La repression va bon train…..
Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennes
Lieux : Poitiers
La Repression va bon train…..
La Repression va bon train
Depuis quelques jours une vingtaine de lycéenNEs ont convenus touTEs ensemble d’une action afin d’opérer une prise de conscience des dangers de cette réforme imposée par le gouvernement. Ce jeudi 17 décembre nous nous sommes donc donnéEs rendez-vous afin de bloquer le lycée, non pas pour empêcher les élèves d’aller en cour, de leur priver du droit à l’éducation mais plutôt pour les mobiliser une journée, leur expliquer en quoi consiste cette mutation de l’école. Vingt, trente puis quarante élèves intéressés s’amassent devant les portes. Donc tout se passait bien dans la joie et la bonne humeur, trois policiers faisaient la circulation car la masse d’élèves s’agglutinaient sur la route. Mais il aurait la bloquer totalement puisqu’à plusieurs reprises des voitures ont failli percuter des élèves qui traversaient et ceux qui avaient bloquer la route pour permettre à tous les lycéenNEs de discuter autour d’un bon café, d’un gâteau ou d’un jus de fruit ( pour ceux qui avaient froid, ils voulaient faire un feu, déjà fait l’an passé). Mais lorsque le feu s’allume un policier tente de l’éteindre en le piétinant, tout le monde le hue et l’applaudit ironiquement. La tension monte brutalement lorsque arrive une dizaine de policiers et 8 autres en civil (les membres de la BAC réputés pour leur zèle). La foule s’agite et une cinquantaine de lycéenNEs prennent place spontanément sur la route. La pression monte encore d’un cran lorsque les policiers sortent les tons casques et les gaz lacrymogènes.
Ensuite ils tentent violemment de défaire le blocus en utilisant la force mais les lycéenNEs résistent, s’accrochent entre eux/elles. Les policiers tentes des interpellations. Des coups sont portés, certainEs s’interposent et sont violemment jetéEs à terre (l’un deux a le coude écorché et l’autre se plaint de douleurs au poignet) . Un des lycéenNEs est interpellé, ils/elles protestent, et se tient à une barrière, 4 policiers et le force à lâcher pris. Il est ensuite menotté et emmené au commissariat mais comme il n’y a aucuns chefs d’inculpation puisqu’il n’a strictement rien fait, il est relâché une demi heure plus tard. Les policiers sont maintenant devant la porte, il est 10h et le blocus est terminé..
Mais la Lutte continue, ça n’est pas la répression qui l’arrêtera…
Des L.I.P ( LycéennEs InsurgéEs de Poitiers ) de “Victor Hugo”
Cette année encore, les lycéens appellent à la grève et à la lutte contre la nouvelle réforme annoncée par le ministre Châtel. L’année dernière, c’était contre celle de Darcos, il y eut avant la lutte contre le CPE, avant encore les réformes Fillon, etc.
Cela fait des années que les lycéens bloquent leurs établissements et occupent très régulièrement la rue, courageusement, pour dénoncer les dizaines de milliers de postes supprimés chaque année ainsi que les diverses réformes qui prétendent les maquiller.
“Le secret de la liberté est le courage.” Périclès.
Du courage il leur en faut car ils font face à une répression sauvage, incroyablement violente, prenant de multiples aspects: la brutalité physique de la police d’abord qui gaze, qui frappe et qui arrête (1); l’immoralité de la justice derrière qui condamne à tour de bras, prononce amendes sur amandes et peines de prison ferme sur des accusations non avérées ou dérisoires (2); les médias ensuite qui colportent systématiquement et sans aucune vérification la propagande de ce pôle police-justice ultra-gauche tendance mégalo-mythomane; les politiques et les syndicats enfin qui achèvent le travail en prétendant de concert que tout cela est démocratique et républicain et n’ergotent jamais que sur des choses sans aucun intérêt.
L’appareillage terroriste de l’État est très étudié, très sophistiqué et très impressionnant mais rien n’y fait! Les lycéens sont toujours là, dans la rue, increvables et ils ont bien raison.
Professeur contractuel depuis le 4 juin 2005, je suis mes élèves depuis cette époque et j’occupe régulièrement la rue, moi aussi. Contrairement à eux, je n’ai jamais fait le choix de la grève et de la rue mais je l’ai subi tout au long des nombreuses et longues périodes de chômage non indemnisé entre les 22 contrats précaires (3) que j’ai signé avec mon employeur voyou, l’Éducation Nationale.
Aujourd’hui, je suis encore à la rue. Lorsque j’écris à l’Inspection d’Académie pour qu’on me porte conseil, on ne me répond pas. Quand j’écris au Rectorat pour que mon dossier soit réexaminé, aucune réponse.
