Es-tu rentable ? C’est ce que demandent les gouvernements occidentaux adossés à une opinion publique souvent complaisante et surtout désinformée. Cette question est proprement celle de l’inhumanité propre à l’intellect coupé des autres facultés dont d’aimer qui n’est pas la moindre pour identifier l’humain. C’est le pire abaissement de l’humanité que celui à la chose d’une part, et au froid calcul machinique de l’autre -encore la chose.

Celui qui part dans l’existence avec moins qu’autrui aurait « vocation » à servir comme un instrument; tel est le credo faisant mondialement l’objet d’une adhésion sans réserve de la part des néo-conservateurs ou ultra-libéraux, et d’une adhésion passive mais délibérée chez les socio-démocrates ( i .e. Ségolène Royal ) et dans les autres régimes « communistes » puisqu’il est tellement avantageux pour les propagandes occidentales d’accompagner le MENSONGE SECULAIRE: si tu te donnes tout entier la société te le rendra au centuple; perds ta vie à la gagner, en échange d’une vie meilleure (plus tard – si tu n’en jouis pas toi, tes enfants ou petits enfants en jouiront grâce à toi).

La culture a déjà intégré le principe auto-applicable individuellement qu’ « il faut se vendre ». S’ajoute désormais celui non moins immonde qu’il faut savoir vendre les autres. Devant le sort des immigrés réfugiés de la guerre et de la torture, se joue plus qu’une question d’honneur, puisque c’est rien moins que de notre humanité qu’il s’agit, d’une dignité dont aucune violation telle que le contenu de la loi CESEDA devait pouvoir être tolérée. La liberté en démocratie, écrit Montesqieu, c’est le pouvoir de ne pas faire ce qu’on ne devrait pas faire, et de faire ce qu’on devrait. Parce qu’on ne doit pas en Démocratie, (s’) interdire d’accueillir chez soi des étrangers dans le besoin. Parce qu’on n’accueille pas l’autre (son semblable) à condition et autant de temps qu’il représente un intérêt pour ceux qui orchestrent le marché du travail sur le mode de la concurrence entre travailleurs, sans participer activement à organiser le monde comme un camp de concentration : d’un côté, ceux qui peuvent travailler, et qui auront la vie sauve encore aujourd’hui; de l’autre, ceux qui (re)partiront (certains sont nés en Europe) de l’autre côté où la mort plus ou moins lente les attend. Aucune liste officielle de complaisance des pays dits sûrs comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Togo, l’Irak ou l’Afghanistan etc. n’y changera rien. La rhétorique des nostalgiques et des reproducteurs de la domination coloniale (« ils nous envahissent lentement » , ils nous « colonisent » , « ils viennent pour les allocations » et les autres « avantages », faisant abstraction de l’immense curée des pays d’origine par les entreprises occidentales) ne changera rien à la réalité de l’oppression exercée par notre organisation économico-politico-sociale sur les victimes de la guerre, de la dictature et de la corruption entretenues là-bas pour le profit de mafias politico-financières incluant des hommes d’affaires parmi les plus célèbres.

Non contents d’entretenir l’insécurité économique, politique et même sanitaire dans les pays du Sud par le système de la corruption politico-financière (armes contre pétrole et gaz,…), nous refusons ni plus ni moins l’accueil des (rares) rescapés des régimes de la sous-sphère capitaliste, pendant qu’un certain Résident Chirac ose encore parler d’image ou de rayonnement de la France dans le monde. Ce narcissisme schizophrène emprunt de bons sentiments et de bienpensance (nauséabonds) est la forme la plus dispendieuse du cynisme capitaliste – d’autres adoptent maintenant une autre rhétorique, plus sobre et plus tranchée, qu’on eût peut-être entendue sur le radeau de la méduse. Mais même le Sinistre de l’Intérieur, pour ne mentionner qu’un des chefs de file de ce nouveau fascisme qui s’installe, ne fait pas partie du radeau de la survie orchestrée. Il l’orchestre. Il est de la responsabilité de tous de ne plus laisser jouer cette musique nauséabonde, en entrant en résistance dès maintenant contre le capitalisme et ses rejetons : le racisme et la xénophobie même économique, le fascisme et l’impérialisme, même économiques, donc, le productivisme, et le consumérisme aussi.

Vas-tu lutter contre le capitalisme et son idéologie ? Telle est la question qui se pose aujourd’hui à l’Homme en tant qu’Homme.