Parlons
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétention
Procureurs, journalistes, flics, politiciens, citoyens, balances : la répression et la réaction fêtent leur victoire provisoire sur l’individu qui s’est dressé seul contre la société. Les sujets renouvellent leur adhésion au système et prêtent serment à leur propre abrutissement. Cependant, ce spectacle orchestré pour affirmer une nouvelle fois le triomphe de l’autorité, ne saurait camoufler un léger doute que quelques coups de feu ont semé dans les rangs des puissants et de leurs serfs. Contre vents et marées, essayons de dissiper quelque peu la confusion régnante, sautons dans la brèche.
A Paris, un individu s’est insurgé, les armes à la main. Il n’est pas sorti dans la rue pour tirer sur la foule, comme le font les policiers de tous les pays. Il n’est pas allé débusquer un indésirable, un immigré pour le foutre dans un trou et le torturer, comme le font les fascistes et les flics de tous les pays. Il ne s’est pas embarqué sur un navire pour aller faire la guerre au nom de la nation, comme le font les assassins en uniforme de tous les pays. Il n’a pas construit de centrales nucléaires qui hypothèquent la vie de millions de personnes ; il n’a pas érigé de prisons afin de détruire la personnalité de ceux qui enfreignent la loi de la propriété privée et de la morale dominante. Non, il est allé là où il pensait pouvoir frapper ce qui opprime et exploite. Il est entré dans deux sièges de médias, ces mêmes médias qui nous bombardent au quotidien avec les messages du pouvoir, qui tordent le sens et mutilent tout geste de révolte contre l’ordre établi, qui contribuent à ce qu’une seule voix soit encore entendue : celle du pouvoir, répétée à l’infini par ses acolytes. Il a tiré sur le photographe d’un grand journal, ces photographes qui transforment les sentiments en image à l’endroit où la rage devrait s’exprimer, qui mettent en scène la misère du monde et l’arrogance du pouvoir pour bien inculquer à chacun qu’il ne peut rien y changer. Il est allé devant le siège d’une banque, ces banques qui propagent le virus de l’argent dans nos veines, ce poison qui tue beaucoup plus qu’un fusil à pompe ne saurait le faire, ce poison qui ravage l’esprit humain et qui est responsable de la guerre sans trêve qui déchire la vie des êtres humains. Si la révolte contre ce monde d’autorité, de vils mensonges et de répression implacable vis-à-vis de ceux qui le remettent en question relève de la folie, alors nous tous qui combattons pour la liberté, sommes des fous, des fous fiers et indomptables.
A Paris, les hautes sphères du pouvoir s’agitent pendant que les grandes masses de spectateurs restent bouche bée devant un seul individu, une seule personne qui a décidé de sortir du rang et de tirer quelques coups dans le silence glacial de la normalité de l’exploitation et de l’oppression. Ils se hâtent de le condamner, de le traîner dans la boue, de le calomnier, parce qu’au fond d’eux, ils ont senti un désagréable rugissement dans leur dos, un sentiment furtif, mais déstabilisant. On pourrait penser qu’il s’agit là de l’incompréhension absolue de ce qui pourrait bien animer un révolté, mais peut-être s’agit-il de peur. Peur qu’il y ait d’autres individus qui se dressent, incontrôlables, afin d’avoir une brève conversation avec les puissants et leurs serviteurs. Peur que parmi les milliers de personnes humiliées, dégradées, exploitées, il y en ait d’autres qui transforment l’acceptation en cri strident de révolte. Peur que ces quelques coups de feu réveillent les mauvaises passions des rebelles qui hantent depuis toujours le sommeil du pouvoir. Peur du courage que ces actes pourraient inspirer à d’autres ennemis de cette société mortifère. Et finalement, peut-être même peur qu’un jour, toutes leurs crasses, toutes leurs mesquineries, toutes leurs atrocités leur reviennent à la gueule, à l’improviste, comme un ouragan qui les balayerait violemment de la face de la terre.
A Paris, le spectacle de la répression incite aujourd’hui à se précipiter dans le renoncement et la prise de distance, dans les commodes réserves, dans les mais et les si. On ne connaît pas l’homme qui a été arrêté, on ne sait pas s’il est coupable ou innocent. Mais on sait que les flics et les experts de la répression s’occupent aujourd’hui de le détruire. On ne connaît pas les raisons qui l’ont poussé à agir de la sorte, celles-ci lui appartiennent, tout comme son parcours, parsemé de belles choses et peut-être aussi de choses beaucoup moins belles, reste le sien. En revanche, on sait aussi qu’on commettrait une grave erreur si l’on se taisait aujourd’hui, si l’on n’exprimait pas ce qui nous motive et nous passionne dans notre combat farouche contre la domination et ses défenseurs, si tout d’un coup l’on ne prendrait plus la défense de la révolte de l’individu qui s’en prend à ce qui opprime et exploite. Nous regardons autour de nous et nous voyons la planète saignée par la violence au nom de l’autorité et ravagée au nom de l’argent. Nous regardons les visages des gens qui passent dans la rue et nous voyons la tristesse, la dépression et le manque de vie dans leurs yeux qui ne brillent plus. Nous regardons en nous-mêmes et nous voyons notre cœur piétiné, notre esprit vidé, notre estomac constamment au bord de l’envie de vomir. Face à cette violence, face à la résignation abjecte dans laquelle nous sommes maintenus et nous nous maintenons, les amoureux de la liberté vivront sur le fil tendu de la destruction joyeuse et de l’affrontement inéluctable.
L’autorité, l’ennemi éternel de la liberté et de l’épanouissement autonome de chaque individu, ne serait qu’un fantôme si celle-ci ne s’incarnait pas dans des hommes, des structures et des institutions. Nous luttons pour l’anarchie, pour la destruction du pouvoir, c’est alors autant une question de raisonnement que de passion si nous sommes partisans de l’attaque violente et destructrice contre ces incarnations, qu’elle soit individuelle ou collective, qu’elle soit applaudie ou répudiée par la foule, qu’elle semble opportune aux yeux de tous ou sensée aux seuls yeux d’un révolté solitaire. Toute révolution, tout bouleversement des rapports sociaux, toute insurrection contre ce qui nous opprime sera toujours l’œuvre de ce que le langage du comptable nomme « des minorités ». L’individu qui se décide et arme son dégoût pour frapper quelque responsable du cannibalisme social dans lequel la société entière est plongée, fait un autre pas sur la route de la subversion que nous essayons de parcourir en courant, en trébuchant ou en marchant. Si dans la guerre sociale ou dans la lutte anarchiste, il y a des individus qui franchissent un pas et dont les actes de révolte individuelle font sens pour nous et sèment la confusion et le doute dans les rangs de l’ennemi, nous saurons revendiquer le fait que côte à côte avec eux, nous nous battons contre le cauchemar de la société actuelle.
Depuis les hautes et basses sphères de la révolte et de l’acratie, le 22 novembre 2013.
C’est sûr que tirer sur un stagiaire au fusil à pompe, c’est un geste annonciateur du grand soir!
Plutôt que la révolution soit faite par les travailleurs organisés, allons tous faire la première connerie qui nous passe par la tête, de manière isolée pour faciliter la répression et surtout prenons soin de faire des actions sans la moindre once d’utilité et sans aucun discernement de classe!
Non seulement il tabassait sa meuf anglaise mais il a passé sa pauvre vie à balancer et infiltrer, un vrai libertaire ce Toumi…
http://debord-encore.blogspot.fr/2013/11/toumi-alias-abdelhakim-dekhar-la.html