Texte envoyé par les comp@s de Bachajon le 9 janvier et traduit par liberonsles:

Le 9 janvier 2015 vers 6h30, plus de 900 agents de la police fédérale et étatique ont expulsé nos compagnons et compagnonnes qui défendaient les terres récupérées depuis le 21 décembre dernier.

Le mauvais gouvernement, en la personne du secrétaire de gouvernement Eduardo Ramirez Aguilar, se vente du fait qu’ils ont déjà récupéré la cassette de péage comme si c’était leur propriété ou leur territoire. Leur véritable intérêt est de nous expulser de nos terres, ils n’ont pas honte, ces corrompus traîtres à la patrie, mais malgré leur mauvaise politique notre lutte ne s’achève pas, parce que nous n’allons pas permettre qu’ils continuent de nous dépouiller de nos terres comme ils le souhaitent. Nous allons continuer nos actions en défense de notre terre mère.

Nous portons à votre connaissance que nos compagnons et compagnonnes mentionné-es ci-dessous sont actuellement portés disparus et nous rendons responsables de leur intégrité physique et psychologique le mauvais gouvernement, le Commissaire Alejandro Moreno Gomez et le conseiller de surveillance Samuel Díaz Guzman.

Les compagnons et compagnonnes portés disparus sont :
1. Mariano Pérez Álvaro
2. Miguel Jiménez silvano
3. Juan Deara Perez
4. Antonio Gómez Estrada
5. Manuel Gómez Deara
6. Juan Gomez Estrada
7. Pascual Gómez Álvaro
8 Martín Álvaro Estrada  **

Nous vous tiendrons au courant de la suite, pour l’instant c’est tout compagnons et compagnonnes, nous vous prions de rester attentifs et de diffuser cette information autour de vous.

Des salutations combatives

Terrain communale de San Sebastian Bachajon

 

(** les 8 disparus ont pu s’échapper des mains de la police quelques heures après leur détention)

Le 11 janvier, alors que la police était toujours présente sur les lieux, plusieurs comp@s adhérents à la Sexta, sont revenus pour bloquer la route d’accès à Agua Azul et Palenque depuis San Cristobal vers 6h30 du matin. 
La police a tiré contre les indigènes tzeltales de San Sebastian Bachajon lors de leur tentative de récupération de leur terre.
L’attaque a duré près de 20 minutes. Pour le moment on compte 2 blessés par balles en caoutchouc. On a retrouvé des douilles d’arme à feu sur le sol.
Les indigènes n’ont pas reculé face à l’attaque et ont fait reculé la police à 7h30 du matin.
L’exigence des comp@s tzeltales adhérents à la Sexta est que la police laisse libre le péage et leur terre. Pour le moment la police de l’état du Chiapas installe des barricades avec des arbres à 500 mètres du croisement de la route d’agua azul avec celle de Palenque.
Bachajon est le plus ejido de l’état du Chiapas, il subit depuis plusieurs années la répression aveugle du gouvernement. 8 comp@s sont actuellement en prison pour des crimes qu’ils n’ont pas commis, et 2 des leaders du groupes ont été assassinés.
Les comp@s de bachajon lutte pour le respect de leur droit, contre le mégaprojet d’autoroute entre San Cristobal et Palenque, contre le mégaprojet touristique des cascades d’agua azul (comprenant terrain de golf, hotel de luxe etc…), et qui cherche un mode de vie alternatif et autonome.

Antécédents (traduits par Liberonsles)

Le 2 février 2011, le gouvernement mexicain a exproprié par la force une surface de terre appartenant au terrain communal de San Sebastián Bachajón, sur lequel passe un chemin conduisant au « Centre Écolo -Touristique « Cascades d’Agua Azul » qui se trouve au village voisin du même nom, dans la commune de Tumbalá, Chiapas, Mexique. Cette destination touristique reconnue au niveau mondial, fait partie d’un méga-projet que le gouvernement mexicain essaie de mettre en route : le « Centre Intégralement Planifié Palenque (CIPP) ». Sur la dite surface, les paysans communaux adhérents à la Sixième déclaration zapatiste avaient construit un péage (autogéré), une salle de réunion et des toilettes publiques. Le gouvernement mexicain les en a ensuite expulsé avec violence et contre leur gré, sans consultation ni mandat préalable. La surface de terre a été alors expropriée et surveillée par plusieurs corporations policières, jusqu’à l’aube du 21 décembre 2014, quand la terre fut récupérée par l’organisation du terrain communal de Bachajón.
Le commissaire « ejidal » officiel Francisco Guzmán Jiménez a collaboré avec le gouvernement pour la remise des terres, et actuellement son successeur Alejandro Moreno Gómez et le Conseiller officiel de vigilance Samuel Díaz Guzmán collaborent dans le même sens, avec le gouvernement mexicain, sans prendre en compte la volonté du village, prétendant ainsi remettre encore une fois nos terres aux mains du gouvernement fédéral et de l’état.

