Guerre de classe 07/2018 : frappes aériennes en syrie ! troisième guerre mondiale ? show ou réalité ?
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Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesAntifascismeContrôle socialGuerreRépressionResistances
Ce 14 avril 2018, les grands médias bourgeois (qui expriment et matérialisent les intérêts de classe de nos exploiteurs et oppresseurs, toutes fractions confondues malgré les divergences conjoncturelles les différenciant) nous ont annoncé à grands coups de propagande guerrière qu’une coalition de trois parmi les plus importantes puissances au monde (les USA, la Grande Bretagne et la France) ont procédé à des frappes aériennes nocturnes sur diverses cibles « stratégiques » en Syrie, en représailles à une attaque chimique qui aurait été perpétrée par le régime baasiste, soutenu militairement, économiquement, politiquement, diplomatiquement par la Russie et l’Iran. Il est plutôt « cocasse » et « outrancier » que ces gangsters capitalistes mettent en avant la défense de « populations civiles » victimes de la logique morbide qui dirige ce monde, surtout lorsqu’on sait pertinemment bien que par exemple les USA possèdent le plus puissant complexe militaro-industriel de la planète, ainsi que les plus gigantesques réserves d’armes de destruction massive. Les USA ont ces dernières années non seulement contaminé des régions entières de l’ex-Yougoslavie et de l’Irak avec l’utilisation à grande échelle de munitions à « l’uranium appauvri », entrainant une augmentation drastique du nombre de cancers pour les populations locales, mais ils ont ainsi tout autant sacrifié leurs propres soldats exposés aux effets dévastateurs de tels armements.
Une fois de plus, à cette occasion, le spectre d’une troisième guerre mondiale a été brandi devant les yeux ébahis de milliards de prolétaires, en mettant en avant la possibilité d’un embrasement militaire USA versus Russie. Il semble évident à tout esprit sain et quelque peu critique que la version officielle devant servir de justification à ces frappes aériennes ne tient pas la route et n’a aucun sens. Ni les capitalistes étatsuniens, britanniques et français, et certainement pas non plus les capitalistes russes, syriens ou iraniens, en ont quelque chose à foutre fondamentalement du sort des prolétaires écrasés sous les déluges de bombes, de missiles, de mitrailles, de gaz et autres joyeusetés produites par l’Eden capitaliste. La raison fondamentale de toute cette mise en scène, c’est la préparation idéologique, psychologique des masses de prolétaires atomisés dans leur condition de citoyens à la réalité future et inévitable de la guerre généralisée.
Plutôt donc que de réécrire pour la énième fois un texte spécifique sur cette question prégnante, nous avons décidé dans l’urgence de publier un bulletin reprenant les passages essentiels de deux textes diffusés il y a quelques années déjà mais qui n’ont rien perdu de leur « actualité ». Commençons donc par le texte « Menaces de frappes aériennes en Syrie ! Troisième guerre mondiale ? Une seule guerre, la guerre de classe ! », publié en septembre 2013 après une première importante attaque chimique en Syrie :
Plus de 110.000 morts, deux millions de réfugiés dans les pays voisins, plus de trois millions de déplacés à l’intérieur du pays, 130.000 arrestations et disparitions, des tonnes de bombes, de missiles, d’obus, de bombes à fragmentation… C’est cela la réalité de la guerre en Syrie depuis 2 ans et demi ! [depuis lors, aujourd’hui en 2018, ces chiffres morbides ont évidemment explosés !]
Et comme si cette matérialisation de la guerre permanente du capitalisme contre le prolétariat ne suffisait pas, les grands média bourgeois nous annoncent ce 21 août [2013] « l’horreur suprême » : des gaz toxiques ont été utilisés dans un quartier périphérique de Damas, faisant plus de 1.300 morts et 3.600 blessés.
Toutes les accusations sont lancées contre le régime syrien qui n’en serait pas à son premier massacre, et qui a déjà prouvé ce dont il est capable en termes de répression. D’autres voix s’élèvent pour accuser des groupes de « rebelles », plus précisément des djihadistes soutenus militairement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.
