DROITS

Un des effets de l’élargissement de l’Union à 10 nouveaux pays, est peu connu : les membres de la communauté des « gens du voyage » sont passés de 3 à 9 millions. À l’horizon 2007, avec les adhésions bulgare et roumaine, ils devraient approcher les 12 millions de citoyens. Frédéric Lievy, animateur national de cette communauté parfois oubliée, est conscient du potentiel humain qu’elle représente : « elle est plus peuplée que bien des États européens ! ». Ceux que l’on désigne aussi par le terme réducteur de « roms » ont été souvent pourchassés, et le 3ème Reich les avait même inscrits au rang de peuple à exterminer…

Le grand public ignore souvent les conditions de vie réelles de ces « voisins d’un jour » : « Il y a une très grande inégalité de traitement suivant les pays » précise Frédéric. « En Grèce, par exemple, on assiste à de véritables rafles dans les centre villes, pour rejeter les « voyageurs » vers des zones rurales isolées. Et en France, on n’est, parfois, pas loin de ce genre de pratique. À la fin des années 90, il y avait au Portugal seulement 4 personnes issues de la communauté qui touchaient leur retraite ! ». Une situation qui s’explique peut-être par des démarches non effectuées, mais aussi parce que la durée de vie d’un voyageur est de 15 ans inférieure celle d’un sédentaire.

Frédéric, colistier de Gérard Onesta (député vert européen) (*), a été le premier de sa communauté à être candidat aux élections européennes.

« Je dis aux miens de participer à la vie publique, de se présenter aux élections, de prendre leur destin en main ». C’est un des leviers indispensables pour casser la discrimination vis-à-vis des roms, car la Charte des Droits fondamentaux n’est pas encore juridiquement contraignante, et les disparités qu’elle veut interdire persistent : « Pour qu’un voyageur puisse avoir une carte d’identité ou le droit de vote dans une commune, il doit prouver qu’il est sur cette commune depuis 3 ans… pour un SDF, 6 mois suffisent ! » souligne Frédéric.

Au Parlement européen, le sujet « rom » est devenu, depuis l’élargissement, un dossier chaud. Alors que les Verts avaient été jusque-là bien seuls à faire des propositions concrètes – comme la création d’une ambitieuse citoyenneté européenne « transnationale » –

chacun veut s’emparer du débat. Ceci est devenu palpable lors la création des intergroupes parlementaires : les eurodéputés en charge de l’antiracisme se disent évidemment concernés, tandis que l’intergroupe pour les « minorités nationales traditionnelles, les régions constitutionnelles et les langues régionales » (dont Gérard (*)est co-fondateur) se veut en première ligne. S’y ajoute un intergroupe « rom » qui semble incontournable, mais dont le soutien de certains lobbies mal identifiés fait débat… Pour ajouter à la confusion, la Commission européenne elle-même ne sait pas toujours comment sont employés les fonds distribués aux dizaines d’associations qui se réclament de la défense des gens du voyage.

Le chantier est complexe et immense, surtout quand les discriminations sont patentes et que l’Europe se rend enfin compte que les « minorités » ne sont pas si minoritaires que ça…

{{Frédéric LIEVY

(*) Gérard ONESTA VERT, député européen, Vice-Président du Parlement européen}}
-source : http://www.onesta.net/