Argentine : renouveau des luttes ouvrières
Catégorie : Global
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Pour avoir une idée du climat actuel, il suffit de lire la une du quotidien de droite Infobae du 4 décembre 2004 :
“L’extorsion des syndicats progresse dans tout le pays
Les routiers, les travailleurs du métro et des cies téléphoniques, et les enseignants sont les plus conflictueux.
Les entrepreneurs dénoncent des pressions et ne cèdent pas devant l’extorsion. Les syndicalistes font un retour aux pratiques des années 70 (période très forte au niveaux des grèves ouvrières, qui engendra le coup dÉtat militaire de 1976 ! ! NdT) pour réclamer des augmentations de salaires. Kirchner a dit qu’il ne restera pas neutre face au conflit”
Le syndicat majoritaire en Argentine est la CGT, créé par Peron, il est pratiquement inféodé au péronisme. Durant les gouvernements de Menem (1989-1999), il a laissé se privatiser TOUTES les entreprises publiques (et nombre d’entre eux se sont notablement enrichis !).
Depuis quelque temps, les travailleurs de nombreux secteurs, lors des élections syndicales, disputent le pouvoir de la CGT et essayent de récupérer leur section, de manière victorieuse pour certains, ce qui expliquent, en partie, le renouveau des luttes.
Les travailleurs du Métro de Buenos Aires se sont organisés indépendament de la CGT pour protester contre un accord que ce syndicat avait signé avec la direction. A l’aide d’un “corps de délégués” (désignés directement par les travailleurs), ils ont mené une longue grève et obtenu la réduction de leurs journée à 6 heures (ensuite ils ont été à l’origine de la constitution du “Mouvement pour la Réduction de la Journée Légale à 6 heures) et des augmentations de salaires.
Lors des élections syndicales des chemins de fer, une liste d’opposition à la CGT a remporté 3 sections sur les 6 auxquelles elle s’étaient présentée, elle ne put se présenter au niveau national en raison d’une magouille entre la CGT et le gouvernement (par exemple toutes les lignes de chemins de fer ont été privatisées, et le syndicat CGT chemins de fer est propriétaire d’une d’entre elles !), De plus des fraudes l’ a privé d’une plus grande victoire. La section grand ouest de Bs As avait effectué des grèves et des blocages de voies pour protester contre leur non reconnaissance ; et aussi après les élections contre des licenciements (la dernière action a été durement réprimée et tous les syndicalistes se sont retrouvés au poste, ce qui a donné lieu à l’arrêt de travail spontané de la section nord de Bs As, ils ont fini par être tous libérés quelques heures après).
Depuis vendredi dernier les travailleurs des entreprises privées de téléphonie, Telefonica et Telecom sont en grève avec occupations des centres de contrôle. La lutte a été lancé par le syndicat de la province de Bs As, qui avait gagné contre la CGT. www.paris.indymedia.org/article.php3?id_article=29496&id_mot=11 Attention : il y a des erreurs, ils exigent 25 % d’augmentation de salaire et non 50% ; Telecom n’appartient plus à France Telecom.
Les travailleurs du Métro, devant le refus de l’entreprise de leur accorder 55 % d’augmentation de salaire, font faire grève à partir de lundi prochain.
Les grèves d’enseignants se sont multipliées cette année pour des augmentations de salaires. Les enseignants de la province de Bs As ont annoncé une grève de 48 h à partir de lundi.
Réflexions sur ce qui se passe, à partir de la lutte des travailleurs de Telefonica et Telecom :
Lettre adressée aux travailleurs de Telefonica et Telecom en Argentine en grève depuis six jours.
“Votre lutte est un exemple pour tous les travailleurs du pays, comme le fut celle des travailleurs de Metrovias (métro de Buenos Aires) pour la journée de six heures.
Une victoire de votre part sera un encouragement pour tous et engendrera d’autres luttes de ce type. Le ministère du travail et les entreprises le savent et le craignent. C’est pour cela que vous ne devez pas faiblir et accepter une proposition d’augmentation de salaires inférieure à ce que vous exigez. De plus, comme nous le savons, les entreprises veulent une autorisation pour augmenter leurs tarifs et obtenir des subventions. C’est pour quoi, si vous signez un accord vous devez imposer des conditions qui interdissent des augmentations de tarifs et n’importe quelle subventions du gouvernement pour les multinationales.
L’ Argentine vit une situation de pauvreté et d’exploitation terrible. La majorité des travailleurs travaillent au noir, sans protection et avec des salaires inférieurs à la loi. Le salaire minimum se situe en dessous du seuil de pauvreté, c’est à dire qu’on peut avoir un travail et être pauvre.
D’un autre côté, en ce moment, l’Etat a un excédent budgétaire qui va au-delà de ses espérances, mais il va l’utiliser pour PAYER LA DETTE EXTERNE au lieu de régulariser tous ses employés au noir et d’augmenter les salaires au-delà du seuil de pauvreté.
Il y a un autre facteur très important, votre lutte est démocratique et exceptionnelle. Vous devez continuer avec cette méthode, c’est à dire : LA BASE DOIT DECIDER DE CHAQUE PAS, tout accord doit être pleinement discuté avec TOUT le personnel. Tout soutien extérieur doit se limiter à un soutien logistique et matériel mais pas à une ingérence dans les prises de décisions et d’actions. Et bien sûr, attention aux délégués (c’est un avertissement général, non dirigé à vos délégués vu que je ne les connais pas). Je me permet de dire cela parce qu’une pratique très commune et courante est l’achat des représentants des travailleurs par le pouvoir, étatique ou entrepreneurial.
Pour finir, votre lutte est aussi une lutte contre les multinationales, qui après avoir acheté des entreprises publiques à des prix ridicules, ont licencié beaucoup de monde, ont profité de leur position pour maintenir des salaires faibles et faire d’importants profits (parfois même en touchant des subventions publiques.
Comme disent les anarcosyndicalistes : “Un patron a besoin des travailleurs mais les travailleurs n’ont pas besoin d’un patron”, aussi si vous en avez envie, après avoir occupé les installations, de travailler sans patron, faites-le.
Encouragements.
Buenos Aires, 2/12/2004
REPRESSION et LIBERATION
Les personnes arrêtées le 31 août dernier ont été libérées avant hier soir après trois mois passés en prison. Pour manque de preuves ! ! !
“7 personnes (Héctor Reynoso, Pablo Marcelo Sánchez, Rodolfo Casanore, Ezequiel Johnatan Díaz, Roberto Bence, Rafael Barrios et Roberto García) arrêtées le 31 août 2004, place de Mai durant une action contre la présence du FMI. Le juge les a inculpées pour “intimidation publique, attentat, résistance aux autorités, coûts et blessures”. Ce jour ont été arrêtées 108 personnes.”
Dix personnes ont été arrêtées lors d’une violente expulsion d’installations pétrolières qui avaient été occupées par des travailleurs dans la province de Santa Cruz à Las Heras. Cette occupation exigeait la réincorporation de 65 travailleurs.
Précedents dans la région , voir : http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=26365&id_mot=11
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