[zad] semaine intergalactique (du 27 août au 2 sept)
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Immigration/sans-papierEs/frontieresKurdistanLogement/squatLuttes salarialesResistancesZad
Lieux : AmbazadaNotre-Dame-des-LandesZAD
/// du 27 août au 2 septembre 2018 – semaine intergalactique sur la zad.
Après la victoire tant attendue contre le projet aéroport, nous tentons de sortir enfin d’un printemps brutal. Celui-ci a été marqué par deux phases d’expulsions au cours desquelles le gouvernement s’est consacré à se venger de l’affront qu’avait représenté la zad pendant tant d’années. Ces opérations policières massives ont causé beaucoup de blessé-e-s et entraîné la destruction d’une partie lieux de vie de la zad ainsi qu’une longue présence militaire. Mais l’Etat a dû renoncer à aller plus loin et à éradiquer notre présence dans ce bocage. La résistance sur le terrain, les solidarités ailleurs et le processus de négociation ont abouti à un statu quo sur le maintien de dizaines d’habitats, espaces communs ainsi que des activités sur la majeure partie des terres prises en charge par le mouvement. Néanmoins, ce que nous avons réussi à conserver aujourd’hui pourrait très vite être attaqué de nouveau, administrativement, politiquement ou militairement. Alors que la zad se remet de ses plaies, se recompose, que les travaux des champs et les constructions reprennent, nous nous projetons sur les combats des prochains mois. Ceux-ci nous dépassent et se relient à d’autres menés partout dans le monde. Ils concernent l’usage collectif et respectueux de la terre, le partage des communs, la remise en question des états-nations et des frontières, la réappropriation de l’habitat, la possibilité de produire et d’échanger en se libérant des carcans marchands, les formes d’auto-organisation sur des territoires en résistance et le droit d’y vivre librement…
Après plus de deux ans de travaux réguliers et un nouveau mois de chantier cet été, la semaine du 27 août au 2 septembre sera celle de l’inauguration de l’ambazada, espace destiné entre autres à accueillir sur la zad de Notre-dame-des-Landes des luttes et des peuples insoumis du monde entier. Pour pendre dignement cette crémaillère-là, nous ne pouvions que convier à une nouvelle semaine intergalactique. Nous souhaitons qu’elle contribue à se redonner de l’élan et des horizons avant les mobilisations de la rentrée ici et ailleurs.
/// Rencontres ouvertes entre territoires en batailles et en quête d’autonomie
Des questions n’ont cessé pour notre part de nous habiter tout au long de la saison passée, celles entre autres de l’ancrage dans la durée sans se laisser domestiquer, de l’entre-soi ou de la porosité de nos mouvements, du rapport de force plus ou moins frontal avec l’Etat et de possibilités que des victoires se prolongent. Nous avons dû trouver nos propres réponses partielles dans l’urgence, nous avons dû faire des choix décisifs face aux tanks et sous une pression dramatique. Nous voulons reposer ces enjeux et les recroiser avec d’autres territoires nés de batailles et ayant tracé leur propre chemin. Une partie de la semaine sera donc consacrée à des rencontres ouvertes avec des invités du Wendland en Allemagne, de Christiania au Danemark, du quartier libre des Lentillères en France, d’Errekaleor au Pays Basque ou encore d’Exarchia en Grèce . Chacun de ces territoires nous racontera la manière dont il s’est emparé de ces problématiques et ouvrira un débat croisé.
A une autre échelle, des peuples entiers résistent toujours de par le monde à l’assimilation culturelle et à l’idéologie libérale. Un moment de rencontres spécifiques à ce sujet au cours de la semaine est aussi en cours de préparation.
/// Jonctions historiques et héritages révolutionnaires
Nous vous proposerons aussi de voyager au cours de diverses soirées à travers des décennies de luttes marquantes dans différents pays européens. L’Italie révolutionnaire des années 70, les mouvements autonomes allemands des années 80 ou l’écologie radicale anglaise et anticapitaliste des années 90, entre autres, ont reconfiguré le langage politique, les pratiques d’actions et d’organisation. Nous replonger dans ces histoires vibrantes, ce sera partir en quête d’héritages et d’imaginaires qu’elles nous donnent pour penser le présent.
/// Autres contenus, chantiers et rencontres simultanées sur d’autres champs de lutte
Divers autres contenus sont en cours de programmation, notamment :
un après-midi de rencontre avec une militante kurde sur le mouvement de libération des femmes au Kurdistan, et son rôle au sein de la société.
Une présentation de la situation politique, sociale et des luttes au Mexique suite aux élections présidentielles de juillet et à la campagne de la candidate indigène Marichuy.
Témoignages de personnes sans papiers à Nantes et des groupes qui organisent leur soutien dans les squats et dans leurs démarches administratives. Un point sur la loi « asile-immigration ». Le retour d’expériences d’un groupe qui a organisé cet hiver l’occupation de l’université de Nantes avec des personnes sans papiers et un aperçu de la situation actuelle.
Les matinées seront consacrées à des chantiers sur divers lieux pour renforcer les communs de la zad, ainsi qu’à faire tourner l’orga logistique de la semaine.
Les participant.e.s sont les bienvenu.e.s à proposer des contributions aux diverses discussions annoncées. Il est possible de nous contacter pour faire des propositions supplémentaires d’ateliers et discussions. Nous avons cependant fait le choix général de favoriser quelques grandes thématiques et temps communs pendant lesquels avancer ensemble plutôt que de superposer une multiplicité de discussions en parallèle.
Des rencontres se pensent en parallèle sur d’autres lieux de la zad avec des groupes de syndicalistes ou d’étudiant.e.s qui consacreront certaines journées de la semaine à tirer un bilan de leurs mobilisations de l’année et se pencher sur la suite. Des croisements entre les un.e.s et les autres et la semaine intergalactique sont à prévoir .
/// Prévenir de votre venue et l’organiser
Dites-nous si vous voulez venir !! Nous avons besoin de prévoir la logistique à l’avance, et donc de connaître le nombre de participant-e-s (pour cette semaine, nous avons prévu des infrastructures pour environ 300 personnes). Nous souhaitons que les participant-e-s restent la semaine entière afin de prendre le temps d’une élaboration collective. Merci de nous dire avant le 31 juillet combien d’entre vous seront présent-e-s et à quelles dates. Des structures de cantine seront organisées sur place, mais n’oubliez pas de prendre une tente et un duvet pour dormir.
Dites-nous également quelle-s langue-s vous parlez afin d’organiser la traduction. Tell us wich langage you speak to organize the translations.
Pour tous contacts, inscriptions, questions : galaczad[at]riseup.net
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//// Programme de la semaine intergalactique
Ce programme est soumis à des changements et compléments d’ici fin août. N’oubliez pas de vous inscrire à l’avance en écrivant à : intergalaczad@riseup.net
# toute la semaine : expo photo « territoires en bataille »
— Lundi 27 août :
# 10h : accueil / présentation de la semaine
# 14h : Ce lundi puis tous les jours, après le repas de midi à l’heure du café, annonces diverses et présentations libres des participant.e.s aux rencontres.
# 15h : Témoignages de personnes sans papiers à Nantes et des groupes qui organisent leur soutien dans les squats et les démarches administratives. Point sur la loi « asile-immigration » Retour d’expériences de personnes qui ont organisé depuis l’automne l’occupation de l’université de Nantes avec des personnes sans papiers puis l’ouverture d’une succession d’autres squats.
# 17h : Discussion autour du livre « Se battre pour des espaces, se battre pour nos vies : les mouvements squats aujourd’hui » – avec le collectif « squatting everywhere » + comment s’organiser face à la loi anti-squat qui pourrait être validée en septembre et criminaliser les occupations en France comme c’est déjà le cas dans d’autres pays européens.
Ce livre présente une série de voyages dans un mouvement aux multiples facettes, avec des retours sur des luttes locales, des expériences de répression et des récits sur les formes de vie collective nées d’espaces squattés dans diverses villes et pays à travers le monde : de Rio de Janeiro à Istambul, en passant par Seattle et l’Australie. Pour plus d’infos : http://www.edition-assemblage.de/fighting-for-spaces/
# 20h30 : Voyage à travers des décennies de lutte (voir appel) – épisode 1 – intervento sur les mouvements révolutionnaires italiens des années 70
— Mardi 28 août
# 10h : Balades et récits sur la zad
# 15h : Une présentation de la situation politique, sociale et des luttes au Mexique suite aux élections présidentielles de juillet et à la campagne de la candidate indigène Marichuy. Retour sur la rencontre de milliers de femmes ce printemps dans le caracol de Morelia (Chiapas) organisée par le mouvement zapatiste de l’EZLN.
# 17h : Voyage à travers des décennies de lutte – épisode 2 – retour sur les mouvements autonomes allemands des années 80
# 21h : Rétrospective de films du collectif OGAWA sur la décennie de lutte (70’s) contre l’aéroport de Tokyo-Narita au Japon
« Dans ce qui constitue le précédent le plus frappant et le plus significatif à Notre-Dame-des-Landes, l’expropriation de terres agricoles pour la construction de l’aéroport de Tokyo-Narita commença en 1966. D’ici à 1971 avait débuté une décennie de batailles meurtrières entre l’État et les fermiers qui refusaient de céder leurs terres. Ce furent ces batailles hautement exemplaires qui, d’après le témoignage de nombreux militants français de l’époque, inspirèrent leurs propres affrontements directs et physiques avec la police dans les rues de Paris et d’autres villes. La série de films du collectif Ogawa se donne pour mission de raconter l’histoire de la lutte, non pas à posteriori mais bien à mesure qu’elle a lieu. Si elle compte parmi les films les plus intelligents et les plus exaltants qu’il nous ait jamais été donné de voir, c’est parce qu’elle propose, de façon inséparable, aussi bien la chronique directe de ces événements que leur réflexion immédiate (par ceux-là-mêmes qui vivent ces événements, les paysans en lutte de Sanrizuka). Ils nous donnent à voir et à entendre à la fois la mêlée du champ de bataille et la stratégie qui s’y déploie au jour le jour – tout autant que l’impact de ces longues années de résistance sur la vie quotidienne et la pensée de ceux qui se sont retrouvés un jour obligés de se battre, contre une force qui voulait les déloger. L’alliance de précision et de lyrisme à l’œuvre dans les films d’Ogawa Productions tournés à Sanrizuka leur donne une valeur d’exemple : un exemple qui n’est pas fait pour être cité, mais bien pour être reproduit, sur le terrain du cinéma comme sur celui de la lutte politique. »
Pour plus d’infos : https://www.zintv.org/Notre-camera-sera-en-premiere-ligne-pour-recevoir-les-coups
— Mercredi 29 août
# 10h : Chantiers/ logistique
# 15h : Présentation du mouvement de libération des femmes au Kurdistan et son rôle au sein de la société.
# 17h : Une Flotille de la liberté pour Gaza regroupant une quarantaine de participant.e.s de 16 pays, est partie le 21 juillet de Palerme pour briser le blocus de Gaza. Sarah Katz qui a vécu deux ans à Gaza racontera l’attaque israelienne et son emprisonnement. Pierre Stambul, de l’UJFP, expliquera comment le sionisme a fabriqué un Etat d’apartheid.
# 21h : Voyage à travers des décennies de lutte – épisode 3 – les mouvements écologistes radicaux et anticapitalistes anglais des années 90, des road protests, street party à la montée en puissance du mouvement antimondialisation.
— Jeudi 30 août
# 10h : « Développement ou autonomie ? Quelques pistes à partir de l’opposition aux mines en Guyane » avec des personnes de la revue z
# 14h : Ouverture des rencontres entre territoires en bataille/zones en recherche d’autonomie (voir appel) avec la participation d’habitantes du Wendland (Allemagne), de Chistiania (Danemark), des Lentillères (France), d’Errekaleor (Pays basque), de la zad de Notre-Dame-des-Landes (France) : Naissance et apparition d’un territoire en bataille – Habiter un territoire //
# 21h : Concert avec Portron Portron Lopez + Portron Portron touaregs + Culture émotion + Channel plus à Bellevue….
— Vendredi 31 août
# 10h puis 14h : Suite des rencontres ouvertes entre territoires en bataille/zones en recherche d’autonomie : Entre-soi et porosité du territoire – S’organiser
# 21h : Voyage à travers des décennies de lutte – épisode 4 – retour sur les mouvements français de 2005 à 2017 – des émeutes de 2005/CPE à la loi travail en passant par les zads
— Samedi 1er septembre
# 9h : chantiers / logistique
# 10h : Projection et présentation de la lutte contre l’extractivisme au Vénézuela avec un camarade de la libertalia, une coopérative autogestionnaire.
# 15h : Suite et fin des rencontres ouvertes entre territoires en bataille/zones en recherche d’autonomie : Les inspirations du passé – Durer, se projeter, au-delà des défaites et des victoires
*** Soirée d’inauguration de l’ambazada ***
# 19h : Apéro-chansons avec une invitation aux participant.e.s de tous pays à venir avec des chants de chez eux
# 20h : Buffet international
# 21h : Bal plus ou moins trad et boum.
— Dimanche 2 septembre
# 10h : Remise en état et grasse mat’
# 15h : Discussion sur Bure et l’instruction en cours
# 21h : Ciné-club de l’ambazada : « La porte du paradis » de Michael Cimino
Le film culte qui a coulé la plus grosse société de production d’Hollywood – sur la fronde tournoyante de migrants, prostitués, paysans, face aux armées de mercenaires des grands propriétaires terriens dans l’amérique de la fin du 19e.
source: https://expansive.info/Intergalactique-Premiere-journee-de-rencontres-a-la-ZAD-1138
Depuis début août, des brigades basques ont investi la ZAD pour continuer le chantier de l’Ambazada, lieu collectif qui se veut le carrefour des luttes sur la zone. Pour la dernière semaine du mois, des rencontres intergalactiques ont été convoquées, occasion de réflechir ensemble et de préparer la rentrée tout en inaugurant la dernière tranche de travaux.
