Une première lettre de greg depuis la prison de turin
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétention
« Salut à tous et à toutes, amis et amies, compagnons et compagnonnes.
Tout d’abord un clin d’œil à celles et ceux qui pensent à moi.
Ce n’est pas parce que je suis dans ces geôles que je n’ai pas donné de nouvelles. Comme disait un des deux de Foggia en cavale, « pour envoyer une lettre il faut avoir quelque chose à dire. » Alors c’est parti.
Je suis bien en cellule avec Paolo (ndt: Paolo est sorti de prison le 17 avril et placé sous assignation stricte à résidence -arresti comiciliari-).
Quand la DIGOS m’a arrêté, à deux pas de l’Asilo Occupé, j’ai essayé de me sortir de leurs griffes. Je n’ai pas réussi vu que j’étais à peine réveillé et qu’on était mal organisés avec les amis (trop peu compacts). Bordel, ce qu’ils courraient vite ces cinq digos de merde.
Après un passage à l’hôpital, plus pour leur casser les couilles que pour les petites blessures que j’avais, et les contraindre à me trimballer ici et là au lieu de les laisser retourner dans la rue faire leur travail infâme, ils m’ont emmené à la prison des Valette. Dans la section des nouveaux arrivants, il y a eu un peu de complicité, née à travers des récits de choses qui se sont passées dans nos quartiers, des techniques de la police pour nous arrêter, du partage du peu que nous avions en arrivant (je suis devenu un super champion de la chasse au mégot) et des parties de foot sous le soleil du printemps.
Le premier saluto (ndt: rassemblement devant la taule en solidarité) nous l’avons bien entendu mais pas vu, ils ont bien choisi le côté du couloir où nous enfermer. Les gars de la section remercient les gens venus nous saluer, ça casse un peu la routine d’ici. Il semble que les inculpations pour rapina (ndt: vol avec violence) et association de malfaiteurs sont à la mode et servent pour tout et n’importe quoi. Les peines encourues par nos compagnons sont lourdes. Mais dans notre cas, il s’agit de toute façon d’un vol de merde.
Bon, je vais m’arrêter là. Patience, force et vengeance, dedans comme dehors, avec rage et amour.
Greg, qui a hâte de vous retrouver avec un tiramisu ou une pierre à la main.
Le 12 avril 2013
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Mise à jour, le 14 avril 2013.
Il y a des gens dans les bureaux de la gendarmerie de Paris, section anti-terroriste (ndt: il s’agit du BLAT – Bureau de Lutte Anti-Terroriste), qui ont exprimé à leur façon une certaine attention à mon égard. En date du 13 avril, il m’a été notifié par le procureur de la république de Turin M. Pio une commission rogatoire (CR) émanant du juge d’instruction Didier Suc qui exerce à Toulouse, en France.
Cette requête de CR datant de juin 2012 concerne une enquête (ndt: encore et toujours cette maudite affaire de Labège) dans laquelle, en novembre 2011, quatre compagnons et compagnonnes françaises ont été incarcéréEs, une compagnonne soumise à un contrôle judiciaire (obligation de signer) et un compagnon coincé par le statut de témoin assisté (obligation de témoigner s’il ne veut pas d’embrouilles avec la justice). L’instruction n’est pas encore close, les chefs d’accusation concernent une action commise en juillet 2011 avec dégradations et violences contre des bureaux et le personnel qui y travaille, liés aux prisons pour mineurs (pour plus d’informations, vous pouvez chercher sur internet – en italien sur informa-azione.info et en français sur pourlaliberte.noblogs.org).
En pratique, la commission rogatoire du juge d’instruction français à la justice italienne permet à la police italienne (DIGOS) de « m’interroger dans le but d’établir ma possible participation aux faits et mes liens avec les misES en examen » et de, « si j’y consent, effectuer un prélèvement salivaire (ADN) sur kit FTA » pour le remettre immédiatement à la police française. Enfin, la CR demande également que la police française puisse assister à l’interrogatoire. Pour être clair : il ne s’agit pas d’un mandat d’arrêt européen. Avec cette lettre, je voulais préciser que je me contrefous de ce mouvement de la police française, que je ne collaborerai pas à leur commission rogatoire, que j’insiste sur ma solidarité avec les inculpés et les inculpées, que les catégories de « mouvance ultra-gauche toulousaine » ou « mouvance anarchiste » seront toujours à mes yeux des termes qui démontrent que le pouvoir ne comprendra jamais combien mon individualité est plus riche et belle que leur sale monde de catégories/cages.
Feu à toutes les prisons, liberté pour tous et toutes, il faut détruire les frontières physiquement et mentalement.
A mes compagnons et compagnonnes : faites attention à vous.
Et mes ennemis, je veux qu’ils sachent : je les emmerde sincèrement. »
http://www.informa-azione.info/torino_paolo_greg_e_mart…liari
Quelques mises à jour sur les compagnons et la compagnonne arrêtéEs le 11 avril 2013.
Nous apprenons qu’après Paolo, Greg et Marta ont été transféréEs de la prison des Vallette à la prison à la maison (assignation stricte à résidence).
Liberté pour Paolo, Greg et Marta. Nous les voulons dans les rues !