« Je veux vous remercier pour cette opportunité de participer à ce rassemblement pour la Journée de la Terre et d’y parler. Pour moi, citoyen juif-israélien jouissant de privilèges dans cet état, même s’il s’y oppose et les combat, cela signifie énormément d’être invité à venir parler de la Journée de la Terre, jour qui commémore le combat civil de citoyens palestiniens d’Israël contre les discriminations et le racisme, contre la dépossession et l’oppression. Je veux vous expliquer pourquoi je suis ici aujourd’hui. […]

Mais je ne suis pas ici seulement à cause du passé, mais aussi à cause du présent, à cause de ce qui se passe maintenant. La Journée de la Terre n’est pas seulement une journée de commémoration C’est un jour de combat contre ce qui se passe maintenant. La guerre de l’Etat d’Israël contre ses résidents continue aujourd’hui dans le Néguev. Dans le Néguev, d’énormes forces de police et des bulldozers sortent régulièrement pour commettre une destruction systématique. Nous avons fini par nous habituer au fait que, une ou deux fois par semaine, des forces de police lourdement armées se rassemblent au croisement de Shoket ou de Beit Qama pour poursuivre la campagne de démolition. Nous nous y sommes tellement habitués que nous ne nous rendons plus compte qu’il s’agit vraiment d’un constant état de guerre.

Ce pays continue d’être le lieu d’une guerre. Une guerre moderne conduite non seulement avec des tanks, mais avec des bulldozers. Vous ne combattez pas seulement avec des bombardiers, mais aussi avec des plans de division en zones. Oui, c’est une guerre menée par l’Etat, et des vraies gens en sont les victimes : leur santé, leurs espoirs, leur avenir, leur dignité humaine et nationale. C’est vrai : beaucoup d’Etats dans le monde négligent leurs citoyens, et Israël néglige et humilie aussi ses pauvres. Mais peu d’Etats dans le monde s’engagent dans des guerres sans fin contre leurs propres citoyens. […]

Je suis ici non seulement à cause du passé, et non seulement à cause du présent, mais aussi à cause de et pour le futur. Je suis ici pour que nous ayons un futur dans une autre sorte d’Etat.

Quelle sorte d’Etat ? Tout d’abord, un Etat sans occupation militaire et sans colonies. Un Etat qui cesse de mener des guerres et commence à faire la paix – une vraie paix, une paix fondée sur l’égalité et la justice – la paix au-delà de ses frontières et la paix à l’intérieur. Un Etat qui arrête de mener des guerres contre ses propres citoyens, qui arrête d’envoyer des bulldozers pour détruire leurs maisons. Un Etat qui se range et cesse de « judaïser » la Galilée et le Néguev. Un Etat qui ne combatte pas les résidents arabes de jaffa, Acre, Lod, Ramle et du Triangle.

Un Etat dans lequel le passé arabe n’est pas effacé, un Etat dont l’avenir appartient au peuple qui y vit, à tous ses citoyens, hommes et femmes, et pas à des démographes racistes, occupés à compter les bébés et pour qui la vie des vraies gens ne compte pas. Un Etat sans les héritiers de personnes comme Arnon Sofer et Yisrael Koenig, Ben Gourion et Netanyahu. Un Etat dont la signature n’est pas un tank et un bulldozer.

Je suis ici parce que je veux un Etat qui n’est pas dominé par Lieberman, ni avec les gens qui ont mis en place Lieberman et Bibi. Un Etat qui est le foyer commun de tous et dont le peuple, tout le peuple, Juifs et Arabes, soit le vrai maître – pas les institutions du mouvement sioniste, ni l’Agence Juive, ni le Fond National Juif, ni les magnats et gens bien en place, ni les riches donateurs qui vivent en Australie ou aux USA. Les gens qui devraient être les maîtres de ce pays sont les gens qui vivent ici, Juifs et Arabes, Israéliens et Palestiniens.

Un Etat pour tous ses citoyens et ses deux peuples, un Etat qui est à la fois Juif et Arabe, un Etat judéo-arabe, avec la plénitude de l’égalité des droits pour tous. Pas seulement l’égalité politique mais aussi l’égalité culturelle et nationale, l’égalité qui vient corriger les injustices du passé, rend la terre, autorise le retour des réfugiés et un accès plus équitable à la richesse et à l’égalité des chances. […]

Source : www.tarabut.info

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http://www.ujfp.org/spip.php?article2671