. : L’une des participantes à ce débat faisandé chapitra aussi les ados parce qu’ils confondaient les racines et la citoyenneté. Les racines (sous-entendu les fameuses origines) sont justement ce qui pose problème à toute personne victime du racisme en France : que ce soit le nom ou l’apparence physique supposée non française (ceux que les cons appellent les basanés, les noirs, les jaunes ou les gris…), c’est justement cela qui fait que l’on est un demi-Français ou un quart de Français aux yeux de ceux qui se jugent Français « de souche ».
Il est donc normal que par réaction, ou pour d’autres raisons, qu’il serait trop long d’expliciter des jeunes « d’origine X » préfèrent se dire « X » que français.
Il est consternant d’avoir à expliquer de telles évidences à des libertaires qui sont traditionnellement plus sensibles aux diverses formes d’oppression que leurs concurrents marxistes….
Indy Lille, etc… depuis longtemps
Il y a eu de vifs et nombreux débats…
on avait oublié que Bardet déteste Yves Coleman
Ancien de la FA 4ans (départ en novembre 2009) dans cette orga les trop nombreuses dérives fait que a part le nom elle n’a plus rien d’anarchiste pour l’instant.
bon petit cour d’histoire les anarchistes ne sont pas LIBERTAIRES ….et vous avez tendance a très vite oublier, qu’il existe les anarchistes de droite ou anarchistes chrétiens , allez souvenez vous en 36 en Espagne ceux là même pouvez endossez l’uniforme d’anarchiste ou de fasciste , un anarchiste n’est il pas apolitique ? ben , non , il est caméléon , et s’adapte a se ( ou ceux !) qui sont face a eux , CQFD…….oups certains d’entrés eux n’ont t-ils pas rejoins le NPA ? et du NPA au MDI ,la limite est vite franchie ! comme ceux qui se sont fait ejectés de NO PASARAN … pour abandon d’idéologie et de » votation » !!!!!!
http://nantes.indymedia.org/article/18843
vous n’avez pas l’impression que vous tournez en rond ?
Mais c’est intéressant, et instructif
@spartacus :
[ceux qui se sont fait ejectés de NO PASARAN … pour abandon d’idéologie et de » votation »]
tu peux developper ?
cela concernait le groupe de Nantes ????
je ne tiens pas a repondre et participer aux privates jokes et reglements de comptes qui semblent plutot illustrer la misere et le manque de reflexion typique de cette époque ; il n empeche que ce qui s est passé lors de cette émission n est pas anodin,il est dommage que cela soit l emission feministe qui soit visée car des exemples d attitudes post colonial, j en ai un paquet a citer en ecoutant des emissions de cette radio.
Un point demeure interessant tout de meme, il est la preuve que le capitalisme,patriarcat,racisme « republicain »,se trouvent dans nos rapports sociaux du quotidien,et non dans un en dehors. IL rappelle le souci du rapport au pouvoir et a la domination que les « anarchistes » ne saisissent pas toujours car il semble a les entendre qu avec un peu de bonne volonté on le detruit car le « pouvoir est maudit », malheuresement ca n a pas l air aussi simple.
De plus ce rapport au passé et present colonial et imperialiste de la Rance ne concerne pas que la FA, et les autres orgas citées qui ne furent en aucun cas libertaires, sont mal placées en ce domaine.
Il serait plus interessant de se questionner,reflechir,et agir afin que ce modele dominant hetero,blanc,ne rentre pas dans nos tetes fussent elles autoproclammées « libertaires »….
Effectivement, c’est le 2e article qui épingle la radio libertaire.
Contrairement à ce que dit Bardet, ce sont 2 articles différents, le 1er portait sur
« Mais ce 27 avril 2009, il s’agit de toute autre chose : pendant l’émission, Philippe Raulin, l’animateur , par ailleurs secrétaire mandaté par les adhérents de la FA pour Radio Libertaire, reçoit les deux animateurs de Riposte Laïque comme des compagnons de route, avec lesquelles les divergences existent, mais sont secondaires. »
Le 2e, donc celui-ci, porte sur l’entretien avec deux jeunes.
Si les animateurs sont là pour dire la messe et la servir, qu’ils aillent sur une antenne nationale, ils n’ont rien à faire sur radio libertaire, ou alors, qu’ils apprennent à poser les questions, les bonnes questions intéressantes du point de vue libertaire, et écouter les réponses.
Je n’ai écouté aucune des émissions incriminées, mais une telle attitude me semble inadmissible quand on veut faire une radio « autrement ».
