Lettre de michèle sibony (ujfp) au responsable de l’information à france inter
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionResistances
Ce qu’il faut comprendre d’une telle phrase c’est que la violence n’est que palestinienne. Il n’y a violence que quand des Palestiniens tirent une rocket sur Gaza. Le reste tout ce qui précède, tout le contexte n’a pas à être connu de vos auditeurs, il n’y a d’israélien que des réponses à la violence palestinienne. L’occupation, le siège de Gaza, les morts et blessés quotidiens sous les balles israéliennes, la colonisation et la violence des colons, les prisons et le statut des prisonniers politiques, tout cela vos auditeurs n’ont pas à le savoir !
A ce propos si le journal de France Inter juge utile de donner cette info là pourquoi ne donne-t-il pas celle qui concerne ce prisonnier, tué sous la torture (cf les premiers éléments de l’autopsie qui a eu lieu devant la famille et son avocat) et pourquoi France Inter ne consacre-t-il pas une partie de cette information à dire que 3000 prisonniers ont entamé une grève en réponse à cette mort plus que suspecte. Que 4 prisonniers sont en grève de la faim depuis 215 jours et sont à l’agonie ! Que les accords passés en 2012 entre Israël et les prisonniers après une grève très dure, sont quotidiennement violés par Israël et que les 4600 prisonniers politiques palestiniens sont actuellement au bout du rouleau. Ce n’est pas de la violence çà ???
Et cette information là, telle que formulée sur votre antenne, c’est de la violence aussi. Je tiens à vous le dire.
Michèle Sibony
Membre du bureau national de l’UJFP
PS : ce jeune prisonnier de 30 ans père de 2 enfants, dont la femme est enceinte d’un troisième, mort sous la torture, a un nom : il s’appelle Arafat Jaradat.
Une gifle de plus sur ce que devient ce pays qui se prêtant « pays des juifs », « pays de droit ». Ces reportages qui se suivent sont comme une clameur d’une jeunesse israélienne qui étouffe dans ce mensonge dominant. C’est tout ce qui a fait l’idéal et l’identité juive qui est piétiné dans ce renoncement à l’exigence d’humanité.
Il y a si peu de temps, les juifs souffraient du déni de justice, d’égale reconnaissance, alors… Alors comment ces « Juges » peuvent – ils avoir cette si méprisable lâcheté pour accepter leurs actes ? Comment peuvent-ils dire (j’ai noté tant ça m’a été insupportable) : « l’ordre et la justice ne vont pas toujours de pair ». Et lui, le juge, a choisi l’ordre du puissant. « un juge militaire ne représente pas que la justice »… Alors il ne représente pas la justice mais qu’un valet de l’armée !
Bien sûr, c’est écoeurant, écoeurant. Le seul espoir réside dans ces artistes nouveaux qui s’attaquent à cet ordre « du plus fort ».
Aujourd’hui beaucoup de contempteurs d’Israel sont venus sur ce mur pour fustiger une prise de parti, « un manque d’équilibre »… Mais cet « équilibre » qu’ils évoquent n’est que masquage de ce que révèle ces reportages venus d’Israel qui explosent et qu’ils refusent d’entendre, avec une parfaite lâcheté. Une lâcheté qui permet à l’extrême droite d’assumer son pouvoir, sa domination.
Voici la présentation de ce film :
La loi des plus forts
La législation en vigueur dans les Territoires palestiniens occupés dévoilée par ceux qui l’ont mise en place.
DÉTAILS
ZDF / © Shark De-Mayo
mardi, 26 février 2013 à 23:15
Rediffusions :
04.03.2013 à 02:25
La loi des plus forts
(Israel, 2012, 86mn)
ZDF
http://www.tv-replay.fr/redirection/26-02-13/la-loi-des….html
Paris, le 27 février 2013
Monsieur le Président,
Nos associations ont été gravement mises en cause par la diffusion sur le site de France Télévision d’une « carte interactive de la nébuleuse des extrêmes» présentée par le service public de télévision comme support des émissions de Mme Caroline Fourest intitulées « les réseaux de l’extrême ».
Nous dénonçons ici une prise de position partisane résolument calomnieuse qui constitue une rupture des principes de neutralité et d’objectivité requis par un organisme de service public.
