T
INTRODUCTION
1. (en) La révolution industrielle et ses conséquences ont été un
désastre pour la race humaine. Elle a accru la durée de vie dans les
pays « avancés », mais a déstabilisé la société, a rendu la vie
aliénante, a soumis les êtres humains a des humiliations, a permis
l’extension de la souffrance mentale (et de la souffrance physique
dans les pays du Tiers-Monde) et a infligé des dommages terribles à
la biosphère. Le développement constant de la Technologie ne fera
qu’aggraver la situation. Ce qu’auront à subir les hommes et la
biosphère sera de pire en pire ; le chaos social et les souffrances
mentales s’accroîtront, et il est possible qu’il en aille de même
pour les souffrances physiques, y compris dans les pays « avancés ».

2. (en) Le système techno-industriel peut survivre ou s’effondrer.
S’il survit, il PEUT éventuellement parvenir à assurer un faible
niveau de souffrances mentales et physiques, mais seulement après
être passé par une longue et douloureuse période d’ajustements, et
après avoir réduit les êtres humains et toutes les créatures
vivantes à de simples rouages, des produits calibrés de la machine
sociale.
En outre, si le système perdure, les conséquences sont inéluctables
: Il n’y a aucun moyen de reformer ou modifier le système de façon à
l’empêcher de dépouiller les hommes de leur dignité et de leur
autonomie.
3. (en) Si le système s’effondre, les conséquences seront
dramatiques. Mais plus le système se développera, plus désastreux
seront les effets de sa destruction, et donc il vaut mieux qu’il
s’effondre au plus vite.
4. (en) Par conséquent, nous préconisons une révolution contre le
système industriel. Cette révolution peut user de violence ou pas ;
elle peut-être brève et radicale ou s’étaler sur plusieurs décades
en tant que processus graduel. Nous ne pouvons le prédire. Mais nous
pouvons présenter de manière générale les mesures que ceux qui
haïssent la société industrielle devront prendre pour s’engager sur
le chemin de la révolution contre cette forme de société. Il ne
s’agit pas d’une révolution POLITIQUE. Son objectif n’est pas de se
débarrasser des gouvernements, mais de la base techno-économique de
la société actuelle.
5. (en) Dans ce qui va suivre, nous porterons notre attention sur
certains aspects négatifs générés par le système techno-industriel.
Certains autres aspects ne seront que brièvement abordés, voire
ignorés. Cela ne signifie pas que ces autres aspects ne soient pas
importants. Pour des raisons pratiques, nous avons restreint nos
propos à des domaines qui ne sont pas bien connus du grand public ou
pour lesquels nous présentons du neuf. Par exemple, bien que les
mouvements écologistes soient bien implantés, nous avons peu écrit à
propos de la dégradation de l’environnement et de la destruction de
la biosphère, même si nous considérons cela comme de la plus haute
importance.

PSYCHOLOGIE DE LA GAUCHE MODERNE
6. (en) Pratiquement tout le monde s’accorde à reconnaître que nous
vivons dans un monde chaotique. Une des manifestations les plus
répandues de la folie de notre monde en est le « gauchisme »
[leftism] ; une discussion sur le « gauchisme » peut servir
d’introduction à une discussion des problèmes de la société moderne
en général.
7. (en) Mais qu’est ce que le « gauchisme » ? Durant la première
moitié du 20e siècle, le « gauchisme » pouvait grosso modo être
identifié au socialisme. Aujourd’hui le mouvement est plus diffus,
et il est plus difficile de discerner ce qu’est un « gauchiste ».
Quand nous parlons de « gauchistes » dans ce texte, nous pensons
principalement aux socialistes, collectivistes, adeptes du «
politiquement correct », féministes, homosexuels, défenseurs des
droits des animaux et ainsi de suite. Mais tous ceux qui sont
affiliés à ces mouvements ne sont pas nécessairement des «
gauchistes ». Nous allons essayer de montrer que le « gauchisme »
n’est pas tant un mouvement ou une idéologie que la manifestation
d’un type psychologique, ou plutôt de différents types. Ainsi, ce
que nous appelons « gauchisme » apparaîtra plus clairement au cours
de notre exposé sur la psychologie « gauchiste » (voir aussi
paragraphes 227-230).
8. (en) Même ainsi, notre conception du « gauchisme » apparaîtra
bien moins claire que nous ne l’aurions souhaité, mais il ne semble
pas qu’il puisse en être autrement. Tout ce que nous allons tenter
de faire sera d’exposer en gros et approximativement les deux
tendances psychologiques que nous croyons être les lignes de force
principales du « gauchisme » moderne. Nous n’avons pas la prétention
d’expliquer tout ce qui fait la psychologie « gauchiste ». Ainsi
nous nous limiterons seulement au « gauchisme » moderne. Nous
laisserons de côté ce qui pourrait s’appliquer aux « gauchistes » du
19e et du début du 20e siècle.
9. (en) Les deux tendances psychologiques qui sous tendent le «
gauchisme » moderne sont le « sentiment d’infériorité » et la «
sur-socialisation ». Le « sentiment d’infériorité » s’applique au «
gauchisme » moderne dans son ensemble, tandis que la «
sur-socialisation » se s’applique qu’à une partie du « gauchisme »
moderne, mais cette partie est la plus influente.

LE SENTIMENT D’INFÉRIORITÉ
10. (en) Par « sentiment d’infériorité » nous ne pensons pas
seulement au sentiment d’infériorité dans le sens strict du terme,
mais à tout un faisceau de traits apparentés : faible estime de soi,
sentiment de faiblesse, tendances dépressives, défaitisme,
culpabilité, haine de soi, etc. Nous prétendons que les « gauchistes
» modernes sont habités par ces sentiments (plus ou moins marqués)
et que ces sentiments sont fondamentaux pour la détermination du «
gauchisme » moderne.
11. (en) Quand quelqu’un prend comme une offense personnelle
pratiquement tout ce qui peut être dit à propos de lui (ou des
groupes auxquels il s’identifie), nous en concluons qu’il souffre
d’un sentiment d’infériorité ou d’une faible estime de soi. Cette
tendance est prononcée chez les défenseurs des droits des minorités,
qu’ils appartiennent ou non aux dites minorités. Ils sont
hypersensibles quant aux mots utilisés pour désigner ces minorités.
