L’indécence de la pseudo-radicalité
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Catégorie : Global
Thèmes : DélationPseudo-radicalitéRacisme
Cet article d’une soi-disant critique révolutionnaire, expose des personnes comme des ennemis politiques sans les connaître et sans vérifier quoi que ce soit. Dans un moment de racisme et d’islamophobie aussi prégnant, descendre des militants de quartiers qui œuvrent au quotidien, nous paraît mal placé et en décalage avec les réalités du terrain.
Nous militons dans les quartiers toulousains, nous sommes issus de quartiers populaires et de l’immigration pour la plupart, et nous revendiquons l’héritage de ces luttes.
Nos alliances se font sur le terrain, au quotidien. C’est là que nous avons croisé la route des Motivées et du Tactikollectif, parmi d’autres collectifs et associations. Il nous arrive de ne pas être d’accord, d’être critique mais toujours dans le respect de ce que chacun tente de construire.
On s’est donc senti forcé de réagir en quelques points :
- Les Motivé-e-e-s*, c’est avant tout une expérience collective, un choix qui a été fait par des jeunes de quartier, enfants de l’immigration de ne pas se priver d’espaces d’expression et d’expérimentation politique. Y’a eu des ratés ? Sûrement. Et les premiers concernés en parleront bien volontiers avec des gens de bonne foi qui sont en quête de compréhension et d’amélioration de la situation. Mais ce qui est sûr, c’est que cette aventure inédite a compté dans le paysage politique local et national, elle a permis d’ouvrir des pistes, d’affirmer qu’on peut être partout, et ouvrir la voie à d’autres projets, politiques, culturels, collectifs.
- Le Tactikollectif est, et reste, une des rares associations qui continue à se démener sur le terrain des quartiers populaires à Toulouse alors qu’elle pourrait et gagnerait certainement (matériellement parlant) à ne rester que dans un certain confort culturel de centre-ville. Bien consciente du public qu’elle a pu drainer et draine encore par l’expérience Zebda, le festival « Origines Contrôlées » et bien d’autres projets, le Tactikollectif œuvre pour créer des espaces de rencontre et de croisements dans les quartiers. Et amener des gens du centre-ville en quartier n’est pas une mince affaire et peu de personne font le trajet dans ce sens (à part pour venir chercher leurs conso’ !).
Le Tactik mène une action à contre-courant de ce qui se fait aujourd’hui. Pendant que de nombreuses assos débarquent sur les quartiers comme des prestataires de service, le Tactik tente de mettre du sens et d’accompagner les projets d’habitants dans un esprit « retour de passe ». Il a pu donner accès à un réseau, à des moyens et à des savoirs qui restent confisqués toujours par les mêmes grosses assos. Il participe ainsi à une forme de redistribution là où la question de classe posée par l’accès aux services et aux doits est peu envisagée par les militants de centre-ville.
Parce que ce qui traverse l’ensemble des projets du Tactik, c’est d’être un des acteurs de médiation des paroles des concernés. Parce qu’ils y ont grandi, parce qu’ils savent ce qu’est une parole mutilée, un discours et un vécu invisibilisés, parce qu’ils connaissent et ont l’expérience de la lutte des quartiers, du vécu de l’émigration-immigration maghrébine
Parce que leurs volontés ont été de défendre et de lutter pour la justice sociale, économique, pour la dignité, l’égalité de traitement et la reconnaissance de leur héritage.
Leurs actions ont regroupé sous un même chapiteau des collectifs issus des quartiers populaires et portant les différentes questions relatives au vécu des habitants, que de nombreux acteurs médiatiques et politiques essaient de renvoyer à un certain particularisme.
A travers leur histoire, ils ont osé et osent, ils expérimentent. Avec la légitimité de parler de leurs histoires de quartier, de leur histoire de vie. Certes avec des failles, certes avec des vulnérabilités.
Mais à quels moments s’en sont-ils cachés ? A quel moment n’ont-ils pas eu la prise de recul de leurs expériences ? Car nous l’avons vu, nous avons aussi été témoins de leurs déconstructions face à certaines expériences, face à leurs parcours.
Où étiez-vous pendant les temps de réflexions de Motivé-es, du Tactik, et de leurs membres ? Les temps d’actions, de mobilisations ? Les temps de créations, de rassemblements des luttes ?
