«S’il y a des moeurs et des coutumes à respecter, il y a aussi des haines et des rivalités qu’il faut démêler et utiliser à notre profit, en opposant les unes aux autres, en nous appuyant sur les unes pour mieux vaincre les autres», Lyautey, cité par Daniel Tessue, « Polémique autour du problème bamiléké », La nouvelle Expression, 11 juillet 1995. Voilà sur quoi se base notre « politique » africaine.

La Françafrique, c’est une infime minorité de français qui, aidés au plus haut niveau de l’état, pillent les richesses des ex-colonies françaises en Afrique, en utilisant l’argent public, et ce au mépris de million de vies humaines. De nombreux politiciens et partis politiques, des hauts cadres et actionnaires de multinationales françaises (Elf-TotalFina, Boloré, Bouygues…), certains militaires, les dictateurs et leur entourage, les marchands d’armes…, en bref, ce sont des réseaux bien organisés qui disposent de nombreux relais dans les médias et des centaines de milliards détournés en 45 ans.

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Deux sites sont consacrés exclusivement à ce « sport » national :

http://www.survie-france.org, qui synthétisent et articulent une partie de l’information disponible, « mise en examen », et instruite à Biarritz les 8 et 9 novembre 1994. La Coalition pour ramener à la raison démocratique la politique africaine de la France, devenue Coalition CFA (Citoyens France Afrique) animée par Survie et Agir ici, a entrepris :
– d’en exposer les mécanismes au moyen de dossiers précis, actualisés, synthétiques,
– d’en dénoncer les dérives les plus scandaleuses – qu’elles soient le fait des responsables officiels ou des multiples groupes et acteurs, officieux ou clandestins, qu’ils entretiennent ou tolèrent. Il s’agit de :
– sortir la relation franco-africaine du ghetto élyséen
– redéfinir le système d’élaboration des décisions en ce domaine, et les mécanismes de contrôle
– ne plus permettre à des groupes d’intérêts ou lobbies divers de mener la politique française dans un certain nombre de pays.
Tous les textes en ligne disponibles sur ce site sont visibles là-> http://www.survie-france.org/rubrique.php3?id_rubrique=1]

http://www.stop-francafrique.com/ = au travers de cartes, vous pouvez suivre l’histoire des diverses spoliations et exploitations françaises quasiment sur tout le continent africain. Les informations sont en majorité tirées des ouvrages de François-Xavier Verschave, qui a eut l’insigne honneur, grâce à ces écrits, d’être traîné en justice par trois présidents africains. Ses déboires, mais aussi sont combat, sont parfaitement retranscrits dans les articles d’Acrimed suivants :
– Françafrique : les médias complices ? (1)
– Françafrique : les médias complices ? (2)

Sous ces titres, Acrimed a organisé, le 18 Janvier 2001, dans le cadre de ses « Jeudis » quasi-mensuels, un débat avec François-Xavier Verschave, président de l’association Survie et auteur du livre Noir Silence (éditions Les Arènes, 2000), poursuivi par trois présidents africains, Omar Bongo, Idriss Déby et Denis Sassou Nguesso (défendus par Me Jacques Vergès), qui ont déposé plainte pour « offense à Chef d’Etat étranger. En forme d’introduction au débat, le récit d’une chronique politico-judiciaire (1) puis l’intervention de François-Xavier Verschave lors du débat (2). En voici quelques petits extraits :

De la françafrique à la mafiafrique : /…/ vous avez ainsi un triptyque : vente d’armes / vente de pétrole / services secrets. Avec lui, non seulement c’est une calamité de découvrir du pétrole, car l’argent du pétrole se convertit aussitôt en armes et entretient la guerre civile, mais en même temps, tout ça sert à constituer des cagnottes pour les services secrets, qui leur permettent de mener leurs guerres secrètes et de s’enrichir. Comme dirait Alfred Sirven, dont on a découvert 3 milliards en Suisse qui sont une petite partie de l’argent brassé : « J’ai de quoi faire sauter vingt fois la classe politique française ». /…/