Les termes « noir », « jaune », « handicapé » ou « nana » pour un
africain, un asiatique, une personne souffrant de troubles
invalidants, ou une femme n’ont pas à l’origine une connotation
péjorative. « Gonzesse » et « nana » sont simplement les équivalents
féminins de « mec », « type » ou « gars ». Les connotations
péjoratives ont été attachées à ces termes par les activistes
eux-mêmes. Certains défenseurs des animaux vont jusqu’à rejeter le
vocable de pet [animal de compagnie ; pas d’équivalent français]
pour celui d’« animal de compagnie ». Les anthropologues «
gauchistes » font de grands efforts pour essayer de dissimuler ce
qui pourrait être interprété comme négatif chez les peuplades
primitives. Ils voudraient remplacer le terme « primitif » par «
nonliterate » [qui ne sont pas parvenus au stade de l’écriture]. On
arrive à une attitude paranoïaque envers tout ce qui pourrait
suggérer qu’une culture primitive puisse être inférieure à la notre
(nous ne voulons pas dire que les cultures primitives SONT
inférieures à la notre ; nous voulons simplement montrer
l’hypersensibilité des anthropologues « gauchistes »).
12. (en) Ceux qui sont le plus sensible au « politiquement correct »
ne sont pas des habitants des ghettos noirs, ni des immigrants
asiatiques, des femmes battues ou des handicapés, mais une minorité
d’activistes, la plupart d’entre eux ne venant d’aucun des groupes «
opprimés », mais bien plutôt des couches privilégiées de la société.
La forteresse du « politiquement correct » abrite essentiellement
des professeurs d’université, qui ont la sécurité de l’emploi avec
de confortables salaires, et la majorité d’entre eux sont des blancs
hétérosexuels de la classe moyenne.
13. (en) Beaucoup de « gauchistes » s’identifient avec les groupes
qui ont une image d’êtres faibles (femmes), de vaincus
(Amérindiens), de victimes d’ostracisme (homosexuels) ou de toute
forme d’infériorité en général. Les « gauchistes » ont eux-mêmes le
sentiment que ces groupes sont inférieurs. Ils ne se l’admettront
jamais, mais c’est précisément parce qu’ils ressentent ces groupes
comme inférieurs qu’ils s’identifient à leurs problèmes (Nous ne
voulons pas dire que les femmes, les indiens, etc., SONT inférieurs
; nous élucidons la psychologie « gauchiste » quant à ce point).
14. (en) Les féministes sont obsédées par l’idée de prouver que les
femmes sont aussi fortes et aussi capables que les hommes. Il est
évident qu’elles sont angoissées par le fait qu’une femme puisse ne
PAS être aussi forte et aussi capable qu’un homme.
15. (en) Les « gauchistes » ont tendance à haïr tous ceux qui
donnent une image de personnes fortes, bonnes et qui réussissent.
Ils haïssent les USA, la civilisation occidentale, ils haïssent les
hommes blancs, ils haïssent le rationalisme. Les raisons
qu’invoquent les « gauchistes » pour haïr l’Occident, etc., ne
correspondent évidemment pas avec leur motivations réelles. Ils
DISENT qu’ils haïssent l’Occident car il est belligène,
impérialiste, sexiste, ethnocentrique, et ainsi de suite, mais
lorsque ces même tares apparaissent dans les pays socialistes ou
dans les cultures primitives, les « gauchistes » leur trouvent des
excuses, ou au mieux admettent A CONTRE CŒUR qu’elles existent ;
alors qu’ils soulignent AVEC ENTHOUSIASME ces mêmes tares dans la
civilisation occidentale. Ainsi, il est clair que ces tares ne sont
pas le motif réel des « gauchistes » pour haïr les USA et
l’Occident. Ils haïssent les USA et l’Occident parce qu’ils sont
forts et puissants.
16. (en) Des termes tels que « confiance en soi », « initiative », «
entreprise », « optimisme », etc., jouent peu de rôle dans le
vocabulaire libéral et « gauchiste ». Le « gauchiste » est
anti-individualiste, pro-collectiviste. Il veut que la société règle
les problèmes de tout un chacun et prenne soin de lui. Il n’a a pas
l’esprit d’une personne ayant une profonde confiance en elle-même,
dans sa capacité à résoudre ses problèmes et à satisfaire ses
besoins. Le « gauchiste » est opposé au concept de compétition car
au fond de lui, il a une mentalité de perdant.
17. (en) Les formes d’art qui séduisent les intellectuels «
gauchistes » modernes se polarisent sur le sordide, l’échec et le
désespoir, ou bien se complaisent dans un mode orgiaque, rejetant le
rationalisme comme s’il n’y avait aucun espoir d’accomplir quelque
chose grâce à la pensée rationnelle, et que tout ce qui restait
était de se plonger dans les sensations du moment.
18. (en) Les philosophes « gauchistes » modernes ont tendance à
repousser raison, science, réalité objective et à préférer le
relativisme culturel. Il est vrai que l’on peut se poser de
sérieuses questions sur les fondements du savoir scientifique, et
comment, finalement, le concept de réalité objective peut être
défini. Mais il est évident que les philosophes « gauchistes »
modernes ne sont pas simplement de froids logiciens analysant
systématiquement les fondements du savoir. Ils sont profondément
impliqués au niveau émotionnel dans leur attaques contre la vérité
et la réalité. Ils attaquent ces concepts en fonction de leurs
besoins psychologiques. D’une part leur attaque canalise leur
hostilité, et, pour autant qu’elle soit accomplie avec succès, elle
satisfait le besoin de pouvoir. Plus important, les « gauchistes »
haïssent les sciences et le rationalisme car ces derniers
classifient certaines attitudes mentales comme bonnes (c.-à-d. : le
succès, la supériorité) et d’autres comme mauvaises (c.-à-d. :
l’échec, l’infériorité). Le sentiment d’infériorité du « gauchiste »
est tel qu’il ne peut supporter cette classification entre supérieur
et inférieur. Ceci sous-tend le rejet de nombreux « gauchistes » du
concept de maladie mentale et de l’utilité des tests QI. Les «
gauchistes » sont opposés aux thèses génétiques sur les capacités et
comportements humains du fait que ces théories font apparaître
certaines personnes comme supérieures et d’autres comme inférieures.
Les « gauchistes » préfèrent laisser la responsabilité à la société
de la capacité ou de l’incapacité d’un individu. Ainsi, si une
personne est « inférieure », ce n’est pas de sa faute, mais celle de
la société qui ne lui a pas permis de se réaliser.
