Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à charlie hebdo !
Catégorie : Global
Thèmes : Immigration/sans-papierEs/frontieresMédiasRacisme
le collectif signataire de ce texte est composé de : Saïd Bouamama, Youssef Boussoumah, Houria Bouteldja, Henri Braun, Abdelaziz Chaambi, Ismahane Chouder, Olivier Cyran, Christine Delphy, Thomas Deltombe, Rokhaya Diallo, Sébastien Fontenelle, Nawel Gafsia, Laurent Lévy, Hassina Mechaï, Ndella Paye, Faysal Riad, Arielle Saint Lazare, Karim Tbaili, Pierre Tevanian, Sylvie Tissot, et Najate Zouggari
Parce que la liberté d’expression est pour nous un principe précieux, nous refusons catégoriquement l’instrumentalisation bouffonne et intéressée qui en est actuellement faite par le couple Guéant-Charb, par la classe politique et par les grands médias.
Nous affirmons :
– qu’un cocktail molotov lancé la nuit dans des locaux vides et n’occasionnant que des dégats matériels ne mérite pas une mobilisation médiatique et politique supérieure à celle, pour le moins discrète, qu’occasionne l’incendie ou la mise à sac d’une mosquée ou d’un cimetiere musulman.
– que la disproportion entre les unes alarmistes sur l’incendie de Charlie Hebdo et les brèves de dix lignes sur les saccages de lieux de culte musulmans entretient une vision du monde raciste : si un saccage est plus grave qu’un autre, c’est que les biens des uns sont plus précieux que les biens des autres, et c’est en définitive que les uns valent plus que les autres.
– que le climat d’état d’urgence et d’union sacrée qui s’instaure aujourd’hui autour de Charlie Hebdo est d’autant plus odieux qu’il tombe au même moment qu’un silence et une indifférence quasi générale face à un autre incendie, lui aussi parisien, lui aussi d’origine criminelle, à ceci près qu’il visait un bâtiment occupé par des Roms et qu’il a entraîné une mort d’homme : Ion Salagean.
– que Charlie Hebdo, en acceptant la visite intéressée de Claude Guéant, qui incrimine avec empressement des « extrémistes musulmans », en l’absence du moindre élément de preuve, participe, comme il l’a déjà fait dans le passé en publiant des articles ou des dessins antimusulmans, à la confusion générale, à la sarkozisation et à la lepénisation des esprits.
– qu’il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo, que les dégats matériels seront pris en charge par leur assurance, que le buzz médiatique et l’islamophobie ambiante assureront certainement à l’hebdomadaire, au moins ponctuellement, des ventes décuplées, comme cela s’était produit à l’occasion de la première « affaire des caricatures » – bref : que ce fameux cocktail molotov risque plutôt de relancer pour un tour un hebdomadaire qui, ces derniers mois, s’enlisait en silence dans la mévente et les difficultés financières.
– que, contrairement à ce qui dit et se répète jusqu’à la nausée à la faveur de ce nouveau buzz antimusulman, la liberté de critiquer l’islam est tout sauf menacée, et que toute personne dotée d’un minimum de bon sens peut même constater, en inspectant semaine après semaine la devanture de son kiosque ou les programmes de télévision, que concernant l’islam, non seulement la critique mais aussi la caricature et l’injure prospèrent en toute tranquillité et en toute bonhomie depuis au moins une décennie.
– qu’en revanche, il est une liberté d’expression qui est bel et bien menacée, et même plus d’une : celle pour commencer des femmes qui voudraient s’habiller comme bon leur semble, sans qu’un Etat national-laïque leur impose par la loi un dress-code de bonne musulmane cheveux aux vents ; celle de ces mêmes femmes lorsqu’elles voudraient faire entendre leur ras-le-bol des regards, injures et discriminations qu’elles subissent quotidiennement au motif qu’elles portent un foulard ; celle des sans-papiers qui aimeraient avoir la parole et informer le public sur la réalité de leurs conditions de vie ; celle des SDF, des chômeurs, des précaires, qui sont les perpétuels recalés de l’espace public officiel – cet espace de « libre expression » qu’il s’agirait aujourd’hui de défendre, main dans la main avec Charb, Luz, Riss et leurs supporteurs Claude Guéant, Ivan Rioufol et Marine Le Pen.
– que les leçons de tolérance adressées par l’élite blanche aux musulmans, présumés coupables de l’incendie, sont pour le moins malvenues puisque, contrairement à ce qui se dit et se répète, le délit de blasphème existe en France : depuis les lois Sarkozy de 2003, de très lourdes amendes et peines de prison sont prévues contre toute « offense au drapeau ou à l’hymne national ».
– que la liberté d’expression consiste à donner la parole aussi à la masse de celles et ceux, musulmans ou pas, qui n’éprouvent absolument aucune sympathie pour Charlie Hebdo, y compris « dans ce moment difficile », à toutes celles et ceux qui n’ont, depuis des années, aucun espace dans les grands médias pour dire leur écoeurement face à la nouvelle marque de fabrique de cet hebdomadaire : un anticléricalisme primaire doublé d’une obsession islamophobe.