- Sur l’attaque personnelle sur Salah. Alors viser une personne comme ça sous couvert d’anonymat en racontant les pires mythos il nous semble que ça porte un nom. Vous vous attaquez tellement à la mauvaise personne que vous ne vous en rendez même pas compte, car n’importe qui connaissant un minimum Salah, connaît sa profonde bienveillance et son intégrité. Et jouer sur la thune qu’il gagne c’est tellement faux et déplacé venant de vous. Parce que les gars, on ne va pas se mentir, on se connaît hein, on le sait que la plupart des militants radicaux sont bien nés. Nombreux sont les rentiers qui ont le filet de sécurité de papa et maman si jamais le caprice de super militant radical vient à se disloquer. Et ça se permet, sans humilité de parler d’un gars, de gens, qui ont grandi dans les quartiers, fils et filles d’immigrés ouvriers.
Salah est allé jusqu’au bout de ses convictions, jusqu’au bout de ses contradictions. Beaucoup feraient mieux de s’en inspirer. Lui qui fait tant de choses dans l’ombre sans en tirer quelque mérite et qui, le pire, même après toutes ces bassesses, serait encore capable d’accepter de discuter calmement avec vous, d’échanger en jouant le jeu du débat politique argumenté.
- Et vous n’avez sûrement jamais entendu parler du FSQP** si ?
Nan parce que vous sauriez aussi que les Motivé-e-e-s aux côtés d’autres collectifs des quartiers et de l’immigration ont animé un mouvement de lutte autonome des quartiers à l’échelle nationale pendant des années. Là aussi faudrait faire un bilan, et en bons confidents nous savons que les membres de ce mouvement, ceux qui se sont usés à la tâche, sont les premiers à faire leur autocritique. Ils ont pourtant réussi quelque chose encore inégalé aujourd’hui, avec des moyens dérisoires mais une foi hors norme. De notre côté on fait le constat que si ces initiatives n’ont pas fonctionné comme espérées c’est peut-être bien aussi par le manque de soutien et d’intérêt qu’elles suscitaient chez les militants politiques de gauche et des milieux radicaux.
- Et y’a un truc qui revient encore et toujours aujourd’hui, c’est cette fascination pour « le jeune de quartier révolté qui serait muselé par les siens les plus politisés ».
Alors en fait, c’est plutôt l’inverse qu’on voit souvent nous. Les gens plutôt, ça les a gavés les militants qui viennent fanfaronner, allumer le feu et repartent dans leur abri au calme écrire un article triomphant sur le retour de la lutte des classes en banlieue. Ce qui, nous vous l’avouons, camarades, nous fait douter quant à vos pratiques d’investigation (ça parlerait mal de la dépêche et ça ferait pareil ??). ***
Alors on sera les premiers, aux côtés du Tactik très certainement, à dénoncer le clientélisme et la politique des grands frères, qui ont tué un peu plus les quartiers dans ce qu’ils pouvaient exprimer de volontés politiques collectives, mais là encore, quand il s’agit de venir soutenir les mobilisations d’habitants, c’est la dispersion dans les rangs des militants radicaux.
Ouais au fait, on le sait parce qu’on y est dans les quartiers nous. Sans posture, sans se faire porte-parole de quoi que ce soit, juste on y est, à très peu, au quotidien à essayer d’accompagner ce qui brille d’humanité et de volonté collective sans chercher à y donner une direction politique ou des grands mots mais en se positionnant en soutien physique, moral, matériel… et on y croise souvent le Tactik, notamment dans les quartiers nord, et d’autres assos qui font ce qu’elles peuvent face à la catastrophe, et, il est vrai, quelques militants de centre-ville bien esseulés.
- Bref, un dernier mot, puisque ça cite Pipo, bah les gars, appuyer sur la mort tragique d’un jeune de quartier qui a symbolisé un traumatisme, pour ses proches, et pour les habitants des quartiers, … tout ça pour descendre des gens qui, justement étaient là à ce moment****. Mais vous étiez où vous ? Et vous êtes où à chaque drame du même genre ? Vous avez déjà parlé à une famille de victime, à leurs proches ? Vous savez seulement de quoi on parle ? Honte à vous.
Parce que la pureté militante est à la mode, parce qu’il est plus simple de stigmatiser, diviser, faire des raccourcis, faciles quand ils sont rédigés loin de ceux qu’ils concernent. Parce que l’engagement est multiple, il est imparfait, il évolue !
Parce que c’est la goutte de trop, vous avez touché à la mauvaise personne, au mauvais mouvement, au mauvais moment, confortablement assis loin des réalités que nous vivons.
Des héritiers des luttes des quartiers populaires et de l’immigration
PS : et puisque ça parle de KDD, petite dédicace : « J’m’en bats la race de qui tu es tu veux tester, je sais qui tu es, tu veux tester ? je sais c’que tu fais, tu veux tester ?… »*****
P.-S.