19. (en) Typiquement, le « gauchiste » n’est pas le genre de
personne dont le sentiment d’infériorité fera de lui un vantard, un
égotiste, une brute, un mégalomane ou un compétiteur impitoyable. Ce
genre de personnes n’ont pas tout à fait perdu confiance en
elles-mêmes. Elles estiment mal leur propre valeur et leur pouvoir,
mais ont encore la capacité de se concevoir comme fortes, et leurs
efforts pour arriver à ce résultat explique leur comportement
déplaisant.[1] Mais le « gauchiste » est bien au delà de tout cela.
Son sentiment d’infériorité est tel qu’il lui est impossible de
s’imaginer comme quelqu’un de fort et de valable. Ce qui explique le
collectivisme du « gauchiste ». Il ne peut se sentir fort que comme
membre d’une grande organisation ou d’un mouvement de masse avec
lequel il puisse s’identifier.
20. (en) Remarquons les tendances masochistes des tactiques «
gauchistes ». Les « gauchistes » protestent en s’allongeant devant
des véhicules, ils provoquent intentionnellement la police ou les
racistes pour qu’ils les agressent, etc. Ces tactiques peuvent
parfois obtenir des résultats, mais beaucoup de « gauchistes » ne
les utilisent pas comme des moyens correspondant à une fin, mais
parce qu’ils PRÉFÈRENT les tactiques masochistes. La haine de soi
est une caractéristique « gauchiste ».
21. (en) Les « gauchistes » peuvent bien clamer que leur activisme
est motivé par la compassion ou un principe moral (et le principe
moral ne joue aucun rôle pour les « gauchistes » du type «
sur-socialisés »). Mais la compassion et la morale ne peuvent être
les motivations principales de l’activisme « gauchiste ».
L’hostilité est une composante bien trop importante de la mentalité
« gauchiste » ; c’est en fait elle qui mène la barque. De surcroît,
le comportement de beaucoup de « gauchistes » n’est pas rationnel
quand il s’agit d’agir de façon bénéfique envers les personnes
auxquelles ils disent venir en aide. Par exemple, si l’on estime que
l’affirmative action est bonne pour les noirs, est-ce que cela a un
sens de la faire dans des termes hostiles ou dogmatiques ? Il est
évident qu’il serait plus rentable d’avoir une approche plus
diplomatique et plus conciliatrice, en faisant au moins des
concessions verbales ou symboliques aux blancs qui pensent que
l’affirmative action est discriminatoire pour eux. Mais les «
gauchistes » n’ont pas ce genre d’approche car elle ne satisferait
pas leurs penchants psychologiques. L’aide aux noirs n’est pas leur
véritable but. En fait, le problème racial est une excuse pour
exprimer leur propre hostilité et leur besoin frustré de pouvoir. Ce
faisant, ils vont à l’encontre des aspirations des noirs, car leur
attitude hostile envers la majorité blanche a tendance à intensifier
la haine raciale.
22. (en) Si notre société n’avait pas le moindre problème, les «
gauchistes » INVENTERAIENT des problèmes pour justifier leur
agitation.
23. (en) Il est évident que ce qui précède ne prétend pas être un
description précise de quiconque peut-être considéré comme un «
gauchiste ». Il ne s’agit que d’une indication générale des
tendances du « gauchisme ».

LA SUR-SOCIALISATION
24. (en) Les psychologues utilisent le terme de « socialisation »
pour désigner le processus par lequel les enfants apprennent à agir
et à penser en fonction des demandes de la société. Une personne est
dite bien socialisée si elle croit et obéit au code moral de cette
société et s’y insère. Cela semble ne pas tomber sous le sens de
dire que beaucoup de « gauchistes » sont sur-socialisés du fait
qu’ils sont perçus comme des rebelles. En fait cette proposition est
tout à fait défendable. De nombreux « gauchistes » ne sont pas les
rebelles qu’ils semblent être.
25. (en) Le code moral de notre société est tellement astreignant
que personne ne peut penser, sentir et agir de manière totalement
morale. Par exemple, nous sommes censés ne haïr personne, bien que
tout le monde ait haï quelqu’un à un moment ou à un autre, que ce
fait soit admit ou non. Certaines personnes sont tellement
socialisées que le devoir de penser, sentir et agir de manière
morale leur impose un pénible fardeau. Pour éviter des sentiments de
culpabilité, elles doivent sans cesse se leurrer quant à leurs
motivations et trouver des explications morales pour des sentiments
et actions qui, en réalité, n’ont pas d’origine morale. Nous
utilisons le terme de « sur-socialisés » pour désigner de pareilles
personnes.[2]
26. (en) La sur-socialisation conduit à une piètre estime de soi, un
sentiment de faiblesse, de défaitisme, de culpabilité, etc. Un des
moyens les plus importants par lequel notre société socialise les
enfants est de leur faire honte lorsque leurs comportements ou
discours est contraire à ce que cette société attend d’eux. S’il y a
exagération dans ce sens, ou si un enfant est particulièrement
réceptif à ce genre de sentiments, il finit par être honteux de
LUI-MÊME. La pensée et le comportement d’une personne sur-socialisée
sont bien plus aliénées que celles d’une autre modérément
socialisée. La majorité des gens possèdent de larges franges de
comportements antisociaux. Ils mentent, commettent de menus larcins,
enfreignent le code de la route, tirent au flanc, haïssent,
cancanent, ou utilisent des moyens déloyaux pour arriver à leurs
fins. Une personne sur-socialisée ne peut pas faire ce genre de
choses, ou si elle le fait, cela provoque un sentiment de honte et
de haine de soi. La personne sur-socialisée ne peut même pas avoir
une expérience, sans culpabilité, de pensées ou sentiments qui
soient contraires à la morale en place ; elle ne peut avoir de «
mauvaises » pensées. Et la socialisation n’est pas juste une
question de morale ; nous sommes socialisés pour nous adapter à de
nombreuses normes qui n’ont rien à voir avec la morale proprement
dite. Ainsi, la personne sur-socialisée est maintenue en laisse et
sa vie avance sur les rails que la société a construit pour elle.
Pour beaucoup de personnes sur-socialisées, cela se traduit par un
sentiment de contrainte et de faiblesse qui peut être un terrible
handicap. Nous affirmons que la sur-socialisation est parmi les
pires choses qu’un être humain peut infliger à un autre.