Mon dossier est pourtant très bon, jalonné de plusieurs avis très favorables de la part de plusieurs chefs d’établissement, d’une lettre élogieuse quant à mon travail adressée par le Principal d’un collège au Rectorat et à l’Inspection, des lettres d’encouragement très flatteuses m’ont aussi été adressées par mes élèves au cours de mes nombreux remplacements, ce qui n’est pas si commun en ces temps où les professeurs se font insultés voire agressés par leurs élèves sans que personne ou presque ne s’en émeuve (4).
On pourrait naïvement croire que le rôle des syndicats serait de combattre ces pratiques hors-la-loi, que même les organisations patronales, dans leurs rêves les plus fous, n’oseraient réclamer. En effet, au bout de trois contrats temporaires, une entreprise est obligée d’embaucher.
Que nenni! Car selon ces moines sectaires, ne pas être titulaire du CAPES est pire que le crime de ne pas avoir fait son baptême et sa communion. Hors de l’Église, point de salut!
Que de nombreux lycéens aient témoigné des menaces brandies par la Police de les inscrire sur les « listes noires des concours de la fonction publique » s’ils persistaient à s’opposer aux projets anti-éducatifs du gouvernement, tout cela ne les interpelle pas le moins du monde.
Depuis 2005, je passe chaque année les concours (CAPES et CAPLP) et j’ai aussi observé à ce sujet une anomalie très troublante: à une même épreuve, l’oral d’exposé, mes notes varient de 0,4 à 17! Quelle meilleure preuve pourrais-je jamais apporter à la malhonnêteté ou pire l’inconsistance de certains jurys?
Dans un cas comme dans l’autre, la note est envoyée par la poste, sans explications et rien dans l’attitude du jury pendant le déroulement de l’épreuve ne permet de la comprendre, si bien que j’ai perdu depuis toute confiance dans « l’impartialité » de ces concours, au moins en ce qui concerne les épreuves orales.
Mais il est de toute façon inadmissible qu’après 5 ans dans le métier et plus d’une vingtaine de contrats signés, il faille encore que je passe des épreuves d’admission. J’ai probablement travaillé dans plus d’établissements scolaires que certains membres du jurys et fait plus d’études qu’eux, même si elles ne concernent pas uniquement la matière que j’enseigne! Les membres du jurys jugent notre capacité à enseigner mais qui juge leur capacité à nous examiner?
Aujourd’hui, je me retrouve encore à la rue car il suffit d’un caprice d’un principal trop zélé pour que cela arrive et tous les recours restent lettres mortes. Il m’ a même fallu attendre plus d’un mois avant de recevoir les documents nécessaires pour m’inscrire à Pôle Emploi où l’on m’a suggéré d’élargir ma recherche d’emploi vers les établissements catholiques! Toujours la même rengaine: Hors de l’Église point de salut…
Mais parce que je suis professeur de toute mon âme, je fais mien l’adage contraire : point de salut pour l’Église, vive l’École! Quant à l’Éducation Nationale, bien au delà des dernières réformes déjà largement commentées, voici ce que j’ai à lui dire:
« J’ai eu suffisamment d’emmerdes dans ma vie, personne n’a le droit de me traiter comme tu l’as fait toutes ces années sans le payer. Avec toutes tes belles paroles et tes jolies formules. Je ne supporte pas que les gens te considèrent encore comme une école alors que ceux qui te dirigent, préfèrent très manifestement l’Église à la Science et qu’à leur image, tu n’es devenu qu’un lâche, qu’une vermine. En 2005, des feus t’ont pris pour cible mais cela ne t’a fait ni chaud ni froid. Depuis, les lycéens n’ont cessé de manifester contre ce que tu deviens et tu les as frappés et enfermés sans vergogne, sans trêve mais sans parvenir à les faire taire. Tu vas voir ce que c’est que de se faire traîner dans la boue et je te promets, avec eux, que ce n’est que le début. »
http://anarced.over-blog.org/article-bo … 43359.html
(1) Parfois les chefs d’établissement s’en mêlent comme il y a quelque jours à Nîmes où Jean-François Pons, le proviseur du lycée Camus, a « débarrassé une entrée de manière assez musclée », comme il l’avoue lui-même, en renvoyant une palette de bois sur les jeunes.
(2) A titre d’exemple: vendredi 14 décembre 2007, à Brest, Laurent Segond est condamné en comparution immédiate à deux ans de prison fermes pour avoir lancé un pavé sur une voiture de police banalisée pendant une manifestation lycéenne.
(3) Je peux prouver tous les chiffres que j’avance.
(4) Le cas de Madame Lespagnol rudement insultée par toute sa classe sous le seul prétexte qu’elle interdisait l’usage des portables en classe est révélateur du comportement difficile des élèves d’aujourd’hui et de l’incompétence de l’Administration et de l’Inspection à affronter ces problèmes.