Contrairement à la Commune parisienne de 1871, la Commune de Kronstadt de 1921 semble avoir été oubliée des commémorations. Nous en proposons donc une reconstitution historique.

Où l’on voit le peuple de Kronstadt (marins, ouvriers et soldats) prendre au mot le mot d’ordre « Tout le pouvoir aux soviets », contre l’expropriation de ces expressions de démocratie directe par le pouvoir autoritaire bolchevique ( marxisme-léninisme ), qui finit par écraser la révolte de ktonstadt militairement.

Ce sont donc bien deux conceptions de la révolution qui se sont affrontées dans cet épisode dramatique, ce qui explique qu’il ait fait l’objet de longues polémiques au sein du mouvement ouvrier.

Les sources historiques sur la révolte de Kronstadt sont nombreuses, mais signalons notamment le site revolution-1917 (http://revolutions-1917.info/spip.php?article105), qui lui consacre une section entière.

Et rappelons que l’intervention faite par Emma Goldman et Alexander Berkman pour tenter d’éviter la répression de la révolte est évoquée dans le livre de mémoires de Goldman, qui ont fait l’objet de notre émission du 3 décembre 1920 (ainsi que dans Le Mythe bolchevique de Berkman).

 

Alexandre Berkman
LE MYTHE BOLCHEVIK
Journal 1920-1922
(Première partie – Chapitres 1 à 10)

Préface de l’auteur…………………………………………………………………………………………………………….3
Chapitre 1. Journal de bord du Buford…………………………………………………………………………………5
Chapitre 2. Sur le sol soviétique………………………………………………………………………………………..15
Chapitre 3. À Petrograd……………………………………………………………………………………………………17
Chapitre 4. Moscou………………………………………………………………………………………………………….24
Chapitre 5. La maison d’hôtes…………………………………………………………………………………………..27
Chapitre 6. Tchitcherine et Karakhan…………………………………………………………………………………30
Chapitre 7. Le marché………………………………………………………………………………………………………33
Chapitre 8. À la Moskkomune…………………………………………………………………………………………..37
Chapitre 9. Le club de la Tverskaïa……………………………………………………………………………………40
Chapitre 10. Une visite chez Piotr Kropotkine…………………………………………………………………….44

 

Préface de l’auteur

La révolution brise les structures sociales devenues trop étroites pour l’homme. Elle fait
éclater les moules qui le contraignent à mesure qu’ils se solidifient et que s’en échappe la Vie qui
sans cesse va de l’avant. Ce processus dynamique, la révolution russe l’a poussé plus loin que ne
l’avait encore fait aucune révolution.

Abolir ce qui est établi – sur le plan politique, économique, social et éthique –, tenter de le remplacer par quelque chose de différent, tel est le réflexe de l’homme dont les besoins se transforment, du peuple dont la conscience s’éveille. Derrière la révolution, il y a des millions d’êtres humains qui en incarnent l’esprit intérieur, qui sentent, pensent et y mettent tout leur être. Pour eux, la révolution n’est pas qu’une simple transformation des éléments extérieurs : elle implique de disloquer complètement la vie, de faire voler en éclats les traditions dominantes, d’abroger les normes admises. Le cours habituel mesuré de l’existence est interrompu, les critères coutumiers deviennent inopérants, les précédents antérieurs s’annulent. L’existence est entraînée de force vers des voies inexplorées, chaque action exige une autonomie, chaque détail nécessite une déci-
sion nouvelle et indépendante. Le caractéristique, le familier, ont disparu ; la cohérence et l’interrelation entre les parties qui auparavant constituaient un tout se dérobent. Il faut créer de nouvelles valeurs.

Cette vie intérieure de la révolution, qui en est la seule signification, a été presque entièrement négligée par ceux qui ont écrit sur la révolution tusse. Parmi les nombreux livres publiés sur ce gigantesque bouleversement social, rares sont ceux qui abordent ce qui en est le point essentiel. Ils traitent de la chute et de la mise en place des institutions, du nouvel État et de sa structure, des constitutions et des lois – des manifestations allusivement extérieures qui font presque oublier
les millions d’êtres qui continuent à exister et à vivre alors que tout change.

Taine a souligné à juste titre que, lorsqu’il avait étudié la Révolution française, les statistiques et les données, les documents officiels et les édits ne lui avaient paru éclairer en rien le caractère réel de la période. Et que son expression significative, son sens le plus profond, il l’avait découvert dans les vies, les pensées et les sentiments du peuple, les réactions personnelles consignées dans les mémoires, les journaux intimes et la correspondance des contemporains.

