Règlement terroriste : la commission libe vote pour la censure sécuritaire
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle socialRépression
Comme nous le répétons depuis maintenant deux ans :
- Le délai d’une heure n’est pas réaliste, seules les grosses plateformes seront en mesure de se conformer à une telle obligation;
- La menace de lourdes amendes et l’impossibilité pratique de se conformer aux ordres de retrait obligera les acteurs du web à censurer de manière proactive tout contenu potentiellement illégal en amont, en utilisant les outils automatisés de surveillance de masse développés par Google et Facebook;
- Ce pouvoir donné à la police, sans contrôle préalable d’un juge pourrait mener à la censure d’opposants politiques et de mouvements sociaux;
- Le texte permet à une autorité de tout État membre d’ordonner le retrait d’un contenu hébergé dans un autre État membre. De telles mesures transfrontalières sont non seulement irréalistes, mais ne peuvent qu’aggraver le danger d’une censure politique de masse
Surtout, en juin 2020, le Conseil constitutionnel a censuré une disposition (parmi beaucoup d’autres) de la loi Avia qui prévoyait la même obligation de retrait en 1 heure de contenus notifiés comme « terroristes » par la police. Il a jugé qu’une telle obligation constituait une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression et de communication.
Les membres de la Commission LIBE ont néanmoins voté le texte. Les députés européens, et spécifiquement les députés français, ont donc voté en toute conscience un texte déclaré anticonstitutionnel en France. Ils devront en porter toute la responsabilité.
Nous travaillons sur ce texte depuis sa présentation en septembre 2018. Le vote d’hier était une étape importante dans le processus de son adoption, et donc une défaite pour la lutte contre la censure et la surveillance sur Internet. Ce vote a eu lieu sans aucun débat ou vote public (les résultats précis n’ont toujours pas été publiés).
La prochaine étape sera le vote en plénière au Parlement européen. Nous sommes prêts pour continuer la bataille contre ce texte et demander son rejet.
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