Durant la dernière émission de notre programme, nous avons eu la possibilité de confirmer notre soutien électoral à l’unique candidat qui nous semble digne d’être voté. Personne. Et en effet, en y regardant bien, en Italie, mais également en Europe, pour donner un signal de forte intolérance envers la politique il était habituel de voter vers des components minoritaires et souvent radicaux. Aujourd’hui, le mécontentement général se retrouve bien évidemment dans le taux d’abstention très élevé.
Dit cela, les résultats « officiels » des élections nous intéresse. En effet, en Italie on enregistre une flambée du paradigme xénophobe de la Ligue (« La Lega », parti politique étant le plus à droite de la coalition de Berluscon), un des parties néofasciste qui en Europe font du régionalisme le miroir aux alouettes d’une politique raciste et inévitablement d’extrême droite.
Nous ne sommes pas surpris pour autant que ce soit alarmant que, dans une période de vide politique colossale et de crise économique, ces formations populistes réussissent facilement à enflammer l’électorat en pointant du doigt un bouc émissaire chaque fois différent (le noir, le rom, le musulman, le clandestin et ainsi de suite), lui donnant la faute des maux intrinsèques à la société capitaliste, créant une véritable guerre entre pauvre sans ne jamais arrêté de servir les propres patrons.
Mais qui y-a-t-il sous un résultat ainsi surprenant ? Il y a des années de normalisation de comportement racistes, xénophobes, misogynes et homophobes.
De la récente distribution devant un marché arétin de savons anti-extracommunautaires, à la fantastique trouvaille du White Christmas de Brescia lors du Noël dernier, des déclarations de Borghezio qui quelques années auparavant demandait un instrument de torture (en italien, « la garrota ».ndt) pour les homosexuels jusqu’à la proposition du conseiller communale de Milan de créer ,deux autobus différents, un pour les italiens et un pour les étrangers.
Vous trouvez grotesque qu’ils arrêtent d’être ridicules à partir du moment où non seulement ils sont réellement pris en considération et dans certains cas et même mis en pratique, mais surtout quand ils trouvent une certaine légitimité dans les cadres institutionnels et dans le bombardement médiatique auquel nous sommes exposés tous les jours. Normalisation de la xénophobie qui, nous tenons à le spécifier, est mise en avant que ce soit par la droite ou par la « gauche » (il suffit de penser aux manifestes du Pd (Partie Démocratique) qui demandait de manière lapidaire « Dehors les Rom de Ponticelli – quartier de Naples-).
Les journaux télévisés se transforment en rituels de la peur. En Italie, du reste nous avons senti et lu un million de fois comment les ouvriers sont désormais sûrs de donner à la Ligue leur propre vote, en tant qu’unique parti capable de défendre les postes de travail contre la main d’œuvre immigrée. Evidemment on ne tient pas compte de deux facteurs. Le premier est que personne ne s’est hasardé à dire le contraire, et le second est que dans les petites et moyennes entreprises, le vote est souvent extorqué ou contrôlé par le patron en utilisant le chantage de la crise ou du chômage.
Cette montée de l’extrême droite ne se retrouve pas seulement en Italie. Ces dernières années cela représente un phénomène qui connait un développement inquiétant. Ces dernières années nous avons en effet assisté à l’émergence et à l’affirmation de partis politiques qui ne sont pas immédiatement reconnaissables comme néofasciste que ce soit par l’esthétique ou l’usage des symboles etc. Mais il est évident que ces formations politiques mettent en avant des positions explicitement réactionnaires et qui, en même temps, laissent proliférer en leur sein des néofascistes de tous genres en leurs garantissant couverture et support. Les campagnes ouvertes contre les minarets en Suisse ou l’affirmation de réalités xénophobes en Hollande sont des exemples de ces phénomènes. De plus, les campagnes mises sur pied par les organisations clairement réactionnaires et racistes, même si ces dernières ne sont pas explicitement fascistes, construisent l’humus social sur lequel les néofascistes peuvent tranquillement s’enraciner car ils deviennent légitimés dans leur propre existence et raison d’être. Citant l’interview des compagnons de Solidaridad 3A faite à sur un blog d’information, « le problème fondamental ne sont pas les 4 nazis mais bien un système politico-judiciaire comme celui espagnol qui les défend et les appuie ».
En partant de l’Allemagne, où le NPD combat depuis des années sur des positions évidemment filonaziste, pour un retour à une Allemagne aux seules mains des allemands, il est possible de tracer un itinéraire de l’extrême droite de Berlin à Moscou, en passant par Vienne, Amsterdam, Londres, Paris, Budapest.
Il suffit un simple regard d’ensemble pour comprendre l’originalité n’est pas vraiment leur point fort : en utilisant un sentiment national ressorti des oubliettes de l’histoire, ils sont font porteur d’idées violentes et agressives, s’auto-identifiant comme les sauveurs possibles d’une patrie en ruine laissée aux mains des étrangers.
Ainsi en Allemagne, Autriche et aux Pays-Bas, trois pays avec un pourcentage très élevé de citoyens d’origines turques ou musulmanes, il est facile de pointer du doigt les minarets et promettre qu’à travers leur élimination, tout retournera à fonctionner. Ainsi en Hongrie, on dépoussière le passé des alliés nazis et on se jette contre les roms en regrettant sans honte les temps durant lesquels on pouvait les envoyer dans les camps de concentrations. Le NPD en Allemagne possède beaucoup de propriété dans lesquels il forme la relève dans un pur style hitlérien, éduquant à la haine raciale et à l’idéologie naziste.
