Zone d’ art à défendre…
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Zad
Lieux : Notre-Dame-des-LandesZAD
On nous décrit comme »crasseux », et bien oui c’ est vrai, l’ agriculture, le jardinage, la peinture, le bricolage, la cuisine ne sont pas des métiers ou l’ on finit sa journée comme assis dans un bureau, il faut être vraiment con pour penser le contraire ! Et personnellement, je préfère finir mes journées avec des habits sales et être libre et la conscience en paix, plutôt que d’ être esclave du système, propre sur moi et lobotomisée par les médias. A bon entendeur et liseur !
Nous avons besoin de témoignages objectifs pour tenter de renverser l’ opinion publique, montrer d’ un œil différent ce que la ZAD représente à nos yeux, comment elle fonctionne comme de nombreux autres endroits autonomes, alternatifs, créatifs, communautaires et solidaires.
Ainsi nous pourrons peut être espérer plus de soutiens car rien n’ est terminé, et je trouve dommage que la mobilisation se soit autant affaiblie depuis mon premier passage…
Je suis de très près les événements de la ZAD, j’ en ai pleuré d’ apprendre la mutilation de ce jeune homme, mais avec toutes les grenades et toute la violence que l’ état et ses sous fifres déploient, il était évident qu’ il arriverait un drame. Quoiqu’ il se soit passé, rien ne justifie de perdre son bras ou la vie, pour défendre ses valeurs, RIEN ! Un futur révolté du système que ce dernier aura brisé…un de plus…
Je suis donc partie cette fois, accompagnée de mon amie reporter Pirate Emma, journaliste à Radio Bip et Média 25. Radio BIP est une radio FM associative de Besançon créée en 1981. Avant la création légale elle émettait en tant que radio Pirate.
J’ ai rencontré Emma sur le camp de réfugiés de Blida à Metz, son humanisme, son travail, son engagement, son intégrité et sa détermination m’ avait extrêmement touché. Elle commençait son documentaire intitulé »Etre Humain » qui sortira au mois de Septembre.
Pour rappel ou info, Emma est l’ auteur de cette vidéo tournée le 23 Avril sur la ZAD : https://www.facebook.com/emma.audrey.fr/posts/2128844310729580
Bref, nous souhaitions toutes les deux montrer tous les aspects positifs dont je vais vous faire les descriptions pour ceux qui n’ auraient pas encore saisi pourquoi on se bat, cette soif de liberté qui nous anime, qui coule dans nos veines et que le gouverneMENT s’ obstine à nous voler toujours un peu plus !
Ces raisons qui feront je l’ espère, une partie de l’ histoire de la résistance de notre époque pour que les générations à venir ne se laissent plus oppresser par un système capitaliste et oligarchique.
Avant d’ arriver sur zone, on prend les informations utiles comme par exemple, la cartographie des lieux, les numéros d’ urgence et surtout les listes des besoins, car la solidarité fait parti de notre mode de fonctionnement, ainsi que l’ auto gérance.
La fois dernière, nous avions misé sur les dons alimentaires. Cette fois ci, j’ ai vidé mes placards, et chargé le camion de bois, de peinture, de rallonges, d’ outils, un écran de PC, de vaisselles, déposés dès notre arrivée à Bellevue et à la Wardine. Nous avions également nos provisions persos pour pouvoir être totalement indépendantes et ainsi pouvoir manger hors des cuisines collectives de temps en temps. Je rappelle avec une certaine insolence que l’ auto gestion c’ est se gérer soi même, certains sur zone ont l’ air de l’ oublier…
Le mieux est d’ échanger avec les habitants et les personnes sur place depuis un certain temps pour les informations en temps réel, sur les choses à faire, à reconstruire, les AG, les renforts barricades ou les ateliers, sinon il y a les points infos, ZAD News et Radio Klaxon. Perso, je fais tout à l’ instinct, comme les choses se passent et suivant les rencontres que je fais ici et là et il y a toujours beaucoup et partout à faire.
Il faut pouvoir se repérer sur les lieux car c’ est immense, on marche énormément, sur les routes mais souvent à travers champs pour gagner du temps et en ce moment pour éviter de croiser les GM. On profite alors de belles ballades en pleine nature, avec comme fond sonore le chant des oiseaux et les coassements des grenouilles, mais en période d’ expulsion, vous pouvez malheureusement aussi entendre le bourdonnement incessant des drônes ou des hélicos.