27. (en) Nous pensons qu’une très grande et très influente partie de
la gauche moderne est sur-socialisée et que cette sur-socialisation
est d’une grande importance dans la constitution du « gauchisme »
moderne. Les « gauchistes » sur-socialisés sont en général des
intellectuels ou des membres de la classe moyenne supérieure. Notons
que les universitaires [3] constituent la portion la plus
sur-socialisée de notre société, ainsi que la plus à gauche.
28. (en) Le « gauchiste » sur-socialisé essaie de se débarrasser de
sa laisse mentale et affirme son autonomie en se rebellant. Mais il
n’est pas généralement assez fort pour se rebeller contre les plus
élémentaires valeurs de la société. En fait, les buts des «
gauchistes » actuels n’entrent PAS en conflit avec la morale
courante. Au contraire, la gauche s’approprie un principe moral
reconnu, l’adopte comme étant le sien, puis accuse le gros de la
société de violer le dit principe. Par exemple : égalité des races,
des sexes, aide aux pauvres, pacifisme, non violence en général,
liberté d’expression, bonté envers les animaux. Plus
fondamentalement, les devoirs des individus envers la société, et
ceux de la société vis à vis des individus. Tout ces valeurs sont
profondément enracinées dans notre société (ou au moins dans les
couches sociales supérieures [4]) depuis longtemps. Ces valeurs sont
explicitement ou implicitement formulées par les mass-média ou le
système éducatif. Les « gauchistes », surtout sur-socialisés, ne se
rebellent pas contre ces valeurs mais justifient leur hostilité à la
société en prétendant (avec une certaine raison) que la dite société
vit en contradiction avec ces valeurs.
29. (en) Voici une illustration qui montre combien les « gauchistes
» sur-socialisés sont attachés aux attitudes conventionnelles de
notre société tout en prétendant se rebeller contre elle. Beaucoup
de « gauchistes » se remue pour l’affirmative action, pour
promouvoir les noirs à des métiers gratifiants, pour améliorer le
niveau dans les écoles noires, ainsi qu’une augmentation du budget
pour ces écoles ; pour eux la « sous-vie » des noirs est une tare
sociale. Ils veulent intégrer les noirs dans le système, en faire
des hommes d’affaire, des juristes, des scientifiques, comme c’est
le cas des blancs des classes aisées. Les « gauchistes » répondront
que la dernière chose qu’ils veulent est de faire d’un noir une
copie d’un blanc ; En fait, ils veulent préserver la culture
afro-américaine. Mais en quoi consiste cette préservation ? Cela se
résume à manger de la cuisine noire, écouter de la musique noire, se
vêtir de vêtements pour noirs, et aller dans des églises noires ou
dans des mosquées. Sur le fond, il ne s’agit que de quelque chose de
totalement superficiel. Sur L’ESSENTIEL, les « gauchistes »
sur-socialisés veulent rendre le noir conforme aux idéaux blancs de
la classe moyenne. Ils veulent que ce dernier étudie des matières
scientifiques, devienne un cadre ou un scientifique, passe sa vie à
grimper les échelons pour prouver que les noirs valent les blancs.
Ils veulent que les pères noirs soient « responsables », que les
gangs deviennent non-violents, etc. Mais ce sont exactement les
valeurs du système techno-industriel. Le système se moque de savoir
ce que vous écoutez comme musique, ce avec quoi vous vous habillez,
la religion en laquelle vous croyez, tant que vous étudiez à
l’école, dégottiez un travail respectable, soyez un parent «
responsable », un individu non-violent, et ainsi de suite. En effet,
quoi que puissent être ses dénégations, le « gauchiste »
sur-socialisé veut intégrer le noir dans le système et lui en faire
adopter les valeurs.
30. (en) Nous ne prétendrons certainement pas que les « gauchistes
», même « sur-socialisés », ne se rebellent JAMAIS contre les
valeurs fondamentales de notre société. Bien sur, il arrive qu’ils
le fassent. Certains gauchistes sur-socialisés sont allés si loin
dans la rébellion contre notre société moderne qu’ils se sont
engagés dans l’action violente. Selon leurs propres dires, la
violence est pour eux une forme de « libération ». En d’autres
termes, en devenant violents, ils brisent les contraintes morales
qu’ils ont en eux. Du fait de leur sur-socialisation, ces
contraintes sont plus enfouies chez eux ; d’où le besoin impérieux
de s’en défaire. Mais ils justifient ordinairement leur rébellion au
nom de valeurs reconnues. S’ils s’engagent dans l’action violente,
ils affirmeront qu’ils combattent le racisme ou quelque chose du
même acabit.
31. (en) Nous sommes conscients que de nombreuses objections peuvent
être émises contre l’exposé rapide qui précède concernant la
psychologie « gauchiste ». La situation réelle est complexe, et une
description exhaustive prendrait plusieurs volumes quant bien même
toute la documentation serait disponible. Nous affirmons simplement
avoir donné des pistes concernant les deux principales tendances de
la psychologie du « gauchisme » moderne.
32. (en) Les problèmes du « gauchisme » sont ceux de notre société
dans son ensemble. Faible estime de soi, tendances dépressives et
défaitisme ne sont pas l’apanage de la gauche. Bien qu’ils soient
particulièrement prononcés dans les rangs de la gauche, ils sont
omniprésent dans notre société. Et la société actuelle essaie de
nous socialiser à un degré jamais atteint par les sociétés
précédentes. Nous sommes même conseillés par des experts pour
manger, pour nous maintenir en forme, pour faire l’amour, pour
élever nos enfants et ainsi de suite.

LE PROCESSUS DE POUVOIR
33. (en) Les êtres humains ont un besoin (probablement d’ordre
biologique) pour quelque chose que nous appellerons le « processus
de pouvoir ». Il est apparenté au besoin de pouvoir (qui est bien
connu) mais qui n’est pas exactement la même chose. le processus de
pouvoir comprend 4 éléments. Parmi les 3 les plus facilement
identifiables, nous citerons le but, l’effort et la réalisation du
but (tout le monde a besoin de buts dont la réalisation demande des
efforts et a besoin de réaliser au moins quelques uns de ces buts).
Le quatrième élément est plus difficile à définir et n’est pas
nécessaire à tout le monde. Nous appellerons l’autonomie et nous en
discuterons plus loin (paragraphes 42-44).