La presse et la Françafrique : /…/ La France est le seul pays démocratique, à ma connaissance, qui a une police des médias : il existe 57000 fiches de journalistes au RG. Je ne comprends pas que la presse tolère ça. C’est quelque chose d’insupportable. Dans ces fiches, on trouve évidemment tous les petits problèmes personnels des gens, leurs problèmes d’impôts… Moyennant quoi, un certain nombre de journalistes peuvent être discrètement tenus. Rappelez-vous un épisode formidable, il y a quelques jours [janvier 2001, ndla], sur TF1. Quand PPDA a osé parler de blanchiment, Charles Pasqua a répondu : « M Poivre d’Arvor, si je n’étais pas votre ami, je vous répondrais sur un autre ton. Rappelez-vous que j’ai été deux fois ministre de l’Intérieur. » Publiquement ! Comprenne qui pourra ! /…/

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Enfin, il n’est pas possible de parler de la françafrique sans évoquer la Loi du 23 Février 2005 qui dit :
« Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit … »
– cela impose une histoire officielle, contraire à la neutralité scolaire et au respect de la liberté de pensée qui sont au cœur de la laïcité,
– en ne retenant que le « rôle positif » de la colonisation, elle impose un mensonge officiel sur des crimes, sur des massacres allant parfois jusqu’au génocide, sur l’esclavage, sur le racisme hérité de ce passé,
– cela légalise un communautarisme nationaliste suscitant en réaction le communautarisme de groupes ainsi interdits de tout passé.

N’oublions pas que les principales troupes françaises en Afrique, les régiments d ‘ « infanterie de marine », sont les mêmes qu’on appelait autrefois « infanterie coloniale ». Depuis 1945, elles ont fait l’Indochine, l’Algérie, puis l’Afrique… Et malgré tout ce qui s’est passé, les massacres de Sétif, de Madagascar, du Cameroun, la torture en Algérie, dans les colonies et néo-colonies, jamais ou presque il n’y a eu de sanction. Tout a été couvert par l’amnistie, ou simplement par une impunité systématique.

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Autres textes relatifs à « Francafrique » :

CQFD, « Un trafiquant d’armes à l’Unesco » (octobre 2003)
CQFD, « FrançAfrique, USAfrique : on est chez nous ! »
François-Xavier Verschave, « La Françafrique » (fin 2002)
François-Xavier Verschave, « France-Afrique, le crime continue »
Comi Toulabor, « La francophobie, un sentiment partagé » (décembre 2004)
Jean-Paul Gouteux, « Un génocide sans importance – La françafrique au Rwanda » (juin 2001)
– Esther Del Pinto, La Françafrique mise à nu : (1) : de si noirs silences (juillet 2000)

Plusieurs articles sur Indymédia :
Nantes par là
Un article spécial en colonne centrale du site de Grenoble : Grenoble dans les rouages de la Françafrique
Toulouse par là
Nice par là
Marseille par là
Lille par là
Paris par là

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Et puis, comme il paraît que la musique adouci les mœurs, voici un texte de Tiken Jah Fakoly : « Francafrique », sorti en 2002 :

Réveillez-vous!

Refrain: x2
La politique France Africa
C’est du blaguer tuer
Blaguer tuer
La politique Amerique Africa
C’est du blaguer et tuer
Blaguer et tuer

Ils nous vendent des armes
Pendant que nous nous battons
Ils pillent nos richesses
Et se disent être surpris de voir l’Afrique toujours en guerre
Ils ont brûlé le Congo
Enflammé l’Angola
Ils ont ruiné le Gabon
Ils ont brûlé Kinshasa

au Refrain, x2

Ils cautionnent la dictature
Tout ça pour nous affamer
Ils pillent nos richesses
Pour nous enterrer vivants
Ils ont brûlé le Congo
Enflammé l’Angola
Ils ont brûlé Kinshasa
Ils ont brûlé le Rwanda

au Refrain, x2

Réveillez-vous!

Blaguer tuer Babylone est très habile
Blaguer tuer vigilance et résistance
O’ka Sierra Leonedéniou boro tégué *
Ka Libéria déniou mutilés
O’ka Angola déniou boro tégué
O’ka Sierra Leone déniou boro tégué

au Refrain, x2

Blaguer tuer
Ils vont nous blaguer tuer
Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer
Blaguer tuer
Toubabou vont nous blaguer tuer
Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer

Blaguer tuer Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer blaguer tuer
Réveillez-vous Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer Blaguer tuer
Réveillez-vous Blaguer tuer
Vigilance et résistance Blaguer tuer……

NOTE : Traduction(*):
Ils ont amputé les enfants en Sierra Leone
Ceux du Libéria ont été mutilés
Ils ont amputé les enfants en Angola
Ils ont amputé les enfants en Sierra Leone