– que, pour commencer, la liberté d’expression consisterait, pour que les amis de Charlie Hebdo retrouvent une once d’honneur, à donner abondamment la parole aux proches de Ion Salagean, à ses amis résidents du 163 rue des Pyrénées, et plus largement aux Roms qui subissent depuis de nombreux mois, et depuis bien plus longtemps en fait, le plus brutal et le plus assumé des racismes d’Etat.
P.-S.
Saïd Bouamama est sociologue et militant antiraciste ; Youssef Boussoumah et Houria Bouteldja sont membres du Parti des Indigènes de la République ; Abdelaziz Chaambi est porte parole du Collectif contre le racisme et l’islamophobie ; Ismahane Chouder et Ndella Paye sont membres du Collectif des Féministes Pour l’Egalité, de Mamans Toutes égales et de Participation et Spiritualité musulmanes ; Christine Delphy et Sylvie Tissot sont sociologues et militantes féministes ; Olivier Cyran, Thomas Deltombe, Rokhaya Diallo, Sébastien Fontenelle et Hassina Mechaï sont journalistes ; Henri Braun et Nawel Gafsia sont avocats ; Arielle Saint Lazare est militante féministe ; Laurent Lévy, Faysal Riad, Karim Tbaili, Pierre Tevanian et Najate Zouggari sont militants antiracistes.
Vu aujourd’hui, sur France 5, Charb et le raciste Goldnadel porter la contradiction à Tarik Ramadan pour défendre Charlie Hebdo.
Chez Ruquier aussi, Charb encensé par tout le monde. Quelle pub ! Charb en passe de devenir aussi con que Philippe Val.
Quelle tristesse ! Reiser doit se retourner dans sa tombe.
Une instrumentalisation en chasse une autre et tout continue comme avant
« La tolérance est le respect des individus mais pas celui des idées ou des
croyances. »
« (LABEL/ Appel pour l’insolence et le blasphème)
« De même qu’il y eut le « Manifeste des 131 contre la guerre d’Algérie » ou
celui des « 343 salopes pour l’avortement », il faut susciter un « Manifeste
des blasphémateurs » pour défier, sur le terrain de la liberté
d’expression, celle de se moquer des croyances et des Dieux. » – Patrick
Lévy
à lire ici : l’éloge du blasphème :
http://atheisme.free.fr/Contributions/Eloge_blaspheme.htm
La liberté d’expression réservée à ceux qui représentent la pensée dominante, c’est la pire insulte qu’on pouvait faire à ceux qui sont continuellement discriminés et racisés.
Charlie Hebdo luttant pour la liberté d’expression en France, c’est aussi ridicule que Sarkozy luttant pour la révolution en Libye !
À propos de Philippe Val et de son rapport très changeant à la liberté d’expression
PAR CQFD, FÉVRIER 2006 mais toujours d’actualité pour ses successeurs de Val
Parmi les surprises qu’a réservées « l’affaire des caricatures de Mahomet », il y a eu l’attitude de Charlie Hebdo. L’islamophobie de son directeur et de certains de ses collaborateurs n’est certes pas un scoop ; la surprise réside plutôt dans l’attachement viscéral à la liberté d’expression qui a servi de prétexte à la republication, dans cet hendomadaire satirique, de deux dessins racistes assimilant le prophète lui-même aux extrêmistes qui posent des bombes et manient le sabre au nom de l’Islam. Cet amour de la liberté d’expression surprend en effet de la part de Philippe Val, plutôt réputé jusqu’à présent pour faire régner la terreur dans sa rédaction et faire taire toute opposition à sa « ligne ». Un exemple parmi tant d’autres : il y a près de trois ans [1], le patron de Charlie Hebdo avait imposé à cinq de ses dessinateurs de cesser toute collaboration avec un (excellent) journal (CQFD) qui avait le malheur de lui déplaire. Nous reproduisons ici le récit [2] de cette « affaire des dessinateurs de Charlie », moins retentissante que celle des « caricatures du Prophète », mais tout aussi lamentable.
Dans un article aussi saugrenu que mal informé, Libération a cru bon de présenter le mensuel CQFD comme un « Charlie marseillais », fabriqué par des « déçus du « Charlie » de Philippe Val » [3]. C’est évidemment mensonger : il y a bien longtemps que Philippe Val ne déçoit plus personne. Et surtout pas l’équipe de CQFD, composée, entre autres, de chômeurs, de Rmistes, de réfractaires, de pigistes en rupture de ban, d’un cheminot tout le temps en grève, de postiers même pas trotskistes, d’un chanteur de rap poursuivi par le ministère de l’Intérieur, et même – droit d’asile oblige – d’un ancien rédacteur de Charlie. C’est dire si l’envie nous démange de ressembler au « journal de la France d’en haut », pour reprendre l’appellation dont se gargarise, avec une ironie de moins en moins perceptible, ce journal un peu exsangue, pro-Otan durant les guerres et pacifiste entre elles, et qui croit que les pauvres sont tous des cons qui aiment le foot et TF1. Non, le « Charlie marseillais » n’est pas pour nous un compliment. « Même maquette, même typographie », affirme encore Libération. C’est vrai, notre mensuel a seize pages, comme Charlie, du texte et des dessins, comme Charlie, un frigo avec des bières dedans, comme Charlie (pardon, eux n’ont plus droit qu’à de l’eau minérale).