* La meilleure réponse serait certainement un vrai travail de fond sur ce qu’a été le projet Motivé-e-s, le Tactikollectif etc… on y viendra un jour.
https://www.mediacites.fr/interview/national/2020/08/31/les-elus-ne-devraient-pas-craindre-de-generer-des-contre-pouvoirs/
https://www.revue-ballast.fr/tactikollectif-anticapitalistes-nont-travail-quartiers/
**FSQP : Forum Social des Quartiers Populaires. https://www.youtube.com/watch?v=OXq3GTCNFnU&ab_channel=HybridPulse
***Ça fait penser à une intervention de Tarek Kawtari, cofondateur du MIB (Mouvement de l’Immigration et des Banlieues), au contre-sommet du Larzac en 2003, devant un public d’altermondialistes, qui remet les pendules à l’heure sur les questions de fantasmes des militants gauchistes sur les banlieues et la question de la convergence « à quel prix ? ». https://www.youtube.com/watch?v=Pz4WkNNHABY&t=491s&ab_channel=34rifichan
**** Voir à ce sujet le film Le bruit, l’odeur et quelques étoiles, Eric Pittard
. https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18673994&cfilm=46911.html
*****Qui tu es ? KDD
https://iaata.info/L-indecence-de-la-pseudo-radicalite-4747.html
une dispute de militant-e-s toulousain-e-s dont des élu-e-s et associati-ve-f-s subventionné-e-s …
Vous parlez de diffamation, mais que faites-vous pour étayer ces accusations ? Rien. Avez-vous repris des arguments pour les réfuter ? Aucun. Vous vous contentez de déclarer « tout ça n’est que mensonges ». Contrairement à cette démarche malhonnête, et étant l’auteur·e de l’article en question, je vais essayer de répondre aux arguments à vos arguments un par un :
-L’article semble être écrit d’une place bien confortable
Je vous rassure, ce n’est pas du tout le cas. En tous cas bien moins confortable que celle de, à tout hasard, Salah Amokrane. Si vous en doutez, je vous propose que nous échangions nos salaires.
-Les motivé-e-s est un choix fait par des jeunes de quartier
Ça, c’est un beau mensonge. L’article montre que les « jeunes de quartier » étaient une petite minorité sur la liste, mais aussi qu’iels étaient marginalisé·es dans le fonctionnement politique du collectif, et l’ont d’ailleurs très vite quitté. Libre à vous de contester des sources, universitaires ou journalistiques, auxquelles les Motivé-e-s et le Tacti ont elleux même participé.
Je vous invite d’ailleurs à consulter ce site : http://unfilm.org/ . On y trouve de nombreuses vidéos des AG des Motivé-e-s, et on peut voir par exemple que le choix de Salah Amokrane comme tête de liste était un véritable coup de force, et non un choix démocratique.
-Le Tacti gagnerait à rester dans le centre-ville
Un mensonge de plus. Non seulement cela signifierait pour le Tacti de « vendre son âme », mais en plus, le Tacti est sollicité par les pouvoirs et collectivités publiques pour son « expertise » des quartiers populaires. Cela était également le cas pour Vitécri, on le voit dans l’article, sources à l’appui.
-Le Tacti mène une action à contre-courant, pas un prestataire de service
A contre-courant de quoi ? De Vitécri qui, selon les propos de Magyd Cherfi lui-même, faisait n’importe quoi jusqu’à de l’animation, pourvu que des subventions soient au bout ?
Ah, et j’ai du mal à comprendre en quoi organiser des concerts, des festivals, des évènements socio-culturels pour les collectivités locales, ce n’est pas être prestataire de service.
-Le Tacti est un acteur de médiation de la parole des habitant·es des quartiers populaires, il tente de mettre du sens et d’accompagner leurs projets
Que c’est beau, comme une brochure publicitaire. Au moins ça a le mérite d’être vrai. Mais, qui a dit que les projets des habitant·es des quartiers populaires avaient besoin d’accompagnement ? Qui a dit qu’il fallait y mettre du sens ? Qui a dit que leur parole devrait être sujette à médiation ? Personne, sinon vous et les puissances publiques qui vous financent.
-Défendre la justice sociale et économique
Comment ? Avec l’engagement associatif ? Ou bien en rentrant en politique chez EELV ou Générations comme Salah Amokrane, ou même au PS comme certain·es de vos proches ?
-Jouer sur l’argent que gagne Salah Amokrane c’est tellement faux, et déplacé venant de vous
Faux, pourquoi ? Salah Amokrane gagne sa vie depuis bien longtemps grâce à son association, c’est un fait (et pas que lui d’ailleurs). La question, ce n’est pas de savoir s’il est riche ou pas. Et encore heureux qu’il ne le soit pas.