On peut rajouter à propos des éditions de la FA :
QUAND LE GRAND PRIX « NI DIEU NI MAITRE » S’INSPIRE DU « CHOC DES CIVILISATIONS »
http://lille.indymedia.org/article18322.html
le résumé « officiel » :
Grand Prix « Ni dieu Ni maître » 2009
En France, critiquer le christianisme est souvent de bon ton. Voire progressiste. Par contre, dès que l’on touche à l’islam ou à la religion juive, il en va tout autrement. Les accusations pleuvent, alors, drues. Islamophobie ! Racisme ! Antisémitisme !… Ben tiens ! Dans ce paysage bétonné de la critique à géométrie variable du religieux, les libertaires, ces mécréants qui ont le « Ni dieu, Ni maître » tatoué à l’âme, font une fois de plus, une fois encore, désordre.Pour eux, toutes les religions, sans exceptions aucune, constituent des insultes à l’intelligence qu’il convient de combattre en tant que telles. Disons-le tout net : ce livre assassine l’idéologie islamique comme jamais encore. La critique y est sans insulte, mais radicale, totale, implacable, féroce. Elle a la précision du scalpel d’un médecin légiste autopsiant…un cadavre ! Certaines bonnes âmes, de celles, « munichoises », qui tentent depuis toujours de passer entre le mur de la collaboration et l’affichette de la Résistance d’avant la 25e heure, ne manqueront pas de trouver le propos excessif. Que le diable les emporte !
Critiquer l’islam, aujourd’hui, en France, relève du devoir pour tous les esprits libres et pour tous les révolutionnaires. Comme le dit l’auteur, il faut appeler un chameau un chameau, et, donc, ceux qui adhèrent à l’amputation, à la circoncision, à la flagellation, au statut inhumain des femmes…, des obscurantistes religieux fascistes.
Hamid Zanaz est un citoyen du monde né arabe en Algérie. Il a enseigné la philosophie (en arabe) à la faculté d’Alger jusqu’en 1989. Il a quitté l’enseignement pour travailler dans la presse indépendante naissante. Il vit en France depuis 1993.
LIBRAIRIE PUBLICO – EDITIONS LIBERTAIRES
Sans oublier un article crapuleux publié dans Le Monde libertaire :
« Gaza sans Dieu ni Etat »
Voir dans les commentaires de l’article cité par Patrice Bardet :
http://nantes.indymedia.org/article/18843
« La FA et les situationnistes »
Je sais c’est introuvable mais cela dit tout sur cette organisation Institutionnelle et para-étatique.
Une sorte de CGT/PC qui n’a jamais été dé-stalinisé.
Au royaume des borgnes , les aveugles sont rois !
Scellée dans un sac est ma révolte , et vous mettez de la colle sur ma faute
Il ne se detourna pas des tenebres une flamme dessechera sa jeune pousse et il s’ecartera par un souffle de sa bouche …
Pauvres anars vous n’étiez pas grands choses et aujourd’hui vous n’etes que des moins que rien …
La seule révolution que vous pouvez atteindre est intestinale … le jour de votre gastro … car ce jour là , enfin , il sortira quelque chose de vous …
même si ce n’est que de la MERDE !
effectivement, il ne s’agit pas du même texte
Et je ne vois pas ce qui permet à certain d’écrire que « Bardet déteste Coleman »
Mais de toutes façons, je ne critiquais pas ce texte, pas plus que le précédent.
D’autant plus que je suis d’accord avec ce qui était écrit à propos de Riposte Laïque, et la dérive de RL à l’occasion de cette émission
Une fois n’est pas coutume, mais je dois dire que je suis entièrement d’accord avec ce texte de Coleman. Y aurait-il une évolution ? Déjà au moment de l’offensive sioniste contre la population civile de Gaza un article cosigné par Yves Colememan avait été publié sur divers Indymedia :
Pour l’arrêt immédiat de l’offensive israélienne contre gaza !
http://lille.indymedia.org/article14685.html
Ce qui avait valu une réaction immédiate d’une célèbre collaboratrice du Monde libertaire, pourtant jusque-là groupie inconditionnelle de Colememan :
« Le texte […] pêche par de nombreuses omissions, comme le refus de prendre en compte les tirs d’obus volontairement dirigés contre la population civile israélienne depuis plusieurs années, qui étranglent littéralement les régions soumises aux bombardements : dégâts matériels, fermetures d’entreprises, de commerces, agriculture sabotée, chômage des habitants, qui comptent déjà souvent parmi les populations pauvres d’Israël, enfin, dégâts physiques (mutilations), et bien sûr psychologiques. Imagine-ton le stress de devoir courir plusieurs fois par jour, et même par nuit, aux abris, et d’y rester terrés pour un laps de temps indéterminé ? Durant plusieurs années ? Notons que la fameuse trêve de 6 mois n’a pas été respectée complètement et que les tirs (certes moins nombreux et moins virulents) n’ont jamais cessé.