Les faits :

Le 21 décembre 2014 à environ six heures du matin, plus de 300 hommes, des femmes et des enfants des trois régions qui forment le terrain communal de Bachajón, ont récupéré d’une manière pacifique les terres placées sur le domaine du terrain communal, dans la municipalité officielle de Chilón, Chiapas, qui est contigu à la municipalité de Tumbalá et à la commune d’Agua Azul. Sur ces terres passe un accès vers le Centre touristique « Cascadas de Agua Azul », reconnu au niveau mondial.

La récupération de ces terres expropriées est le résultat d’un accord célébré entre ejidatarios et ejidatarias [paysan-e-s communaux] faisant partie des trois zones qui composent le terrain communal de Bachajón qui sont : Bachajón, Alan Sacjun et Ch’ich. Depuis à peu près trois ans le gouvernement mexicain, au travers de la CONANP [Commission Nationale des Zones Naturelles Protégées], de l’IPC [Institut de Protection Civile] et du SSyPC [Secrétariat de Sécurité et de Protection Citoyenne] s’est approprié cette surface sans la permission et l’autorisation du terrain communal, sans consultation, ni consentement libre préalable et informé.

Selon les informations que nous avons reçues, nous craignons que dans les prochaines heures les autorités réagissent de manière violente afin de déloger les femmes, les hommes et les enfants qui à présent défendent les terres récupérées. De la même manière, les fonctionnaires du gouvernement mexicain ont signalé aux ejidatarios etejidatarias [paysan-e-s communaux] que d’un moment à l’autre ils enverront la force publique pour les expulser. Peu importe que l’organisation ait manifesté sa disposition à dialoguer et à chercher une solution par la voie pacifique, le gouvernement et les représentants officiels choisissent la voie de la répression.

Antécédents :

Le 3 février 2011, 117 compagnons de San Sebastián Bachajón, adhérents à la Sixième déclaration zapatiste, furent arrêtés arbitrairement. Ces arrestations ont eu lieu afin de dissoudre l’organisation en résistance et comme mesure de pression pour que le gouvernement récupère les terres. Cependant, cinq mois plus tard, tous les compagnons ont été libérés, et ce grâce à la solidarité nationale et internationale. En août et en septembre 2011, Antonio Estrada Estrada et Miguel Vázquez Deara ont été arrêtés, en tant que membres actifs de l’organisation adhérente à la Sixième déclaration, torturés et obligés de s’auto-inculper de délits délictueux. Tous les deux ont été libérés grâce à la solidarité et l’organisation.
En mars 2011, notre organisation a présenté un recours contre le pillage (Amparo 274/2011) auprès du juge du septième district siège Tuxtla Gutierrez, Chiapas.

Le 24 avril 2013, Juan Vázquez Guzmán a été assassiné par arme à feu. Ce compagnon était également adhérent à la Sixième déclaration, porte-parole de l’organisation, leader communautaire et défenseur des droits humains. A cause de son activisme pour la défense des terres appartenant à son village, il a été illégalement arrêté le 24 décembre 2011, et le 22 mars 2012, il a été menacé de mort par le commissariat ejidal officiel de l’époque, Francisco Guzmán Jiménez.

Le 21 mars 2014 au matin, le compagnon Juan Carlos Gómez Silvano a été assassiné par plus de vingt tirs à l’arme à feu de haut calibre. Il était le coordinateur de notre organisation pour la défense de la terre.

Le 16 septembre 2014, Juan Antonio Gómez Silvano, Mario Aguilar Silvano et Roberto Gómez Hernández ont été illégalement arrêtés et torturés. Ils sont toujours incarcérés dans la prison de Yajalón pour des délits fabriqués sans preuves par des policiers municipaux de Chilón, Chiapas, la partie accusatrice.

Traduit par les trois passants/correction Myriam