Madame, Monsieur,

Vous êtes nombreux à penser que la traite et la colonisation ont eu pour heureuse issue, l’introduction des rudiments de la civilisation en Afrique noire (sic). Puis-je d’ailleurs vous en vouloir de croire que les Européens qui débarquêrent sur le continent africain ne rencontrêrent que des sauvages sanguinaires ? En fait, tout a été entrepris, au mépris de la vérité historique, pour que vous ayez cette opinion.

Ainsi, si on tient compte des manuels et des documentaires diffusés en occident, les peuples africains n’auraient eu, à travers les àges, que la hutte pour modêle d’habitation. Il s’agit pour les tenants de cette idéologie, de ternir l’image des personnes d’ascendance africaine en maintenant vivaces les idées héritées de l’époque coloniale.

En fait, depuis l’époque des Lumiêres, les personnes d’ascendance africaine, sont l’objet d’une campagne de désinformation historique dans le but de nuire d’une part à leur image et d’autre part, de justifier le colonialisme et son frêre jumeau, le néo-colonialisme. Dês le XVIIIême siêcle, les Gobineau, Hume, Kant, Renan et autres Hegel échafaudaient leurs pseudo-théories de l’infériorité des races humaines non blanches dans le but de justifier le maintient de la traite négriêre européenne. « L’esclavage est le meilleur des moyens pour permettre aux africains d’accéder à la civilisation (sous-entendu occidentale) », disait-on. Vous en conviendrez de l’absurdité d’une telle déclaration qui fut pourtant reprise, même par les plus hautes autorités ecclésiastiques.

Arrachées à leur terre ancestrale ou terrorisées sur place, les personnes d’ascendance africaine furent la cible des missionnaires et autres enseignants coloniaux qui Å »uvrêrent pour leur inculquer ces pensées inhumaines dans le but de forcer leur capitulation et résignation. Une fois parents, ils ont consciemment ou non, transmis ces mêmes pensées néfastes à la génération suivante. Vous commencez donc à comprendre pourquoi aucune campagne actuelle contre le racisme ne s’attaque réellement aux fondements même du racisme.

Vous nous direz que vous ne faites que répéter les informations diffusées par les médias (radio, TV, presse…) qui soutiennent que la traite et la colonisation ont eu pour finalité d’introduire la civilisation en Afrique noire. Nous vous dirons alors que vous avez jusqu’ici entendu ce que nous appelons communément « la version du descendant de négriers européens ». Mais avez-vous tendu ne serait-ce qu’une seule fois, l’oreille à la version des descendants des victimes ? Vous êtes-vous intéressés aux ouvrages des historiens africains, africains-caribéens ou africains-américains traitant de cette même question ? Malheureusement non ! Et vous pensez détenir la vérité historique ?

1- A la base, qui a civilisé qui ?

Telle est la premiêre question qu’il convient de se poser car l’homme moderne (Homo Sapiens Sapiens) même à la base, est parti déjà d’Afrique noire. Mais si on examine à la loupe, les témoignages des anciens, on constate que ce que nous nommons la CIVILISATION est née en Afrique noire vers 3 200 avant J.C. avec l’unification de la Haute et de la Basse Egypte par un pharaon soudanais du nom de Narmer. Les anciens africains nous ont d’ailleurs laissé une magnifique sculpture en calcaire de son visage qui dévoile ses traits africains. Dês cette époque les éléments de la civilisation ont été matérialisés en Afrique (écriture (papier vient de papyrus), mathématique, architecture, médecine, etc.) et les Grecs qui vinrent três longtemps aprês, se sont contentés, soit de traduirent les textes scientifiques égyptiens en leur langue, soit d’étudier sous la direction des prêtres égyptiens (Pythagore a par exemple étudié les mathématiques pendant 22 ans en Afrique), soit de recevoir sur place, l’initiation à la civilisation.

Voyons ensemble, quelques déclarations de vos propres ancêtres qui confirment ces points.

« C’est ce qu’attestent unanimement les plus sages d’entre les Grecs. Solon, Thalês, Platon, Eudoxe, Pythagore et suivant quelques-uns, Lycurgue lui-même, qui voyagêrent en Egypte et y conférêrent avec les prêtres du pays. On dit qu’Eudoxe fut instruit par Conuphis de Memphis, Solon par Sonchis de saà¯s, Pythagore par Enuphis l’Héliopolitain » . Cette déclaration, nous la devons au grec Plutarque (50 – 125 aprês J. C.) dans son Traité sur Isis et Osiris. Au passage, nous le remercions de nous donner le nom des certains enseignants africains des savants grecs, « fut instruit par »…

Diodore de Sicile, nous dit encore à propos de Pythagore [1] :

« Pythagore a appris des Egyptiens sa doctrine sur la parole sacrée, la géométrie, les nombres et aussi la transmigration de l’àme qui passe en toute espêce animale ».

Platon confirme enfin à propos de Thalês, qui fit partie des Septs Sages de la Grêce [2] :

« Thalês, fils d’Examyas, de Milet, Phénicien d’aprês Hérodote. Il porta le premier le nom de Sage. En effet, il trouva que l’éclipse du soleil provient de ce que la Lune lui fait écran ; il fut le premier Grec à découvrir la Petite Ourse, les solstices et la taille ainsi que la nature du soleil. L’eau est le principe des éléments. Il reçut en Egypte l’éducation des prêtres ».