Le présent ouvrage est une compilation du journal que j’ai tenu pendant le séjour de deux ans que j’ai effectué en Russie. Il est la chronique d’une expérience intense, des impressions et des observations notées au jour le jour, dans diverses régions du pays et différents milieux. La plupart des noms ont été supprimés pour la raison évidente de protéger les personnes en question.
Autant que je sache, ce journal est le seul à avoir été tenu en Russie durant ces années mémorables (1920-1922). La tâche s’est avérée assez compliquée, ceux qui connaissent le contexte russe le comprendront. Mais une longue pratique en la matière – prendre des notes y compris en prison – m’a permis de conserver ce journal en dépit de multiples vicissitudes et perquisitions, et de le faire sortir intact du pays. Son odyssée s’est révélée aventureuse et mouvementée.

Après être resté en Russie pendant deux ans, le journal a pu traverser la frontière, pour finalement s’égarer avant de me revenir. S’en est suivie une traque angoissée à travers plusieurs pays d’Europe, et alors que l’espoir de retrouver mes carnets était pour ainsi dire perdu, ils ont été découverts en Allemagne dans le grenier d’une vieille dame très effrayée. Mais il s’agit là d’une autre histoire.

L’essentiel est que le manuscrit a fini par être retrouvé et qu’il peut désormais être présenté au public dans ce livre. S’il contribue à donner une idée de la vie intérieure de la révolution pendant la période décrite, s’il permet de rapprocher le lecteur du peuple russe et de son épouvantable martyre, la mission que se proposait mon journal aura été accomplie, et mes efforts
largement récompensés.

Alexandre Berkman

https://lille.indymedia.org/spip.php?article33397

https://nantes.indymedia.org/system/zine/2021/01/10/54654/berkman_le_mythe_bolchevik_1.pdf


autres sources possibles :

  • https://en.wikipedia.org/wiki/The_Bolshevik_Myth
  • https://dissidences.hypotheses.org/8874
  • https://www.marxists.org/francais/general/berkman/works/1922/00/Berkman_Mythe.pdf
  • https://www.socialisme-libertaire.fr/2021/02/qu-est-ce-que-la-rebellion-de-kronstadt.html
  • https://www.socialisme-libertaire.fr/2016/07/a-la-memoire-de-l-insurrection-de-kronstadt.html
  • https://metallatesta.blogspot.com/2019/09/le-mythe-bolchevique-de-alexandre.html

Parmi les nombreuses rééditions fleurissant sur la tombe de la centenaire révolution russe, Le Mythe bolchevik d’ Alexandre Berkman fait certainement partie des indispensables. Récit au jour le jour du retour au pays d’un révolutionnaire expulsé des États-Unis, il donne en effet un extraordinaire aperçu de la situation de la Russie des années1920-1921, en pleine guerre civile mais surtout en proie à la contre-révolution intérieure menée par le parti communiste au pouvoir.

Débordant d’enthousiasme à son arrivée et désirant plus que tout participer avec les bolcheviks dans la construction de ce « »paradis des travailleurs »» tant attendu, l’anarchiste Berkman perdra cependant progressivement – et douloureusement – ses illusions, au fil de nombreuses rencontres aussi bien avec les leaders révolutionnaires qu’avec d’innombrables inconnu·e·s lors de ses voyages à travers le pays.

Avec un réel talent d’écriture et un sens certain de l’anecdote signifiante, il raconte la misère et la révolte des paysan·ne·s soumis·es aux réquisitions forcées, l’arbitraire et la toute-puissance de la nouvelle police politique, la Tcheka, et voit avec angoisse « »la dictature du Parti devenir l’absolutisme irresponsable de quelques suzerains, les apôtres de la liberté se transformer en bourreaux du peuple »».

Le coup de grâce à ses espoirs révolutionnaires sera donné par l’écrasement de Kronstadt en lutte pour des soviets libres, qu’il commente dans son journal de cette note lapidaire »: « « 18 mars. – Les vainqueurs fêtent l’anniversaire de la Commune de 1871. Trotski et Zinoviev accusent Thiers et Galliffet d’avoir massacré les rebelles de Paris… »».       GS       –    

  • https://www.editions-allia.com/files/note_5748_pdf.pdf