Dominique strauss-kahn n’est pas un « séducteur »
Catégorie : Global
Thèmes : Médias
En 2008, réagissant à un article de Libération, nous pointions déjà le traitement médiatique plus que partial d’une autre affaire impliquant Dominique Strauss-Kahn, mais déjà liée à des accusions de violence et de harcèlement sexuel. Sans se prononcer sur celle qui vient de surgir, nous republions ce texte pour souligner la similitude du vocabulaire utilisé aujourd’hui pour parler d’un homme dont les torts seraient simplement d’être un « séducteur », un « homme à femmes », un « coureur de jupons ». Sans jamais s’interroger sur la violence possiblement subie par des femmes dont une grande partie ne sont sans doute pas « séduites » par cet homme. Préoccupé avant tout par l’élimination plus que probable de son candidat favori, Libération use même d’un magnifique euphémisme, digne de l’affaire Polanski : un « immense gâchis ». Peut-être pas un gâchis pour tout le monde s’il pouvait contribuer à fissurer la chape de plomb qui règne en France sur la question de la violence, du harcèlement sexuel, et plus largement du sexisme (autre que banlieusard et « arabo-musulman »).
À chaque fois qu’une affaire d’abus de pouvoir masculin arrive à traverser la censure des médias, on peut entendre ce discours enchanté sur la France.Encore une « exception française » dans ce pays de la séduction et du libertinage, les violences faites aux femmes n’existeraient pas, ou si peu (sauf chez les arabes et les jeunes de banlieues). C’était le cas il y a plusieurs années quand une étudiante en thèse avait tenté (en vain) de porter plainte contre son directeur de thèse pour harcèlement sexuel. Que n’a-t-on pas entendu (déjà dans Libération) sur la judiciarisation des relations sociales, la police des mœurs, l’américanisation de la société, et autres épouvantails, qui ont efficacement fait oublier les corvées sexuelles auxquelles sont régulièrement soumises certaines étudiantes ou employées dans le monde du travail.
Ce sont les mêmes arguments qui ont été avancés lors de la récente affaire impliquant Dominique Strauss-Kahn, galant homme et homme à femmes, séducteur invétéré, coureur… de jupons justement !, égaré au pays des corsets et du politiquement correct. Il aurait – récompense pour services rendus ? manière de réduire au silence une éventuelle insoumission ? – fait verser par son institution des émoluments généreux à sa maîtresse. On se souvient qu’avant sa nomination au FMI, des réactions indignées avaient accueilli le seul article, paru sur le site Rue89, qui avait osé évoquer les formes de drague très insistantes dont le membre du parti socialiste était coutumier.
La presse et la classe politique font bloc, comme un seul homme si on peut dire, autour de DSK : même minimisation des faits (une affaire de « jupons », franchement…), même opposition entre la France de la liberté sexuelle et l’Amérique puritaine, et mêmes contre-feux : l’article de Libération (centré autour de la question de savoir, on croit rêver, si la carrière de DSK est mise en péril par cette affaire !) se termine en évoquant les critiques suscitées au sein du FMI par l’enquête menée contre le Français.
Une « chasse à l’homme » contre DSK !
« Des arrière-cuisines du FMI [qui] ne sont pas reluisantes », conclut la journaliste. Tandis qu’on fait remarquer, à grand renfort d’anti-américanisme et clins d’oeil entendus, que notre Asterix DSK, « sur la sellette », n’a quand même pas de compte à rendre aux électeurs américains ! Depuis quelques jours, enfin, c’est le grand classique de la « campagne de déstabilisation » [1], et sous la plume de Daniel Schneidermann, qui parle de « chasse à l’homme », Dominique Strauss-Kahn est définitivement devenu une victime.
La question des inégalités hommes/femmes et des innombrables manières dont elle se traduit (y compris dans la sphère privée) est, en France, encore très largement niée. Arrêtez de tout sociologiser : c’est l’AMOUUUR, on vous dit !!! Quand elle n’est pas brutalement niée, elle est, c’est un autre classique, reléguée au second rang des préoccupations. Les esprits supposément contestataires ne sont d’ailleurs pas en reste, et pas forcément moins franchouillards en la matière. On entend déjà certains estimer peu opportun de s’intéresser à des « frasques sexuelles » alors qu’il y a bien mieux à faire à dénoncer le ralliement aux dogmes néo-libéraux ou encore les positions sionistes de Dominique Strauss-Kahn.
Et bien non. Il faut revendiquer le droit de s’intéresser aux « frasques sexuelles ». Non pas pour plonger dans le détail des ébats de Dominique Strauss-Kahn (perspective pas vraiment excitante, il faut bien l’avouer), mais pour que les nôtres soient, dans un pays qu’on voudrait moins aveugle à la réalité du sexisme, enfin joyeuses, intenses, multiples et… égalitaires !
http://lmsi.net/Dominique-Strauss-Kahn-n-est-pas
Voir aussi l’analyse de l’affaire par Acrimed :
http://www.acrimed.org/article3593.html
http://www.acrimed.org/article3594.html
Qui aurait pu croire que Dominique Stauss-Kahn trouverait des soutiens chez des « antifas » déclarés comme No Pasaran, qui n’ont pas trouvé d’autre cible dans cette triste histoire que la « droite populaire », coupable de lynchage politique moyenageux et haineux.
« Aujourd’hui et à cette heure ce que je peux savoir de la culpabilité de DSK, c’est que je ne sais rien.
