Avec les «rosa parks», contre le racisme d’État
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Catégorie : Global
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Le langage dont elle se sert, celui de «l’antiracisme politique», ne fera sûrement pas l’unanimité. Mais il touche juste, faisant entendre bien haut la voix de ceux qui subissent au quotidien les violences du racisme dans notre «pays des droits de l’homme». Il peut être entériné par quiconque, citoyen ou résident, voudra les rejoindre ou les soutenir par solidarité et par souci de l’avenir commun.
Nul ne met en doute que le racisme soit un phénomène complexe. Ses multiples formes, convergentes ou divergentes, sévissent inégalement suivant les régions du monde et les époques : mépris de caste, xénophobie, antisémitisme, négrophobie, racisme anti-arabe et anti-maghrébin, islamophobie, racisme antiroms, anti-indien, anti-asiatique ou antilatino et, de plus en plus, violemment antimigrants… A quoi s’ajoutent les intersections avec d’autres discriminations, notamment de classe et de sexe. C’est pourquoi il faut prendre garde aux simplifications. Je ne suis pas enthousiaste de l’opposition entre des «racisés», amalgamés en un seul groupe, et un «privilège blanc», bien aléatoire d’un lieu ou d’un pays à l’autre, dont l’invocation risque aussi de favoriser les politiques «identitaires» aujourd’hui galopantes en Europe comme aux Etats-Unis. Mais ces précautions ne doivent pas nous empêcher de nommer le processus de racisation omniprésent : ségrégation de certaines populations, discrimination envers les individus en raison de leur couleur ou de leurs origines, et finalement déshumanisation de groupes entiers à travers la négation de leur histoire et le dénigrement de leurs cultures.
Surtout, la multiplicité des formes du racisme est soumise aujourd’hui à une triple surdétermination qui le concentre et l’intensifie jusqu’à l’intolérable : par l’assignation dans des territoires (les «quartiers») où sont démantelés les services publics et ne cesse de grandir l’insécurité sociale du chômage et de la pauvreté ; par la façon dont l’Etat néolibéral met en œuvre la « loi de population » du capitalisme mondialisé, faisant jouer les unes contre les autres toutes les formes de la précarité, nomades et sédentaires ; par l’imposition des stéréotypes ethnoculturels dans notre société postcoloniale, entretenant des stigmatisations qui ressemblent aux anciennes à s’y méprendre. Car, il faut bien le dire, la République française n’a jamais tiré de la décolonisation les leçons qui s’imposaient, ni dans sa politique étrangère, ni dans sa perception de ceux et celles qui la composent elle-même.
Faut-il donc parler de racisme d’Etat ? Je suis persuadé que c’est nécessaire, au-delà des équivalents partiels comme «racisme systémique» et «racisme institutionnel», qui ne pointent pas vraiment la responsabilité stratégique. Oui, le racisme d’Etat peut exister et prospérer, diffusant dans toute la population, même quand il n’est pas officialisé (encore qu’il y ait des dérives de ce côté en France, comme le montrent les lois d’exception envers les manifestations d’appartenance à l’islam). Il suffit, et c’est décisif, que l’Etat tolère ou justifie les violences qu’exercent ses corps constitués (notamment la police) contre des populations identifiées par leur «faciès» ou par leur «dangerosité spécifique», et qu’il s’abstienne systématiquement, au nom du libéralisme voire de «l’égalité des citoyens», de mettre en œuvre les politiques qui s’attaqueraient à ce qu’un Premier ministre osa nommer naguère «un apartheid territorial, social, ethnique», ainsi que l’exigeraient pourtant ses principes.
Ce point est crucial. Il montre que la lutte antiraciste, obligée de se mobiliser en permanence contre l’Etat ou ses représentants, doit aussi se mener au sein de l’Etat, dans le sens large qui organise et institue tous les rapports sociaux. C’est pourquoi il faut qu’une initiative comme celle des Rosa Parks reçoive le soutien d’associations, de militants, d’élus, et converge avec leurs propres efforts hérités de la tradition démocratique, de l’internationalisme et des luttes anticolonialistes, même si l’invention du langage commun et le partage des responsabilités ne sont pas faciles. Peut-être cela nous permettra-t-il de corriger le terrible «lapsus» qu’a représenté la décision récente de retirer de la Constitution, non pas (comme on l’a dit ou cru) «la notion de race», mais la prescription de l’égalité «sans distinction de race».
Politique, l’initiative du Collectif l’est en effet, et de plusieurs façons : par la radicalité de sa critique du système de racisation qui atteint des populations entières dans notre pays ; par la créativité dont elle fait preuve et l’impulsion qu’elle peut donner à de multiples résistances ; par la main qu’elle tend, au nom de l’égalité, à tous ceux que frappe la précarisation et que menacent les dérives autoritaires du pouvoir. Sans oublier, ce qui n’est pas le moindre à mes yeux, le déplacement vers le concret qu’elle pourrait opérer au sein d’un débat public qui tournait en rond dans le duel des souverainistes et des européistes…
Souhaitons donc le succès de cette initiative. Essayons d’y contribuer. Elle est opportune, elle est pacifique, elle est responsable. Faute de quoi, comme l’a écrit James Baldwin en mots dont la tristesse et la colère résonnent jusque chez nous : «La prochaine fois, le feu.»
(1) Voir le texte complet de l’appel sur le site du Collectif : Rosaparks.webflow.io
https://blogs.mediapart.fr/edition/mille-communismes/article/261118/avec-les-rosa-parks-contre-le-racisme-detat
Les vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre prochains, les organisations de l’antiracisme politique, dont l’UJFP, appellent à une mobilisation inédite « contre les inégalités structurelles, le racisme, la ségrégation et le mépris permanent ». Inédite, car il s’agira pour les militant.e.s de l’immigration postcoloniale et leurs partenaires de protester en disparaissant – des lieux de travail, des universités, des réseaux sociaux – pour mieux réapparaître le lendemain.
Alors qu’un peu partout dans le monde droite extrême et extrême centre se partagent le pouvoir et imposent leur agenda autoritaire, impérialiste, islamophobe et antisocial, nous porterons haute notre parole politique de justice, d’égalité et de dignité.
Les objectifs du Collectif Rosa Parks font écho aussi bien à notre héritage politique pluriel, de l’internationalisme socialiste juif du Bund aux luttes anticoloniales judéo-maghrébines, qu’à nos luttes quotidiennes dans le mouvement de solidarité avec la Palestine et contre le racisme d’État. Alors soyons nombreuses et nombreux à disparaître le vendredi 30 novembre et à réapparaître le samedi 1er décembre à 14h à Nation. Nos camarades comptent sur nous.
Le Bureau national de l’UJFP
Ca crie au #racisme d’Etat
mais
ça accepte volontiers les subventions publiques (d’Etat) !
#tartuferie
#rosaparks
un événement organisé par des partis politiques (PIr, LFI, Ensemble, PCF ) a t il sa place sur indymédia ?
Fais une recherche et tu verras que ces évènements organisés par les partis et orgas de la gôche sont fréquents sur indymedia. Pourquoi t’étonne tu??
Le collectif Rosa Parks (!?) emmené par un parti plus que problématique ( antisémite, homophobe, sexiste… ) et une égérie islamiste de la manif pour tous ( Chouder ismahane )
l’asso Lallab déclare « inspirante » cette homophobe
Pour rappel son parti politique a assassiné des militant-e-s étudiant-e-s marocain-ne-s
aucune légitimité à ces structures