Sur le fond les termes d’« extrême » comme celui de « nébuleuse », faut-il le rappeler, font partie du lexique idéologique des néoconservateurs américains . En quoi ce registre peut-il être adopté par le service public français de télévision ?
Cet outil interactif présenté comme scientifique crée et amalgame des catégories totalement improbables: identitaires-sionistes-islamistes-anti sionistes, pourquoi ces quatre rubriques et seulement celles-là alors qu’on pourrait en imaginer des dizaines d’autres ?
De plus la carte comporte de graves erreurs, signes d’une méconnaissance totale de son objet d’étude, et des oublis notoires eux aussi particulièrement significatifs.
Nos associations ont en commun avec beaucoup d’autres du mouvement de solidarité, la défense des droits humains et le respect du droit international dans le règlement de ce qu’il est convenu d’appeler le conflit du Moyen-Orient. Certaines d’entre nous sont des interlocuteurs reconnus des pouvoirs publics français et invitées à prendre part à des travaux organisés par les Nations unies.
Si extrémiste implique violence et absence de limite, comment pouvez-vous intégrer dans cette catégorie le village de Bil’in qui se distingue par des années de résistance pacifique et non armée contre la construction d’un mur qui le coupe de ses terres ?
De quel côté est la violence ou l’extrême? Pour nous ce qui est extrême et extrémiste c’est la construction d’un mur condamné par la Cour Internationale de Justice, c’est l’occupation illégale de territoires telle que reconnue par l’ONU, la colonisation illégale de ces territoires et leur exploitation, le siège d’ un million sept cent mille personnes à Gaza, l’assassinat de civils comme les mille quatre cent victimes de l’opération « plomb durci « en 2008-2009, la violation de la 4e convention de Genève sur le traitement des prisonniers, (700 000 Palestiniens ont connu les geôles israéliennes depuis 1967 subissant torture et détentions administratives arbitraires. 4600 Palestiniens sont encore détenus illégalement en Israël aujourd’hui), et du traité de Rome.
Ce qui est extrême c’est la diffusion par le service public d’un tel outil tronqué et mensonger sans l’ombre d’un recul ou d’un questionnement.
Nous vous demandons de recevoir une délégation de nos associations afin d’étudier la forme que pourrait prendre une mise au point publique sur cette regrettable affaire qui, si elle nous met gravement en cause, met aussi en question la probité de notre service public de télévision.
Signataires :
-Association France-Palestine Solidarité
-Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien
-Génération Palestine
-Agence Média Palestine
-Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
-Union juive française pour la paix
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Agence Média Palestine
21 Ter Rue Voltaire
75 011 Paris
Tel : + 33 6 14 04 11 32
Courriel : agencemediapalestine@gmail.com
Site internet : www.agencemediapalestine.fr
Un Juste est mort – un des 36 justes qui, selon la tradition juive, vivent à chaque moment parmi nous – et dans certains sites qui osent se définir comme « juifs », on danse et on crache sur sa dépouille. A vomir, et, pour nous Juifs, à rougir de honte. Des gnomes, méchants et bêtes, s’attaquent au géant Stéphane Hessel. Parmi ces gnomes, l’ineffable Richard Prasquier, soit disant « représentant » des Juifs de France, mais en fait vice-ambassadeur d’Avigdor Lieberman à Paris.
Il y a trois mois, ce même Prasquier m’attaquait, dans un texte où se mélangeaient contre-vérités et propos calomnieux, à l’occasion de la remise du Prix des Droits de l’Homme de la République Française que je recevais au nom du Centre d’Information Alternative de Jérusalem, des mains de la Garde des Sceaux Christiane Taubira. Stéphane et Christiane Hessel me faisaient l’amitié et l’honneur d’être présents à cette cérémonie. Emis contre moi, ce texte pouvait encore être considéré comme de la mauvaise mais légitime polémique. Avec Stéphane Hessel c’est une toute autre chose : « Richard Prasquier, déchausse-toi et rince-toi la bouche avant de prononcer le nom de Stéphane Hessel, car c’est un Saint ». Stéphane – il me permettait cette familiarité, et j’étais fier qu’il me tutoie, même si moi je n’ai jamais réussi à le faire – me réprimanderait certainement pour avoir utilisé ce mot, mais, contrairement à Richard Prasquier, dont la culture juive est directement proportionnelle à son intégrité intellectuelle, il aurait tout de suite reconnu là une paraphrase du chapitre 3 du Livre de l’Exode.