34. (en) Prenons comme hypothèse le cas d’un homme qui obtiendrait
tout ce qu’il veut simplement en le désirant. Cet homme a du
pouvoir, mais il va aussi avoir de sérieux problèmes psychologiques.
Au début, cela l’amusera beaucoup, mais au fur et à mesure, il
finira par s’ennuyer et par être démoralisé. Eventuellement, il peut
devenir dépressif, au sens clinique du terme. L’histoire nous montre
que les aristocraties sybarites ont fini par devenir décadentes. Ce
n’est pas vrai pour les aristocraties combatives qui avaient à se
battre pour conserver leur pouvoir. Mais les aristocraties
indolentes et bien installées qui n’avaient pas besoin de défendre
leurs prérogatives sont souvent devenues blasées, hédonistes, et
démoralisées, quant bien même elles détenaient le pouvoir. Ceci
montre que le pouvoir n’est pas tout. On doit avoir des buts
permettant d’exercer ce pouvoir.
35. (en) Tout le monde a des buts ; au moins acquérir le minimum
vital : nourriture, eau, de quoi se vêtir et s’abriter. Mais
l’aristocratie désœuvrée obtient tout cela sans effort. D’où son
ennui et sa démoralisation.
36. (en) L’échec à réaliser des buts importants amène à la mort
s’ils concernent des besoins vitaux, et à la frustration s’ils ne
mettent pas en danger la vie du sujet. Des échecs graves pour
parvenir aux buts d’une vie conduisent au défaitisme, à la faible
estime de soi, et à la dépression.
37. (en) Ainsi, pour éviter de graves problèmes psychologiques, un
être humain a besoin de buts qui nécessitent un effort, et il doit
avoir une chance raisonnable d’aboutir à ses fins.

LES ACTIVITÉS COMPENSATRICES
38. (en) Mais toutes les aristocraties désœuvrées ne succombent pas
à l’ennui et à la démoralisation. Par exemple, l’empereur Hirohito,
au lieu de sombrer dans un hédonisme décadent, s’occupa de biologie
marine, domaine dans lequel il devint un expert. Quand les gens
n’ont pas à se débrouiller pour satisfaire leurs besoins primaires,
ils se créent des buts artificiels. Dans la majorité des cas, ils
poursuivent ces buts avec la même énergie et le même enthousiasme
que s’il s’agissait d’assouvir un besoin naturel. Ainsi, les
aristocrates de l’empire romain avaient des prétentions littéraires
; de nombreux nobles européens d’ il y a quelques siècles
dépensaient un temps et une énergie folle à la chasse, bien qu’ils
n’aient eu nul besoin de la viande ; d’autres sont entrés en
compétition pour leur rang par un étalage de richesses ; et quelques
uns, comme Hirohito, se sont tournés vers la science.
39. (en) Nous avons utilisé le terme de « activités compensatrices »
pour désigner une activité dirigée vers un but artificiel qu’une
personne s’est inventé pour simplement avoir quelque chose vers
lequel tendre et œuvrer, ou selon ses dires pour la satisfaction
personnelle qu’elle tire de cette activité. Ceci est une règle d’or
pour identifier une activité compensatrice. En présence d’une
personne qui passe le plus clair de son temps à la poursuite d’un
but X, demandez vous : si elle employait tout son temps et son
énergie à satisfaire des besoins vitaux, et si cet effort
nécessitait de sa part l’emploi de toutes ses facultés
intellectuelles ou physiques de manière variée et intéressante,
serait-elle vraiment frustrée de ne pouvoir atteindre le but X ? Si
la réponse est non, alors cette personne s’adonne à une activité
compensatrice. Les études de Hirohito sur la biologie marine
constituent clairement une activité compensatrice, puisqu’il est
presque certain que s’il avait eu à occuper son temps à
d’intéressantes activités non-scientifiques pour assurer sa
subsistance, il n’aurait pas été frustré de ne pas tout connaître de
l’anatomie et de la vie des animaux marins. D’un autre côté, la
recherche d’amour ou de sexe (par exemple) n’est pas une activité
compensatrice, car la majorité des gens, même si leur existence est
par ailleurs satisfaisante, seraient extrêmement frustrés s’il
n’avaient de leur vie aucune relation avec un membre du sexe opposé
(toutefois, une frénésie de sexe peut-être considérée comme une
activité compensatrice).
40. (en) Dans la société industrielle moderne, un effort minimal est
nécessaire pour subvenir aux besoins vitaux. Il suffit de suivre un
programme approprié pour acquérir une minable compétence technique,
puis d’aller travailler et de déployer un effort des plus modestes
pour conserver le job. Les seules qualités requises sont une
intelligence raisonnable, et surtout de OBÉISSANCE. Si vous possédez
tout cela, la société prendra soin de vous du berceau jusqu’à la
tombe (bien entendu, il y a une « sous-classe » sociale qui ne peut
tenir la satisfaction des besoins primordiaux comme acquise, mais
nous parlons ici de la majorité de la société). Ainsi il n’est pas
surprenant que la société moderne soit pleine d’activités
compensatrices. Par exemple : les travaux scientifiques, le sport,
les activités humanitaires, la création artistique, grimper les
échelons de votre entreprise, acquérir de l’argent et des biens
matériels bien au delà du point où cela vous apporte une réelle
satisfaction, et l’activisme social quand l’activiste s’occupe de
choses qui ne le concernent pas personnellement, comme les
activistes blancs préoccupés par les droits des minorités. Il n’y a
pas toujours d’activités purement compensatrices, car de nombreuses
personnes sont motivés en partie pour des raisons autres que
simplement avoir un but à atteindre. Le travail scientifique peut
être motivé par un besoin de prestige, la création artistique pour
exprimer ses sentiments, le militantisme social par hostilité.
Néanmoins, en général, ces activités sont essentiellement
compensatrices. Par exemple, la majorité des scientifique admettra
probablement que la satisfaction qu’ils retirent de leur travail est
plus importante que l’argent ou le prestige.
41. (en) Pour beaucoup, si ce n’est la majorité des gens, les
activités compensatrices sont moins satisfaisantes que la poursuite
de buts réels (ce sont des buts que des gens voudrait atteindre même
si leur besoin de processus de pouvoir était déjà satisfait). Un bon
indicateur de cette tendance en est, que dans la quasi totalité des
cas, les gens qui s’adonnent avec acharnement à des activités
compensatrices ne sont jamais satisfaits, jamais totalement. Ainsi,
le boursicoteur recherche toujours plus et plus d’argent. Le
scientifique, à peine un problème résolu, se jette aussitôt sur le
suivant. Le coureur de fond s’oblige à courir toujours plus
longtemps et plus vite. Beaucoup de gens accaparés par leurs
activités compensatrices prétendront qu’il s’épanouissent bien plus
avec ces activités qu’avec la triviale nécessité de subvenir à leurs
besoins naturels, mais c’est uniquement parce que dans notre
société, cette nécessité à été réduite à sa plus simple expression.