« On en arrive donc à une certaine naïveté d’analyse… »
« Enfin, la « propagande des media du pouvoir » nous abreuve surtout du récit des atrocités israéliennes tout en nous cornant aux oreilles la formule de Sarkozy (qui ne l’a pas inventée) : usage disproportionné de la force, quand ils ne dénoncent pas la disproportion du nombre des victimes. »
17 janvier 2009 13:57, par Michèle Rollin, email rollin.michele noos.fr
La même personne nous cite Amos Oz comme référence :
« Même un écrivain comme Amos Oz, grande figure de la gauche pacifiste, dénonce dans Yédioth Aaharonot, la situation des civils israéliens, tout en s’opposant à l’option militaire. »
« Les bombardements systématiques subis par les citoyens des villes et villages d’Israël constituent un crime de guerre et un crime contre l’humanité. L’Etat d’Israël doit protéger ses citoyens. Nul n’ignore que le gouvernement israélien ne veut pas entrer dans la Bande de Gaza, et qu’il préférerait continuer cette trêve que le Hamas a violée avant de l’annuler. Mais la souffrance des civils israéliens dans la zone frontalière avec Gaza ne saurait perdurer.
« La réticence à pénétrer dans la Bande de Gaza ne provient pas d’une quelconque hésitation, mais de la certitude que le Hamas désire passionnément pousser Israël à une campagne militaire : si, au cours de cette opération israélienne, des dizaines ou des centaines de civils palestiniens – y compris des femmes et des enfants – sont tués, la radicalisation s’en trouvera renforcée à Gaza, ébranlant peut-être même, en Cisjordanie, le gouvernement d’Abou Mazen, qui laisserait alors la place aux extrémistes du Hamas.
« Le monde arabe se solidarisera avec Gaza devant les images d’horreur diffusées depuis la Bande de Gaza par la chaîne Al-Jazirah. L’opinion publique internationale s’empressera alors d’accuser Israël de crimes de guerre – la même opinion publique mondiale restée indifférente aux bombardements systématiques de la population civile israélienne.
« Des pressions intenses seront exercées sur Israël pour que son gouvernement observe une retenue. Aucune pression de ce genre ne sera exercée sur le Hamas, car il n’y a personne pour le faire, et qu’il ne reste quasiment aucun moyen de le faire. Israël est un Etat, alors que le Hamas n’est qu’une bande de criminels.
« Quelle ligne d’action nous reste-t-il ? Pour Israël, la meilleure solution serait d’arriver à un cessez-le-feu total, en contrepartie d’un allégement du blocus imposé à la Bande de Gaza. Si le Hamas persiste dans son refus de cessez le feu et poursuit ses bombardements contre les civils israéliens, il faut redouter qu’une opération militaire ne joue le jeu du Hamas. Le calcul du Hamas est simple, cynique et scélérat : si d’innocents civils israéliens sont tués – parfait. Si de nombreux Palestiniens innocents sont tués – mieux encore. Face à cette position, Israël doit agir intelligemment, et non pas dans une explosion de fureur. »
Amos Oz, Yédioth Aaharonot, 26 décembre 2008
On aimerait bien savoir ce qu’en dit la Fédération anarchiste : si de tels individus continuent à pouvoir se réclamer d’une organisation libertaire, on ne pourra plus considérer la FA comme simplement des collabos du sionisme, mais comme étant directement et activement dans le camp du nettoyage ethnique.
ACCORDS ET DESACCORDS AVEC LES LUFTMENSCHEN
Les Luftmenschen commencent leur article sur Radio libertaire en parlant de « racisme libertaire » et même « d’antisémitisme » à propos d’un animateur de la Fédération anarchiste que j’avais moi-même traité de « crétin », ainsi que son ami, Jocelyn Bèzecourt, à la fin d’un pseudo « débat » sur Radio libertaire, entre autres, parce que ces deux libertaires croyaient que la charia régnait dans certaines écoles en France et était pratiquée par des enfants de huit ans (la discussion se trouve sur le site « anarsonore »).
Il me semble qu’il y a de la marge entre :
– D’un côté, l’ignorance abyssale de l’Islam qui caractérise les militants « révolutionnaires », le refus d’analyser concrètement quelles sont les pratiques des musulmans en France et de quels droits démocratiques ils doivent bénéficier au même titre que n’importe quels croyants, la stupidité ou l’entêtement de tel ou tel individu, voire le trip de toute puissance de nombreux militants (trip dans lequel n’importe lequel d’entre nous peut tomber à un moment ou à un autre).