Lundi matin.
Les coqs claironnent sur la ZAD.
La pluie estivale de la veille n’a pas eu le temps de réellement mouiller les chemins.
La traversée entre les deux lieux de rencontres n’en est que plus aisée.
Bellevue s’agite doucement, quelques personnes s’affairent à préparer ce qui devrait permettre de « reprendre du souffle » à la rentrée.
A l’Ambazada, des dizaines de personnes défilent à l’accueil pendant que de nombreuses autres préparent les rencontres intergalactiques. Une cantine fournie prépare les repas, d’autres bidouillent en attendant que les présentations de l’après-midi commencent.
Des camionnettes de gendarmes font des allers-retours sur le chemin de Suez…
Lundi après-midi
Première partie
Les discussions autour des luttes des migrant.e.s démarrent sous chapiteau.
La chaleur commence à se faire sentir.
Des présentations se succèdent pour proposer une analyse descriptive des politiques migratoires européennes. Le but est de montrer que ces luttes s’inscrivent dans un contexte politique toujours plus répressif. Sont mis en avant les mécanismes politiques d’externalisation des frontières ainsi que la marginalisation des migrant·e.s en Europe.
Routes de passage, frontex, Hotspot, sommets européens autour des questions migratoires, autant de données qui sont présentées durant la première heure.
La présentation sur la marginalisation des migrant.e.s propose quelques pistes d’analyses intéressantes. Comment sans aller jusqu’à la mise à mort gérer un ensemble de personnes non-désirables ? Depuis 2015 se met en place une politique d’expulsion des camps auto-construits, des camps dont les migrant.e.s se sont appropriés l’espace. A défaut de les mettre à mort, c’est par une succession d’expulsions que les autorités cherchent à ce que les migrant·e·s soient « solubles dans l’explusion ». Sale travail de la police, stratégie des institutions, autant d’élements qui mettent à l’oeuvre une politique étatique raciste.
De l’autre côté, l’État met en place une routinisation de la militance qui se mobilise avec les étranger.e.s. Tout comme dans les années 80, le socialisme a tenté de présenter un visage pacifié des mobilisations sociales, l’État, aujourd’hui, tente d’intégrer des « partenaires » qui prendraient en charge une forme de gestion des migrant.e.s. La politique de non-accueil repose sur les bonnes volontés des collectifs militants qui viennent palier à ce que l’État ne fait pas : accueil et hébergement des débouté.e.s par des mobilisations sociales, repolitisation de ces questions migratoires, gestion de l’éternelle urgence. Et finalement, c’est la mise en marge des personnes qui traversent les frontières qui semble inéluctable tant que le problème n’aura pas été élargi, notamment en interrogeant la continuité des mythes coloniaux en Europe. Est aussi évoqué les différents conflits. Conflits entre militant.e.s qui oscillent entre luttes circonstancielles et luttes radicales politiques, conflits entre migrant.e.s et militant.e.s, etc
L’expérience migratoire en France varie entre les territoires, d’où l’émergence de villes comme Nantes dans la route des migrant.e.s. Ces villes semblent offir un accueil plus humain.
Une présentation est faite sur la répression à l’oeuvre autour de ces luttes. Le cas de la frontière franco-italienne est exposé. Depuis peu s’est ouvert une nouvelle route dans le Brianconnais, faisant suite au passage par Menton de ces dernières années. La France met en place des points de passage autorisés qui permment de contrôler les arrivées et d’autoriser leur surveillance dans une dizaine de kilomètre autour du point de passage. Tous les corps de police sont aujourd’hui rassemblés dans des zones comme celle du Brianconnais. PSIG, police au frontières (PAF), gendarmes, police, BAC, etc. Tous les possibilités d’interventions sont concentrées dans ce territoire, ce qui permet de rendre plus efficace leur politique représsive de chasse, d’intimidation et de guerre. Depuis la marche qui a eu lieu en avril 2018 avec une quarantaine d’exilé.e.s, trois personnes ont été mises en garde à vue pour délit de solidarité. De multiples mobilisations ont permis de libérer ces compagnon.ne.s en attendant leur jugement mais d’autres personnes connaissent des problèmes juridiques. Le deux poids deux mesures est d’autant plus criant quand est rappelée l’action de Defend Europe, groupsucule fasciste proche des identitaires, partie faire la chasse aux migrant.e.s sur les montagnes. Du point de vue de celleux qui s’organisent pour aider les migrant.e.s, le point de bascule se fait jour quand l’acte de solidarité devient un acte de résistance.
S’en suit une description de la nouvelle loi asile/immigration. Elle se situe dans la continuité des lois migratoires et dans le durcissement progressif des mesures.
4 volets principaux sont présentés :
– La demande d’asile est modifée, et a pour objectif de refouler le plus vite possible la migrant.e qui est arrivé.e à passer la frontière. Deux traitements sont possibles : normal et accéléré. Lorsqu’il y a traitement accéléré la loi impose aux instances des durées courtes (pas plus de deux mois d’examen jusqu’au rejet). Un pré-tri permet de cibler qui n’est pas réellement éligible à l’asile. Un.e demandeureuse d’asile qui attend plus de 90 jours (120 jours avant) est de son côté automatique confronté à un traitement accéléré. Là, la CNDA peut statuer en visio conférence.
– Pour les expulsions, le refoulement direct à la frontière est introduit, de même qu’un délit de franchissement de frontière en des points non autorisés. L’enfermement passe de 45 à 90 jours. Le bannissement est mis en place, c’est à dire l’interdiction de retour sur le territoire.
– Le juge des libertés et de la détention peut quant à lui doubler la durée d’intervention de 2 jours à 4 jours pour une intervention en faveur des migrant·e·s.
– Pour les enfants né.e.s en france, il devient possible de les expulser si les parents sont en situation irrégulière. Une contre-enquête de l’administration peut se faire contre les avis médicaux. Enfin, le fichage des mineurs reconnu.e.s majeur.e.s est introduit, facteur aggravant pour les jeunes migrant·e·s.
C’est sur ces présentations techniques que s’achève la première partie de la discussion-présentation. Les plus assidu.e.s peuvent enfin aller taper la balle avec les migrant.e.s qui ont entamé une partie de foot près du chapiteau.
Deuxième partie
Le chapiteau est de nouveau plein. Des camarades de Caen et Nantes présentent leur lutte. Caen évoque le nombre de squats ouverts (5 en ce moment, 30 en tout). Entre 200 et 300 exilé.e.s sont hébergées alors que les institutions ont environ 900 places.
C’est la repression féroce à Ouistreham qui est présentée dans un premier temps avant de revenir sur un énorme squat ouvert depuis 2018 sur Caen dans un second temps.
Ouistreham, c’est un petit port au nord de Caen devenu un nouveau point de passage vers l’Angleterre après l’évacuation de Calais. Ouistreham est d’ailleurs aujourd’hui considéré comme un petit Calais par les autorités. Face à cette situation, la préfecture met en place une répression et une ségrégation forte sur le territoire. Les toilettes sont contrôlées, des barrières anti-émeutes empêchent l’accès de la station balnéaire aux migrant.e.s. Les bus sont aussi des objets de contrôle et de ségrégation. Ces formes de coercition étatique sont très violentes. Des luttes et mobilisations se sont organisé.e.s en réaction. Des manifs de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu, rassemblant plus que lors des mobilisations sociales. Le PSIG déploie sa violence contre les tentatives d’organisation.
A Caen, c’est un gros squat qui s’est ouvert depuis avril 2018. Derrière cette ouverture, L’Initiative pour la Convergence des Luttes qui est un outil qui permet de créer un lieu de rencontre entre les différents groupes, collectifs et syndicats sur la ville.
Ce squat est au dessus de la gare, ouvert pendant la grève des cheminot.e.s. Le geste d’officialisation (des syndicalistes qui participent à l’ouverture) montre un réel effort de convergence. Bien que le tableau soit positif, quelques limites dépassables sont évoquées. L’urgence de la gestion quotidienne de la survie se fait sentir. Penser des formes d’auto-organisation avec les personnes sans papiers n’est pas toujours aisé. Au-dela des rapports inégalitaires qui peuvent se produire, l’énorme travail chronophage fait que d’autres outils de luttes peuvent être désertés.
À Nantes, on s’inscrit dans une longue histoire de lutte des exilé.e.s. Cette année est quand même plutôt mouvemementée. À l’origine des séries de gestes posés dans la ville de Nantes cette année, une soixantaine de mineurs non logé.e.s en ville. Une volonté de mettre ces personnes à l’abri de la rue permet de se concrétiser lors de l’ouverture aux migrant.e.s de l’ancienne école des beaux arts à Nantes. Une manifestation appellée farandole part tranquillement en manifestation, entre dans les lieux et ce sont 24h d’occupation incroyable qui commencent dans ce lieu magique. Le sentiment de puissance collective est palpable. Le lendemain, l’expulsion est réussie mais provoque de nombreuses réactions dans la ville. Le soir même, une réunion à la faculté rassemble des exilé.e.s, des étudiant.e.s, des lycéen.ne.s, etc qui débouche sur l’occupation de salles de cours. Très vite, de deux salles, l’occupation passe à 10 salles de cours. Un chateau, appartenant à l’université, est ensuite occupé. Dans ces deux espaces, plus de 180 personnes sont accueilli.e.s. L’occupation tient tout l’hiver avant que les deux lieux soient expulsés en mars. Pendant toute la durée de l’occupation, des échanges ont lieu avec l’administration et le mouvement tient bon malgré la pression des membres de la présidence.
Des discussions ont lieu avec l’association médecins du monde et l’intersyndicale qui refusent de négocier seules avec la présidence.
Ce sont cinq mois d’occupation de vie collective qui se vivent. A l’issue de cette occupation, 50 places sont arrachées : scolarisation et logement par le CROUS. Des coups de pression de fascistes ont lieu à l’intèrieur même du chateau.
Après le 7 mars, un autre lieu est ouvert. Un ancien EHPAD près des quais. Pendant l’occupation, le lieu prend de l’ampleur, même le 115 ramène des exilé.e.s vers ce lieu. A BREA lorsqu’on arrive, un délai est obtenu pour rester. L’occupation en elle même est positive, des échanges se construisent via les cours de langue (arabe, français). Le lieu est petit par rapport au nombre d’occupant.e.s (300-400 personnes assez rapidement). Une auto-organisation se construit.
Après l’explusion, d’autres lieux ont été occupés. Aujourd’hui, 300 à 500 personnes campent au square Daviais avec un seul point d’eau. Les associations qui s’occuppent de la bouffe des migrant·e·s sont absentes pendant la trève estivale. Le projet de l’autre cantine prend le relai puisque la mairie ne gère rien. L’autre cantine prépare 500 repas par jour dans un lieu squatté, ce qui permet de faire bouger les lignes de nombreuses personnes qui viennent filer des coups de main. C’est difficile car dans les autres lieux, des liens ont pu se construire parce que les militant·e·s dormaient avec les exilé·e·s, ce qui ne se fait pas dans le square.
Après ces présentations des situations à Nantes et Caen, un exilé témoigne de la situation à Dijon. Un témoignage nous vient aussi depuis le plateau des Millevaches dans le Limousin où une belle mobilisation a eu lieu dans un village où toute la population s’est mobilisée contre l’expulsion d’une personne exilée habitant dans leur village depuis six mois.
Une personne revient sur la question de la négociation avec la présidence de l’université de Nantes, sur les différences d’ancrage politique entre les personnes, sur la façon d’imposer des modes de fonctionnement de la part des militant·es blanche·s. Elle souligne que personne a envie de négocier avec les pouvoirs publics mais que grâce à plein de discussions entre les militant·es et les exilé·es, des accords ont pu être trouvés.
Les discussions de la journée se terminent sur quelques prises de parole, l’heure de l’apéro se fait sentir ! Alors, à demain !
source: https://expansive.info/2eme-jour-sur-la-ZAD-des-luttes-encore-des-luttes-1141
L’après-midi démarre par un échange sur les usages révolutionnaires du syndicat. Le repas pris, l’ensemble de l’assistance présent autour du hangar de l’avenir prend place pour écouter les interventions préparatoires à la discussion. Au même moment, d’autres personnes naviguent entre différents lieux de la ZAD et l’Ambazada.
Discussion sur les usages révolutionnaires du syndicat (13H30 – Bellevue)
Introduction
Un camarade de la CGT introduit la discussion en posant un état des lieu de ce qu’il reste des syndicats. Est rappelé l’attachement à cet outil malgré ses faiblesses conjoncturelles et structurelles. S’esquive l’idée qu’il faudrait pouvoir faire muter le syndicalisme de lutte ou de transformation sociale, au risque de voir ces structures pérécliter. Un historique du syndicat en tant qu’objet est fait. En introduction, un extrait d’Emile Pouget, n°2 de la CGT au début du 20ème siècle, est lu, permettant de rappeler la combativité du syndicalisme à sa fondation.
Afin de montrer comment le syndicat peut peser dans le changement sociétal, des exemples sont cités pour montrer que l’outil de production peut être récupérer par les travailleureuses. C’est le cas lorsque les électricien·ne·s coupent l’électricité de leurs ennemi·e·s de manière ciblée. C’est le cas lorsque des postier·e·s viennent sur la ZAD construire un bureau de poste et y proposent des cartes postales. Ainsi, c’est la perspective d’une gestion autonome de l’outil qui se profile.
Est ensuite rappelé que la combativité syndicale n’est pas nouvelle. Déjà à la fin du XIXème siècle, des cartes postales d’émeutes circulent, prémices du riot porn aujourd’hui largement diffusé. Les premiers groupes de la CGT sont combattifs. A cette époque, et bien que le régime soit plus repressif, un bouillonnement est bien présent dans l’État français. Des attentats, des actions directes, des grèves nourrissent une agitation forte. Le syndicalisme se construit dans ce contexte, avec une distinction opérée à l’époque entre la stratégie syndicale et celles des partisan·e·s de la propagande par le fait. C’est dans cette période que Ferdinand Pelloutier, une figure du syndicalisme, nourrit l’idée de bourses du travail qui seraient axées autour de quatre fonctions :
– l’enseignement. Ainsi en 1900, une vingtaine de cours sont proposés à la bourse du travail à Nantes, touchant des centaines de personnes chaque soir.