Plus grave, dans notre société, les gens ne satisfont pas leurs
besoins vitaux de façon AUTONOME, mais en se comportant comme des
rouages d’une énorme machine sociale. Par contre, les gens ont un
grand besoin d’autonomie pour accomplir leurs activités
compensatrices.

L’AUTONOMIE
42. (en) l’autonomie comme partie du processus de pouvoir peut ne
pas être nécessaire à tous les individus. Mais la plupart des gens
ont besoin d’un degré plus ou moins grand d’autonomie pour parvenir
à leur fins. Leurs efforts doivent être entrepris de leur propre
initiative et conduit sous leur direction et leur contrôle. Déjà, la
majorité des gens ne s’occupent pas seuls de cette initiative, de ce
contrôle et de cette direction. Il suffit d’ordinaire d’agir comme
membre d’un PETIT groupe. Ainsi, si une demi douzaine de personnes
discutent d’un but entre eux et font un effort commun pour
l’obtenir, leur besoin de processus de pouvoir sera satisfait. Mais
si ils travaillent sous la tutelle d’un encadrement rigide
s’exerçant de haut en bas et ne laissant aucune place à la décision
autonome et à l’initiative, alors leur besoin ne sera pas satisfait.
Il en est de même quand les décisions sont prises quand le groupe
est si gros que le rôle de chaque individu est insignifiant.[5]
43. (en) Il est vrai que certains individus ne semblent avoir qu’un
faible besoin d’autonomie. Soit leur besoin de pouvoir est faible,
soit ils se satisfont en s’identifiant à la puissante organisation à
laquelle ils appartiennent. Et, de ce fait, ils sont décervelés,
comme des animaux qui se satisfont d’un sentiment de pouvoir
purement physique (le bon soldat content de développer des
techniques de combat dans le but d’une obéissance aveugle à ses
supérieurs).
44. (en) Mais pour beaucoup de gens, c’est par le biais du processus
de pouvoir – avoir un but, faire un effort AUTONOME et atteindre ce
but – que l’estime de soi, la confiance en soi, et un sentiment de
pouvoir sont acquis. Quand quelqu’un n’a pas l’occasion de se
colleter avec le processus de pouvoir, les conséquences sont (en
fonction de l’individu et de la façon dont se disloque le processus
de pouvoir) l’ennui, la démoralisation, une faible estime de soi,
des sentiments d’infériorité, du défaitisme, de la dépression, de
l’anxiété, de la culpabilité, de la frustration, de l’hostilité, des
mauvais traitements à la femme ou aux enfants, un hédonisme exagéré,
un comportement sexuel anormal, des troubles du sommeil ou de
l’appétit, etc.[6]

LES SOURCES DES PROBLÈMES SOCIAUX
45. (en) Tous les problèmes précédemment exposés se retrouvent dans
toutes les sociétés, mais dans la société industrielle, ils sont
prééminents. Nous ne sommes pas les premiers à dire que le monde
moderne semble devenir fou. Ceci n’est pas normal pour une société
humaine. Il y a de bonnes raison de croire que l’homme primitif
souffrait moins du stress et de la frustration et était plus heureux
de sa vie que son équivalent moderne. Il est vrai que tout n’était
pas rose dans les sociétés primitives. Le mépris des femmes est
courant chez les aborigènes d’Australie, la transexualité était
assez répandue chez certaines tribus indiennes d’Amérique. Mais EN
GROS, on peut dire que les problèmes dont nous avons précédemment
parlés étaient moins présents dans les sociétés primitives qu’ils ne
le sont dans le monde moderne.
46. (en) Nous considérons que les problèmes psychologiques et
sociaux de notre société sont dus au fait que notre société demande
aux gens de vivre dans des conditions totalement différentes de
celles dans lesquelles la race humaine s’est développée et de se
conduire de façon opposée à celle qui fut celle dans le passé. En
fonction de ce que nous avons dit auparavant, il est clair que nous
considérons que l’impossibilité d’exercer le processus de pouvoir
est la plus importante de ces conditions de vie anormales que la
société moderne impose à ses sujets. Mais ce n’est pas la seule.
Avant de parler de la déliquescence du processus de pouvoir comme
source de problèmes sociaux, nous discuterons des autres sources.
47. (en) Parmi les conditions de vie anormales dans la société
industrielle, nous pouvons citer la densité excessive de la
population, la coupure de l’homme avec la nature, la trop grande
rapidité des changements de vie, et l’effondrement des petites
communautés organiques comme la famille étendue, le village ou la
tribu.
48. (en) Il est bien connu que la surpopulation va de pair avec
l’augmentation du stress et de l’agressivité. Le degré d’entassement
qui existe actuellement et la coupure de l’homme avec la nature sont
des conséquences du progrès technologique. Toutes les sociétés
pré-industrielles étaient majoritairement rurales. La révolution
industrielle a terriblement accru la taille des villes ainsi que de
la population qui y vit, et les techniques de l’agriculture moderne
ont rendu possibles à la planète de supporter une densité de
population jamais vue auparavant (De surcroît, la technologie
décuple les effets de l’entassement car elle met entre les mains des
gens d’importants moyens de nuisance. Par exemple, une grande
variété d’objets bruyants : tondeuses motorisées, radios, motos,
etc. Si l’utilisation de ces engins n’est pas réglementée, ceux qui
veulent vivre dans le calme sont agressés par le bruit. S’il elle
est réglementée, les utilisateurs de ces engins se sentent
lésés…Mais si ces machines n’avaient jamais été inventées, il n’y
aurait aucun problème…).
49. (en) Pour les sociétés primitives, la nature (qui n’évolue que
très lentement) fournissait un cadre stable et par conséquent un
sentiment de sécurité. Dans le monde moderne, c’est l’homme qui
domine la nature plutôt que l’inverse, et la société moderne évolue
très rapidement pour suivre le progrès technique. Il n’y a plus de
cadre stable.