Aux dernières élections administratives hollandaises, le Pvv, parti néofasciste et anti-islamiste, a gagné deux communes, dont l’une de se trouve à une trentaine de kilomètres d’Amsterdam et est devenue protagoniste des propositions les plus folles (la célèbre demande de bannir le coran).
En Angleterre un sentiment toujours latent de haine raciale contre les immigrés indiens et pakistanais, désormais de 4ème ou 5ème génération, a dernièrement explosé dans une spirale de violence anti-islamique du à la British National Party. A ses côtés dans cette lutte xénophobe, il y a le petit mais toujours plus influant English Defence League, dernier né d’une florissante lignée d’organisations néofasciste. Ici aussi, comme en Hollande, l’été dernier le BNP a obtenu aux dernière élections européennes un succès extraordinaire, et avec la prospective d’un gouvernement de coalition toujours plus probable, il est vraisemblable qu’il s’affirme aux élections générales de mai.
Continuant nos excursions dans les centres du pouvoir néofasciste en Europe, nous ne pouvons ne pas faire étape en France. Ici aussi l’ennemi est l’arabe, le musulman mais aussi le juif et le gitan. Il est utile de dire que si Le Pen s’est donné plutôt à faire, le Front National n’est plus une nouveauté depuis déjà longtemps et les résultats improbables que ce parti obtient dans les régions de références ne sont plus, malheureusement, une surprise (comme le 30% obtenu à Marseille quelques années auparavant, 23% en région PACA aux élections régionales de cette année etc). Episodes de violences racistes sont à l’ordre du jour en France, et les révoltes périodiques des banlieues dues aux conditions de vie insoutenables deviennent le pain quotidien des informations de masse pour célébrer en continuation la même liturgie de la terreur dont nous parlions auparavant.
Alors quand dans la péninsule ibérique la xénophobie reprend les vieilles peurs physiologiques au franquisme même dans des domaines où la dictature avait moins de force et une majeure opposition. Dans la riche Catalogne, le pourcentage d’immigré musulmans fait parti des plus élevé du pays. Ici, la formation de la Plateforme pour la Catalogne (Plataforma per Catalunya) a donné vie à une campagne xénophobe qui jouit d’un fort consensus, surtout parmi les classes moyennes. Ce mouvement, né récemment, reprend la formule de la Ligue Nord italienne : identité locale et haine envers celui qui est différent. Dans la petite commune de Vic, le conseil municipal, guidé du PSOE, CiU et ERC, a reçu les propositions de Osep Anglada, leader de la Plateforme pour la Catalogne. La marie a interdit l’inscription sur les listes communales des immigrés illégaux et cette initiative les prive donc d’une assistance sanitaire et de l’accès à l’éducation. La loi a été stoppée par le gouvernement national pour cause d’inconstitutionnalité. Le cas, par contre, apparaît comme un exemple dangereux dans un pays où le sentiment d’appartenance à la patrie est fort.
En Hongrie, le partie d’extrême droite de Jobbik a enregistré ces derniers mois une forte augmentation, quittant ainsi une partie importante du consensus au parti Fidesz, ce dernier, s’ayant, ces derniers mois équipé politiquement pour « se couvrir » à droite. Néanmoins, la violente propagande anti-rom de Jobbik, à laquelle est par ailleurs liée la « milice » Pagyar Garda, semble porter ses fruits. Le 11 avril à 19h les bureaux de votes pour les élections en Hongrie ont été fermés. La victoire de la droite apparait comme écrasante, avec un pourcentage qui semble s’avoisiner des 56 % donnant ainsi très probablement le titre de premier ministre à Viktor Orban. En ce qui concerne l’extrême droite, les premières estimations donnent à Jobbik environ 15 %, dépassant ainsi les prévisions qui lui donnaient environ 11 %.
Le cas le plus terrible de montée d’organisation néofasciste et néonaziste est probablement le cas russe. A la suite du démantèlement de l’URSS, l’énorme enrichissement d’une minorité et l’appauvrissement d’une grande majorité de la population a ouvert la route au racisme et à la haine. La prolifération de groupuscules paramilitaires qui dans tout le pays agressent, tabassent et souvent tuent impunément antifascistes, juifs etc, fait devenir la Russie un des exemples les plus graves de ceux que nous avons essayés d’analyser. Il est nécessaire mettre en avant, que outre les sièges de la Douma (chambre basse du Parlement russe) occupés par les représentants des partis clairement fascistes, c’est le propre parti de Putin à protéger et couvrir les violences nazistes. Ce n’est pas un hasard après le double homicide d’Ivan à Moscou si ses compagnons ont manifesté justement devant le siège de la composante juvénile du parti de Putin.
Sans s’étendre au-delà de l’argument, en partant de l’Italie, nous avons donc cherché de mettre en avant les similitudes d’un phénomène qui malheureusement connait une rapide diffusion dans le reste de l’Europe. Nous continuons à combattre chaque forme de fascisme, de racisme, d’homophobie en ayant conscience de leur rôle de serviteur du capital, en ayant conscience de notre liberté.
Du reste, comme l’a dit Borghezio lors d’une conférence qui a eu lieu un certain temps en Provence lors d’un meeting de « Nice Rebelle » (mouvement de Philippe Vardon que la justice française a déjà reconnu coupable d’incitation à la haine raciale et de reconstruction de parti fasciste) : « il convient d’insister sur le côté régionaliste du mouvement. C’est un bon moyen pour ne pas être considéré immédiatement comme des fascistes nostalgiques mais bien comme une nouvelle force régionale, catholique etc., ma derrière tout ça, nous sommes toujours les mêmes d’antan ».