BDS peut connecter le virtuel à la réalité (Illustration: Solidarité)

“N’en faisons pas toute une affaire, cette résolution n’a aucune conséquence pratique”, a déclaré Benjamin Netanyahu après le vote massif de l’Assemblée générale des Nations Unies en faveur de la reconnaissance de la Palestine comme “Etat non-membre”. Pas toute une affaire, peut-être, mais peut-on rester indifférent au fait qu’Israël se retrouve de nouveau isolé, les seuls ayant voté avec Israël contre la résolution étant les États-Unis, le Canada et la République tchèque ? J’ai oublié : les îles Marshall, la Micronésie, Nauru et Palau ont également soutenu la position israélienne.

La position européenne a été hautement significative. Menée par la France (pour une fois, nous pouvons reconnaître François Hollande et Laurent Fabius), l’Espagne, l’Italie, la Grèce, la Suède et la Belgique ont voté en faveur de la reconnaissance, et l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Bulgarie et la Roumanie, qui avaient initialement annoncé qu’ils voteraient contre l’admission, se sont finalement abstenu. “Nous avons perdu l’Europe” a déclaré un haut fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères immédiatement après le vote.

Israël n’a jamais été aussi isolé sur la scène internationale. L’arrogance coloniale d’Israël et les atrocités sanglantes de son gouvernement d’extrême-droite ont même réussi à repousser les Etats qui, il n’y a pas si longtemps, étaient considérés comme des amis de l’Etat juif.

Ceci dit, il est bon de refroidir l’enthousiasme du président Abbas. Le Premier ministre israélien n’avait pas tout-à-fait tort quand il a déclaré que la résolution n’a aucune conséquence pratique. Ces mêmes voix des Etats européens n’ont-elles pas voté en faveur de l’amélioration récente des relations entre l’Union européenne et l’État d’Israël ?

La reconnaissance de la Palestine comme Etat non membre reste de l’ordre du virtuel. Pourtant, dans le territoire palestinien occupé, qui a été reconnu comme Etat, ce qui est bien réel, ce sont les plans coloniaux centralement programmés et mis en œuvre méthodiquement, qu’Israël a créés il y a longtemps. Dans ce processus de colonisation, la frontière entre Israël et la Cisjordanie (la dite “Ligne verte”) est un petit morceau de terre qui laisse moins de place à l’Etat que ne l’avait reconnu l’ONU.

Si, comme le dit Netanyahu, la reconnaissance de la Palestine à l’ONU n’a aucune conséquence pratique, nous avons besoin de prendre des mesures qui transformeraient cette reconnaissance virtuelle en une réalité tangible. Ces mesures doivent être le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS). De réelles sanctions internationales feraient ravaler ses mots à Netanyahu en un tournemain et donneraient à la reconnaissance formelle de l’Etat palestinien une réalité tangible. Cependant, cela nécessite une puissante mobilisation citoyenne pour forcer la main à la Hollande, Merkel et à d’autres pour qu’ils arrêtent leur politique hypocrite par laquelle ils donnent d’une main la reconnaissance des Palestiniens, et favorisent de l’autre les relations de l’UE avec Israël.

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