50. (en) Les conservateurs sont idiots : Ils se plaignent du déclin
des valeurs traditionnelles, alors qu’ils s’enthousiasment pour le
progrès technologique et la croissance économique. De toute
évidence, il ne leur apparaît pas qu’on ne peut avoir des
changements rapides, drastiques dans la technologie et l’économie
d’une société sans causer parallèlement des évolutions tout aussi
rapides dans tous les autres secteurs de cette société ; et ces
évolutions, inévitablement, mettent à bas les valeurs
traditionnelles.
51. (en) L’effondrement des valeurs traditionnelles implique celle
des liens organiques des petites structures sociales. La
désintégration des petites structures sociales est aussi favorisée
par la tendance moderne à imposer la mobilité géographique aux
individus , les séparant ainsi de leurs communautés. Pire, une
société technologique SE DOIT d’affaiblir les liens familiaux et les
petites communautés si elle fonctionne correctement. Dans la société
moderne, la loyauté d’un individu doit d’abord aller au système et
ensuite, seulement, à une petite communauté, car si la loyauté au
groupe restreint était plus forte que celle au système, de tels
groupes prendraient l’avantage sur le système.
52. (en) Supposons qu’un homme politique ou un cadre d’une
entreprise engage un cousin, un ami ou un coreligionnaire à la place
d’une autre personne plus qualifié pour ce travail. Il a permis à sa
loyauté personnelle de prendre le pas sur la loyauté envers le
système ; et le « népotisme » et la « discrimination » sont deux
péchés capitaux dans la société moderne. Les pays en voie de
développement qui n’ont pas bien réussi a subordonner la loyauté
individuelle à celle envers le système sont en général assez mal
partis (voir l’Amérique Latine). Ainsi, une société industrielle
avancée ne peut tolérer en son sein que des groupes émasculés,
brisés, et réduits à l’état de rouages.[7]
53. (en) L’entassement, la rapidité des changements, la destruction
des communautés ont été massivement reconnus comme sources de
problèmes sociaux, mais nous ne croyons pas qu’ils soient à eux
seuls responsables de l’étendue des dégâts qu’on peut constater
actuellement.
54. (en) Certaines villes pré-industrielles étaient très grandes et
très peuplées, mais leurs habitants ne semblent pas avoir souffert
d’aussi graves problèmes psychologiques que nos contemporains. Aux
USA actuellement, il existe encore des zones rurales peu peuplées,
et nous y trouvons les mêmes problèmes que dans les zones urbaines,
bien qu’ils soient moins graves en zone rurale. L’entassement ne
semble donc pas être un facteur déterminant.
55. (en) Lors de la ruée vers l’ouest durant le 19e siècle, la
mobilité de la population détruisit probablement les familles
étendues et les groupes restreints au moins sur une même échelle
qu’actuellement. En fait, beaucoup de familles nucléaires vivaient
par choix dans l’isolement, n’ayant aucun voisin à des kilomètres à
la ronde, et n’appartenant de ce fait à aucune communauté. Pourtant
il ne semble pas que les problèmes que nous connaissons se soient
développés.
56. (en) Plus encore, les changements sur la frontier américaine
furent très rapides et très profonds. Un homme pouvait être né et
avoir grandi dans une cabane en bois, à l’écart de la loi et de
l’ordre, se nourrissant principalement sur le terrain, et arrivé à
un certain âge, il pouvait avoir travaillé et vécu dans une
communauté régie par des règles bien plus strictes. Ceci constitue
un changement bien plus profond que celui qui affecte un individu
moderne, bien qu’à l’époque il ne semble pas avoir eu de
conséquences psychologiques. En fait, au 19e siècle, la société
américaine était optimiste et sûre d’elle-même, ce qui n’est plus le
cas aujourd’hui.[8]
57. (en) Nous pensons que la différence réside dans le fait que
l’homme moderne a le sentiment (largement justifié) que le
changement lui est IMPOSE, alors qu’au 19e siècle, l’homme de la
frontier avait le sentiment (largement justifié aussi) qu’il était
l’artisan de ce changement, de sa propre initiative. Ainsi un
pionnier s’installait sur un bout de terrain qu’il avait lui-même
choisi et y construisait une ferme par ses propres efforts. A
l’époque un comté dans son ensemble ne comptait que quelques
centaines d’habitants et constituait une entité bien plus isolée et
plus autonome qu’un comté de nos jours. Ce qui fait que le pionnier
participait en tant que membre d’un petit groupe à la création d’une
nouvelle communauté. On peut se demander si cette création était un
plus, mais de toute façon cela satisfaisait le besoin du pionnier
dans son processus de pouvoir.
58. (en) On pourrait donner d’autres exemples de sociétés dans
lesquelles eurent lieu de rapides changements et/ou des pertes des
liens au sein de petites communautés sans qu’il y ait eu les
aberrations comportementales que l’on peut observer dans la société
actuelle. Nous soutenons que la plus importante source des problèmes
psychologiques et sociaux actuels est l’impossibilité pour les gens
de gérer leur processus de pouvoir de manière satisfaisante. Nous ne
voulons pas dire que la société actuelle est la seule où le
processus de pouvoir a été contrarié. Probablement la plupart, si ce
n’est toutes, les civilisations ont contrarié le processus de
pouvoir à plus ou moins grande échelle. Mais dans la société
industrielle le problème est devenu particulièrement grave. Le «
gauchisme », au moins dans sa forme récente (depuis la moitié du 20e
siècle), est en partie un symptôme de l’absence de respect pour le
processus de pouvoir.

EFFONDREMENT DU PROCESSUS DE POUVOIR DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE
59. (en) Nous divisons les désirs humains en trois groupes : (1)
ceux qui peuvent être satisfaits avec un minimum d’effort ; (2) ceux
qui ne peuvent être satisfaits qu’au prix d’un sérieux effort ; (3)
ceux qui ne peuvent être satisfaits quels que soient les efforts
accomplis. Le processus de pouvoir permet de satisfaire les désirs
du second groupe. Plus il y a de désirs du 3ème groupe, plus cela
génère frustration, colère, éventuellement défaitisme, dépression,
etc.
60. (en) Dans la société industrielle, les désirs naturels de
l’homme ont tendance à se retrouver dans les groupes 1 et 3, tandis
que le deuxième groupe tend à regrouper tous les désirs
artificiellement créés.