Nous, communistes, ne voulons en aucune façon entrer dans cette polémique, et encore moins cautionner les élucubrations « conspirationnistes » et autres « théories du complot », très à la mode jusque dans certains milieux « militants » et « ultragauchistes ». Car fondamentalement, que ce soit l’État capitaliste en Syrie, représenté par le régime baasiste, ou que ce soit l’une ou l’autre des fractions combattantes de « l’opposition » bourgeoise, avec l’appui de puissances régionales ou internationales, c’est finalement le terrorisme d’État, l’État terroriste des capitalistes, qui est responsable de ce gazage antihumain et anti-prolétarien, comme il est responsable de toute cette guerre, comme de toute guerre…
Mais aujourd’hui, alors que le capitalisme traverse sa pire crise de valorisation depuis la fin de la seconde boucherie mondiale, sa seule alternative, une fois encore, c’est la destruction massive de forces productives excédentaires (de marchandises, de travail mort, mais aussi de marchandises forces de travail, donc de travail vivant, donc de prolétaires !)… La seule solution viable pour le capitalisme (afin de relancer ultérieurement un nouveau cycle de valorisation), c’est donc la guerre généralisée, […] Son seul problème (qui est de taille !), c’est comment mobiliser mondialement le prolétariat pour que celui-ci se laisse embrigader dans une quelconque campagne idéologique afin de justifier les futurs massacres.
Les actuels roulements de tambours guerriers qui résonnent en vue d’une intervention militaire de certaines puissances occidentales en Syrie participent de cette campagne idéologique. D’autant plus que la Syrie est au cœur d’une région qui est l’enjeu géostratégique des appétits voraces des capitalistes. Deux grandes constellations d’États se partagent déjà le terrain et participent à la redistribution des cartes dans la région : d’un côté, la Russie, la Chine et l’Iran qui soutiennent le régime en place (mais jusqu’à quel point ce soutien ne menacera pas l’ensemble de leurs intérêts ?), et de l’autre côté, les USA, la France, la Grande Bretagne et leurs alliés régionaux la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar…
Les menaces d’intervention militaire renforcent cette polarisation et confortent également dans leur analyse l’opinion publique, la propagande bourgeoise, les « spécialistes » de la question, et jusqu’à des groupes et organisations qui se revendiquent de la révolution sociale, de la lutte anticapitaliste, de l’insurrection prolétarienne, de la lutte pour le communisme et/ou l’anarchie, qui ne cessent de répéter ad nauseam […] que les événements en Syrie ne seraient qu’une guerre par procuration (entre ces diverses puissances étatiques), ou à tout le moins une guerre civile entre deux camps bourgeois (avec le soutien de ces mêmes puissances étatiques) : le régime baasiste contre « l’opposition démocratique » (qui dans certains cas est réduite à sa plus simple expression djihadiste)…
Or, cette version et cette compréhension de l’histoire, et donc des faits qui se déroulent devant nos yeux, même si elle recouvre une partie de la réalité sur le terrain, élimine purement et simplement l’autre aspect de cette matière sociale en mouvement, qui pour nous communistes est fondamental : c’est la lutte de classe qui fut le déclencheur essentiel de tout ce qui se passe aujourd’hui. En mars 2011, un important mouvement de lutte, un soulèvement de nature prolétarienne, s’est déclenché contre la misère, contre l’augmentation des prix, contre le chômage, contre les mesures d’austérité drastiques imposées durant la précédente décennie en Syrie, contre la répression… Les prolétaires ont tenté dès le début de dépasser la spontanéité du mouvement, diverses structurations de lutte se sont mises en place dont des centaines de comités de coordination (Tansiqyat) qui essayent de répondre dans la pratique aux besoins de la lutte, de son organisation sur le terrain, de sa coordination, de sa centralisation, de son renforcement, de son extension et de son auto-défense, bien qu’ils développent des niveaux de radicalité très contradictoires quant aux perspectives de la lutte. Très rapidement également le mouvement de notre classe riposta à la terreur étatique par l’action directe, poussant au défaitisme dans les appareils centraux de la répression…