– – et de l’autre, le racisme ou l’antisémitisme qui sont des idéologies solidement constituées, et dont il ne semble pas que la Fédération anarchiste ou même Radio libertaire soient le vecteur principal, ou même secondaire, en France. Lancer ce type d’accusation contre un individu et accuser toute une organisation d’en être complice me semble à la fois inexact, dans ce cas précis, mais surtout contre-productif, si l’objectif est de pousser des membres de la Fédération anarchiste à clarifier leurs positions.
– Radio libertaire invite toutes sortes de gens sur ses ondes et même si cette « ouverture » me déplaît souverainement car elle ne peut que semer la confusion, on ne peut amalgamer les invités, les animateurs et la FA dans la même réprobation ou la même critique. Quant à la cuisine interne de cette organisation, et aux raisons pour lesquelles d’autres positions ne se sont pas exprimées publiquement, j’ignore pourquoi une telle émission a été suivie d’un silence public inquiétant (et malheureusement d’autres émissions lamentables ont suivi comme le montrent deux autres articles publiés dans ce numéro). Pour expliquer ce silence, je tendrais plutôt à penser (mais je n’ai pas de « gorge profonde » au sein de la FA) qu’il s’agit d’une tare de fonctionnement qu’on retrouve dans toutes les organisations « révolutionnaires » : peur de nuire à l’image du groupe si l’on met certaines divergences sur la place publique, difficultés à exprimer des positions nuancées sur des questions complexes, volonté de respecter de mystérieux équilibres internes pour des raisons tactiques quitte à s’asseoir sur des principes, etc.
– Il y a aussi peut-être un problème par rapport à la conception de la liberté d’expression qu’a la FA et la façon dont cette conception influe sur la programmation de la radio, les animateurs qui y participent, etc. Cela ressemble parfois, pour moi observateur extérieur et auditeur irrégulier, à un grand n’importe quoi mais je n’en ai jamais discuté avec les militants pour qu’ils m’expliquent les raisons de leurs choix.
– Pour ma part, je connais peu de militants de la FA, mais chez ceux que j’ai rencontré et avec lesquels j’ai le plus de désaccords je verrais plutôt les traces d’une proximité idéologique bizarre avec l’idéologie républicaine laÏque et fran-maçonne qu’avec le racisme et l’antisémitisme.
– Cette proximité politique et philosophique date du XIXème siècle et on la retrouve aussi chez certains marxistes et trotskystes actuels.
– Second désaccord, plus important, car il touche à une question de fond et non d’appréciation tactique : les Luftmenschen gobent la thèse de l’islamophobie imposée à l’échelle internationale par les 57 Etats musulmans membres de l’Organisation de la Conférence islamique et désormais vérité première à la fois pour l’ONU et l’Union européenne.
– On me permettra de me montrer sceptique sur cette confusion étatique délibérée entre critique virulente de la religion (donc y compris blasphème) et « racisme » contre ceux qui la pratiquent. Dans le cas précis de la France, au-delà des petites phrases, il n’y a pas d’islamophobie d’Etat, bien au contraire, par contre il y a bien un racisme institutionnel contre les personnes originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb, qu’elles soient musulmanes ou pas. Confondre systématiquement l’hostilité d’une partie de la population française contre l’Islam (pour de bonnes ou de mauvaises raisons) avec du racisme me semble particulièrement maladroit, surtout de la part de libertaires qui habituellement justifient sans le moindre problème des massacres de religieux en Espagne durant la guerre civile de 1936.
– De plus, avant la seconde guerre mondiale, les anarchistes espagnols, ou français, ne propageaient-ils pas une véritable « religiophobie » ? J’emploie à dessein le terme de phobie, car il me semble particulièrement approprié, du moins ici. Et d’ailleurs l’animateur de L’Ouvrier charpentier ainsi que Pierre Cassen se déclarent dans l’émission « catholicophobes », bouddhistophobes », etc. Ce qui est réduire l’athéisme, une conception philosophique matérialiste scientifique à une phobie, c’est-à-dire si les mots ont un sens, à un problème psychologique qui empêcherait ceux qui en souffrent de vivre aux côtés de catholiques ou de bouddhistes… La phobie est une souffrance pas une position philosophique ou politique ! Une telle vision de l’athéisme n’est pas seulement réductrice, elle est tout simplement ridicule.