– le placement des ouvrier·e·s, en leur trouvant des places dans des lieux de travail.
– la propagande, par la création d’affiches, de journaux, etc
– le service de résistance, c’est-à-dire l’organisation pratique de manifestations, d’évènements, de soupes, etc
La bourse du travail nantaise
Vient ensuite le cas concret de la bourse du travail nantaise, lieu de composition avec les pouvoirs publics et lieu d’agitation sociale. Est évoqué son histoire. Dès sa fondation s’opère une dialectique entre bourse du travail, grève, insurrection. Le principe de la grève générale est aussi rapidement votée par la bourse du travail. L’indépendance des syndicats vis-à-vis des partis est quant à elle actée.
La première guerre mondiale est désastreuse pour certains courants, comme le courant libertaire qui est terrassé et laisse un boulevard au communisme autoritaire. La bourse du travail opère alors une transformation mais conserve son usage radical. Ainsi en va-t-il de l’antifascisme fortement ancré partant de la bourse du travail, etc.
Après la seconde guerre mondiale, des conflictualités partent toujours depuis la bourse du travail dans la région nantaise. Grève insurrectionnelles, action de libération de prisonnier·e·s partant depuis la bourse du travail, etc. Cet espace qu’est la bourse du travail est donc un espace d’autonomie, tel que le proclame Emile Pouget. Un rapport de force permanent est à l’oeuvre entre la bourse du travail et la mairie. Fait notable, ce ne sont pas les periodes de gestions républicaines qui ont été les plus violentes envers ce lieu mais bien la municipalité socialiste.
Jusque dans les années cinquante, ces bourses du travail ont une centralité dans les luttes. Peu à peu, cette centralité se perd. Une des hypothèses formulées est que la centralité de cette bourse se perd spatialement par l’émergence de luttes dans d’autres lieux comme la faculté, éloignée du quartier de la bourse. Aujourd’hui, la bourse est fermée, et cela depuis 2000. En lieu et place, une maison des syndicats bien moins ouverte, extrêment contrôlée, où le badge est la norme pour rentrer, et localisée dans un quartier d’attraction.
Un double discours se fait jour au niveau syndical. D’un côté, le souvenir de ces années de conflictualité est mis en avant, de l’autre, ces mêmes syndicats n’hésitent pas à faire envoyer des centaines de CRS.
Les Paysans-Travailleurs, une expérience syndicale singulière dans le monde paysan
Un retour sur l’expérience des paysans-travailleurs est ensuite fait. Déjà, il faut rappeller que faire grève est impossible pour les paysan·ne·s, ce qui pose la question du syndicalisme agricole.
Historiquement, ce syndicat s’est construit sur le mythe de l’unité de ce syndicalisme, qui regrouperait en son sein des petit·e·s paysan·ne·s mais aussi des gros·ses exploitant·e·s ou membres des crédits agricoles. Le mythe de l’unité paysanne qui se construit avec la FNSEA après guerre se nourrit de la corporation paysanne en place sous Vichy. C’est donc un mythe vichyste. Au même moment se développe une autre structure, la jeunesse agricole chrétienne (JAC), un lieu de rencontres entre jeunes et qui a l’intérêt de paraitre respectable tout en permettant une politisation des jeunes. A la fin des années 50, ces jeunes décident d’investir les comités départementaux des jeunesses agricoles (CDJA). Ces organisations qui sont normalement le lieu d’organisation des commis agricoles, fêtes, etc deviennent des lieux de radicalisation pour la jeunesse paysanne. Ce mouvement est particulièrement fort dans l’Ouest. Au cours des années soixante, ces contestations internes sont aussi palpables dans la FNSEA. En 1966, une Coordination Régionale plus radicale est crée permettant de courtcircuiter le syndicat national. Des émeutes paysannes éclatent en 1967 en plusieurs points de Bretagne. Bref, une forte tension se fait de plus en plus sentir. L’Ouest s’oppose à la direction parisienne et dans les rangs régionaux s’élabore une pensée révolutionnaire paysanne autour de figures comme Bernard Lambert ou Dumont.
En 1968, ces pensées sont suffisamment matures pour que les FDSEA de l’Ouest prennent part à l’agitation, que ce soit par leur présence en tête de cortège comme à Nantes, ou par l’organisation de ravitaillement qui permet d’échanger des denrées contre de l’essence. Les paysan·ne·s sont emporté·e·s par cette vague de révolte, ce qui donne lieu à des rencontres avec des jeunes maoistes, des établi·e·s, etc. C’est un fort moment de radicalisation des paysan·ne·s. Un ministre est par exemple séquestré par des paysan·ne·s de la FNSEA en 1969. En 1970 s’entame des discussions sur la sortie de la FNSEA une fois Bernard Lambert exclu de la coordination régionale. En 1972 prend forme la grève du lait, aussi appellé « brezel al laezh – guerre du lait » en breton. Cette lutte part du finistère et s’étend rapidement à d’autres départements bretons. Blocage de camions-citernes, d’usines, organisation de manifestations, etc. Ce mouvement puissant n’est pas vu d’un bon oeil par la FNSEA qui cherche même à le contenir à l’ouest. A l’issu de cette guerre du lait, des discussions sont portées par les tenants de la grève. Une partie construit une association qui semble être un syndicalisme d’action directe : les Paysans-Travailleurs. Ces PT laissent la cogestion à la FNSEA jusque dans les années 1980. D’autres choisisent de rester dans la FNSEA, selon leur rapport de force local.
Ces PT qui n’ont pas à s’occuper de la cogestion organisent d’autres guerres du lait, de la viande aussi. Iels essayent de lancer de petites coopératives. Enfin, iels prennent part à de multitudes de luttes qui ne sont pas à proprement parler paysanne : intervention sur des piquets de grèves, sur des luttes écologistes, etc. Exemple est fait de la grande manifestation sur le larzac qui est organisée par les PT.
Après ces différentes présentations vient le temps des échanges. De nombreuses interventions viennent interroger le lien entre syndicats et révolution. Le rôle hypothétique des syndicats dans la transformation radicale de la société est esquissé. Ces discussions s’achèvent à temps pour rejondre l’Ambazada et sa chouette discussion sur les luttes autonomes allemandes des années 80.
A l’Ambazada…
Alors que Hulot vient de démissioner, que le squat pour les exilé·e·s se fait expulser à Dijon sans aucune procédure judiciaire, rdv à l’Ambazada pleine à craquer pour l’après-midi sur les luttes au Mexique. Il fait très chaud, les éventails s’activent.
Les luttes au Mexique (15H – Ambazada)
Commence d’abord un retour historique sur le mouvement au Chiapas de l’EZLN et la Otra Campana – l’Autre Campagne.
Dans un second temps, un retour est fait sur la reconnaissance de la candidature de Marichuy par le mouvement indigène lors de la dernière campagne présidentielle au Mexique. Cette candidature a été moins partagée à Mexico, avec une incompréhension réelle de la présentation d’une candidate indigène à la campagne présidentielle. Pourtant, il y a à ce moment un réel besoin de cette proposition car elle donne la possibilité pour les indigènes d’être visibilisé·e·s dans leur lutte contre l’offensive capitaliste. Cela leur permet alors de sortir de l’isolement, de franchir un palier pour le mouvement indigène. La proposition du conseil indigène de gouvernement est, ajourd’hui, de s’organiser à une échelle nationale.
Au Chiapas, il y a durant la campagne un accueil phénoménal par les communautés zapatistes dans les cinq caracoles. C’est aussi vrai dans certains endroits de Oxaca où illes se reconnaissent dans cette candidate pour être représenté·e·s face aux intérêts miniers du gouvernement.
Cependant, la jonction avec les mouvements urbains de lutte ne se fait pas vraiment. Marichuy est simplement vu comme une candidate à la campagne présidentielle alors que c’est plus un processus de visibilisation de la constitution du conseil indigène de gouvernement. C’est alors plutôt vu comme un siphonnage des voix de la partie progressiste avec plein de malveillance et d’attaques racistes.
Une réunion-bilan de la candidature de Marichuy se tient pendant 10 jours. Le CNI a pris de l’ampleur avec cette campagne. Les luttes se sont renforcées. La critique principale est le fait que les indigènes soient rentré·e·s et aient ainsi cautionné le jeu électoral. Au final, la candidate n’a pas réussi à réunir toutes les signatures nécessaires à la participation à la campagne électorale. Mais finalement, illes ont par cette campagne réussi à démontrer que le jeu électoral mexicain est complètement verouillé, et impossible d’accès.
Retour sur le choix de cette candidature :
En guise de bilan, il est rappelé que tous les collectifs au Mexique se sont mis d’accord et ont eu envie de sélectionner une femme indigène pauvre.
En effet, depuis le début du mouvement indigène, il y a eu des femmes commandantes, militantes, insurgées avec des charges importantes. L’intégration des femmes à la lutte a toujours été pensée, pas contre les hommes mais afin de trouver un certain équilibre.
Au Chiapas, et plus généralement au Mexique, il y a énormément de machisme, les femmes n’ont pas le droit à la parole lors des assemblées. Les zapatistes ont fait beaucoup d’efforts pour penser l’égalité réelle des femmes dans la lutte.
Il y a toujours beaucoup de machisme quotidien dans les communautés. Par exemple, les femmes ne peuvent pas hériter des biens de leurs familles. L’éducation des enfants se fait progressivement pour une plus grande égalité. Elles n’attendent rien depuis en haut, c’est à elles d’écrire l’histoire.
Au Mexique, toutes les quatre heures, une femme meure assassinée. Lors d’une plainte au ministère public, les hommes qui reçoivent les victimes les culpabilisent systématiquement. Seules, elles ne sont jamais prises en compte, elles doivent pardonner à leurs maris. Les féminicides ne sont jamais reconnus : les femmes sont étouffées, violées, assassinées parce qu’elles sont des femmes. Les chauffeurs de taxis sont, par exemple, reconnus pour violer et séquestrer les femmes. Outre le ministère public, il existe des conseils de surveillance autonomes, des collectifs de femmes qui sont complètement surchargés par le travail. Dans le chiapas, il y a des villages où il n’y a que des zapatistes, d’autres villages où les zapatistes cohabitent avec d’autres partis politiques. Dans les villages zapatistes, ces problèmes sont traités à l’intèrieur de la communauté.
Durant ce printemps, 8000 femmes se réunissent dans le caracol de Morelia au Chiapas. Cette rencontre est organisée par le mouvement zapatiste. Les hommes font à ce moment-là la cuisine en dehors et s’occupent des enfants. Occasion de rappeler qu’organiser ce type de rencontres partout dans le monde ferait sens.
L’alcool et la drogue sont interdits dans certaines communautés zapatistes car elles empêchent de lutter et contribuent aux violences faites aux femmes. Les machines à sous sont aussi interdites dans certains villages.
Durant les échanges, un·e participant·e demande si le machisme est venu avec la colonisation. En guise de réponse, il lui est dit que le colon à travers le patron a apporté l’exploitation des femmes. Dans la culture maya, il n’y avait pas ces inégalités, les charges étaient partagées entre les hommes et les femmes.
Enfin, il est rappelé que Marichuy a servi de porte voix pour les luttes en général, pas seulement celles des femmes et des indigènes.
La présentation prend fin après une dernière projection et permet d’aérer l’Ambazada, en surchauffe du fait de l’affluence record ! Pendant que certaines personnes partent se réhydrater aux buvettes installées par les brigades, d’autres préparent déjà la prochaine présentation sur les luttes autonomes allemandes des années 80.
Les luttes autonomes allemandes des années 80.
La chaleur est maintenant accablante dans l’Ambazada, la faute à un remplissage historique du lieu. Ces rencontres intergalactiques sont définitivement un succès. Des camarades allemand·e·s présentent la lutte autonome allemande des années 80. Des images, photographies et vidéos sont projetées afin de nourrir la présentation. Sont notamment évoquées la longue tradition de luttes contre le transport de déchets nucléaires en Allemagne ainsi que la lutte contre l’extension d’un aéroport dans les années 80.
Les mots clés défilent en trois langues. Espagnol, anglais et français se confondent pour ne former qu’une nouvelle praxis révolutionnaire internationale qui s’expérimenterait durant ces rencontres intergalactiques. Nos cerveaux commencent à sentir la fatigue, et dans le fond de la salle, le coin dédié à la traduction instantanée rend ces discussions difficiles à retranscrire. De nombreux mots attirent notre intérêt sans que nous soyons capable de les écrire. Et pourtant, les luttes résonnent avec celles qu’expériment les nombreux groupes de différents territoires en luttes présents aujourd’hui. Lutte contre les lignes THT par exemple, avec plus de 150 pylones qui ont été détruits dans le pays par le mouvement autonome. Luttes féministes aussi, avec les Rote Zora qui sont des groupes non-mixtes d’action directe des les années 80.
Des vidéos permettent de se faire une idée du climat de l’époque. La bande-son ressort les vieux classiques rock de la scène allemande.
Les intervenant.e.s en arrivent à l’histoire du mouvement squat allemand. Dans les années 80, avec l’arrivée des conservateurs au pouvoir, de nombreux squats sont expulsés. La police peut expulser dans les 24h, même s’il y a des exceptions. A la fin des années 90, 5000 personnes vivent dans les squats. Le mouvement squat est alors très diversifié : autonomes, travailleur·euses du sexe, femmes turques, migrant·e·s, … Un jeune squatteur est tué par la police à cette époque, ce qui provoque de très grosses manifestations.