Une justice aussi expéditive que celle de l’époque de la conquête de l’Ouest et à peu près aussi moyenageuse que celle de Saint Louis sous son chêne a mis le Directeur du FMI en prison. L’avenir dira peut être la vérité et à ce moment là le temps des commentaires sur la responsabilité de l’homme sera venu […]
Ces voyous sans amour propre ni honneur sont indignes de la République ; leurs voix et celles de la Bleu Marine et de ses affidés ne font qu’une : celle de la haine. »
LES ABOYEURS DE LA DROITE POPULAIRE
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article117168
Tel quel !
On oublie un peu vite, qui’il existe en France « la présomption d’innocence ». Elle devrait concerner tout le monde, de DSK au petit péquin. Avec la tentation d’américanisation de la justice, beaucoup oublient ce précepte, dont l’inénarrable LGS. C’est fort dommage … Eh oui, attendons le procès pour savoir si DSK est coupable de viol sur cette jeune femme de chambre ou non.
dans le commentaire précédant le tien, il ne s’agit pas de LGS mais de ballaciao. C’est vrai que l’un vaut l’autre dans l’idée d’inénarrabilité :-))
De même que LGS n’est pas Bellaciao la personne qui signe No pasarn (et pas No passaran d’abord) a peu de chance d’être un antifa du réseau no passaran (cf vendredi 27 mai 2011 – 14:26)
Suffit de lire son texte ( les mots sont plus importants que les pseudos !). A la fin il parle de la république. Pas vraiment le vocabulaire chéri des scalpeux.
La présomption d’innocence, ce n’est pas l’interdiction de dire que quelqu’un-e a peut-être ou probablement fait quelque chose. C’est un principe de droit qui implique qu’un-e juge/procureur/jury ne doit regarder que les faits et rien que les faits, sans préjugés. On l’étend aux médias parce qu’une personne représentée comme coupable à longueur de journée à la télé risquerait probablement d’être considérée comme telle dans la tête de son juge. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas le droit de dire que je considère personnellement que DSK a très probablement violé cette femme, et même plusieurs autres.
C’est quand même bizarre de parler « d’américanisation » dans ce cas, vu que ce principe là nous vient directement de la common law anglaise, origine du droit américain. Les américain-e-s ont ce principe là aussi, et ils l’ont même eu avant nous (habeas corpus et tout ça, alors que nous on était accord sous la justice d’Ancien Régime).
Et puis la présomption d’innocence en France, c’est une blague. Zyed et Bouna ? Julien Coupat ? Le millier de personnes jugés en comparaison immédiate ce matin ? Si ceux et celles-là sont (ou ont été) présumé-e-s innocent-e-s, je suis la reine d’Angleterre.
Visiblement y a quelqu’un ici qui voit la main des antifas partout. Pour un peu il nous annoncerait que ce sont eux qui payent les avocats de DSK. Qu’est-ce qui l’embête tant chez les antifas pour parler d’eux à tout bout de champ et tjrs hors-sujet, même quand ils n’ont rien à voir avec l’affaire ? Serait-ce leur peu d’entrain à verser dans un anti-sionisme obsessionnel (pour ne pas dire plus) ? La cause palestinienne n’a vraiment pas besoin de ces approximations et de ces amalgames. Ce qui n’est pas le cas de l’extrême droite et des antisémites (je sépare volontairement les deux, parce qu’il y a aussi des antisémites qui sont classés à gauche et qui se revendiquent comme tels, alors même que tout indique qu’il sont depuis longtemps passés de l’autre coté du miroir).
La présomption d’innocence existe aussi aux Etats-Unis.
La différence entre les systèmes est dans la procédure. Aux E.U , qui que tu sois, tu te retrouves devant un juge les menottes aux mains. Ensuite, si tu as de l’argent, tu t’en tires, en payant avocats et détectives. (et le cas échéant, la victime)
Si cela était arrivé en France, à l »heure qu’il est, DSK aurait peut-être été « entendu » par un juge d’instruction, à supposer qu’une plainte soit déposée.
Dans les deux cas, DSK s’en tirera.
Quant à la « présomption », j’ai entendu le terme « présumée victime ». Le « politiquement correct » est parfois nauséabond.
A mon humble avis, ce qui est moyenâgeux n’est pas tant la « présumée » justice américaine mais 1) le réflexe franchouillard du respect de l’autorité, forcément respectable, sous la désormais inévitable théorie du complot, 2) l’image de la femme et de la représentation de la masculinité. Nous sommes revenus avant les années 70 dans ce domaine et il faudra sans doute une « quatrième vague » d’action féministe pour faire bouger les choses.
« la présomption d’innocence », « l’extrême droite et des antisémites », « la désormais inévitable théorie du complot »…
Dans le registre de l’« inénarrabilité », on trouve mieux que LGS ou Bellaciao, et les « antifas » nous avaient déjà prévenus de ce qui risquait d’arriver :
« Pour la campagne de 2012, l’un des grands thèmes sera donc très certainement « la France bradée au parti de l’étranger », et les figures de Sarkozy et de Strauss-Kahn seront violemment attaquées, dans un style populiste répugnant dépassant largement l’extrême-droite à la Dieudonné.
De l’extrême-droite « sociale » de Marine Le Pen à la social-démocratie « radicale » de Mélenchon, en passant par le néo-gaulliste De Villepin et la néo-socialiste Royal, tout le monde tentera de rafler la mise du nationalisme et de l’inévitable antisémitisme qui va avec. »
http://www.hapoel.fr/positions-de-hapoel-haantifashisti…cent/
C’est des faux antifas, ou des vrais ?