– L’article sur les « jésuites » de l’Encyclopédie anarchiste (qui n’est pas reproduit dans le recueil « la Raison contre dieu » publié aux éditions Sans patrie ni frontières », mais que l’on peut lire en ligne), est digne des pires théories du complot actuelles – et cela n’a rien à voir avec les théories du complot actuelles – et cela n’a rien à voir avec l’antisémitisme dénoncé par les Luftmenschen et tout à voir avec la prégnance des théories du complot chez les « révolutionnaires » depuis les débuts de l’histoire du mouvement ouvrier. Il serait bon que les Luftmenschen s’interrogent sur les limites de la critique des religions telle qu’elle est pratiquée depuis le XIXème siècle par les anarchistes et les marxistes (cf. notre anthologie n° 5 Religion et politique) plutôt que de recourir à une explication aussi facile que celle du racisme.
– Adopter la thèse de l’islamophobie, c’est renforcer involontairement la thèse du conflit, voire de la guerre, des civilisations. En effet, si tous les Etats occidentaux sont engagés dans une guerre contre l’Islam et contre les musulmans, comment ne pas penser qu’il existe bel et bien (au moins) deux civilisations opposées et inconciliables ? Ce n’est certainement pas ce que pensent les Luftmenschen, mais c’est de fait ce que pensent les défenseurs de gauche et gauchistes qui propagent leur version de la thèse de l’islamophobie, puisque ce sont les mêmes qui défendent le relativisme culturel et et le multiculturalisme comme solution au problème de la « coexistence » entre les communautés, et qui dénoncent « l’occidentalisme » de tous ceux qui prônent la lutte de classe.
– Quant aux réflexions sur les juifs émises par l’animateur de Radio libertaire, je ne ferai pas exactement les mêmes critiques que les Luftmenschen, à part effectivement que j’ai été choqué, tout comme eux, par sa colère déplacée contre les enfants de 5 ans qui portent la Kippa (il tint les mêmes propos sur le « terrorisme » supposé des enfants musulmans de huit ans dans les écoles élémentaires lors de notre discussion en 2008). Philippe Raulin pense visiblement aux Loubavitch quand il parle des juifs puisqu’il évoque des coutumes pratiquées seulement par les courants les plus sectaires. Il n’évoque pas la grande diversité des courants du judaïsme en France et s’acharne sur les courants ultra-orthodoxes qui, s’ils connaissent malheureusement un certain succès, ne sont pas majoritaires pour le moment.
– C’est un peu comme si un athée critiquait l’Eglise catholique en évoquant uniquement les partisans de Mgr Lefebvre et en prétendant que tous les curés portent les soutanes et récitent la messe en latin. Ses critiques tombent à plat et relèvent effectivement d’un amalgame grossier entre une minorité obscurantiste et la majorité de la communauté juive française française qui n’a pas du tout les mêmes pratiques (téfilins, papillottes, barbes et chapeaux pour les hommes ; perruques robes longues pour les femmes) ni les mêmes conceptions.
– Quand il introduit la question d’Israël, il souligne l’impossibilité de critiquer la politique de cet Etat en France, ce qui est tout à fait absurde : il suffit de se rendre à la FNAC ou d’ouvrir son poste de télé pour prouver le contraire. Mais surtout, il tient le même raisonnement que les sionistes religieux, puisqu’il confond la question nationale israélienne susceptible d’être débattue politiquement et rationnellement, et celle d’une identité religieuse. Bref il confond identité juive (et les positions à ce sujet sont multiples), identités israéliennes, judaïsme et sionisme, ce qui est assez habituel dans les milieux gauchistes et libertaires, mais ne relève pas de l’antisémitisme, plutôt de la caricature et de l’approximation.
– Enfin, autant je partage la colère des Luftmenschen contre Riposte laïque, autant il me semble qu’il y a quelque chose de très dangereux dans cette émission, comme dans toutes les vidéos que l’on peut voir sur internet, et dans lesquelles intervient Pierre Cassen, un élément formel que les Luftmenschen n’ont pas décelé.
– C’est la capacité de ce xénophobe de gauche d’énoncer le plus calmement et le plus doucereusement possible des énormités racistes qu’il égrène dans le cadre d’un discours républicain centré sur un prétendu bon sens. Sa force de persuasion et l’empathie qu’il peut faire naître chez ses auditeurs sont plus fortes parce qu’il garde toujours son calme, ne hausse pas la voix, ne traite pas ses adversaires dans un débat de « crétins » ou de « salopard », comme peut le faire quelqu’un emporté par l’indignation… Dans une émission d’Arrêt sur images (« les Ultralaïcs vers l’extrême droite ? ») où il est confronté à Nadia Geerts et à un dirigeant de l’UFAL, Bernard Teper, qui avait refusé de lui serrer la main et refusait même de le regarder, Cassen marqua à mon avis des points parce qu’il apparut comme une « victime » de « l’intolérance » de son interlocuteur. Alors que sa camarade Anne Zélenski, toujours outrancière et énervée, fut beaucoup moins convaincante dans son rôle de raciste de gauche.