Lors de la remise du Prix des Droits de l’Homme, j’ai dit, entre autre, à Madame Taubira que Stéphane Hessel était l’homme que j’aurais voulu être, celui que je considère depuis près d’un quart de siècle comme mon père spirituel. Lui, ainsi que Léopold Trepper de l’Orchestre Rouge et le grand révolutionnaire Marocain, Abraham Serfaty, que j’ai, tous les deux, eu le bonheur et l’honneur de connaître.
J’ai presque honte de mentionner dans un même texte ces grands hommes et le Président du Crif. Pourtant, cela s’impose : Prasquier et autres BHL, Ehoud Barak ou Shimon Peres salissent la mémoire juive par leurs crimes ou leurs apologies de ces crimes qui profanent une histoire dont nous devons être fiers. Une histoire faite de combats pour le droit et la justice, contre les discriminations et l’oppression, et fondée sur l’expérience des souffrances de notre peuple.
« Plus jamais ca ! » avons-nous juré après la défaite de la barbarie nazie, et, sorti de Buchenwald, Stéphane Hessel s’attelle à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Universelle doit être notre approche des droits selon le principe de Shamay, ce grand sage du Talmud : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te fasse ». Et c’est bien là que le bât les blesse, que Stéphane Hessel les gènait : conséquent avec ses engagements et son éthique exemplaire, il a refusé la morale à double standard : ce qui est vrai pour les Juifs, l’est aussi pour toutes les autres victimes de discrimination raciale ou ethniques, des Grands Lacs africains aux Roms de France, les victimes du colonialisme où qu’elles soient, les victimes d’un capitalisme porcin qui sacrifie des millions d’humains sur l’autel du profit. C’est là aussi les raisons de son engagement aux côtés des Palestiniens dans leur lutte contre l’occupation coloniale israélienne.
Relisons ce petit-grand livre qu’est « Indignez-vous » qui est son testament aux générations nouvelles, et l’appel qui a suivi : « Révoltez-vous ». La vie de Stéphane Hessel est un appel à la révolte, inscrite dans les combats pour la liberté, de Bar Kochba et de Spinoza, et de ses contemporains, Léopold Trepper et Marek Edelman. « Pour notre liberté et pour la vôtre » disait la déclaration des combattants du Ghetto de Varsovie, à l’exact opposé de l’ethnocentrisme de Monsieur Prasquier. C’est dans cette histoire que nous inscrivons nos engagements, nous les indignés juifs, aux côtés de millions d’autres indignés qui ont fait de la vie et de la parole de Stéphane Hessel leur boussole.
La dépouille de Stéphane Hessel n’est pas encore en terre, comme il se doit dans notre tradition – mais en as-tu la moindre notion, Richard Prasquier ? – profite de ces quelques jours pour te recueillir et réfléchir sur la vie du défunt et du message qu’il nous a transmis. Pour t’aider un peu, je te propose de cogiter sur cette parole que ta déclaration en tant que Président du Crif a provoqué chez une française de culture musulmane, fille d’immigrés Algériens qui comme beaucoup de nos grand-parents fuyaient la misère de leur pays d’origine et cherchaient en France la liberté et l’égalité si solennellement inscrits sur les fronteaux des mairies : « C’est une grande indignité que nous donnent à voir la LDJ et le CRIF…Stéphane Hessel est décédé depuis quelques heures, que les uns sablent le champagne et les autres crachent déjà sur l’homme en nous promettant de cracher sur lui plus tard… »
Cette indignité, montrée par la LDJ et le CRIF ne pourra jamais effacer une belle vie de luttes et de combats, de résistance pour nous tous, l’humanité.
Cette indignité d’une poignée d’individus obsédés par leur patriotisme sioniste ne salira pas notre grande tristesse d’avoir perdu un guide, et notre chance de l’avoir vu partir à 95 ans comme il le souhaitait en nous laissant un héritage extraordinaire.
A l’heure où c’est le pays dans son entier qui est endeuillé, cette indigne poignée se détache d’une France triste d’avoir perdu un de ses plus dignes fils, immigré, Juif Allemand, naturalisé. Ils se détachent indignement d’un moment qui nous rapproche tous…
Michel Warschawski
http://www.ujfp.org/spip.php?article2616