Tout ça n’aurait aucune importance si la petite perfidie de Libé n’avait pas mis Philippe Val dans une rage folle. Non contre Libé, avec lequel Charlie est en partenariat pour un échange de pub hebdomadaire, mais contre nous, et surtout contre les cinq dessinateurs de sa boîte qui avaient eu l’audace de collaborer à notre premier numéro. Du coup, nos valeureux camarades ont pris la décision de ne plus envoyer de dessins à CQFD. Et pour bien avaler la couleuvre jusqu’au dernier viscère, ils ont fait publier dans Libé [4] un rectificatif jurant que leur participation à CQFD « n’a pas été motivée par une quelconque déception à l’égard de Charlie Hebdo ». Un serment d’allégeance renouvelé ensuite in extenso dans le Charlie du 4 juin [5]. Pour la sécurité immédiate de l’emploi. Parce que dans le monde de l’entreprise, même s’il est de gauche, surtout quand il se prétend de gauche, il vaut mieux s’humilier en place publique qu’être un caillou dans la chaussure de l’employeur.
Que le rédacteur-actionnaire-en-chef de Charlie se rassure pleinement : nous n’avons pas l’ambition de racheter son bien, encore moins de lui faire concurrence. Et nous lui exprimons notre sincère gratitude pour les centaines d’abonnés que ses représailles ont drainés vers nous. Peut-être bien qu’un jour, nous aurons un ou deux mots à dire sur ces tauliers de gauche qui font la leçon à la terre entière tout en agissant comme des cheffaillons paranoïaques. Pour l’heure, on se contentera de faire le journal qu’on aime. Sans fric, sans patron, sans déception. Et au soleil de Marseille, parce que là-dessus, au moins, Libé n’a pas menti.
http://lmsi.net/L-affaire-des-dessinateurs-de
A l’heure ou les catho intégristes sont eux aussi de sortie(1), pourquoi braquer l’objectif sur les conneries de Charlie Hebdo ? Qui plus est avec un texte datant de 2006 (com de 16:44) ? Tout de suite qui se conduit comme un tartufe ? Qui instrumentalise quoi ?
Pourquoi ne pas profiter de ce micro-événement pour poser de vraies questions et pas uniquement régler des comptes ?
Pour ceux qui veulent et uniquement pour eux, une mise en perspective socio-historique de la question :
http://tempspresents.wordpress.com/2011/11/05/dessins-t…-2964
(1) http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/category/integr…ique/
2 incendies ignobles qu’il ne faut pas mettre sur le même plan. L’un, l’incendie d’un immeuble abritant des Roms et ayant occasionné un mort est le résultat d’un climat raciste, exacerbé par les déclarations d’un président et de son ministre de l’intérieur xénophobes.
L’autre, s’en prend à la liberté de la presse. Que l’on aime Charlie ou pas, n’est pas le problème. Le problème est que certains entendent museler la presse, n’hésitant pas à détruire les locaux et le matériel quand un hebdo n’a pas l’heur de leur plaire.
C’est toute la presse et les sites d’information qu’il faut défendre, de « copwatch » à « Charlie ».
Une tribune : Charlie Hebdo : le dessin de presse, une histoire de la transgression
http://www.rue89.com/2011/11/06/charlie-hebdo-le-ton-de…26284
surtout quand on les reçoit chaleureusement, comme Guéant
Je n’approuve certainement pas l’incendie des locaux, mais on peut se demander qui ça sert ?
l’acte n’a toujours pas été revendiqué, on n’a pas trouvé les auteurs, alors que la police était sur une « piste »
Commode pour stigmatiser les musulmans, et c’est d’ailleurs repris par toute la faschosphère
Commode aussi pour ce gouvernement et ses sbires
Sur le Grand Soir, on peut dire toutes les saloperies qu’on veut, et il est impossible d’y répondre. On peut menacer de virer des gens de la Bourse du travail, des salons du livre, de la Fête de l’Huma, mais plus généralement « de nos villes et de nos vies », sans qu’ils aient la moindre possibilité de s’expliquer, les inquisiteurs ont seuls droit à la parole.
Par contre, Charlie Hebdo, le pire soutien de la pensée unique, a droit à une flopée de commentaires « compréhensifs » dès qu’il est critiqué. On voit pour qui roulent les conspis-anticonspis.