– Ce sont des facteurs que nous ne devons pas ignorer si nous devons combattre la propagande de la gauche laïco-xénophobe.
– Y.C. , juin 2011
– PS : Il est désormais impossible d’écouter cette émission sur le site de Riposte laïque qui y figurait, en bonne place, depuis deux ans. On ne peut plus en écouter qu’un résumé de moins de 10 minutes, et ces extraits recoupent ceux cités par les Luftmenschen, mais on n’entend pas dans ce « digest » les remarques de l’animateur de Radio libertaire. Pour la dénicher, il faut explorer le site forumanarchiste.free.fr arriver à la troisième page du débat « Radio libertaire » : la Voix de son maître et cliquer sur le lien proposé par « denis ». Un périple complexe… Il serait donc bon que la Fédération anarchiste mette l’intégralité de l’émission en ligne… et s’explique enfin sur ces dérapages inadmissibles. Reconnaître son erreur coupe l’herbe sous les pieds aux critiques. Se taire permet toutes les spéculations, y compris les plus mal intentionnées.
L’article précédent est tiré de Sans patrie ni frontières n° 33 « les Pièges de l’identité nationale ». Réponse dans la même revue:
REPONSE DES LUFTMENSCHEN
L’affaire « Riposte laïque sur Radio libertaire » aura décidément fait couler beaucoup d’encre, même longtemps après, puisque Ni patrie ni frontières y consacre un nouveau texte.
Pour notre part, si notre texte de l’époque était si long, c’est qu’il était descriptif et reprenait le contenu de l’émission avec des citations précises. S’il n’avait été question que de donner notre analyse, il aurait été fort court : en effet, ne différant pas de n’importe quel contenu de Radio courtoisie et de Fdesouche, nous n’avions pas de raison de nous y attarder, hormis pour dire qu’effectivement il y a bien un GROS problème à qualifier tout ceci de « gauche » ou d’ »extrême gauche » ou d’ »anarchiste ».
Depuis, Riposte laïque a été à l’origine de nombreuses campagnes racistes avec le bloc identitaire et quelques autres officines fascistes. Depuis, Radio libertaire a organisé dans un lieu militant, le CIP-IDF, une réunion sur la liberté d’expression, dont le contenu convenait tellement à l’extrême droite qu’il a été reproduit sur le site d’une des officines fascistes qui y assistaient, Enquête et débat.
Naturellement, tout analyste extérieur et objectif ne verrait aucune exagération, aucune « contre-productivité » dans notre analyse de l’époque, simplement un triste constat. Mais les remarques de Ni patrie ni frontières se placent sur un autre plan, et nous reprochent en fait de ne pas avoir adopté un point de vue intérieur : la FA, c’est « la famille » en quelque sorte, une famille dont nous ferions partie. Nous devrions donc nous livrer à une analyse approfondie, non des faits et de leurs conséquences, mais des raisons profondes, de l’âme torturée et égarée de ces militants qui colportent et reprennent des clichés racistes et antisémites les plus éculés ou les tolèrent dans leur organisation et de manière durable. Nous serions « contre-productifs » vis-à-vis de « camarades » qu’il s’agirait de ramener, doucement dans le droit chemin.
Il y a un malentendu : nous ne faisons pas partie de la « famille ».
Nous sommes des militants et les liens qui nous rattachent à d’autres sont fondés sur des théories et/ou des pratiques communes. Les divergences et les affrontements également.
Il serait présomptueux de nier que les combats communs ne créent pas également une familiarité et des rapports personnels avec des individus, et qu’il est dans ce contexte souvent très difficile d’être « objectif » avec des camarades avec qui on a lutté ou partagé des échéances communes et également, souvent, pris des cafés ou diné. Effectivement, on a toujours tendance à chercher les « raisons » du glissement de tel ou tel quand on le connaît, alors qu’on traitera de facho un inconnu qui tient les mêmes propos.
Et c’est bien cela qui a abouti à la situation actuelle à l’extrême gauche, mais aussi à ce qui s’est passé précédemment, notamment l’affaire de la Vieille taupe. On ne peut pas croire, on ne veut pas croire que le camarade de longue date ait mal tourné. On cherche donc des « interprétations alternatives » de son discours, on se dit qu’il « ignorait » ceci ou cela, qu’il « s’est fait piéger ».