Après la grosse mobilisation contre le G8 à Hambourg en 2017, le célèbre squat Rote Flora provoque de nombreux débats au sein de la classe politique qui veut l’expulser. Et pourtant, Il y a déjà eu plusieurs vagues de légalisation de squats en Allemagne.
C’est le combat contre la gentrification qui est ensuite présenté, avec un gros combat actuel à Berlin autour de Google qui veut constuire un campus.
Un survol est fait du mouvement d’auto-organisation des réfugiés contre les centres de rétention, des campements no-borders qui sont nés en Allemagne, et enfin, le mouvement anti-fasciste contre les néo-nazis qui attaquent les foyers de migrant·e·s de façon régulière. Les camarades souligent l’évolution raciste de la politique allemande au début des années 90. Le mouvement anti-fascite permet alors à beaucoup de jeunes de se politiser.
Vient ensuite le temps des discussions dans l’assemblée. Occasion de rappeler que le squat est encore possible en Allemagne. Des réflexions ont lieu pour réflechir aux formes que le squat peut prendre, malgré les difficultés à les faire durer dans le temps.
La discussion prend fin et l’assemblée formée se dirige vers la cantine. Hier, 330 repas ont été servis le soir, aujourd’hui, qu’en sera-t-il ?
source : https://expansive.info/3eme-jour-sur-la-ZAD-Chaque-jour-est-une-victoire-1142
Ce matin, la ZAD s’affère. Une multitude de chantiers se lance un peu partout malgré la pluie qui s’est abattue cette nuit sur la zone. A l’Ambazada, aucune discussion n’est programmée pour laisser du temps et de l’énergie pour venir prêter main forte à divers chantiers sur la zone. A Bellevue, des ateliers permettent de faire circuler des informations sur les outils et stratégies d’autodéfense.
C’est sous une matinée pluvieuse que commencent les activités aujourd’hui. L’occasion de revenir sur ce qui s’est passé la veille au soir.
Une soirée contre les aéroports
Atenco nous parle…
La veille au soir, une vidéo des camarades d’Atenco est projetée à l’Ambazada en guise d’introduction à la soirée ciné. Atenco, c’est une commune de la périphérie de Mexico où le pouvoir souhaite imposer un aéroport international aux populations locales. Des clameurs se font ressentir lorsque les compagnon·ne·s exposent avec émotion leur besoin de soutien. Et en guise de salut, la foule présente à l’Ambazada reprend à l’unisson VIVE ATENCO, LA LUCHE SIGUE clamée dans leur vidéo. Des idées circulent dans l’assemblée pour soutenir concrétement leur lutte.
Quand la lutte à Narita se projette…
Quelques camarades japonais·es introduisent la soirée-projection rétrospective de films du collectif OGAWA sur la décennie de lutte (70’s) contre l’aéroport de Tokyo-Narita au Japon. Vient ensuite le temps d’éteindre les lumières pour laisser place au film. Les images sont troublantes. Elles donnent à voir un territoire en lutte qui par ses dynamiques, son language politique ou son répertoire d’action fait écho à la séquence d’opposition radicale au projet d’aéroport qu’a connu la ZAD.
Pendant que le film est projetté, les basques importent leur effervesence coutumière au bar attenant à l’Ambazada. Et lorsque la séance est terminée, les plus motivé·e·s continuent la soirée en entonnant des chants du pays, bravant l’orage qui s’annonce et apportant son lot d’humidité sur la zone.
Mercredi matin
Malgré la pluie, les plus déterminé·e·s sont déjà levé·e·s et prêt·e·s pour la course matinale de 7H30 au départ de Bellevue. Les ateliers autour des stratégies, techniques et moyens d’autodéfense sont lancés sur Bellevue. Autodéfense face à la justice, face à la police, face aux blessures et mutilations, face aux dangers du numérique. Autant d’ateliers qui visent à faire circuler les connaissances accumulées durant les expériences de luttes passées et en cours.
Au même moment, les personnes présentes à l’Ambazada se répartissent entre le chantier des Fosses Noires et du jardin Rouge et Noir…
Mercredi après-midi
Féminisme et Kurdistan
Avant que commence la présentation sur les liens entre féminisme et Kurdistan, un camarade rappelle qu’un festival aura lieu entre la fin septembre et la mi-octobre sur le Kurdistan dans la ville de Morlaix.
Vient la présentation de la camarade kurde qui présente les enjeux de cette discussion. La salle se remplit progressivement. Dans l’esprit des rencontres intergalactiques, l’intervenante explique comment ce mouvement kurde a profondément changé ce que nous appelons Histoire. A partir de cette intervention, sa parole est retranscrite plus ou moins fidèlement et permet de saisir le discours politique produit depuis leur position.
Retour sur le mouvement de libération des femmes kurdes »
C’est d’abord un retour sur la structure patriarcale et capitaliste de la société qui est fait. Et ainsi, les enjeux autour de la libération des femmes au kurdistan posés. Qu’est-ce qui a été perdu et comment combattre le système dans une perspective de lutte partagée.
De leur côté, les femmes dans le mouvement de libération kurde ont toujours été présentes. Par leurs grandes figures, elles développent leur propre mouvement. Le PKK est ainsi le seul mouvement révolutionnaire qui dit que le patriarcat est issu du capitalisme et à la base de tout État-nation, à la base de toutes les violences dans nos sociétés. A partir de ces analyses du début des années 90, l’organisation du mouvement de libération des femmes kurdes a mis en place un projet pour transformer les hommes. Cette pensée a été élaborée à travers des rencontres, séminaires, luttes internes fortes. Leur unification à la guerrilla a permis la formation de la première armée de libération féminine. Cela les a amené à transformer par leur propre structure autonome leurs rapports sociaux. La perspective est de tuer de manière symbolique le mâle dominant et cete idée est portée en tant que concept fondamental par les organisations de femmes.
Leur première organisation formée dans les années 90 veut dire « défendre la terre ». La traduction n’est jamais convaincante et amène souvent à confondre l’idée de défendre la terre dans une perspective anti-coloniale et révolutionnaire et l’idée de défendre une patrie. Les différentes structures kurdes posent comme principe l’autodéfense. L’autodéfense qui n’est pas liée à la construction de barricades,etc mais plutôt la création continue d’un modèle alternatif de vie. A l’intérieur des structures sociales, ce modèle s’est progressivement mué en confédération démocratique fédéraliste. Il s’est constitué progresivement en dehors des États-nations, et a permis le développement d’un modèle différent. Des conseils, des organisations donnent vie à ce confédéralisme.
Les femmes sont organisées à toutes les échelles de la société par la constitution de groupes autonomes de femmes à chaque strate de la société kurde. Ce qui se manifeste, c’est la participation massive des femmes. La coprésidence est une manière de s’assurer une répartition égale des pouvoirs.
La critique du patriarcat est toujours mue par la volonté de la transformation. Cela permet d’être en contact avec la société de manière différente. Ce n’est pas l’homme comme individu pathologique qui pose problème, c’est le système patriarcal contre lequel il faut lutter.
Il est ensuite rappelé ce que serait ce projet de confédéralisme démocratique et des perspectives révolutionnaires. Est souligné le besoin de dépasser la crise du fondamentalisme religieux et du fascisme. Au Rojava comme ailleurs, il est possible de voir la lutte comme la construction du neuf c’est-à-dire comme la construction d’une économie démocratique atteignable, comme la capacité à se stabiliser de manière permanente, et comme la possibilité de construire une société anti-patriarcale. Et de voir le 21ème siècle comme celui de la libération et la révolution des peuples. Et ainsi créer les alliances, comme lors des rencontres prévues à Francfort, pour travailler la révolution la plus importante de notre siècle. L’occasion de présenter les rencontres prévues du 5 au 7 octobre à Francfort. Ces rencontres internationales « International Women Conference – Revolution in the Making » sont appellées par le réseau « Women Weaving the Future ». 500 personnes de partout dans le monde pourront alors participer ensemble et une des premières demandes est celle de créer des mobilisations planétaires historiques, qui traversent et propose une vision anti-militariste, à partir de mobilisations concrètes comme celles des femmes noires notamment.
la campagne « Gemeinsam Kaempfen »
La deuxième partie porte sur la campagne lancée depuis peu, Gemeinsam Kaempfen. Il est évoqué La date du 25 novembre qui est la journée internationale contre les violences faites aux femmes. La campagne a été formée dans un contexte international avec des femmes mais aussi des personnes d’autres genres comme les intersexes et transgenres.
Cette campagne s’est crée car d’un côté, il y a de nombreuses luttes de femmes autour du monde et qui ont besoin de campagne, comme en Amérique Latine, en Islande, etc. Tout autour du monde se trouvent des femmes qui luttent pour la légalisation de l’avortement par exemple. De l’autre côté, il y a beaucoup de partis conservateurs qui se renforcent en Europe et ailleurs, et même dans l’opinion publique, ces idées conservatrices se diffusent. Ainsi un discours féministe est nécessaire et il n’y a pas assez de voix pour porter ces analyses et luttes féministes.
Le bilan est fait qu’il n’y a pas assez de communs entre ces luttes féministes. Il est aussi dit que les luttes autonomes féministes allemandes ont, depuis quelques années, été institutionnalisées et l’influence de l’État est palpable. De plus, chaque lutte est plutôt fragmentée sur un secteur particulier. De nombreuses théories sont portées mais ce n’est pas assez car il s’agit de penser le patriarcat comme système qui structure toutes nos relations entre personnes, et donc comme figure contre laquelle il s’agit de s’organiser pour porter la lutte toutes ensemble. Il y a un besoin d’organisations collectives mais aussi de développement par personnalité pour comprendre ce que le système nous fait individuellement. Si vous voulez être organisé·e·s, il s’agit de comprendre cela.
Alina Sanchez
Une compagnonne de Colombie intervient avec émotion pour partager une vidéo sur Alina Sanchez, docteure internationale de Colombie qui est morte au kurdistan le 17 mars 2018. Est rappelé son engagement fort et précieux pour la lutte antipatriarcale. A l’occasion de son évocation, une de ses compagnonnes rappelle que les femmes kurdes ne sont pas séparatistes contrairement à la lutte antipatriarcale européenne euro-centrée selon elle. Une vidéo kurde sous titrée en espagnol est alors diffusée. L’esprit des rencontres intergalactiques de 1995 au Chiapas se répand à nouveau !
Des échanges-débats constructifs
Vient le temps des échanges-débats. Une occasion d’évoquer des perspectives.
Les stages de lutte contre la masculinité permettent aux femmes de se renforcer d’abord entre elles puis de partager des moments de lutte en mixité ensuite.
Les compagnons sont aussi invités à réfléchir à la répartition des rôles, rôles qui leur sont imposés par la masculinité, afin de se soustraire à un certain nombre de stéréotypes. Cela peut être un parcours libérateur qui peut être aussi douloureux. Il faut réussir à mettre de côté tout ce qu’il a intégré en tant qu’homme : la possibilité d’exprimer des émotions, car il y a une grande auto-censure à l’intérieur de l’éducation masculine, …
S’est dévelopée une autre forme de lutte qui n’est pas basée sur la destruction violente de l’adversaire, mais pluôt une autodéfense active avec le développement de moyens de le rendre inoffensif.
La reformation d’un internationalisme est constaté avec la jonction faite par les brigades internationales au Rojava. De même, le mouvement de libération kurde n’aurait pas eu cette possibilité de passer à la lutte armée sans l’aide du mouvement palestinien. Il y a différents contacts avec le mouvement palestinien. Quand on regarde le contexte au moyen-orient, quand israël bombarde Gaza, ou la Turquie qui bombarde Afrin, les analyses kurdes sont partagées. Leur but est de renforcer ces relations.
Il y a une transformation sociale de la famille avec une analyse du rôle de la femme dans la famille kurde. Une forte mentalité féodale et patriarcale existe au Rojava. Un des permiers objectifs a été l’abolition de la polygamie. Les femmes se sont réunies dans leurs communes et ont mis en place un contrat social, appelé « la loi des femmes ».
ELles parlent de leur problèmes ensemble et trouvent des solutions. Les problèmes familiaux sont résolus comme des problèmes sociaux, et non privés. Il y a des parcours de résolution sociale des problèmes au sein des familles. Dans certains rassemblements, il est interdit aux femmes d’être à la cuisine, c’est aux hommes de cuisiner et de prendre soin de la communaué. Les femmes ont besoin de se rencontrer et de discuter entre elles. Les hommes ont besoin d’apprendre les tâches domestiques.
Il faut comprendre que la destruction de la masculinité ne se fait pas pour soi mais pour l’ensemble de la communauté. C’est la première étape qu’il faut comprendre.
Une intervention concrète s’interroge sur la façon dont le 8 mars pourrait être une date réussie et internationale, tout en y insufflant une dynamique anticapitaliste.
Les échanges sont constructifs et permettent de mettre en lumière la primordialité des questions féministes dans nos collectifs, alors même que pour une fois, c’est une écrasante majorité d’interventions féminines qui se succède au micro, contrairement aux discussions constatées à Bellevue par exemple.
Cette discussion se termine sur un échange autour de la question de l’essentialisme et de cette discussion, l’ensemble repart avec l’espoir que « chaque jour [soit] une victoire ».
*« Retour sur la flotille de la liberté de 2018 »
Une énième tentative de rompre le blocus à Gaza
Le mot d’ordre de cette flotille est « nous allons briser le blocus de Gaza ». Gaza est une prison, elle est fermée par des murs au nord et au sud, une barrière à l’est, à l’ouest 40km de plages. Sur les 40 km de barbelés à l’est, il y a des tours tous les 200m où personne n’est présent mais qui permet à soldat·e·s armé·es de joystique de tirer depuis Tel Aviv sur les personnes qui s’approchent.
Gaza est un morceau de la Palestine fragmentée. Gaza est broyée dans un étau entre l’autorité palestinienne, qui a coupé les salaires de la fonction publique, et l’occupant israélien.