61. (en) Dans les sociétés primitives, les besoins physiques
relevaient généralement du groupe 2 : ils pouvaient être satisfaits
seulement au prix de gros efforts. Mais les sociétés moderne ont
tendance à garantir le minimum vital[9] en échange d’un effort
minime, ce qui fait que les besoins primordiaux y relèvent du groupe
1 (il peut y avoir désaccord sur le fait que le fait de conserver un
travail est « minime », mais généralement, dans les boulots des
couches basses et moyennes de la société, ce qu’on vous demande
principalement, c’est l’obéissance. Vous restez assis ou debout là
où vous a dit de rester, et faites ce qu’on vous a dit de faire de
la façon dont on vous a dit le faire. Vous devez rarement vous
impliquer sérieusement, et dans tout les cas, vous avez du mal à
acquérir une certaine autonomie, et , ainsi, le processus de pouvoir
ne peut pas être satisfait).
62. (en) Les besoins sociaux, comme le sexe, l’amour, et le statut
social, relèvent souvent du groupe 2 dans la société moderne,
suivant la position hiérarchique de l’individu. [10] Mais, à
l’exception des individus qui ont un fort désir pour un statut
social élevé, l’effort requis pour réaliser les désirs sociaux est
insuffisante pour satisfaire le processus de pouvoir.
63. (en) Ainsi, certains besoins artificiels ont été créés pour
relever du groupe 2, de façon à essayer de satisfaire le processus
de pouvoir. La publicité et le marketing ont été développés de
manière à ce que beaucoup de personnes éprouvent des besoins pour
des objets que leurs grand-parents n’avaient jamais désirés ou même
imaginés. Il faut gagner beaucoup d’argent pour satisfaire ces
besoins artificiels, ce qui les fait relever du groupe 2 (Toutefois,
voir paragraphes 80-82). L’homme moderne doit satisfaire son besoin
de processus de pouvoir essentiellement en courant après les besoins
artificiels créés par la publicité et le marketing au service de
l’industrie[11], et ce au travers des activités compensatrices.
64. (en) Il semble que pour beaucoup de gens, peut-être la majorité,
ces formes artificielles du processus de pouvoir sont insuffisantes.
Un thème qui apparaît régulièrement dans les écrits de la critique
sociale de la 2ème moitié du 20e siècle est le sentiment d’inutilité
qui accable de nombreuses personnes dans la société moderne (ce
sentiment d’inutilité est souvent désigné sous d’autres termes comme
« anomie » ou « vacuité de la classe moyenne »). Nous pensons que la
soi-disante « crise d’identité » est à l’heure actuelle une
recherche de sens, souvent sous la forme d’une activité
compensatrice adéquate. Il est possible que l’existentialisme soit
pour une grande part une réponse à ce sentiment d’inutilité.[12] La
quête de l’épanouissement est très largement répandue dans notre
société. Mais nous pensons que pour la majorité des gens une
activité dont le but principal est l’épanouissement (c.a.d. une
activité compensatrice) n’apporte pas un épanouissement réel et
profond. En d’autres termes, il se satisfait pas totalement le
besoin du processus de pouvoir (voir paragraphe 41). Ce besoin peut
être pleinement satisfait uniquement au travers d’activités qui ont
un but extérieur, comme les nécessités vitales, le sexe, l’amour, le
statut social, etc.
65. (en) Pire encore, lorsque les buts passent par gagner de
l’argent, gravir les échelons hiérarchiques, ou œuvrer comme un
rouage du système d’une quelconque autre manière, la plupart des
gens ne sont pas en position de poursuivre leurs buts de manière
AUTONOME. Les travailleurs sont des employés standards, comme nous
l’avons vu au paragraphe 61, doivent passer leurs journées à faire
ce qu’on leur a dit de faire de la manière qu’on leur a dit de
faire. Même la plupart des personnes à leur compte n’ont qu’une
autonomie limitée. C’est la plainte constante des petits
entrepreneurs comme quoi leurs mains seraient liées par une
réglementation étatique abusive. Certaines de ces réglementations
sont sans nul doute inutiles, mais elles sont le pendant essentiel
et inévitable de notre société hautement complexifiée. Une grande
partie des indépendants travaillent sous le régime de la franchise.
Il a été rapporté il y a quelques années dans le Wall Street Journal
que les sociétés franchisées faisaient passer aux postulants un test
destiné à écarter ceux qui faisait montre de créativité et
d’initiative, car de telles personnes ne sont pas suffisamment
dociles pour se soumettre au système de la franchise. Ceci exclut
ainsi beaucoup de gens qui ont un grand besoin d’autonomie.
66. (en) Aujourd’hui les gens vivent plus en fonction de ce que le
système fait pour eux ou à leur place qu’en fonction de ce qu’il
font pour eux-mêmes. Et ce qu’ils font est de plus en plus canalisé
par le système. Les possibilités deviennent celles que le système
tolère, et elles doivent être jugulées par les lois et
réglementations[13], et les techniques préconisées par les experts
doivent être suivies si on veut avoir une chance de réussite.
67. (en) Ainsi le processus de pouvoir se désagrège dans notre
société du fait d’une déficience de buts authentiques et d’une perte
d’autonomie dans la poursuite de ces buts. Mais il se désagrège
aussi à cause des désirs qui relèvent du groupe 3 : les désirs qui
ne peuvent être satisfaits quels que soient les moyens mis en œuvre.
Un de ces désirs est le besoin de sécurité. Nos vies dépendent de
décisions prises par d’autres personnes ; nous n’avons aucun
contrôle sur ces décisions, et nous ne connaissons même pas les gens
qui les prennent (« Nous vivons dans un monde dans lequel
relativement peu de gens – peut-être 500 ou 1000 – prennent les
décisions fondamentales » – Philip B. Heymann de l’université de
droit de Harvard, interrogé par Anthony Lewis, du New York Times le
21 avril 1995). Nos vies dépendent des niveaux de sécurité
réellement appliqués dans une centrale nucléaire ; de la quantité de
pesticides autorisée dans nos aliments ou de la pollution dans notre
atmosphère ; du niveau de qualification de notre médecin ; le fait
que nous trouvions ou perdions un emploi est soumis à l’arbitraire
des économistes du gouvernement ou des dirigeants de trusts ; et
ainsi de suite. La plupart des individus ne sont pas en position de
se défendre eux-mêmes contre tous ces périls, sinon sur une très
petite échelle. La recherche de la sécurité est ainsi frustrée, ce
qui conduit à un sentiment de dépérisseme