Et puis, le jour où les choses sont sans ambigüité aucune, où le camarade de trente ans fait un meeting avec le Bloc identitaire, on pond, enfin, un communiqué gêné. Le « camarade », comme l’a fait Fabien Engelmann avec ses ex-amis de la CGT, de LO et du NPA, a alors beau jeu de s’étonner de cette réaction soudaine et de ressortir toutes les traces des occasions qu’il a eues d’exposer clairement ses idées sans recevoir de contradiction, ou du moins sans subir un quelconque ostracisme.
Et l’on se demande ensuite pourquoi la confusion règne ? Pourquoi des sites comme Alter infos et tant d’autres, qui mêlent textes d’extrême gauche et d’extrême droite ne sont pas démasqués par leurs lecteurs ? Pour nous c’est tout simplement parce que ces sites reflètent, non pas seulement une « manipulation », une « infiltration » fasciste, mais une réalité qui ne tient pas tant au machiavélisme des fascistes qu’à la complaisance de l’extrême gauche dont on peut trouver mille exemples (1).
Il va sans dire que notre approche nous exclut de la « famille ». Depuis cette fameuse émission, l’extrême gauche s’est un peu réveillée et a pris l’habitude de dénoncer « l’infiltration fasciste », dans les rassemblements des Indignés, sur des sites comme le Grand soir et ainsi de suite. Cette thèse de « l’infiltration » est commode et soulageante, elle permet de mettre sous le boisseau le débat sur la responsabilité de ceux-là même qui la dénoncent, et sur le FOND des idées et des pratiques qui perdurent.
En refusant l’excuse de « crétinerie » et de « bonne foi », nous ne risquons pas d’être réintégrés dans la famille. Mais au moins, cela nous évite-t-il de l’être, pourrait-on dire.
Ni patrie ni frontières fait une fleur à M. Raulin en lui trouvant une belle justification à son antisémitisme : le monsieur pensait en fait aux « Loubavitch »… Et Alain Soral pense à la LDJ bien sûr. Outre que M. Raulin n’a a aucun moment évoqué les Loubavitch, il se trouve que le port de la kippa n’est absolument pas le propre de cette mouvance, mais celui de tous les enfants qui grandissent dans un environnement plus ou moins religieux, notamment les jours de fête juive, pendant lesquels effectivement, on croise beaucoup de gamins habillés ainsi dans les rues. De plus, cette charge contre les gosses n’est qu’un aspect des propos que nous dénonçons dans notre texte, notamment ceux sur l’extermination des juifs d’Europe. De toute façon, même si l’on souscrit à l’idée que l’antisémitisme est seulement une « idéologie constituée », malheureusement il a bien existé, il existe bien une forme d’antisémitisme qui se pense anarchiste depuis Proudhon… jusqu’au Monde libertaire qui revendique cette filiation dans un article ignoble paru dans le Monde libertaire en décembre 2010 (13083).
Nous ne ferons pas la critique détaillée de cet article ici, il n’y en a pas besoin, chacun pourra constater l’arrière-plan idéologique du contenu du discours tenu lors de l’émission concernée dans cet article.
Reste le point sur l’erreur que nous commettrions concernant « l’islamophobie » qui serait contradictoire avec nos convictions révolutionnaires. Et qui ferait de nous, involontairement, les idiots utiles de l’islam politique et de ses diverses manifestations françaises.
Luftmenschen n’est pas autre chose qu’une expression antifasciste occasionnelle sur quelques thèmes, faite par des militants qui ont leur engagement ailleurs. Raison pour laquelle, en deux ans et demi, notrte production se limite à une dizaine de textes. Mais nous sommes, certes un peu puérilement, extrêmement fiers d’une chose : avoir réussi le tour de force d’être à la fois accusés de sionisme et d’islamisme, de faire le jeu des « communautaristes » lorsque nous écrivons sur le racisme anti-Blancs et celui des « racistes » lorsque nous écrivons sur les Indigènes de la République. A la finale, nous avons donc une jolie liste de ceux dont nous ne serons jamais les camarades qui va des antisémites aux racismes d’extrême gauche et cela nous va très bien comme ça.
La phobie se définit comme la peur morbide de certains actes ou de certains objets. Il suffit de relire les propos de Raulin et de Riposte laïque, pour entendre littéralement la peur de l’islam : le mal de ventre de Christine Tasin, la répulsion devant des ENFANTS.
Il y a bien phobie au sens où les autres religions ne font pas l’objet des mêmes sentiments exagérés : il suffit de lire l’abondante prose de la FA sur le catholicisme pour y trouver de la raillerie, de l’analyse objective, et des attaques certes violentes mais qui sont dirigées essentiellement vers le clergé, ou vers les franges militantes et intégristes de l’église.