Gaza a un système d’entraide incroyable. Mais, il y a de plus en plus de mendiant·e·s dans les rues. La population palestinienne est empêchée de produire sa nourriture. Deux catégories de producteurs existent toujours : les pécheur·se·s et les paysan·ne·s qui sont opprimé·e·s.
Les pécheurs ne sont plus que 4000 à Gaza . Ils sont systématiquement harcelés et tués.
Le rôle des internationaux·les est important : iels se visibilisent sur les petits chalutiers pour dire aux militaires israélien·ne·s « le monde vous regarde ».
Pourtant aucune force internationale n’est aujourd’hui suffisante pour empêcher cet ethnocide et ce malgré une grande résistance. Les paysan·ne·s retournent aux champs sous les balles, les pécheurs s’efforcent d’attirer l’attention du monde.
Les flotilles appartiennent à une coalition internationale depuis 2010. La première fois, c’est un italien qui a réussi à arriver à Gaza par la mer.
Depuis 2011, il n’y pas eu de mort·e·s. En 2018, 4 bateaux sont partis de Suède et de Norvège. Seulement 2 arrivent à Gaza pour cause d’avari ou de manque de militant·e·s. A Paris, cela n’a pas été possible pour la flotille de s’arrêter pour s’exprimer. A Palerme, le maire attendait la flotille sur le quai, avec un discours chaleureux de bienvenu. Il faut rappeler qu’à Palerme, il y a une grande solidarité avec les migrant·e·s.
Les flotilles s’inscrivent dans une strategie de résistance non-violente. Les flotilles ne transportent pas d’armes mais des denrées de première nécessité. Elles veulent avoir une forme de résistance la plus passive possible, ce qui a été difficile dans la pratique. Pour celle de 2018, 22 personnes sont à bord, avec 14 nationalités : syndicalistes, anti-militaristes, féministes, … Une chanteuse punk, une femme âgée de 75 ans, le plus jeune était le capitaine, un leadeur syndicaliste de Nouvelle-Zélande, …
Cependant, la flotille est empêchée d’accoster par Israel.
Le 29 juillet 2018, deux gros bateaux de guerre encadrent le bateau de la flotille. Deux genre de soldat·e·s : certain·ne·s sont extrêmement violent·e·s, iels tasent et tabassent le capitaine, iels se comportent avec une très grande brutalité envers tout l’équipage. D’autres, une vingtaine, de soldates se comportent avec une grande sollicitude. Elles ont une caméra sur leur casque. Tout se joue pour l’image.
Il faudra des heures pour emmener le bateau dans le port où les membres de la flotille sont pris en charge par l’office d’immigration qui n’a aucun compte à rendre pendant 72h. Les militant·e·s passent toute une série d’interrogatoires et de fouilles. A l’issu de ces interrogatoires, Les militant·e·s repartent par avion entouré·e·s de soldats. Les six femmes auront été enfermées dans la même cellule, elles ont écrit avec du dentifrice Gaza dans un coeur, mais les militaires ne pouvaient rien faire du fait du passeport des miliant·e·s internationaux.
Vers le Boycott, Désinvestissement, Sanction !
Un membre de l’UJFP nous apprend qu’une nouvelle loi est passée récemment en Israël. Elle légalise l’apartheid. Selon lui, le sionisme est la pire réponse que l’on puisse donner à l’antisémitisme. Apparu à la fin du 19ème siècle, il part du principe qu’il est inutile de lutter pour l’émancipation et que la seule réponse à l’antisémitisme est le départ. C’est une théorie de la séparation qui est devenue suprémaciste et colonialiste.
Lors de l’émergence du sionisme, le colonialisme est alors hégémonique, y compris à gauche. Le colonialisme sioniste n’a pas pour but d’asservir le peuple colonisé mais de l’expulser, c’est un colonialisme de remplacement. Il a inventé le peuple, la langue et la terre. C’est une gigantesque mystification de l’histoire et de l’identité juive.
La création de l’état d’Israël et la Nakba sont le résultat d’une histoire de 40 ans. La Nakba, l’expulsion des palestinien·nes, la conquête d’Israël étaient préméditées.
Il y a aussi une grande confusion entre le l’anti-sionisme et l’antisémitisme. Israël ne se cache plus du tout et affirme des théories racistes publiquement. Il n’est pas possible d’attendre une unité théorique totale du mouvement de soutien à la Palestine pour lutter ensemble. Il y a partout des poches de résistance.
Face à cela, que faire ? Boycott, Désinvestissement, Sanctions, réponse lancée par une multitude d’organisations palestiniennes et reprise par de nombreuses organisations internationales. Cette campagne BDS est criminalisée en France, alors que la politique d’Israël doit être sanctionné économiquement. Cette campagne réclame la liberté : Fin de l’occupation, destruction du mur et du blocus de gaza, libération des prisonnier·e·s.
Il demande l’égalité des droits et la justice, le retour des réfugié·es. Le boycott doit être économique, sportif, universitaire, culturel, politique, militaire. Il ne s’agit pas de boycotter une population mais un Etat raciste.
La discussion se termine sur ces perspectives concrètes de résistance alors que dans les cuisines, les cantinièr.e.s se demandent si le nombre de 460 repas servis hier soir sera dépassé aujourd’hui.
source : https://expansive.info/4eme-jour-sur-la-ZAD-Quand-notre-imaginaire-s-agrandit-1143
Hier soir
C’est par une présentation vivante et passionnante des luttes écologistes radicales des années 90 en Angleterre que s’achève cette journée intergalactique.
En voici les principaux éléments
La présentation sur la décennie des années 1990 en Angleterre prend la forme d’une projection d’une multitude de photos et de vidéos sur tous les aspects culturels et politiques développés dans le milieu écologiste et autonome anglais de la fin du XXème siècle.
La présentation commence avec la fin de l’histoire théorisée au moment de la destruction du mur de Berlin. Le capitalisme avait gagné pour toujours et pourtant la résistance n’a pas cessé. Margaret Thatcher a détruit la puissance des syndicats et impose le « Tina » (Il n’y a pas d’alternative).
La deuxième photo présente le mouvement de femmes contre les bombes nucléaires avec des milliers femmes qui se sont regroupées pour lutter contre un camp d’armement à Greenham.
Le présentateur insiste sur l’évolution des moyens de communication tout au long de la décennie 90, évolution qui a bouleversé les pratiques organisationnelles des milieux militants. Au début des années 90, le fax est utilisé pour s’organiser. A la fin de la décennie, ce sont les ordinateurs portables.
Un petit groupe anarchiste écossais lutte contre une taxe sur l’habitat en 1990. Cette lutte se termine avec de grosses émeutes à Londres qui font finalement démissionner Margaret Thatcher en 91.
L’association « Earth First » est ensuite créée par un groupe de lycéen·e·s qui prône l’action directe, la non violence, le blocage et le sabotage. Des manuels de sabotages sont écrits et distribués en grand nombre.
Dans cette Angleterre de la fin du siècle, de plus en plus de gens vivent sur les routes dans des véhicules incroyables. Illes reprennent des champs où illes font la fête pendant parfois une semaine.
Une tribu de travlers s’appelle les donguers. Illes commencent à squatter une route là où Thatcher veut en construire une flambant neuve.
En Angleterre, dans ces années là, il y a un droit légal à s’opposer à des chantiers si cela est moralement mauvais.
Pendant qu’il y a des grosses actions de masse il y a aussi des actions de Fées qui pratiquent le sabotage sans communiqués mais bien évidement les grosses compagnies savent pourquoi ceux-ci sont effectués.
Le présentateur souligne l’influence de nombreuses luttes dans le monde. La lutte au Niger contre shell par exemple, ou les zapatistes au Mexique.
En 1993, une grosse campagne est lancée au sud de Londres contre un projet d’autoroute la M11.
Des jeunes commencent à occuper un gros châtaigner de 400 ans, illes décident d’en faire leur domicile. Les flics sont obligé·e·s de lancer une procédure judiciaire. L’arbre est coupé mais d’autres sont occupés ainsi que de nombreuses maisons sur le trajet prévu.
Durant l’année 1994, est lancé un mois de blocage avec des groupes qui se relaient tout les jours.
45 maisons sont squattées. Avec des barricades de tout les cotés de la route. Et pendant six mois, la rue prend vie d’une manière jamais vue alors.
Une loi est alors votée contre l’action directe, la musique des teufeurs, etc …
L’expulsion du quartier est la plus chère de toute l’histoire britannique. Elle a pris 4 jours. La bataille est perdue parce que la route à été construite mais par la suite des centaines de projets de routes sont abandonnés du fait du prix engendré par les contestations.
Les militant·e·s de cette époque sont très marqué·e·s par l’ambiance de la rue sans voiture. Illes veulent revivre ça et lancent Reclaime the street. Un des principes clés est le plaisir. On doit former les personnes à prendre plaisir à changer la société. Des trépieds sont des outils utilisés par le mouvement contre les routes. Ils permettent de laisser passer les piétons en bloquant les voitures.
Plus tard un message est lancé pour appeler à une teuf sur une autoroute. Deux tonnes de sable sont versés pour faire sur le goudron la plage. Dissimulé·es par les sons de la teuf, des gentes cassent le jour J au marteau piqueur la route pour planter des arbres.
Le mouvement est très visibilisé et des dockers prennent contactent avec les camarades.
1999. Le 18 juin, est organisé un grand carnaval contre le capitalisme dans le quartier financier de Londres, la City. Un plan est pensée durant un an. Des milliers de masques sont distribués. Dans toute la manif, il y a quatre couleurs qui suivent des têtes fixées sur des grosse perches qui dissimulent de gros sound systemes.
Une rivière souterraine est réouverte pour inonder un bâtiment majeur de la City. Des milliers de personnes reprennent le quartier financier de Londres. Une partie du cortège mure un bâtiment pendant que des manifestant·e·s entrent par une autre porte. Ce qui s’est passé à Seattle est tout à fait dans la suite de cela.
La présentation se termine en expliquant que le 11 septembre a complètement bouleversé cette joyeuse émulation militante du monde anglosaxon. La découverte d’un grand nombre de flics infiltrés a aussi secoué les milieux écologistes radicaux, qui se sont tournés par la suite vers l’organisation de Camps Action Climat. Camp Action Climat qui a relancé la lutte à Notre Dame des Landes en 2009…
Jeudi Matin
La journée se lance à nouveau par un entraînement collectif proposé par un collectif d’individu·e·s à Bellevue. Cette fois ci, ce n’est plus seulement un footing collectif qui est organisé mais bien un entraînement plus intense à travers champs. Les muscles bien sollicités pour certain·ne·s, l’ensemble des participant·e·s rejoint le petit déjeuner proposé par la semaine « reprendre du souffle ».
A l’Ambazada, le succulent muesli servi ce matin rassasie l’assistance avant que ne démarrent les discussions. Signe de la montée en puissance de cette semaine intergalactique, deux thématiques se superposent sur le programme.
Vers une mobilisation historique lors du futur G7 à Biarritz ?
La première concerne l’organisation future d’une mobilisation massive contre le G7 qui se déroulera à Biarritz (Ipparalde – Pays Basque Nord) du 25 au 27 août 2019. Cette discussion assez informelle n’est évidemment pas retranscrite dans son intégralité. À retenir, la volonté d’articuler cette mobilisation avec les dynamiques spécifiques de la communauté de luttes basque. La volonté aussi de se coordonner à une échelle internationale.
Contre l’extractivisme en Guyane…
Pendant que différentes personnes évoquent le futur G7 au Pays Basque, des camarades de la revue Z viennent présenter les luttes contre l’extractivisme en Guyane. La discussion s’organise en trois partie.
Une brève Histoire de la Guyane
Tout d’abord un retour sur une partie de l’Histoire de la Guyane. C’est un grand territoire de forêts : 96% du territoire. Les intervenant·e·s saisissent ce fait pour déconstruire le mythe de la forêt vierge. Avant l’arrivée des européen·ne·s, la forêt est fortement habitée. 10 millions de personnes auraient habité l’Amazonie. Une fois leur arrivée, 95% de la population est décimée, dont une grande partie par le choc microbien. L’Europe n’en a à l’inverse ramené que la syphilis et son remède. Au XVIIème siècle, le partage du continent se fait. Au XVIIIème siècle, il y a trois fois plus d’esclaves afro-descendant·e·s que d’européen·ne·s. La forêt devient un lieu de refuge pour les amérindien·ne·s tout comme les noirs marron·ne·s et échappé·e·s des bagnes. Au XIXème siècle, il n’y a plus qu’un millier d’amérindien·ne·s en Guyane environ. A cette époque, il y a volonté de sédentariser ces populations pour les contrôler.
Des enseignant·e·s racontent…
La deuxième partie s’organise autour de l’intervention de deux enseignant·e·s présent·e·s en Guyane dans le village de Camopi. Iels évoquent la problématique des relations entre populations locales et école républicaine. Des photos sont présentées permettant de se faire une idée de la vie au village.
Le projet Montagne d’Or
Enfin vient le temps de la présentation autour du projet des mines d’or et notamment du projet de la Montagne d’or. Retour est fait sur les mobilisations en cours, sur les dynamiques et revendications propres aux populations amérindiennes et leur articulation avec les autres acteur·ices de la lutte. Parmi les principaux figure la Jeunesse Autochtone de Guyane (JAG). Ce mouvement porté par des amérindien ·ne·s ne se concentre pas seulement sur la question minière. Figure aussi le collectif « Or de Question » qui est une coalition d’associations et d’organisations environnementales et locales de Guyane et parfois liée à des associations françaises ou internationales. Ce projet montagne d’Or est portée par une entreprise canadienne et un riche oligarque russe. Cette présentation est l’occasion d’inviter les lecteur·ice·s à se renseigner sur cette lutte.
Alors que les échanges se termine, l’odeur du papier fraîchement imprimé saisie notre rédaction. Un exemplaire de la dernière revue Z sur la Guyane est feuilleté par notre voisin·ne de banc, tout·e fier ·e de son achat-soutien à la revue, et qui nous glisse au passage la qualité de cette dernière mouture.