Par manque de développement de ses perspectives, par manque de direction révolutionnaire, et sous l’effet de la direction donnée par différentes fractions bourgeoises qui essayent de réaliser leurs propres intérêts en se servant de la lutte prolétarienne, cette lutte de classe, cette guerre de classe, s’est partiellement transformée en lutte inter-bourgeoise, en guerre civile interne, et en guerre par procuration. Cela n’enlève rien à l’importance de la nature fondamentalement prolétarienne du mouvement. Partout et toujours dans l’histoire où les deux classes antagonistes se sont affrontées, des fractions bourgeoises se sont soit provisoirement coalisées contre un même ennemi, soit ont continué à s’opposer pour qu’émerge conséquemment un seul et puissant pôle contre-révolutionnaire capable d’abattre la classe historiquement déterminée à en finir avec ce cauchemar séculaire qu’est le capitalisme et son rapport social (Commune de Paris, Russie, Allemagne, Espagne…). Partout et toujours dans cette même histoire, des « puissances étrangères » sont intervenues soit pour réprimer directement le mouvement de notre classe (opérations de gendarmerie internationale), soit pour soutenir un camp bourgeois contre un autre (« Guerre civile en Russie » de 1918 à 1921 durant laquelle diverses armées occidentales ont militairement soutenus les « blancs » contre les « rouges »), soit encore pour se faire la guerre par procuration (Espagne 1936-39)… Et il en sera ainsi dans tous les futurs conflits qui embraseront le monde de la valeur jusqu’à son abolition violente par la force de la révolution sociale.
Pour en revenir à la Syrie, rappelons ce que nous écrivions […] dans un autre texte : « il est indéniable que les bombardements des villes et les massacres, la terrible répression étatique et la militarisation de celle-ci, s’imposent comme une force lancinante qui tente d’embrigader les prolétaires en lutte (…) à travers la constitution de deux fractions bourgeoises qui s’opposent pour la conquête du pouvoir et la gestion de l’antagonisme social. Toutes les puissances étatiques internationales et régionales (…) poussent à la militarisation de l’affrontement de classe, et ainsi à lui faire perdre sa dynamique de subversion de ce monde de misère, bref à dépouiller le prolétariat de son autonomie de classe… Le troisième camp en Syrie (c’est-à-dire le prolétariat opposé aux deux pôles de la contre-révolution) court à sa perte et à son embrigadement si l’isolement dans lequel il est plongé n’est pas brisé, si le contenu puissamment universel de sa lutte (comme de toute lutte de notre classe) n’est pas mis en avant, s’il ne trouve pas rapidement un écho à ses luttes, si de nouveaux foyers insurrectionnels ne se développent pas ailleurs afin de ne plus donner un seul instant de répit aux bourgeois voraces… »
Tout mouvement de lutte et de subversion des rapports sociaux dans l’histoire possède sa propre dynamique, qui si elle ne se développe pas, si elle ne s’étend pas, dépérit pour finalement disparaître. Certes, […], la dynamique du mouvement de lutte de notre classe en Syrie s’est essoufflée, […], sous les coups de boutoir simultanés des bombardements, des tueries, des massacres, des emprisonnements, sous l’action également des diverses politiques réformistes qui utilisent les prolétaires comme chair à canon dans leur guerre entre fractions bourgeoises, et sans compter l’influence des tendances djihadistes qui transforment la guerre de classe en guerre sectaire et communautariste, malgré la forte résistance du prolétariat.
Cette résistance du prolétariat aux diverses fractions djihadistes qui essaient de confisquer notre lutte et d’imposer le retour à l’ordre (entre autre à travers l’ordre moral et religieux) dans les « zones libérées » s’est […] exprimée […] à travers une série d’actions que la presse bourgeoise s’est évidemment bien tenue d’ignorer. […]
A tous les prolétaires combattifs en Syrie !
