Pétition rétablissement de parloirs respectant le droit à la dignité
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionRépression
Urgence du rétablissement de parloirs respectant le droit à la dignité des détenu.e.s et le maintien du lien familial /allègement des mesures restrictives et de distanciation physique à partir du 10 juillet
Auteur(s) : Groupement spontané de proches et familles de détenus Destinataire(s) : Emmanuel Macron (Président de la République) Eric Dupond-Moretti (Ministre de la Justice), Mesdames et Messieurs les directeurs et directrices de l’administration et des établissements pénitentiaires La pétition
Lettre ouverte collective et appel à signature, Groupement spontané de proches et familles de détenues
Objet : urgence du rétablissement de parloirs respectant le droit à la dignité des détenu.e.s et le maintien du lien familial / allègement des mesures restrictives et de distanciation physique à partir du 10 juillet
Monsieur le Président de la République,
Madame le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice,
Mesdames et Messieurs les directeurs et directrices de l’administration et des établissements pénitentiaires,
Cette lettre a pour but de porter nos voix en tant que proches et membres de familles de détenu.e.s afin d’exprimer notre frustration et notre souffrance face au déroulement de parloirs communs depuis le début du déconfinement. Ils se déroulent souvent derrière des panneaux de plexiglas, avec port de masque obligatoire, ce qui empêchent d’avoir un réel contact. Nous exigeons que les parloirs puissent se dérouler dans des conditions dignes. Nous lançons un appel à soutien à l’ensemble des associations et personnes solidaires.
Les mesures actuelles sont disproportionnées et inhumaines. Les témoignages de familles à la sortie des parloirs sont plus douloureux les uns que les autres et l’état de santé physique et psychologique des détenu.e.s se dégrade de manière alarmante : plusieurs cas de suicides de détenus restent à déplorer au cours des dernières semaines.
Veuillez entendre notre détresse et notre inquiétude, et nous donner des réponses. Nombreux détenu.e.s et leurs familles ne peuvent se résoudre à se rencontrer dans ces conditions traumatisantes, sans aucun contact, et dans l’impossibilité même de s’entendre parler, ou de voir le visage de l’autre. Après bientôt 4 mois de séparation, nous ne tenons plus !
Nous sommes dans l’incompréhension face à l’incohérence des mesures restrictives appliquées dans les différents établissements pénitentiaires depuis le début de la période de reprise des parloirs liés à la crise sanitaire du COVID-19.
Nous vous demandons de bien vouloir faire confiance aux familles et leur volonté de protéger leur proches emprisonnés en nous préservant de contacts au quotidien, alors que nous assistons à un relâchement manifeste des gestes barrières au sein de la population, et de nombreuses situations de non respect des règles de distanciation dans les lieux publics, et particulièrement les supermarchés. La mesure de distanciation sociale au sein des parloirs nous apparaît aujourd’hui d’autant plus insupportable et injuste. Comme tout autre membre de la société à l’extérieur, nous souhaitons pouvoir prendre dans nos bras nos parents, nos conjoints et nos enfants.
Face à cette situation, nous exigeons :
- de retrouver la possibilité de parloirs privés en box individuels et de contacts choisis avec nos proches
- que le port du masque et la distanciation physique soit réservés aux espaces d’attente collectifs et aux déplacements de l’entrée de la prison jusqu’à la zone de parloir individuel
- que le choix soit laissé aux détenu.e.s et leurs proches d’être en contact physique ou non, moyennant l’utilisation de gel hydroalcoolique et de masques.
- que des tests soient réalisés, de manière régulière et systématique au sein des prisons (détenuEs et visiteurs/euses)
- que les aménagements de peines et libertés conditionnelles soient favorisées et accélérées, en vue de la mise en place d’une véritable politique de déflation de la surpopulation carcérale (celle-ci demeurant aujourd’hui le facteur le plus susceptible de causer une pandémie, cf. la lettre du 3 juin 2020 de la Ligue des Droits de l’Homme et le communiqué de l’Observatoire International des Prisons
Nous souhaitons saluer l’initiative de familles de détenu.e.s de saisir le tribunal administratif de Caen et sa décision ordonnant la suppression des panneaux de contre-plaqué et de plexiglas aux parloirs famille sur le fondement de la violation de l’article 8 de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales.
Pour finir, nous souhaitons dénoncer l’absence de communication entre la direction des établissements et les personnes détentrices d’un droit de visite, et la désinformation qui laisse grandir le sentiment d’être laissés pour comptes.
Pour la dignité, le respect de tous/tes les détenu.e.s et leurs proches.
Signataires
Le Genepi
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