Vous ferez peut être le tour de la ZAD en vélo pour vous rendre vraiment compte de la beauté et de l’ immensité du lieu, sauvé par l’ abandon de la construction de l’ aéropor de Notre Dame des Landes.
Vous ferez une halte à la Vacherie, et contre toute attente, vous y croiserez un défilé de connards en bleu, dans leurs blindés et leurs fourgons, ou en noir s’ il s’ agit du PSIG, vous vous rendrez compte à quel point, ils sont absurdes, ridicules et haineux.
Pour dormir, si vous n’ avez pas de camion aménagé, il y a les sleepings et plein d’ endroit pour y installer votre tente. Perso, j’ adore me réveiller dans mon camion, ouvrir la porte, sentir le vent rentrer, écouter les oiseaux chanter et pouvoir se lever avec une vue différente tous les jours, la liberté pure et simple.
Ensuite, on se retrouvait tous pour boire notre café ou déjeuner, programmant notre journée, chacun avec ses envies et ses motivations artistiques, bricoleuses ou personnelles.
Vous grimperez tout en haut du phare de la Rolandière pour admirer le paysage et respirer l’ air pur, et vous vous rendrez compte qu’ en vieillissant, vous avez le vertige ! Puis vous ferez une halte dans la bibliothèque, mine de trésors littéraires, ou vous aurez envie de vous y plonger pour ne plus en sortir tant que que vous n’ avez pas tout lu, tellement tous les livres vous parlent.
En repassant par la Grée, vous assisterez à un concert sonore sortant de moteurs à manivelles, d’ une batterie, et d’ un violon électronique…certes un peu inaudible vers la fin, mais on s’ en fou, si ça ne plaît pas, on peut partir, personne ne vous dira rien !
Dans les cuisines collectives, aux heures des repas, ça s’ anime comme des fourmis, on épluche, on fait bouillir de l’ eau, on prépare à manger pour tout le monde. Ici, chacun doit faire sa vaisselle, mais il y a toujours des petits malins qui y échappent, alors si le bac est plein, on lave et on range pour le prochain repas.
Au milieu de notre séjour, nous avons fait une grosse mission verre, car il faut emmener les verres à la benne en dehors de la ZAD dans les villages voisins, mon camion était rempli, nous avons fait de même le jour de notre départ.
Vous pourrez aller chiner dans les Free Shop, on y trouve toujours des petits vêtements sympas, pour leur redonner une seconde vie.
Si la force et la motivation vous en dit, vous pourrez creuser des tranchées, pour l’ évacuation des douches, ou non loin des barricades en période d’ expulsion, puis vous vous installerez autour d’ une table pour siroter une bière artisanale apportée par un artisan de la région, mangerez une fougasse aux tomates, à l’ ail et au thym, tout droit sortie chaude de la boulangerie, en discutant révolution et en refaisant le monde comme on aimerait qu’ il soit…
Vous pourrez aller sur le lieu de la fabrication des pizzas végétariennes maisons qui se font ou le four y est emmené, ça dépend des jours, et aider à faire les boules de pâtes, les préparations ou la cuisson. Vous tomberez peut être sur L, qui jouera de la guitare et chantera à l’ ombre, au pied d’ un arbre, entouré de poules et de coqs.
Si vous avez envie de chanter, de danser ou de jouer un instrument, c’ est Free et bienvenue, ça réchauffe toujours les cœurs…Beaucoup d’ artistes et de musiciens sur la ZAD, on a eu la chance d’ entendre une magnifique Chorale, venue chanter des chants révolutionnaires.
Vous rencontrerez peut être Seb, à la fromagerie, qui vous montrera l’ art de la tome au lait de vache. Il vous expliquera que ce sont les agriculteurs de la région qui lui ont appris les techniques. La traite des vaches, le caillage et l’ affinage. J’ ai retenu qu’ il faut 150 litres de lait pour 12 tomes, et que le petit lait récupéré après le caillage, va aux cochons du Liminbout. Les tomes sont ensuite distribuées aux camps d’ exilés à Nantes, à la caisse de grève, aux cantines de la ZAD, et que le reste est vendu à prix libre. Une fabrication solidaire et humaniste.