-La plupart des militants radicaux sont bien nés, rentiers, ont le filet de sécurité chez papa et maman …
On rejoint là l’argument « déplacé venant de vous », et quelque chose qu’on retrouve un peu tout au long de votre réponse. A savoir que la gauche radicale, les anarchistes en kway, sont forcément des personnes aisées, issues de milieux aisés. Un discours mensonger, complotiste, essentialiste, vomi en permanence dans les médias dominants, dans le pouvoir. Je regrette d’ailleurs à ce titre là que IAATA ait choisi de publier votre réponse.
– L’article ne parle pas du FSQD
L’article n’avait pas pour ambition de faire toute l’histoire des Motivé-e-s et du Tacti, mais de montrer en quoi leur démarche générale s’inscrit dans ce qui est décrit comme la gentrification des luttes. De plus, comme vous le précisez, l’auto-critique a déjà été faite par plusieurs act·eur·rices e ce forum, et je n’avais rien à y rajouter. Enfin, avoir participé à ce forum n’est pas un totem d’immunité contre la critique, d’autant plus quand on voit certaines associations qui y ont participé (AC le feu par exemple).
-L’article montre une fascination pour le « jeune de quartier révolté qui serait muselé par les siens les plus politisés »
Fascination ? Surement pas. Admiration ? Peut-être. Comment ne pas admirer de jeunes adultes ou même parfois mineurs qui osent se révolter face à la toute puissance de l’Etat, dans les espaces les plus fliqués et surveillés de France, là où la police n’a aucune limite ?
-« Nous c’est l’inverse qu’on voit, les militants qui viennent allumer le feu dans les banlieues repartent dans leurs abris des beaux quartiers »
Mais oui ! Les vilain·es anarchistes qui viennent mettre le feu dans les quartiers populaires VS les habitant·es de ces quartiers qui n’ont pas du tout envie de mettre le feu ! C’est les vilain·es anarchistes qui arrivent dans les quartiers populaires avec des feux d’artifice aussi ? C’est quoi la suite, un complot de Georges Soros ? Les gauchistes payé·es par la police pour lancer des émeutes en banlieue ? On n’en est pas loin malheureusement.
-« Nous serons les premiers, aux côtés du Tacti, pour dénoncer le clientélisme »
Le clientélisme, la politique des grands frères, la prestation de service, ce sont les autres associations ! Le Tactikollectif n’y touche pas ! La quantité de pouvoirs locaux, de collectivités locales qui font vivre le Tacti, cela n’a rien à voir avec le clientélisme ! Jamais ! Salah Amokrane, le seul homme politique de France qui n’est pas clientéliste ! A d’autres.
-« Quelle honte d’évoquer le nom de Pipo pour nous descendre, nous nous étions là … »
Et faire toute une campagne politique à peine 3 ans après sa mort sans en parler, quand on prétend représenter les quartiers où il a grandi, ce n’est pas honteux j’imagine ?
Ah ça par contre oui vous étiez là. Et pour faire quoi au juste ? Pour dire aux jeunes que oui, tout bruler c’est compréhensif, mais ça mène nulle part, il vaut mieux des marches blanches. Qu’attaquer les policiers, ce n’est pas productif, il vaut mieux s’engager dans des associations ou en politique pour changer les choses. Il ne faut pas casser, il faut voter. Il ne faut pas détruire le système, il faut le réformer.
Vous voulez faire croire que vous êtes des bienfaiteur·es des quartiers populaires ? Le CD des Motivé-e-s, vous avez reversé tout l’argent aux quartiers populaires ? Si Zebda était devenu un groupe au succès planétaire qui brasse des millions, vous seriez où actuellement ? Est-ce que le Tacti existerait sous sa forme actuelle ? Permettez-moi d’en doutez. Et en plus de ça, vous êtes des champion·nes de la justice sociale ? Ah. Pourquoi est-ce que Moudenc vous donne des subventions alors ? Moudenc, allié de la justice sociale ? Carole Delga aussi ? Et le festival Origines contrôlées, s’il était subversif, s’il mettait en danger le néo-colonialisme, la préfecture le financerait ? Mais qui y croit exactement à tout ça ? Pas grand monde je pense, du moins j’espère.
Et pour finir, quand on est un grand monsieur, un grand homme politique comme Salah Amokrane, intègre, bienveillant, c’est mieux d’éviter de « liker » et remercier son ami qui déclare publiquement sur les réseaux « tu me trouvera à tes côtés s’il faut se castagner, je leur pisse à la gueule ».
PS : Euh, vous publiez des textes d’assos citoyennistes qui roulent pour EELV le PS et Géneration·s chez indymedia maintenant ? Le Tactikollectif c’est une asso qui brasse de l’argent qui a des salarié·es, des services civiques, qui a plein de relais dans le monde associatif … Si en plus faut lire leur merde jusqu’ici …