Chömeur, fais ton bilan de compétences
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– 1/ Vous vous faites virer de votre travail après 23 mois de mise à l’essai.
_ O Vous hurlez de joie en sortant du goulag : ” enfin libre ! ” et allez fêter ça avec les copains.
_ O Malgré ce coup dur, vous vous résolvez à vous lancer dans la recherche dynamique d’un emploi dès le lendemain.
_ O Vous gobez les derniers Xanax de votre pharmacie et bousez devant Sans aucun doute.
– 2/ Vous recevez votre première convocation ANPE.
_ O Et merde ! Les ennuis commencent, pas moyen d’être tranquille dans ce pays.
_ O Génial, je vais enfin pouvoir confronter mes projets professionnels aux réalités d’un marché du travail en perpétuelle mutation.
_ O Je vais me faire plaquer.
– 3/ Vous arrivez à l’ANPE, la conseillère ne pourra vous recevoir que dans une heure.
_ O Vous en profitez pour faire une distribution des derniers numéros de l’ADP et décorer les murs d’autocollants.
_ O Vous patientez en compulsant le bottin des entreprises.
_ O Heureusement, vous avez choppé le Métro, y’a moyen de se faire un sudoku.
– 4/ Qui a dit ” le travail rend libre “?
_ O La Schutzstaffel à Dachau.
_ O Bernard Thibault dans un colloque d’ATTAC.
_ O La déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
– 5/ La conseillère vous reçoit. Elle consulte les offres d’emploi adaptées à votre profil et en sort un CDD / 10 h hebdo. Vous commencez lundi prochain.
_ O Tout sourire, vous répondez : ” pas de chance, je pars demain voir un festival de black-metal en République tchèque “.
_ O Résigné, vous acceptez d’envoyer votre CV à l’employeur.
_ O Vous refusez de quitter les lieux tant que le conseiller ne vous a pas trouvé un nouveau CNE.
– 6/ De retour de vacances, vous calculez vos droits ASSEDIC. Vous êtes admis à bénéficier des allocs pour six mois.
_ O Un peu d’oisiveté me fera pas de mal, ça me donnera le temps d’aller me promener et lire les oeuvres complètes de Bakounine.
_ O Pas possible, je devais bientôt acheter une machine à laver.
_ O J’ai honte.
– 7/ Six mois plus tard, il ne vous reste plus qu’à demander le RMI.
_ O Qu’ils crèvent ! Plutôt bouffer des pâtes que retourner au chagrin.
_ O Faut que j’aille faire les boîtes d’intérim demain matin.
_ O J’ai envie de mourir.
– 8/ Qui a dit : « Nous ne voulons pas une société d’assistance, mais une société fondée sur le travail et l’activité productrice » ?
_ O Lionel Jospin.
_ O Fidel Castro.
_ O Jacques Mesrine.
– 9/ Vous avez affaire à l’assistante sociale pour définir votre contrat d’insertion .
_ O Vous soulevez la question des violences conjugales et vous engagez à devenir boxeur professionnel.
_ O Manpower va m’appeler, je devrais être bientôt tiré d’affaire.
_ O Au secours !
-10/ Vous êtes convoqué par la commission d’insertion locale pour y exposer un projet sérieux et motivé. Sinon, on vous sucre votre RMI.
_ O Vous expliquez que vous souhaitez écrire un bouquin sur les cons qui fliquent les chômeurs et que vous auriez besoin d’un PC et de Word 2002.
_ O Vous leur promettez de partir en Angleterre et qu’on n’entendra plus parler de vous.
_ O Faut que mon médecin me mette en dépression.
_ Hébert
En sömme, tu nous demandes de jouer le jeü, enfin, les 10 questions. A diffüser partoüt pour tomber sur des prêchés pas encore convaincüs…
Merci pour ce beu matériel !
Cher Hébert,
Qualifier de couillons les salariéEs, c’est du même niveau que dire que les chômeurEs sont touTes des fainéantEs qui l’ont bien voulu. La plupart des gens bossent pour avoir un salaire à la clé, pas par amour du travail. Il existe, bien sûr, des amoureuSEs du labeur, mais ceulles-là on peut rien y faire. S’il est important de faire une critique du travail, c’est plutôt une critique de la centralité de sa valeur. Dire que sans boulot, on peut être heureuSE, épanouiE, n’est pas inutile. Par contre, tu sembles accepter la misère induite par le chômage. Et là, je ne partage pas ton opinion. Si c’est le cas actuellement, qu’avec le rmi tu ne peux pas vivre normalement, j’en vois pas une source de satisfaction. Je ne suis pas heureux quand je dois me contenter de pommes de terre, de riz, de pâtes comme repas, quand je ne peux pas sortir de chez moi parce que tout “coûte” (et je préfère Goscinny à Bakounine, plus drôle et tout aussi mysogine). Pas catholique, je n’ai pas de plaisir dans la soufrance.
Ne suis-je qu’un consommateur parce que je préfère avoir des légumes bio dans mon assiette, que ma culture ne se résume pas à quelques écrivains barbus ? Suis-je un suppôt du capital parce que j’aimerais avoir assez de fric pour vivre dans une maison plutôt que dans un HLM ? Suis-je un social-traître parce que pour cela je dois bosser ?
J’ai également l’impression, que ta vision du vie idéal est celui d’un mec seul. Tu fais comment avec unE ou plusieurs gosses (c’est un chouïa exigeant, souviens-toi) ?
Pour finir, je te fais une citation de Bakounine, tirée d’une compil punk contre le travail : “Le jour où le travail musculaire et nerveux, manuel et intellectuel à la fois, sera considéré comme le plus grand honneur des hommes, comme le signe de leur virilité et de leur humanité, la société sera sauvée”.