Pour les passionnés d’ écriture et de slam, il y a l’ atelier Rap, tous les mardi, on sélectionne tous ensemble, le fond musical et le thème puis on écrit notre texte, chacun de notre côté, chacun avec son inspiration et l’ envie de s’ exprimer, on s’ entraîne sur le fond musical qui tourne en boucle, et quand on est prêt, on monte enregistrer chacun notre tour, nos 8 temps de 4 mesures. Je vous partage mon texte :
CHAUDRON MAGIQUE: Révoltés, Anarchistes, nos idéaux, notre logique, Créativité, sorcellerie des mots, chardon lyrique, Pour contrer vos mensonges, manipulations médiatiques, Sort ton bouclier, ton épée ou ton canif. Indignés êtes vous prêts à faire exploser la marmite ? Recette de solidarité, être humain n’ est pas un mythe, Conscience plongée dans le chaudron magique, Soumis de l’ état, il n’ y aurait pas comme un IC ?
Une vingtaine de participants donnera lieu à une chanson complète après mixage que l’ on pourra découvrir dans quelque temps sur soundcloud.com/zadsocialrap, des découvertes écritures et slameurs pour mon plus grand bonheur !
Si vous êtes d’ âme bricoleur, vous pourrez aller à la scierie aider aux reconstructions de dômes, de yourtes, de maisons en ossature bois, il y a tous les outils et les matériaux nécessaires sur place, et des personnes sympas pour vous guider ou vous apprendre.
Vous pouvez réparer des vélos, car nombreux sont ceux qui n’ ont plus de freins, ont les chaînes qui déraillent ou qui ont les pneus crevés ou dégonflés.
Ensuite, vous pourrez aller à l’ atelier couture, pour coudre les toiles de dôme, mais en période d’ expulsion, on y coupe et coud des gilets et des protections anti flash ball.
Au fil des jours, des amitiés se lient, c’ est comme ça que deux personnes rencontrées sur place nous ont montré ce lieu caché et magique de méditation, ou vit ce majestueux chêne d’ au moins 100 ans, ou le soleil arrive à percer son feuillage, et le nourrir de sa chaleur.
En rentrant au campement, nous avons fait un barbecue tous ensemble avec les autres copains rencontrés depuis le début de notre arrivée.
La ZAD est un lieu de partages, d’ échanges et de fabuleuses rencontres. De belles âmes bienveillantes, de nombreux solidaires avec les SDF, les exilés, les personnes en souffrance. Je remercie la vie de faire croiser nos chemins.
Pour ceux qui ont la main verte, il y a toujours de quoi faire dans les différents potagers de la ZAD : bécher, planter, arroser, tailler, débroussailler, désherber, ramasser, cueillir…
Vous pourrez profiter des couchers de soleil, assis au milieu des fleurs des champs.
Pour les esprits créatifs, vous pouvez peindre sur du bois, des vitres, des murs, des tableaux, ou vous exercer à la mosaïque, pour partir dans votre monde imaginaire, comme Stefane, l’ homme aux pinceaux magiques qui a redécoré Bellevue de fresques colorées, ou moi même à la réalisation d’ un nouveau bac de douche en mosaïque pour une des salle de bain collective, car oui, on prend des douches sur la ZAD !
Ce que j’ adore, c’ est que tout le monde peut s’ exprimer à sa façon, et ainsi y découvrir ou y laisser sa part de créativité.
»De toutes les libertés individuelles, la création artistique et le dépassement de soi sont celles qui offrent le plus de chances de nous rassembler ».
Bienvenue dans notre monde d’ énergie créative.
Libre comme l’ Art.
Céline Frédérika.
moi je dirai plutot on s’en contrefout de l’opinion publique, la zad n’a rien a vendre. ceux qui veulent la defendre savent pourquoi et ceux a qui on a vendu du faux sont deçut !!!sans compter les trucs degueulasse qui ont eu lieu pour gagner l’opinion publique justement (sentier de rando et autre standardisation et gentrification, sans parler de la casse de la route des chicanes)
Merci à Céline (et?)Fréderika pour ce texte; chez un vieux c.. des neiges d’antan (66 balais aux prunes), quand même décoré du crottin de bronze du GHSSML(groupe hétéroclite et spontané de saint martin du Larzac)ça me fait une émotion vraiment sympa de lire ce témoignage.
Bon, l’opinion publique, on sait que tf merde et consorts s’en occupent, mais la lutte continue.Une pensée pour Maxime et tous(tes) les autres, tenez bon, même vieux et éloignés on ne lâche pas l’affaire !