En 2015, on évaluait à 850 000 le nombre de Palestinien.nes déjà passé.es par les prisons de l’État colonial israélien depuis 1967. Si l’on regarde les chiffres depuis 1948 et la Nakba, ce sont plus d’un million de Palestinien.nes qui ont été enfermés dans les geôles de l’occupant. Au mois de novembre 2023, on dénombrait plus de 7 000 prisonnier.ères politique. En Cisjordanie occupée, les Palestinien.nes sont sous un régime martial particulièrement répressif. Ainsi, on peut être incarcérés dès l’âge de 12 ans pour des raisons de « sécurité ». Aujourd’hui, presque toutes les familles palestiniennes ont un membre qui a subi une peine d’emprisonnement.

Pour mieux comprendre le système judiciaire israélien, il faut le considérer comme un élément fondamental du système colonial. Le cadre législatif dans lequel il s’exerce, a été conçu par l’entité sioniste pour fournir les justifications légales aux crimes d’occupation et d’apartheid. En effet, il ne s’applique qu’aux Palestinien.nes, qui passent ainsi devant un tribunal militaire (les colons, eux, dépendent du tribunal civil israélien).

L’une de ses méthodes : c’est la détention administrative, héritage des lois d’exception promulguées par la Grande-Bretagne lorsqu’elle occupait la Palestine. Cette procédure, utilisée par l’armée israélienne, permet d’incarcérer une personne sans procès ni inculpation. Sa durée maximale est de six mois, mais elle peut être renouvelée indéfiniment, ce qui est souvent le cas.

Ces détentions arbitraires sont ordonnées par le Shin Beth (les services secrets intérieurs de l’État colonial) et se basent sur des dossiers auxquels ne peuvent avoir accès ni les détenu.es, ni leurs avocat.es. Les prisonnier.ères ne savent donc pas de quoi on les accuse, rendant ainsi impossible toute défense effective et entraînant, de fait, des condamnations à de très lourdes peines lors d’éventuels procès. La plupart des dossiers des prisonnier.ères politiques Palestinien.nes se règlent donc par un arrangement dit de «plaider-coupable », conclu entre le procureur et l’avocat.e, afin d’essayer d’obtenir le minimum de peine et d’éviter un passage au tribunal dont on connaît par avance l’issue.

Les interrogatoires sont menés par des agents spécialisés appartenant au Shin Beth. Ils peuvent avoir recours à la torture, celle-ci ayant été approuvée par une série de décisions de la Haute Cour israélienne, leur accordant ainsi une impunité pour leurs crimes. Les sévices commence dès l’arrestation, menotté.es et la tête recouverte d’un sac, ils ou elles sontg énéralement battu.es lors du transport. Les interrogatoires peuvent ensuite durer vingt-trois heures d’affilée renouvelés pendant plusieurs jours, avec les mêmes questions répétées à l’infini, de toutes les manières possibles. Lors de ces moments, les prisonnier.ères sont généralement attaché.es les mains dans le dos. Ils et elles peuvent également être soumis.es à des positions douloureuses. Toutes ces méthodes, les incarcérations, les transferts à répétition sont conçus pour détruire psychologiquement les prisonnier.ères et les faire renoncer à lutter pour leur droits.

Ces persécutions ne cessent même pas avec la mort : lorsqu’un.e prisonnier.ères. meurt en prison, l’administration pénitentiaire israélienne conserve le corps jusqu’à la fin de la peine et parfois même au-delà dans la perspective de négociations ou d’échanges. Les cadavres sont alors conservés dans des cimetières secrets sous des numéros d’identification, surnommés par lesPalestinien.nes « Makaber el Arkam' », les cimetières des chiffres. L’État sioniste prolonge ainsi la torture psychologique infligée de leur vivant aux détenu.es et à leurs proches.

Mais la lutte de résistance du peuple palestinien pour son autodétermination ne s’arrête pas aux portes des prisons. Les prisonnier.ères palestinien.nes se forment entre eux avec des cours d’histoire et de théorie politique enseignés par des détenu.es. Ils et elles peuvent également créer des rapports de force avec l’administration pénitentiaire israélienne, notamment avec la grève de la faim collective pour permettre de négocier de meilleures conditions de détention ou la libération des plus ancien.nes prisonnier.ères. Et comme l’a écrit le poète Palestinien Ziad Medoukh :

« Espérez, espérez, espérez…
S’ouvre le chemin de la liberté
Le soleil de votre délivrance se lèvera un jour. L’aube vient toujours
Après les longues nuïts d’obscurité,
Elle approche, elle approche
La belle aube palestinienne »

Liberté pour tous.tes les prisonnier.ères palestinien.nes !