Rencontres entre territoires en bataille : « On part ensemble, on rentre ensemble ! »
A l’Ambazada, l’après midi de ce jeudi 30 août démarre par le moment fort de cette semaine. Des territoires en lutte s’apprêtent à se rencontrer et tenter une mise en commun de leurs expériences à travers différentes thématiques.
La puissance organisationnelle de cette semaine intergalactique est bien visible : les traductions simultanées se complexifient. Ce n’est pas moins de six langues qui vont bientôt résonner dans l’assistance : english, français, euskara, español, italiano, deutsh. Des chuchotements en breton se font même entendre. Et s’expérimentent ainsi des rencontres matérielles entre diverses communautés de lutte.
Pendant les expulsions de la ZAD ce printemps, des gestes de solidarité concrètes ont eu lieu partout dans le monde, en Europe, du pays basque au Val Suza. En effet, une lutte isolée n’a aucune chance de vaincre. Se rassembler en manif, pour un chantier, en action sont des moyens concrets pour prouver sa solidarité.
Quand on voit tous ces territoires en lutte, on se dit que la révolution du XXIème siècle pourrait commencer par là. Des lieux d’une taille similaire à la zad ont donc été convoqués à ces rencontres intergalactiques : Cristania, un quartier de Copenhague, le Wentland, une région en Allemagne qui lutte contre le transport de déchets nucléaires, Eurakaleor au pays basque, le quartier libre des lentillères qui lutte contre un éco-quartier.
Cristania
On commence avec Cristania, le lieu le plus ancien, qui a vu le jour en septembre 1971. C’est un énorme squat à Copenhague. Cela représente quarante hectares de territoire, ce sont d’anciens bâtiments de défense de l’armée.
Dans la deuxième partie des années 70, les drogues dures sont arrivées au Danemark. Des problèmes de relations se sont développés progressivement, jusqu’en 1977. En effet, la police attrape les junkies dans le Danemark et les dépose au quartier de Cristania, en leur disant ici, on vous laissera tranquille. Il a fallu faire une déclaration à la presse en 1979. Des gens de tout le Danemark sont venus aider à lutter contre les drogues dures. Ils ont cherché les junkies, les ont trouvé, et les ont aidé à rentrer dans un programme de désintoxication. Il y a beaucoup de recherches et de libres à propos de cette histoire. Beaucoup de gens sont restés et ont participé à la communauté, de manière active. Avant, c’était plutôt des artistes, des anarchistes individualistes. Mais après ce blocus des junkies, les nouveaux membres ont fondé quatre grands collectifs, et ont donné des directions politiques à la communauté.
Ce sont ces gens là qui ont négocié avec l’État et qui ont permis la légalisation du squat.
L’esprit de l’époque permettait aux gens de vivre différemment. Une loi en 1989 sur Cristania leur a permis de vivre librement. C’est devenue une grande source d’inspiration pour plein de communautés à travers le monde. Cette légalisation vient de l’État, c’est une loi unique. Mais c’est nous sommes qui sommes légitimes, et l’État qui est illégal d’une certaine manière.
Une des critiques est que Cristania est devenue une grande famille, où les lieux restent à l’intérieur des familles originelles. Les enfants nés à Cristania sont très « patriotiques », ils défendent l’identité de leur quartier avec plein de drapeaux, même si cette idée nous est étrange.
Le Wentland
Deux membres du Wentland sont présent·es.
L’occupation du village des mille cabanes a développé une résistance très pacifiste. L’expulsion a provoqué l’arrivée des autonomes dans les années 80. 1500 personnes sont impliquées dans une communauté de résistance au sens large.
Le Wentland n’est pas une notion administrative ni géographique. C’est une notion de résistance. Il y a un passeport du Wentland. Le symbole le plus important est le X jaune qui est présent sur presque toutes les maisons. Nous savons que ce sont des maisons amies dans lesquelles nous pouvons nous réfugier quand la police attaque lors des journées de mobilisation contre le train castor.
Des liens de solidarité se sont tissés avec Bure, avec le mouvement féministe, avec le Rojava. Il y a aussi des formes d’habitation auto-construites comme sur la ZAD.
Beaucoup de migrant·es sont venus habiter au Wentland du fait d’une grande solidarité. Dans un petit village, ils ont essayé, par exemple, de fonder une commune avec les sans papiers. Les habitant·es de cette région ont une longue tradition de résistance et sont faciles à mobiliser dans un réseau de solidarité, autour de la santé, l’éducation, etc.
Le Val Suza
Une délégation de 3 habitant·es du Val Suza. Avec la ZAD, il y a un rapport très solide, nous sommes venus de nombreuses fois avec plusieurs délégations de tous les âges. Ce mouvement est né il y a 30 ans à partir d’un groupe écologiste quand l’idée est apparue de faire un trou dans notre montagne pour faire passer le TGV.
Le comportement de la police a fait changer la manière de voir le monde de beaucoup d’habitant·es.
Ce mouvement a commencé surtout avec de l’information village par village dans la vallée. Il y a environ 80 000 personnes qui habitent dans cette vallée alpine. Il n’y a pas le TGV.
Il y a une forte histoire de résistance de la population locale contre les différents empires, ou monarchies durant l’histoire italienne. Il y a eu de nombreuses révoltes et une grande résistance pendant le nazisme durant la seconde guerre mondiale. Il y a aussi une profonde culture de lutte ouvrière.
La vallée a subi le développement de l’industrie durant le 19ème siècle. Dans la basse vallée, il y a aujourd’hui beaucoup de bâtiments d’usine vides. Dans la haute vallée, l’attaque a été différente : les stations de ski ont colonisé pendant beaucoup d’années les villages de la vallée.
Il y a 100 000 touristes dans des tous petits villages à la saison des sports d’hiver.
Quand l’idée du tav est arrivé, des comités se sont montés dans les villages. La diffusion d’information a été développée village par village, en cherchant à faire comprendre à chacun·e les dommages que le train allait apporter dans leur vie. Par exemple, nous avons fait écouter aux habitant·es, dans les cinémas, le bruit du train qui allait arriver dans la vallée. C’est une idée tout bête qui a eu beaucoup d’effets positifs.
Dans ces montagnes, il y a de l’uranium, de l’aluminium. Quand nous allions voir le médecin pour une simple consultation, dans tous les cabinets, il y avait des panneaux annonçant les problèmes sanitaires qu’allaient entraîner l’arrivée du tav dans la vallée.
Un des objectifs a été de construire un grand mouvement populaire qui n’allait exclure personne, des médecins aux techniciens, en passant par les catholiques et les plus radicaux.
Entre celui qui va faire des manifs dans la rue, bloquer les rues et construire des cabanes et ceux et celles qui font les barricades de papier développées comme les maires, les techniciens, les professeurs d’université.
Chacun·e doit essayer de respecter toutes les manières d’agir. On part ensemble, on revient ensemble !
Malgré tout, nous avons eu des moments de profondes divisions comme à la ZAD. En 2005, il y a eu la première hypothèse de passage du train, ça était le premier moment significatif. On s’est retrouvé sur le terrain face aux premiers forages. A ce moment là, beaucoup de choses se sont jouées. Nous nous sommes opposé·es avec nos corps et nous avons gagné.
Les presidio n’ont pas de traduction en français.
Les premiers forages ont provoqué la construction des premiers presidio qui sont des petites cabanes en bois à l’endroit des carottages. C’était un pari, nous n’avions jamais fait de presidio avant. La répression nous a clarifié la situation pour beaucoup. Pendant plusieurs jours, toute la population était réunie au presidio. En face, les techniciens, la police, etc. Beaucoup de vieux qui croyaient encore dans l’État et la démocratie ont apporté du thé, des biscottes parce qu’il faisait froid. Quand le lendemain matin, les mêmes militaires ont tapé sur tout le monde, y compris les gens qui leur avaient apporté du thé. Cela a beaucoup servi, beaucoup plus que n’importe quelle discussion. La partie de la vallée qui était restée jusque là indifférente a bloqué la vallée pendant trois jours.
Lors de la bataille de Seguino, la vallée était entièrement militarisée, mais nous avons réussi à les empêcher d’accéder aux lieux des travaux.
Quand le chantier a été attaqué une nuit, il y a eu tout un montage médiatique, on a accusé les gens de terrorisme. Il y a eu une grande assemblée, avec plein de pacifistes, qui ont justifié le sabotage du chantier. C’est un grand mouvement populaire.
Le quartier des lentillères à Dijon
Une dizaine de personnes est venue de Dijon, dont trois habitant·es du quartier libre des lentillères.
Dijon est une ville de 250 000 habitant·es. C’est un quartier squatté depuis 2010, pas très loin du centre-ville. La mairie a le projet de construction d’éco-quartier : éco cité, la cité des maraîchers. Ce sont plutôt des bâtiments en béton avec quelques espaces verts.
Il y a deux phases de travaux. La première phase est en construction, sur une dizaine d’hectares où il y a d’anciens abattoirs. Le quartier des lentillères est juste en face. Il représente aussi une dizaine d’hectares.
Au début, il y a eu une occupation pour cultiver ces terres très riches. Le potager collectif a été la première dynamique de culture sur le quartier. Aujourd’hui, il regroupe une dizaine de personnes.
La deuxième dynamique est le jardin des maraîchères. Elle a vocation à tenir un marché par semaine sur la saison estivale.
La troisième dynamique de cultures, ce sont une quarantaine de petits jardins qui appartiennent à tout un tas de personnes différentes.
Il y a une centaine de personnes qui habitent à l’année dans différents endroits : des anciennes fermes, des habitats légers, des cabanes, des maisons en terre-paille, …
Les gens des lentillères ne sont pas seulement les habitant·es mais aussi tou·es ceux et celles qui s’y impliquent, avec une trentaine de migrant·es qui s’y sont installé·es. Il y a des concerts, des projections, des spectacles dans un lieu appelé la Grange.
L’espace autogéré des tanneries fait partie aussi de l’espace politique de Dijon.
Il occupe l’espace des anciens abattoirs en 1997 par la jeunesse qui n’avait pas de lieu pour faire la teuf, la musique anarco-punk.
En 2010, il y a une rencontre entre cette bande de squatteur·euses et des personnes qui recherchent des lieux pour faire de l’agriculture. Le jardin collectif s’étend en 2012 quand est lancée une ferme autogérée.
Le 26 mars 2012, deux jours après la grande manifestation à Nantes, il y a un bulldozer de la ville qui vient défoncer une partie des terrains que l’on avait imaginé mettre en culture. Cette attaque ne nous a pas affaibli, au contraire, elle nous a clairement renforcé, elle a figé notre détermination. Nous avons rebouché les trous. Il y a eu un scandale médiatique sur ce saccage des dernières terres agricoles de la ville. On a organisé des concours de rebouchage des trous, on a mis en scène la réponse à cette attaque. C’est resté comme un mythe dans la construction du quartier.
Eurekaleor
C’est un quartier de 7ha. C’est notre cinquième année d’occupation. Dans une ville qui a 250 000 habitant·es, ville universitaire et administrative.
Le quartier libre d’eurekaleor n’est pas loin du centre-ville, entouré de montagnes.
Il y a 4 points dans l’histoire du quartier :
En 2014, nous avons commencé à habiter ce quartier à une quarantaine de personnes.
En mars 2015, il y a la première coupure de courant, la police vient, il y a des arrestations, des blessée·es. Mais nous y avons gagné la force populaire avec une grande manifestation, une demi-heure après.
En 2017, nous sommes 150 personnes à vivre dans le quartier. Il y a la deuxième vague de coupure d’électricité. Ce sont les mêmes ouvriers qui sont venus, ils n’étaient pas qualifiés. C’est une personne stagiaire de la compagnie qui nous avertit de la coupure.
On décide de protéger le transformateur.
La police basque essaye de virer les gens. L’ouvrier qui coupe le jus, travaille sans contrat. Il pleut beaucoup, c’est très dangereux. Ils ont emmené tous les câbles. Ils ont interdit aux journalistes de rentrer sur le site. Mais les radios libres sont à l’intérieur.
C’est une journée intéressante. Nous avions en tête d’utiliser les énergies alternatives à terme. C’est alors une immense opportunité pour nous, nous avons vu que nous avons la capacité de s’organiser entre nous pour produire et gérer notre propre énergie.
Nous sommes passés à 80 personnes parce que vivre sans électricité n’est pas facile pour tout le monde.
Il fait très très froid en hiver, nous nous chauffons avec des poêles à bois. Aujourd’hui, nous vivons plus confortablement. Après la manif de l’année dernière, nous ne sommes pas menacé·es d’expulsion.
Il y a des entreprises qui nous ont apporté de l’aide, par exemple une tonne de chorizo vegan a été livrée par une entreprise d’alimentation. Le tissu des petits commerces de la ville nous a soutenu.
Des générateurs nous ont été apportés le lendemain de la coupure d’électricité.
L’après-midi se termine à Bellevue autour d’une discussion sur la nature des liens et des affects dans nos communautés de lutte. La discussion part dans tous les sens, au sens propre du terme, c’est-à-dire polysémique, les gens organisant la discussion n’ayant pas mis les mêmes attentes dans les discussions que certain·es intervenant·es.
Le concert commence, on vous laisse …
source: https://expansive.info/5eme-jour-sur-la-ZAD-Territoires-en-lutte-2eme-partie-1144
« Les inspirations du passé »
Discussions sur l’apprentissage des luttes du passé
En cette belle matinée du vendredi 31 août, nous avons rendez-vous sous le beau chapiteau de la Mutmat [1] monté aux côtés de l’Ambazada. La fatigue de la belle fête de la veille se fait sentir, les participant·es aux rencontres dégustent leur petit dèj’ au soleil.
Sous le chapiteau, des copines mettent en place tout le système de cablage qui va servir aux multiples traductions. Le chapiteau se remplit progressivement, avec une bonne demi-heure de retard sur le programme.
