Déjà trois mois depuis le début de cette nouvelle aventure et je sens que la fuite de l’appareil judiciaro-carcéral est en principe un pari sur le plan personnel, ce n’est pas un « devoir révolutionnaire », ce n’est pas courageux ou lâche, ni rien de ce type, ça ne répond à rien de plus qu’à la sensation viscérale de chaque individu(e) et de ses propres projections, bien sûr que la clandestinité a des conséquences [pas seulement pour sois], comme tout dans la vie, qui se positionne comme citoyen accepte la lassitude, l’ennui, la routine, la soumission etc; le/la combattant(e) antagonique accepte en quelques moments de sa vie d’être prisonnier, clandestin ou mort, même si ce n’est pas le scénario le plus confortable, car c’est justement de ceci qu’il s’agit, quitter le confort et se jeter; la chute fait souffrir et fait peur, ainsi que feront souffrir les défaites face au surveillant et au «prisonnier commun» en prison, feront souffrir la solitude forcée , la distance avec tes compagnons-nes, mais comme a dit un fou du temps passé: « animi increscunt, viscerit volnere virtus « ; peu à peu nous devenons forts en cherchant et vivant heureux-ses notre liberté.

En général je ne parle pas beaucoup et si aujourd’hui j’écris ce n’est pas une question d’ego, c’est pour partager avec celleux que je ne peux pas voir comme je le voudrait et avec des compagnons-nes de toute latitude ce que j’ai pensé lors de cette courte mais intense période de ma vie; Je me souviens il y a quelques années quand j’ai lu les communiqués des compas qui étaient dans la même situation, ils parlaient de la nécessité d’une infrastructure ou de quelque chose qui pourrait soutenir qui est touché par la persécution, je pense que si bien le refuge que la nourriture, l’argent, la conversation s’obtient de manière indescriptible, comme ils l’ont dit, plus qu’une infrastructure comme les vieux O.R., chaque individu(e) est responsable de partir à la découverte du monde et de construire des réseaux de compagnons-nes, afines et/ou autres, indépendamment de son cercle le plus proche qui est avec certitude celui qui sera harcelé par la police et les poursuivants, telle qu’ a été proposé [et reste encore en force] FAI/FRI dans son engagement par l’informalité et l’organisation diffuse; pouvoir être une cellule indépendante au sein de chaque groupe d’action ou d’environnement anarchique et avoir la mobilité pour «disparaître» sans cesser d’être en permanence coordonné et en communication avec tes frères et sœurs; maintenant, le vivant moi-même je réalise que parmi les nombreuses contradictions qui m’habitent, j’ai en partie souffert de la spécialisation dans un front de bataille au détriment de plusieurs autres, mettons le en évidence, le quotidien doit s’employer à la croissance intègre par une attaque et un affrontement multiforme; apprendre un métier, compétence ou quelque chose qui permet obtenir de l’argent pour l’hébergement, la nourriture, le transport ou quoi que se soit devient essentiel si tu ne veux pas prendre le risque de voler pour te maintenir, avoir des lieux ou tu peux aller en cas d’urgence, savoir survivre dans les différentes destinations dans lesquelles tu navigues si tu ne peux/veux pas être en ville, développer la caractérisation et la transformation de ton apparence, améliorer ta capacité de persuasion et réussir à maintenir un voile et une légende étant fluide et convaincante, s’exercer suffisamment pour réagir dans des situations où nous avons besoin de puissance physique, apprendre de ton corps, le comprendre et ne pas souffrir du froid, de la faim ou de la maladie, trouver un passe-temps ou une activité qui te permette la mobilité et un énorme etcétera, ceci est le plus visible, mais la lutte la plus constante est à l’intérieur de ta tête et de tes sentiments, la distance, l’étrangeté te fais faire de mauvais pas, la solitude, le fait de ne parler que par monosyllabes pendant des jours avec des gens qui à tout autre moment auraient été des ennemies à attaquer; une Mouette et une Hyène ont écrit à propos de cela, mais ils ne l’ont pas entièrement assimilées depuis.

Aussi les pieds sur terre il est clair pour moi que je ne suis pas le fugitif le plus recherché ou quelque chose comme ça, même si ça ne doit pas enlever la gravité et l’importance de tout cela, et le plus fort c’est que l’appareil de surveillance policier avec son omniprésence présumée pousse plus qu’à le fuir, il pousse directement à s’éloigner de celleux qui ont ton amour et ton respect, et ainsi qu’en taule l’ennemi remplit son objectif d’enfermer, d’isoler et de briser les liens de confiance et de complicité si son ampleur nous accable, si nous ne réagissons pas à temps avec assez de conviction, de solidarité et d’affection; Maintenant plus que jamais, je pense que des défaites-victoires indépendantes et la distance des compagnons-nes dans cette guerre transcende en tout ce que la volonté de pouvoir veut.

Comme je l’ai dit, j’écris afin de partager un processus individuel et de le jeter à la collectivité, il serait intéressant d’ouvrir cette question comme une possibilité concrète puisque cela arrive souvent en silence, en général par sécurité ou d’autres fois par mesquinerie, la question est de l’aborder avec des compas et/ou afines proches, pour essayer de se mettre dans cette situation d’une manière ludique que j’imagine un premier pas pour l’intégrer/intérioriser.

Bien, même si cela reste à écrire je sais que j’aurais plus de temps pour continuer.

Un salut affectueux à Pancho et Monica condamné(e)s il y a quelques mois à 12 ans de prison; au prisonniers du CAS: Freddy, Marcelo, Juan, Kevin, Joaquin, Fabian et Nico; au prisonniers du laboratoire Santiago 1: Javier, Enrique, Ignacio, Juan, Manuel, Amaru, Felipe; aux prisonnières du Cof et de San Miguel: Tamara, Tato, Nataly …; et aux prisonier(e)s politiques, non nommé(e)s par décision, plein d’amour et de force dans ces couloirs pourris de la justice démocratique.

A l’esprit toujours les membres de la Conspiration des Cellules de Feu et celleux qui leur sont solidaire face aux conséquences d’une nouvelle tentative d’évasion.

A chaque prisonnier(e), fugitif-ve et insurgé(e) partout dans le monde: notre jour viendra, ni la taule ni ce monde ne sera éternel.

Dans nos relations joyeuses, affectueuses et complices; dans l’organisation diffuse et la violence anarchique minoritaire et fulminante.

NADA ACAB-A, TODO CONTINUA!

VIVA LA ANARKIA!

 

Awkiñ

Errant quelque part dans ce qu’ils appellent le Chili.