Nous tenons enfin à mettre en garde les prolétaires en lutte en Syrie qui, exsangues de subir les incessants bombardements et massacres orchestrés par le régime en place, développent encore des illusions sur une intervention de « la communauté internationale » (qui n’est rien d’autre qu’une bande de gangsters capitalistes), qui en appellent à des frappes aériennes ou à l’imposition d’une « zone d’exclusion aérienne »… Il n’y a rien à attendre d’une quelconque puissance étatique qui toutes ont toujours combattu et réprimé les révoltes prolétariennes dans l’histoire. Que ce soit en Indochine et en Algérie durant les années ’50 ou au Vietnam plus tard, les armées française et américaine n’ont laissé sur les champs de bataille que des monceaux de cadavres… Que ce soit en Irak, en Somalie, en Yougoslavie, en Afghanistan ou encore très récemment en Lybie, que ce soit sous prétexte de « guerre contre la terreur » ou d’« action humanitaire », les enjeux impérialistes n’ont signifié qu’une réorganisation de l’exploitation et le remplacement d’un dictateur par un autre ou par une brochette de tortionnaires plus présentables et plus « respectables »… Non, il n’y a rien à attendre pour le développement de nos luttes en choisissant un « moindre mal » contre un « pire »… [Et cela est tout autant valable pour les prolétaires du Rojava qui s’imaginent que les organisations national-social-libérationnistes qui les encadrent et les transforment en chair à canon puissent assumer dans la confrontation actuelle un autre rôle que celui de mercenaires sur le terrain des grandes puissances capitalistes.]
A tous les prolétaires combattifs en Syrie !
Au début, vous vous êtes révoltés contre la misère et la répression qu’une fraction particulière (le régime baasiste) de la classe dirigeante vous imposait. Mais un trop grand nombre d’entre vous se sont fait les auxiliaires d’une autre fraction bourgeoise de gestionnaires du capitalisme en participant à la guerre, dans le camp du front unitaire du nationalisme et du sectarisme. On vous dit, nos ennemis aimeraient vous faire croire que cette guerre « contre Assad » ne ressemble à aucune autre. Tous les représentants et toutes les tendances du front unitaire « anti-Assad » vous chuchotent à l’oreille qu’il faut remettre à plus tard, pour une raison tactique, l’attaque contre la classe possédante capitaliste, les rapports sociaux existants et l’état des choses actuel, jusqu’à ce que le « diabolique » Assad soit vaincu. En acceptant cela, vous ne vous rangez pas dans le camp du prolétariat, mais contre lui. Vos alliés ne sont dès lors plus les prolétaires, les exploités, mais la bourgeoisie. Adhérer au front unitaire, c’est se battre pour quelqu’un d’autre, c’est être une expression extrême de la rivalité sectaire et nationaliste.
La perspective d’une attaque contre la misère capitaliste et les effusions de sang dans cette guerre, qui n’a jamais été aussi impérieuse, dépend de la capacité de rendre apparente la frontière qui sépare l’action et les besoins de la classe prolétarienne d’un côté, et le camp de la bourgeoisie, celui de sa dictature démocratique de l’autre. Ne pas relever cette frontière signifie sous-estimer le rôle historique du prolétariat, et plus particulièrement faillir dans le fait d’assumer le rôle important et fondamental de son avant-garde dans la lutte. Le capitalisme, c’est la guerre, et la guerre, c’est le capitalisme. A la guerre comme dans la paix, il y a toujours le profit capitaliste, les exploiteurs et les exploités.
Refusez tout front unitaire en faveur d’une fraction bourgeoise ou d’une autre ! Arrêtez cette guerre d’un appareil militaire bourgeois contre un autre, retournez vos armes contre vos « propres » officiers, contre les requins politiques, contre les conseillers militaires étrangers et les patrons capitalistes de votre « propre » camp. Soyez l’avant-garde et montrez aux « prolétaires en uniforme » dans les rangs des forces d’Assad que la seule unité, c’est celle des exploités au-delà des frontières artificielles du capitalisme. Étendez cette méthode de notre action de classe derrière le front des soldats « ennemis » afin qu’ils se joignent à vous pour exécuter les bouchers impérialistes bourgeois qui sont les seuls à tirer profit de ce massacre.