Un habitant du Val Suza nous raconte toutes les sources d’inspiration de leur lutte contre le TAV. Un exposé des références historiques des luttes italiennes dans les Alpes nous est présenté. Au Val de Suze, les habitant·es ont fait l’expérience, par exemple, de la résistance au fascisme en rencontrant des partisans, illes ont étudié les tactiques des combattant·es qui ont lutté dans la vallée.
Un camarade de la ZAD prend ensuite la parole pour nous avertir qu’il ne s’agit pas d’être nostalgique du passé mais bien d’utiliser la mémoire vivante des luttes pour agir, nourrir, inspirer nos luttes actuelles.
Il souligne que la transmission orale sur la ZAD s’est effectuée principalement par des discussions au bar, des veillées à la ferme de Bellevue, …
Parfois, le jeune révolutionnaire d’aujourd’hui qui a besoin de se prouver quelque chose, est incapable de saisir la radicalité diffuse de tous ces petits vieux qui racontent leurs histoires de luttes.
1/ L’histoire des communaux des landes bretonnes, du rapport au territoire jusqu’à la fin du 19ème siècle.
Source : François de Beaulieu,naturaliste breton qui s’est fasciné pour l’histoire des landes.
Le territoire des landes n’était pas soumis aux inclosures, car c’étaient des terres ingrates, humides laissées aux usages communs.
le mot d’ordre du droit rural était « Nulle terre sans seigneur ». Les premières terres encloses étaient bien-sûr les plus arables.
Une forme d’auto-organisation communale se caractérisait par une multiplicité d’usage des terres : production de quoi se chauffer, se nourrir, se soigner, … C’était des espaces de ressources, de gratuité et de partage où la communauté villageoise pouvait puiser de quoi répondre à une partie significative de ses besoins.
A partir de la révolution française, on assiste à une offensive contre les communaux. La révolution se retourne contre les usages paysans, avec le partage des communaux. Les terres sont attribuées à des individus, c’est la naissance du fermage. La terre n’a plus d’usage libre, commun, il se réalise dans le cadre d’un contrat individuel avec une contrepartie qui prend la forme d’une partie de la récolte ou d’un loyer en argent. C’est toujours la réalité hégémonique aujourd’hui.
C’est une histoire que les camarades de la ZAD ont découvert grâce aux récits des anciens, mais dont la majorité des habitant·es actuel·les a été dépossédée. La réappropriation des luttes anciennes se fait plus sous la forme de captation de traces diffuses, beaucoup plus que pour les expériences actuelles.
2/ Histoire de l’agitation dans le pays nantais depuis 1955 jusqu’à nos jours
Histoire de la composition inédite entre étudiant·es, paysan·nes et ouvrièr·es lors de l’histoire de la commune de Nantes.
Pourquoi Mai 68 a été plus intense à Nantes qu’ailleurs, avec la reprise en main de la ville dans son entier par les participant·es
D’abord, est soulignée la forte tradition syndicaliste, avec un grand usage de l’action directe, avec de violents affrontement entre métallos et policiers par exemple. Il y a un mort lors de l’assault de la préfecture de Nantes par exemple en 1955.
Dans un second temps, est développée la naisseance des paysans-travailleurs.
Le paysage du syndicalisme paysan à la sortie de la guerre prend racine dans le régime de Vichy, « la terre ne ment pas », avec le mythe de l’unité paysanne.
Le Centre National des Jeunes Agriculteurs (CNJA) regroupe les jeunesses de la FNSEA qui se sont retournées progressivement contre leur syndicat.
En effet, la CNJA devient petit à petit une organisation politique, ses membres défendent des thèses contre le syndicalisme patronal pour inscrire les paysans dans la lutte des classe et le mouvement révoutionnaire.
Illes partent à l’assault des fédérations départementales du syndicat. Cela produit une forme d’agitation paysanne très virulente. Illes fédérent tous ces syndciats dans une fédération, une coordination en 1966 qui rejoint l’intersyndicale où il y a déjà la CGT, la CFDT, …
Ensemble, ils planifient des manifestations avec le mot d’ordre « L’ouest veut vivre ». Ces manifestations virent à l’émeute à Quimper, à Redon : voie ferrée bloquée, préfecture incendiée.
Les liens entre syndicalisme paysan et syndicalisme ouvrier permettent l’organisation d’une grosse manifestation le 8 mai 1968.
Sur un troisième plan, il y a le syndicalisme étudiant qui regroupe une bande de jeunes inspirée par le scandale de Strasbourg et les situationnistes. Illes détournent la caisse du syndicat étudiant pour faire des affiches subversives et appeler à des manifestations émeutières devant le rectorat. Illes prennent le syndicat UNEF, qui devient une coordination des minorités révolutionnaires du pays nantais.
Cette composition permet la commune de Nantes du 24 mai au 6 juin 1968, la mairie est occupée, les raffineries fournissent du carburant aux paysan·nes qui ravitaillent les grèves. Cette composition unique va se prolonger pendant dix ans, notamment grâce aux paysans travailleurs.
En 1970, Bernard Lambert publie « Les paysans dans la lutte des classes », il est viré du syndicat majoritaire, la FNSEA. Pour lui, les paysan·nes sont aux côtés des révolutionnaires. Les paysan·nes ne pouvant pas faire grève, illes sont obligé·es de construire d’autres répertoires d’action. La guerre du lait a lieu avec la prise en otage de tous les camions citernes de lait. Cette guerre du lait est extrèmement violente. En 1972, ont lieu les assises des paysans-travailleurs.
L’Etat refuse de reconnaître les paysans-travailleurs en syndicat, illes sont obligé·es de se regrouper en association et ont donc du temps pour lutter. Les luttes foncières prennent forme dans de nombreux villages : empêcher les expulsions de paysans, prendre des fermes vides pour installer des jeunes paysans, la marche sur le Larzac, le ravitaillement des grèves avec la production, les luttes anti-nucléaires, …
Malgré le fait que Mitterrand leur permet de devenir un syndicat professionnel (la Conféderation Paysanne), malgré le reflux des luttes sociales, cette spécificité de l’histoire des luttes locales permet de comprendre la lutte contre l’aéroport aujourd’hui.
Pour prouver que la mémoire ne doit pas être nostalgique mais agissante, développons pour conclure 3 exemples actuels s’inspirant des luttes passées :
– Avec le réseau de ravitaillement des luttes, la cagette des terres depuis la ZAD.
– Le serment des batons comme le souvenir de la marche des paysan·nes qui ont marché depuis le Larzac jusqu’à Paris.
– Dans le mouvement social à Nantes, la constitution du Comité d’Action Nantais qui réunissait étudiant·es, zadistes, syndicalistes, paysan·nes.
Notes
[1] La Mutmat est une mutelle de matos sur Rennes, contact mutmat@riseup.net
C’est l’université d’été du parti appelos en fait ce truc en fait. Toujours au taquet pour propagander. Si « la transmission orale sur la ZAD s’est effectuée principalement par des discussions au bar, des veillées à la ferme de Bellevue », autant dire que l’histoire a du être bien ré-écrite et enjolivée (mode zad will survive bis repetita).
Sympa les leçons au « jeune révolutionnaire d’aujourd’hui qui a besoin de se prouver quelque chose », faut pas se prendre pour une merde pour faire ce genre d’intervention…
Quand on lit les exemples de la conclusion, c’est la qu’on se rend compte du copinage de ces reportages.
L’élite
L’élite est entrée sans prévenir
Devant ses chars d’assaut vous n’aviez que des idées
Renforçons l’amitié proclament vos slogans
Amitié enfermant (*et tabassant ) des gens nommés dissidents …
« on part ensemble, on rentre ensemble » : vaut mieux être aveugle que de lire ça .
Pour prouver que la mémoire de cette lutte ne doit pas tomber dans l’oubli
• Le mercredi 17 janvier, le communiqué de presse du mouvement est modifié, sans validation, par quelques chefs deux heures après l’abandon du projet. Cette phrase est rajoutée : « En ce qui concerne la question de la réouverture de la route D281, fermée par les pouvoirs publics en 2013, le mouvement s’engage à y répondre lui-même. La présence ou l’intervention policières ne feraient donc qu’envenimer la situation. »
• Le jeudi 18, l’AG exceptionnelle de ce « lendemain qui chante faux » a été l’occasion d’un putsch assumé comme rarement par COPAIN et la Coord, en imposant de rendre à l’État la route des chicanes dégagée dans une semaine, malgré la condition posée dans l’AG précédente qu’il n’y ait pas de menace d’expulsion. Le CMDO prend la même position.
• Le samedi 20, des négociations qui ne disent pas encore leur nom ont lieu au téléphone entre la préfète et un chef de COPAIN qui dit qu’elle accepte que la cabane de Lama Fâché reste.
• Le dimanche 21, les gens du « quartier » autour de la route se réunissent pour faire face au chantier du lendemain.
• Le lundi 22, environ 200 personnes viennent joyeusement à l’appel du mouvement pour « nettoyer la route » et beaucoup se rendent compte sur place qu’il y a de l’opposition, notamment autour de l’épicerie du Sabot qui ne pourra pas être détruite sans heurts. Ce jour là, à mesure que les carcasses fleuries et les réserves de pneus disparaissent, on observe le relai de la pression de l’État qui descend en ligne directe sur la route par la Coord respectable, COPAIN qui agit, le CMDO qui soutient, et une foule de personnes médiatrices « pour que tout se passe bien » qui dialoguent avec les gens qui résistent… Une œuvre exemplaire instantanée de la « composition » du « mouvement ». Pendant ce temps, dans les alentours, quelques compagnies de flics se tournent les pouces, avec grand fracas médiatique.
• Le mardi 23, le chantier reprend et le Sabot est démonté par les gens du quartier eux-mêmes en espérant ainsi garder Lama Fâché. Pendant ce temps, ô surprise, COPAIN annonce que la préfète veut finalement aussi la destruction de Lama Fâché. Le soir, une réunion exceptionnelle des habitant-es montre que le consensus est loin sur la destruction .
• Le mercredi 24, l’AG est mieux verrouillée que jamais et « le point sur la D281 n’est pas un débat ». COPAIN menace de quitter le mouvement si la route n’est pas entièrement dégagée demain.
• Le jeudi 25, au matin, alors que des personnes sont sur le toit et à l’intérieur de Lama Fâché, une trentaine de mecs du CMDO et leurs amis de la Maison de la Grève de Rennes commencent à démonter la cabane avec pieds de biches et marteaux. Sous le regard d’une cinquantaine de personnes qui discutent et transportent les morceaux en souriant, une vingtaine de personnes réussissent à arrêter cette situation en montant aussi sur la cabane et en leur criant de partir et de les laisser vivre ça seul-es. Après une assemblée à une quarantaine dans la cabane sans toit, et un simulacre de négociation, le démontage sera de nouveau fait par les gens eux-mêmes dans l’après midi avec l’idée de reconstruire à 15m dans le pré.
• Le vendredi 26, la voiture de la préfète passe sur la route accompagnée de ses sbires d’intervention et de quelques chefs du mouvement. Elle boit ensuite avec eux un verre de champagne et reconnaît leurs efforts, comme une inspectrice qui distribue des bons points à des instituteurs qui ont bien géré leurs classes, malgré les quelques potaches qui ont montré leurs fesses dans les buissons et l’hélico qui avait l’air de chercher obstinément quelque chose dans les bois.
• Cette semaine-là, même les moyens de communication par internet semblent avoir été perturbés par les évènements. Plusieurs textes critiques du nettoyage n’ont pas été publiés sur le site zad.nadir, ainsi que sur la liste inter-comités qui est passée soudainement d’une publication directe à une modération pour « filtrer » les positions gênantes. En parallèle, la page facebook qui, elle, n’est pas administrée par des occupant-es, s’est mise en grève…
Nous aussi on a une bonne mémoire !
Le FION (Front des Insoumis-es Organisé-es en Nébuleuse)
*allusion à l’agression commise par milice le 20 mars dernier. Ce lieu à fait parti de ceux détruits durant la 1ère phase des expulsions.
aahh, j’allais faire un peu la même, après avoir rongé mon frein en lisant ces comptes-rendu de la semaine inter-sidérante…
merci les gens!
Heureusement on est beaucoup a connaître l’histoire, ne cessons pas de la rappeler, encore et encore, soyons partout ou ils pourrissent les luttes, puisque le ridicule ne les tuent pas !
source : https://expansive.info/6eme-jour-sur-la-ZAD-Me-demande-pas-ce-qui-les-pousse-a-casser-des-vitrines-1145
Hier soir
La journée de la veille a été bien ensoleillée. Un peu partout sur la zone, des groupes se baladent ce qui semble vider quelque peu les discussions de l’après-midi. La beauté du bocage sous le soleil resplendit pour les personnes qui viennent sur la zone pour la première fois.
Après un énième dîner collectif réussi par la cantine de l’Intergalactique, une « intervention » se met en place dans le bâtiment central de l’Ambazada. Très vite, la salle est pleine à craquer et les baladeurs à traduction simultanée circulent dans l’assemblée.
Voyage à travers des décennies de lutte – épisode 4 – retour sur les mouvements français de 2005 à 2017 – des émeutes de 2005/CPE à la loi travail en passant par les zads
« L’intervention », c’est la transposition française de ce qui avait été déjà proposé lundi soir sur les mouvements autonomes italiens des années 70. Cette fois-ci, la présentation-lecture-théatre-son-image-··· évoque les luttes qui se sont passées dans l’État français depuis 2005.
Les émeutes de l’automne 2005 dans les banlieues françaises : c’est ce point de départ que choisit l’équipe pour lancer son intervention et dérouler le fil d’une Histoire des luttes de la dernière décennie. Sont évoqués pèle mêle les mouvements contre la loi égalité des chances en 2006, contre la réforme des retraites en 2010, contre les réformes lycéennes et universitaires en 2007-2009 ou plus récemment contre les lois « Travaille ! ».
