Face à la hausse des frais d’inscription, à la dégradation des conditions d’études et de travail, les étudiants, chercheurs, enseignants et agents de plusieurs universités, notamment à Rouen et à Toulon se sont mobilisés contre la politique du gouvernement UMP et les conséquences de sa loi « LMD ».

La politique de Chirac, Villepin et Sarkozy contre le droit aux études

D’après une étude réalisée par l’UNEF au mois de juillet, les dépenses inhérentes aux études (frais d’inscription, sécurité sociale étudiante, ticket de RU et logement) ont augmenté de 5,6 % l’an passé alors que les aides (bourses, allocations d’études, ALS) n’ont été revalorisées que de 1,5 %. Sur une échelle de 5 ans, la hausse atteint 20 % pour les dépenses contre 5 % pour les aides. La revalorisation des bourses et autres aides destinées aux étudiants ne couvrent pas l’inflation, et est bien inférieure à l’augmentation des frais directement liés à la vie estudiantine.
Ainsi, 80 % des étudiants ont eu un emploi rémunéré au moins une fois pendant leur scolarité et 1/3 d’entre eux se salarient au cours de l’année universitaire. La situation pour les étudiants étrangers est encore plus dramatique, car ils disposent de moins de ressources que les autres étudiants. Les lois Sarkozy de 2003 leur interdisent de travailler plus de 17h30 par semaine et prohibent même le travail à mi-temps.
La contre-réforme LMD et la loi d’autonomie des universités sont une offensive contre le droit aux études. Par manque de moyens, tous les cours magistraux et TD ne peuvent être assurés à la rentrée : c’est le résultat direct de cette politique. Autre conséquence de l’autonomisation des universités et de l’asphyxie budgétaire gouvernementale, les conseils d’administration ont augmenté les frais d’inscription, de façon parfois spectaculaire.

Une recherche axée sur le profit et le militarisme et des chercheurs précarisés

Ces deux lois sont complétées par le « projet de loi d’orientation et de programmation de la recherche », si cher à Chirac, qui vise à soumettre la recherche aux besoins des entreprises, à dégrader le statut des chercheurs, à fliquer les universités avec une Agence d’évaluation de la recherche, qui va de pair avec l’autonomie des universités, à soumettre les chercheurs avec une Agence Nationale de la Recherche, à mettre en concurrence les laboratoires de recherche en créant des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur, à soumettre les universités aux entreprises privées à travers des Fondations de coopération scientifique.
Au cours des cinq dernières années, le nombre d’enseignants-chercheurs en situation précaire (un sur quatre) a augmenté deux fois plus vite que le nombre de titulaires. Le nombre de bourses CIFRE (doctorat en entreprise) augmente de 10 %.

Ce que veut l’Etat bourgeois : dépenser moins pour les étudiants et les lycéens, toujours plus pour les flics

La contre-réforme LMD et la loi d’autonomie des universités sont indissociables : elles visent à casser les diplômes rattachés au Droit du travail, elles permettent d’institutionnaliser et d’accentuer les différences entre les universités. D’un côté, quelques universités financées avec largesse, les pôles « d’excellence » ; de l’autre, la majorité des facs tournées vers les besoins directs de la bourgeoisie, avec des diplômes déqualifiés, professionnalisés. Les universités seront soumises aux besoins du patronat local qui y entrera largement.
La maigreur des dotations budgétaires accordées aux universités en 2005 et prévues en 2006 vont de pair avec l’invitation faite aux entreprises à subventionner les facultés et à participer à leur fonctionnement. De même, la loi Fillon veut doubler le nombre d’apprentis d’ici 5 ans et ainsi livrer dès l’âge de 14 ans une partie de la jeunesse au patronat à prix modique. L’ordonnance Villepin du 2 août livre des milliers de jeunes à l’armée.
Par contre, le projet de budget 2006 prévoit la multiplication des postes de policiers, de militaires, de juges et de gardiens de prison. La police, la gendarmerie et l’armée servent à occuper l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire et Haïti ; à évacuer les mal-logés et à rafler les sans-papiers ; à réprimer les manifestations de lycéens, les grèves de postiers et de marins ; à juger et condamner les lycéens qui ont osé défier le projet de loi Fillon et le gouvernement.

En cause, le droit aux études, la valeur de la force de travail

Il en résulte une dégradation profonde du droit des futurs travailleurs à se former et de ce qu’ils pourront réclamer à leur employeur compte tenu de leur formation. Contrairement à ce qu’insinuent les dirigeants des principaux syndicats étudiants et les directions syndicales de l’enseignement supérieur, aucune amélioration de l’enseignement supérieur n’est possible dans le cadre de ces nouvelles attaques.
D’ailleurs, le gouvernement renforce l’oppression des étudiants étrangers : l’accès aux soins, le droit de travailler sont mis en question, des lycéens d’origine étrangère sont arrêtés et expulsés. C’est le pendant à l’université de toute la politique du gouvernement Chirac Villepin Sarkozy : les charters, les immeubles vidés, le nettoyage « au karcher » des cités.

