Le maire de cette importante commune de la banlieue de Pau avait fait peindre une fresque publique en soutien aux enfants étrangers arrêtés : le siège de la Police aux Frontières se situe sur le territoire de sa commune.

Le préfet des Pyrénées-Atlantiques avait porté plainte pour usage d’argent public aux fins de propagande « engagée ». Le tribunal l’avait en partie suivi et avait ordonné que disparaisse l’objet du délit de solidarité.

Le groupuscule nazillon qui était déjà intervenu lors de l’inauguration publique de ce mur en tentant de la perturber, qui avait ensuite peint diverses âneries sur ce mur et signé « 88 », ce qui signifie « heil Hitler » dans la rhétorique de ces nostalgiques d’un triste passé, a recouvert la fresque d’une couche de peinture le 8 mai, anniversaire de la victoire contre le nazisme, en précisant : »C’est fait, Monsieur le préfet ».

Liberté, égalité fraternité, solidarité. Voilà des mots et des valeurs qui sont insupportables pour le préfet des Pyrénées-Atlantiques qui les juge « engagés » et qui avait lancé une procédure contre le maire de Billère qui avait pris l’initiative de faire peindre une fresque murale pour exprimer la solidarité avec les enfants étrangers arrêtés.

Ces mêmes mots, compagnons de ces autres mots ou groupes de mots : justice, entraide, citoyens, enfants sans papiers, voire « identité », voilà qui est aussi insupportable au « bloc identitaire », groupuscule nazillon qui se vante de son exploit : censurer une expression artistique, le « mur de Billère », en précisant utilement : « c’est fait, Monsieur le préfet ». Cette dérive activiste est inquiétante. Nous n’aurions pas pu constater ce genre de comportement brutal, il y a quelques mois encore.

La bride laissée sur le cou aux éléments les plus rétrogrades, racistes, étroits, violents du paysage politique, à l’occasion du « débat » sur l’identité nationale, confortés par des arrestations quotidiennes au faciès commises par des forces publiques, de l’expulsion de jeunes gens venus porter plainte ou de gamins poly-handicapés permet ce genre de dérives dont on sait pas trop où elles peuvent conduire dans le cadre d’une crise économique supportée exclusivement par la partie la moins favorisée de la société.

RESF 64 rappelle son souci constant pour la défense du droit des enfants des familles étrangères que les vicissitudes de la vie ont conduites chez nous. RESF 64 rappelle que notre société a davantage besoin de solidarité et d’amitié que de haine et de discrimination. C’est le sens de l’œuvre murale de Billère censurée.

Pour RESF 64, Jean-Jacques Le Masson
Pau, le 9 mai 2010