Cette présentation est aussi l’occasion de revenir sur la constitution progressive d’une force autonome capable de porter un langage, des gestes et des perspectives qui lui sont propres. En miroir, c’est aussi la question de sa répression qui surgit dans les interventions.
Dans la forme sont projetés des souvenirs de moments de rue forts en intensité mais aussi la bande-son d’une génération. L’assemblée est joyeuse, réagit vivement lorsque la figure des ennemis apparaît, rigole allègrement lorsque de beaux moments de détournement musicaux sont proposés (avec la boulette de Diam’s qui ravit la foule), revit certaines journées lorsque sont projetées des images de manifestations déter, etc.
Lorsque le clap de fin retentit au bout de 2h, il est possible de voir cette soirée comme une tentative concrète de transmettre une Histoire de notre force, faisant écho aux discussions et envies évoquées durant la semaine. Et déjà se répand comme un murmure sur toutes les lèvres l’envie de voir cette soirée voyager de lieux en lieux, et prendre en consistance avec l’expérience.
Samedi matin, à Bellevue
L’été est définitivement de retour sur la ZAD. Les activités agricoles et non-agricoles continuent dans le bocage. Quelques téméraires se rassemblent à l’heure du petit déjeuner pour se mettre en mouvement.
Une assemblée de cloture de la semaine « reprendre du souffle » est programmée pour 9h à Bellevue. La fatigue est palpable, peu de monde est là à l’heure dite. C’est finalement avec un retard conséquent que démarre ce bilan. La discussion est plurielle, et permet de faire un retour sur ce qui s’est vécu durant la semaine. Un sentiment en ressort, beaucoup d’individu·e·s soulignent l’énergie qui a traversé les différents lieux de rencontre.
Assez vite, des interrogations émergent. Comment renforcer notre force commune ? Comment lui donner des directions, ou favoriser l’articulation entre la multitude en mouvement ? Quelles réponses face à la résignation du temps présent ? Quels actions, lieux, gestes communs ? Comment se lier davantage ? se rendre enviable ? Quels communs ? Quel fonctionnement ? Quelles échéances ? Comment entrainer des personnes avec nous ? Comment transmettre et proposer des apprentissages ?
La tentative de définition de cette nouvelle force autonome à l’oeuvre dans le paysage politique et social français est laborieuse. Et, comme le souligne un intervenant, ça ressemble étrangement à une chanson de Louise Attaque « on n’est pas … ». Essayer de se définir par la positivité est un exercice difficile …
Toutes ces questions traversent l’assemblée sans qu’il soit possible d’y apporter des réponses concrètes, preuve que de nos discussions communes se détachent de nombreuses inconnues. L’ambiance n’est pas à la déprime mais permet de prendre concience du chemin qui reste à parcourir afin de renforcer les forces qui s’esquissent depuis quelques années. De nos surgissements n’émergent pas encore de nouveaux mondes… Se défnir par la négative est plus facile que de trouver une positivité commune.
Samedi après-midi : Territoires en lutte, troisième partie
Avant dernier jour de discussions sous le chapiteau, il fait chaud, les places à l’ombre sont chères.
Il est rappelé la mobilisation de fin septembre sur la ZAD, le week-end du 29 et 30 septembre
Cette troisième partie autour des territoires en lutte ne va pas prendre la forme d’une conclusion mais plutôt d’une ouverture, d’une mise en perspective autour de la question de la lecture, de l’analyse des moments de défaites, des victoires, de la composition, de la recomposition des luttes quand leurs objets se transforment.
Une habitante de la ZAD rappelle dabord les enjeux autour des débats récents sur la ZAD.
Un membre de la communauté de Christiania décrit ce territoire de 40ha et de 1000 personnes.
Il raconte le processus de légalisation, de normalisation du quartier de Christiania.
Christiania a été squatté en 1971, c’étaient d’anciens bâtiments militaires. Retour ligne automatique
La loi unique de 1979 à propos de Christiania a légalisé tout ce qu’on faisait. C’était l’âge d’or du quartier.
En 2001, la situation politique a changé au Danemark. Les partis néo-libéraux comme le parti populaire danois est arrivé au pouvoir, ils ont annulé cette loi, ils ont voulu normaliser ce territoire. Mais à Copenhague, la ville est devenue plus socialiste.
La normalisation s’est produite progressivement. Certaines étapes ont été bien faites par le gouvernement, d’autres contre-productives pour lui.
Certains membres de Christiania ont pensé que c’était une victoire partielle. Il y a beaucoup d’aspects techniques.
Avant 2004, tou·te·s ceux et celles qui habitaient le quartier avaient la même adresse. L’adresse a fait changer la propriété du territoire du ministère de la défense au ministère des finances.
L’avocat du quartier a pensé pouvoir monter une structure légale qui allait protégé Christinia. Il a persuadé chaque habitant·e de faire enregistrer son habitation dans une fondation communautaire. Sur 650 adultes, 647 ont signé.
Depuis 2011 ils ont acheté un tiers du territoire de christiania avec de l’argent emprunté à l’état.
1/3 est loué a l’état
1/3 appartient a une fondation pour le patrimoine
4 choses qui ont changé avec le processus de légalisation :
– psychologie du libéralisme. La psychologie de la négociation et de la signature d’un contrat avec quelqu’un qui est fondamentalement la représentation de ce contre quoi on se bat n’est pas fun.
– Le langage de la négociation. C’est une chose qui a été plutôt bien géré dans la communauté, utiliser le langage contre le système.
– La transparence. Les personnes qui participent aux discussions avec les institutions peuvent expliquer ce qui se passe à la communauté.
– La volonté de prendre des risques.
Le camarade rappelle aussi à ce sujet la volonté profonde de l’Etat de faire la chasse à l’illégal en rappelant que cette semaine par exemple, des expert·e·s sont passé·e·s inspecter leur quartier et ont noté une cinquantaine de choses illégal dans la zone, rajoutant ces illégalités comme amende à payer en plus de leur emprunt…
Deux camarades interviennent ensuite pour revenir sur le Wetland et les luttes ayant eu cours sur ce territoire entre 1994 et 2011. Elle évoque notamment la lutte contre le nucléaire et en particulier la lutte contre les trains de déchets nucléaires CASTOR. Elle revient aussi sur les créations de structures s’échappant des rapports marchands et permettant de déployer un imaginaire sur leur territoire.
Des camarades du quartier des lentillères à Dijon évoquent ensuite ce que pourrait être une victoire en rappelant quelques éléments de ce que cela pourrait signifier pour les personnes qui y habitent, en précisant de suite que c’est un point de vue spécifique et pas celui de tout le quartier. Les lentillères sont pour rappel un quartier de 100 habitant·e·s qui lancent une tentative en lancant une occupation des terres et d’habitation. La mairie se retrouve face à une occupation qu’elle ne sait comment gérer. Aujourd’hui, la revendication claire et le premier geste qui doit être posé est l’abandon du projet d’éco-quartier. En creux, la volonté du maintien de l’existant.
Pendant que les intervenant·e·s expriment leurs analyses, des chiens s’entremêlent aux humain·e·s dans une sieste collective géante. De nombreux·se·s francophones monolingues se branchent sur le canal espagnol ou anglais pour se laisser bercer par la douce voix des traducteurices. Des non-francophones profitent de l’intervention du quartier des lentillères en français pour se laisser endormir.
Les interventions s’enchaînent et les participant·e·s écoutent de manière aléatoire.
Un camarade italien explique qu’il n’est pas toujours possible de choisir de négocier ou non. Au Val de Suza, quand les flics arrivent à des milliers pour expulser l’occupation de la route, iels n’ont pas le rapport de force et la police les expulsent sans jamais négocier. Les kurdes à l’inverse, alors qu’iels font la lutte armée avec des forces militaires importantes, sont pourtant bien obligé·e·s de négocier à des moments avec leurs ennemi·e·s quand c’est possible.
Un·e autre dit que lorsque l’État propose de négocier, c’est le résultat de rapports de force.
Quand l’État arrive pour imposer la négociation, il est possible de tenter de voir ce qui est gagnable et à quel prix. À l’inverse, il est aussi envisageable de se dire que parler avec l’ennemi est impossible. Et dans ce cas une belle bataille aura été menée. Peut être sera-t-il possible d’ en parler à tes petits enfants en racontant comment vous avez vaillamment perdu contre l’ennemi. Une attitude entière sera peut-être gardée mais la question est de savoir ce qui aura été gagné et perdu juste pour avoir fait une belle bataille.
Lorsque des personnes vont négocier, il y a un risque de perdre une forme de joie. Cette perte est liée à ce que veut dire le fait de se pencher dans des enjeux et des débats techniques. Le risque est de perdre des camarades qui ne trouve pas désirables le fait de négocier. Pas désirable peut vouloir dire être contre le fait de négocier bien sur mais aussi le fait de ne pas trouver de la joie dans l’acte même de se pencher dans les actes administratifs. Il faut donc trouver comment trouver…
Un·e camarade qui milite dans un syndicats d’habitant·e·s à Barcelone prend la parole. Négocier ne veut pas dire s’asseoir et discuter avec des ami·e·s mais continuer le rapport de force. Quand des choses peuvent être arracher sans négociation, tant mieux mais si il faut passer par là, il faut savoir le faire. Et en vérité, si souvent il n’y a pas d’envie d’aller négocier, c’est parce que notre camp n’a pas appris à négocier. Il faut apprendre à mentir, à manipuler, à user de ruse, à comprendre les stratégies de nos ennemi·e·s et à les utiliser contre elleux. L’enjeu pour nous est de pouvoir gagner que ce soit par des moyen légaux ou illégaux.
Un·e autre encore dit qu’il n’est pas possible de gagner la guerre en un jour mais qu’il est par contre possible de gagner des petites batailles qui nous permettent de nous renforcer.
Les échanges sont polyglottes, l’écoute est présente et comme il est rappelé en italien au cours de cette discussion sur les négociations et les processus de légalisation : « Seul la vérité est révolutionnaire ».
C’est sur ces échanges que se clôt le cycle de discussions des territoires en lutte. Déjà, les fûts de bières sont installés dans les tavernes de l’Ambazada. La salle est quant à elle prête à accueillir une foule de danseureuses impatient·e·s de fouler pour la première fois cette magnifique dalle coulée durant le mois d’août. Au programme de ce soir, un bal trad déchaîné et une BOUM endiablée. Les chantiers de la semaine donnent à voir une ZAD qui prend soin de son écosystème et de la communauté de lutte qui a pris pour habitude de s’y retrouver.
…
… a force d’agrandir leurs imaginaires, ils vont bien finir par tomber dedans?!
c’est quand même affligent cet énorme besoin d’agrandir son imaginaire et de réécrire l’histoire. vos vies sont donc si triste et étriquer que cela, ça donne pas super envie…
perso je préfère vivre les choses, même les défaites, pas besoin d’écrire des romans pour expliquer a posteriori comment ont s’est soutenu et les joies qu’on a su prendre au milieu des tanks et des hélico !
Iels prennent des cours intensifs de soce-demisation. On saura en octobre qui aura réussi l’examen et eu sa fiche.
ça fout la gerbe de lire tous ces beaux c.r.!
ça attise la colère et approfondi la tristesse des celleux qui ne supportent pas la manipulation doucereuse qui émane de ces écrits égocentrés, de ces romans plein d’autosatisfaction!
Illes essaient de faire oublier leurs actes et paroles crapuleuses (multiples traitrises auprès de leurs camarades et autant de collaborations avec les flics à qui illes ont offert la ZAD en échange du maintient de leur présence puante) en les noyant dans des tonnes de charabia à la gloire de leur imagination de débiles, ébahi.e.s qu’illes sont par leur propre capacité à l’emrobage fumeux!!!
Et dire qu’illes représentent pour crtain.e.s venu.e.s de loin la pensée globale de la ZAD…
A GERBER!
Les commentaires précédents sont d’une indécence incroyable. D’une part, personne ne vous force à lire ces CR, donc s’ils vous font tant gerber, ne les lisez pas, ce qui évitera de pourrir indymedia par vos vomissements de haine putride. D’autre part, votre façon d’intervenir est d’un manque de respect total envers les camarades venus de loin pour faire partager des récits, des vécus, dans lesquels il faut vraiment être complètement envahi par une obsession malsaine pour y voir de l' »appellisme » (truc que je n’ai jamais trop pigé d’ailleurs, personne n’est capable de me dire ce que c’est que ça quand je demande. Excusez ma naïveté). Je vous trouve stupidement haineux et surtout votre haine est mal placée. Elle en vient à heurter des personnes qui sont venues faire vivre la mémoire des luttes, créer des liens autant affectifs que politiques, qui ont expliqué parfois de fond en comble les luttes autonomes à tel ou tel endroit…bref, cela nous a fait sortir de là où on est, voir autre chose, remettre en question des façons de voir etc. Dans un commentaire précédent, quelqu’un-e parlait de vie triste. Votre vie doit être bien triste si votre seule activité est de critiquer par commentaire sur indymedia.
Merci à toutes les personnes qui ont fait vivre cette semaine en sortant de la dépression politique qui imprègne les milieux militants.
y’a que les appello qui comprennent pas ce que c’est.
arrete toi aussi avec ta bienveillance ridicule et tes leçon données gratuitement.
non tout n’est pas beau et gentils chez ceux qui l’ecrive sur tous les supports…
lis réellement les commentaires et vois de quoi ils parlent : ils parlent de passages en force, de domination, d’elite… il parle d’humains dans le coffre, de mensonges…
et si tu comprends pas ses oppressions, ben pose toi la question!
t’es confortable toi non ? facile de se « remettre en cause » de cette façon mais regarde un peu ce qui s’est passé a nddl, qui est partie et pourquoi, qui est resté et comment…
mais tu joues plus certainement les innocents, ton langage te trahit « camarades » venu de loin !!!
quand je parlais de vies tristes c’était une question a celleux qui on besoin d’agrandir leur imaginaire avec des mensonges romanesques…
dans lesquels tu tombe peut être ?