Les directions syndicales étudiantes et de l’enseignement maintiennent isolés les étudiants en grève et collaborent avec le gouvernement

Contre ces conditions de rentrée, les étudiants de Rouen, Grenoble 2, et maintenant Toulon se sont mobilisés mais ils sont restés isolés.
Les directions de l’UNEF et de SUD étudiant, comme celle du SNESup-FSU, prétendent soutenir ces mobilisations. Mais, plutôt que d’organiser et d’appeler à la grève générale pour l’abrogation de la contre-réforme LMD et de la loi d’autonomie des universités, elles cantonnent les étudiants à des journées d’action impuissantes comme celle du 4 octobre. Pour ne pas organiser le combat contre le gouvernement, elles les renvoient à la revendication de meilleurs CA pour y négocier une rallonge budgétaire, c’est-à-dire de nouveaux moyens pour l’application de la politique gouvernementale.
La direction de l’UNEF mène la même politique que ceux qui ont saboté la grève de la SNCM, les Thibaut (CGT), Mailly (FO), Chèrèque (CFDT) et compagnie. Elle a appelé comme eux à voter Chirac en 2002.
Les directions syndicales pour protéger le gouvernement, détournent les étudiants du combat pour l’abrogation des lois LMD et d’autonomie des universités, pour le retrait du projet de budget 2006 qui les applique, pour le droit d’étudier des étudiants et des lycéens sans-papiers.
A la fin de l’année 2003, de nombreuses universités se mettaient en grève contre la mise en place de la contre-réforme LMD, votée dans les CA avec l’aval des directions syndicales. Ces mêmes directions ont empêché les étudiants de centraliser leur combat à l’échelle nationale.
C’est en isolant les étudiants fac par fac que les bureaucraties syndicales étudiantes et enseignantes ont étouffé les grèves de 2003 et sauvé la mise au gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkozy. Elles se sont associées à la mise en place de la contre-réforme LMD.
Au-delà de leur participation aux conseils, il n’est pas rare que les élus étudiants aient été intégrés dans les comités de pilotage et les groupes de travail (La mise en place du LMD, Rapport au gouvernement, juin 2005).
À la rentrée 2005, la loi s’appliquait dans 90 % des universités françaises, avec des conséquences douloureuses : suppressions de cours, de TD, réduction du volume d’enseignement, etc.
Une fois de plus, il est démontré que les instances de cogestions que sont les CA, CEVU, CS, CNESER, ne servent à rien d’autre qu’à appliquer les mesures du gouvernement et à gérer « loyalement » l’Université, c’est-à-dire dans l’intérêt de l’Etat bourgeois français.

Pour obtenir les moyens d’étudier, il faut combattre le gouvernement

· Abrogation des lois contre le droit aux études ! Retrait du projet de budget 2006 !
· Des moyens, des locaux, des postes d’enseignants et d’agents pour étudier ! Gratuité des inscriptions ! Logement étudiant à bon marché !
· Bas les pattes devant nos camarades étrangers !
Pour gagner, rupture des directions syndicales avec le gouvernement !
· Pas un élu étudiant pour appliquer la politique du gouvernement dans les conseils d’administration !
· Que toutes les organisations syndicales étudiantes et ouvrières appellent à manifester à Paris contre le budget du gouvernement, le jour du vote à l’Assemblée !
Le capitalisme en déclin
La rentrée universitaire 2005, le budget 2006 et le projet contre les chercheurs ne sont que la particularisation à l’université et à la recherche publique de la politique d’un gouvernement du capitalisme français.
Tous les gouvernements au service de la bourgeoisie, y compris ceux qui avaient Buffet (PCF), Fabius (PS) ou Mélanchon (PS) comme ministres, ont réussi par maintes mesures à privatiser, à faire baisser la valeur force de travail par les lois Aubry de flexibilité sous le gouvernement Jospin, par la loi Fillon sur les retraites en 2003, la casse de la sécurité sociale. Ils font tous preuve de leur côté réactionnaire en renvoyant les immigrés par charter, en chassant les mal-logés. Ils ont tous participé à des opérations coloniales en Serbie, en Irak, en Afghanistan et en Côte d’Ivoire.
Le capitalisme repose sur l’exploitation et génère la chômage, le militarisme, l’oppression, la xénophobie et le racisme. Il est nécessaire pour la jeunesse de lutter aux côtés de la classe ouvrière pour un gouvernement ouvrier, nécessaire à sa destruction. Le Groupe bolchevik travaille à édifier pour cela une internationale révolutionnaire et une organisation révolutionnaire de la jeunesse. Rejoins-le !
21 octobre 2005 www.revolution-socialiste.info