Certainement pas contre l’ensemble des croyants : concernant l’islam, nous remettons notamment en lien dans notre texte un autre texte de militants de la FA, qui concerne le « flot des BARBUS et des VOILEES » s’écoulant du métro à l’occasion d’une manifestation pro-palestinienne.
Si ce n’est pas là une phobie qui tend à l’irrationnelle crainte de la « noyade » et de »l’invasion » par des individus uniquement définis par leur apparence extérieure… de la part de militants souvent eux-mêmes barbus. Nous pensons donc qu’il y a bien une « islamophobie » naturellement liée au racisme ordinaire mais qui ne se confond pas totalement avec ce racisme.
Confondre ce phénomène avec le combat anti-religieux est impossible, notamment dans le contexte de l’extrême gauche libertaire française : si besoin est, nous pouvons ressortir des dizaines d’exemples de cohabitation pacifique entre les libertaires et les catholiques de gauche, notamment dans la lutte des sans papiers, dans lesquelles des membres du clergé catholique ont pu évoluer des années durant sans que le problème ne soit même posé comme problème. Des mecs en soutane comme Gaillot ont été des « stars » de ce mouvement et les rares militants refusant par exemple de les saluer ont été largement stigmatisés comme « excessifs » en de nombreuses occasions.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle depuis des années, des groupes proches de l’islam politique comme les Indigènes parviennent aisément à neutraliser et à ridiculiser les critiques faites contre Ramadan et consorts, en pointant la réaction totalement différente entre deux clergés différents.
Cette phobie s’exprime aussi de manière très frappante à propos du voile :il y a une séparation jamais interrogée qui a lieu dans les luttes et débats. Alors que de nombreux critiques de l’islam et de cette pratique militent quotidiennement avec des femmes voilées et aussi avec des hommes qui prient collectivement dans les lieux occupés, par exemple dans les luttes de sans papiers, aucun débat public n’a jamais lieu avec ces camarades sur le sujet. On n’en parle pas dans ces occasions, comme si cela devait déclencher je ne sais quelle catastrophe. On se sent proche du sans papiers, mais on a peur du musulman qui est en lui, au point de faire comme s’il n’existait pas et de n’aborder ces questions QUE dans un environnement complètement séparé, celui des débats « spécifiques » entre militants d’extrême gauche ou avec des militants de l’islam politique.
C’est bien un comportement parfaitement irrationnel qui a d’ailleurs sûrement empêché des initiatives réellement intéressantes et une véritable avancée pratique et idéologique sur cette difficile contradiction contemporaine.
Voilà pourquoi nous parlons d’islamophobie. Et il faudra demander aux tenants de l’islam politique et à la gauche théo-compatible si nous lui avons rendu service, pourquoi dans ce cas, elle ne nous fait pas plus de publicité. Même si ce terme n’est pas le meilleur possible, même s’il a été forgé dans des circonstances historiques que nous ignorions, nous n’en trouvons pas d’autre qui exprime le phénomène dans sa dimension globale.
LUFTMENSCHEN, 19 juin 2011.
1) Par exemple, si l’on revient sur l’affaire Enquête et débat qui intervient et filme à la CIP-IDF dans une journée consacrée à la liberté d’expression : il suffit de relire les commentaires postés à la suite de l’annonce de l’évènement qui pour certains, s’étonnent que Philippe Raulin soit annoncé comme grand animateur du débat AVANT ce débat, tout le monde est donc au courant des antécédents de cet animateur concernant l’extrême droite mais tergiverse, et en premier lieu la CIP-IDF.
2) Mais comme l’explique très bien un intervenant sur la liste publique de la CIP- IDF, les gens ont été « trop peu nombreux » à écouter l’émission incriminée, on a respecté un « consensus » et donc pas formulé de droit de veto. Bref, on s’est tourné les pouces et on a tourné la tête en espérant que la situation ne s’aggrave pas, mais sur Indymédia comme sur la liste, on traite ceux qui n’ont pas cette attitude de « khmers noirs » ou de « dénonciateurs », expressions qui traduisent pour le moins que les propos tenus dans l’émission initiale ne sont pas si graves et que certains « en font toute une embrouille ». Résultat , la tolérance avec l’extrême droite amène l’extrême droite à s’inviter tranquillement à ce nouveau débat libre. Et six mois plus tard, les fascistes se baladent tranquillement dans des initiatives comme celles des Indignés au milieu de jeunes militants qui ont appris les vertus de la tolérance, et du relativisme pour le maintien de la cohésion du mouvement.