C’est à vous que revient le privilêge de trouver la réponse à cette question, moi, je vous donnerai les faits. Avant et pendant la conquête d’un territoire, on envoyait généralement des éclaireurs (voyageurs, explorateurs, militaires…) chargé de dresser l’état des lieux et d’observer l’ennemi. Nous disposons donc de bon nombre de rapports fait par ces observateurs européens de l’époque. Mais, faisons d’abord une mise au point avant de passer aux témoignages.

Je ne renie pas l’existence en Afrique de peuples qui selon vos critêres arbitraires, seraient classés comme non civilisés à l’époque précoloniale. Mais je tiens à vous rappeler que les continents sur cette planête, ont toujours connu, peu importe l’époque, un niveau de développement três inégal entre tous les peuples qui y habitent. Mais, lorsqu’il s’agit de l’histoire de l’Europe, vos historiens ne retiennent que les civilisations les plus grandioses et les peuples européens non civilisés sont tout simplement ignorés.

Vis à vis de l’Afrique noire, l’exercice est inversé. On passe sous silence les civilisations les plus avancées et on sur-médiatise les quelques peuples les moins civilisés. Dans quel but ?

Le Bulletin de la Société de Géographie édité à Paris en 1837 dit ceci :

« Sur la rive gauche du fleuve Sénégal, on rencontre plus de Nêgres sachant lire et écrire l’Arabe – qui est pour eux une langue morte et savante – que l’on trouverait dans nos campagnes de paysans (français) sachant lire et écrire ».

Le testament de l’ethnologue allemand Léo Frobénius (1873-1938), auteur d’une douzaine d’expéditions en Afrique noire entre 1904 et 1935, résume parfaitement la problématique ( [1] :

« Lorsqu’ils (les navigateurs européens) arrivêrent dans la baie de Guinée et abordêrent à Vaà¯da, les capitaines furent fort étonnés de trouver des rues bien aménagées bordées sur une longueur de plusieurs lieues par deux rangées d’arbres : ils traversêrent pendant de longs jours une campagne couverte de champs magnifiques, habités par des hommes vêtus de costumes éclatants dont ils avaient tissé l’étoffe eux-mêmes ! Plus au sud, dans le Royaume du Congo, une foule grouillante habillée de soie et de velours, de grands Etats bien ordonnés et cela dans les moindres détails, des souverains puissants, des industries opulentes. Civilisés jusqu’à la moelle des os ! Et toute semblable était la condition des pays à la cà’te orientale, la Mozambique, par exemple ».

Ce texte vous permet d’apprécier la situation réelle à l’intérieur des terres. Et il poursuit :

« Les révélations des navigateurs portugais du XVême au XVIIIême siêcle fournissent la preuve certaine que l’Afrique nêgre qui s’étendait au sud de la zone désertique du Sahara était encore en plein épanouissement, dans tout l’éclat de civilisations harmonieuses et bien formées. Cette floraison, les conquistadores européens l’anéantissaient à mesure qu’ils progressaient. Car le nouveau pays d’Amérique avait besoin d’esclaves et l’Afrique en offrait : des centaines, des milliers, de pleines cargaisons d’esclaves ! Cependant, la traite des Noirs ne fut jamais une affaire de tout repos ; elle exigeait sa justification ; aussi fit-on du Nêgre un demi-animal, une marchandise. Et c’est ainsi que l’on inventa la notion du fétiche (portugais : feticeiro) comme symbole d’une religion africaine. Marque de fabrique européenne ! Quant à moi, je n’ai vu dans aucune partie de l’Afrique nêgre, les indigênes adorer des fétiches (…) L’idée du « Nêgre barbare » est une invention européenne qui a, par contre coup, dominé l’Europe jusqu’au début de ce siêcle ».

Et il ajoute encore :

« En 1906, lorsque je pénétrais dans le territoire de Kassaà® Sankuru, je trouvai encore des villages dont les rues principales étaient bordées de chaque cà’té, pendant des lieues, de quatre rangées de palmiers et dont les cases, ornées chacune de façon charmante, étaient autant d’Å »uvres d’art. Aucun homme qui ne portàt des armes somptueuses de fer ou de cuivre, aux lames incrustées, aux manches recouverts de peaux de serpents. Partout des velours et des étoffes de soie. Chaque coupe, chaque pipe, chaque cuiller était un objet d’art (…) En était-il autrement dans le grand Soudan ? Aucunement (…) L’organisation particuliêre des Etats du Soudan existait longtemps avant l’Islam, les arts réfléchis de la culture des champs et de la politesse… les ordres bourgeois et les systêmes de corporation de l’Afrique Nêgre sont plus anciens de milliers d’années qu’en Europe (…) C’est un fait que l’exploration n’a rencontré en Afrique équatoriale que d’anciennes civilisations vigoureuses ». [2]

CONCLUSION :

Si on admet que l’intelligence humaine est universelle, reconnaissons le pour tout le monde, sans distinction de race ou d’origine ethnique. Toute attitude contraire dévoile, n’est-ce pas, un certain manque de respect pour l’humanité !

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