En vérité, l’opinion publique mords à l’appât depuis longtemps : les étrangers sont responsables de tout. Du chômage, de la délinquance, du virus du Nil occidental, de la tuberculose, du manque de personnel dans les hôpitaux (c’est d’ailleurs ce qu’avait déclaré Loverdos, un ministre du gouvernement précédent, propos que s’est empressée de répéter toute la racaille fidèle au Régime), la situation économique difficile de la Compagnie d’Électricité (c’est ce qu’a révélé le député fasciste Panagiotaros au Parlement, avec un discours féroce sur l’affaire des vols de cuivre et de câbles par des étrangers).

Tout cela, bien entendu, a été précédé il y a quelques jours par un débat au Parlement sur la question brûlante de la récupération d’aluminium et de fer par des immigrés assimilés à des ramasseurs ambulants, « lesquels avec leur travail antisocial privent l’État grec d’une ressource précieuse« . Les principaux orateurs étaient le ministre de la « Protection Citoyenne » Dendias et le député fasciste Panagiotaros. Ils les ont appelé « la mafia des caddies« , et une décision ministérielle a créé une force policière spéciale pour leur faire face.

Il y a longtemps que nous avons dépassé les limites de l’inversion de la réalité. Les gouvernants sont déjà en train de plaisanter ouvertement. Autrement, de quelle manière pourrait-on interpréter la dénomination « Zeus Xenios » employée de façon parodique pour une opération de détention d’immigrés, c’est à dire de personnes qui étymologiquement « cherchent l’hospitalité » ?

L’histoire l’a démontré : la violence, l’arrogance, le despotisme et le sarcasme sont les armes des souverains à chaque fois qu’ils se sentent faibles ou en danger.

L’histoire l’a démontré : la solidarité de ceux d’en-bas les détruira comme une douce vengeance…