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Nous n’avions pas eu le temps de parachever la diffusion internationale de ce texte et d’en discuter en profondeur les tenants et les aboutissants, qu’un nouveau foyer de tensions entre puissances impérialistes se développait, en Europe cette fois. Au printemps 2014, nous avons publié deux textes autour de la question des événements en Ukraine dont celui-ci : « Préparatifs guerriers entre l’Ukraine et la Russie. Show ou réalité ? », qui aborde et développe les mêmes thématiques, et met en avant les perspectives pour notre classe ainsi que pour ses minorités les plus déterminées en termes d’organisation du défaitisme révolutionnaire :
[…] A nouveau, les bruits de bottes résonnent bruyamment en Europe, les canons s’affutent, les bombardiers regorgent de dragées meurtrières, les missiles dardent leurs pointes nucléaires sur leurs futurs objectifs : après les guerres qui ont localement et conjoncturellement embrasé la Yougoslavie, la Géorgie, la Tchétchénie, le Daghestan, l’Ossétie, etc. durant ce dernier quart de siècle, voici maintenant que s’intensifie la maturation des conditions du déclenchement en Ukraine d’une nouvelle guerre, d’une ampleur plus considérable encore, avec des répercussions internationales inimaginables.
Depuis quatre mois, d’importants troubles secouent ce pays. Ces troubles ont émergé du sol fertile des profondes contradictions qui déterminent toute société de classe ainsi que leurs expressions concrètes : salaires de misère, restructuration, licenciements, privatisations, diminution des aides sociales qui constituaient un reliquat de « l’ère socialiste », etc. Bien sûr, ces mouvements sociaux (comme toutes les luttes qui se développent aujourd’hui) portent encore le sceau du manque de rupture avec les gestionnaires du rapport social, ainsi qu’avec leurs futurs remplaçants. Leur expression politique et leur conscience semblent être si faibles et fausses… Mais les révolutionnaires ne peuvent pas juste balayer d’un revers de main le contenu des événements, de manière dédaigneuse et condescendante. […]
Malgré la nature bourgeoise de diverses expressions et matérialisations émanant des mouvements sociaux, ce que la classe des capitalistes craint le plus aujourd’hui, c’est une extension des troubles aux métropoles des superpuissances mondiales. Que se passerait-il si de pareils événements devaient éclater dans la Fédération de Russie, en Grande-Bretagne, aux USA, en Chine ? A tout le moins, les capitalistes préféreraient éviter ce genre de « catastrophe » pour la pérennité de leur dictature sociale et ils tentent ainsi de canaliser préventivement toute cette bouillonnante énergie, tout ce maelström social dans les ornières de la guerre. […]
Une fois encore les capitalistes se préparent à nous envoyer au massacre
Cette année 2014, la bourgeoisie commémore le déclenchement de la première guerre mondiale, tout en prétendant que nous vivons maintenant dans un monde de paix et d’harmonie. Mais […] comme en 1914 des mécanismes politico-militaires sont en train de se mettre en route, et qui peuvent très bien échapper à la mainmise des apprentis sorciers qui dirigent le monde. […]
Au-delà du développement de l’hystérie nationaliste, chauvine et patriotique dans les deux camps en présence, ainsi que des circonstances particulières qui alimentent les actuels préparatifs de guerre […], nous devons mettre en avant un point fondamental : la rapidité avec laquelle toute cette affaire a pris de l’ampleur. En effet, quelques jours, quelques semaines seulement ont suffi à révéler toutes les contradictions accumulées depuis la fin du « monde bipolaire » (l’URSS contre les USA, l’est contre l’ouest, le « communisme » contre le « capitalisme » selon la propagande des deux camps), soit depuis un quart de siècle. Toutes contradictions qui provenaient de la non-résolution de la crise historique inhérente au capitalisme (considéré en tant que ce qu’il est fondamentalement, c’est-à-dire un rapport social mondial) et que celui-ci porte dans ses flancs ; crise qui résulta du nouveau cycle de valorisation qui s’est développé sur les ruines du précédent conflit mondial. L’ordre capitaliste ayant horreur du vide, dont la faillite d’un des deux blocs impérialistes fut une expression, tout commence à « rentrer dans l’ordre » avec la re-bipolarisation du monde, tant nécessaire à la compétition entre les différentes fractions du capital mais également à la mise en place des conditions objectives d’une nouvelle guerre. Nous pouvons donc affirmer que l’histoire s’accélère ! […]
Nous nous devons également de rappeler ici l’essence fondamentale de la guerre. Depuis que le mode de production capitaliste existe et donc domine la planète entière, toutes les guerres sont bourgeoises, capitalistes, toutes les guerres, au-delà des idéologies pour lesquelles le capital dit les faire, sont des guerres contre le prolétariat, sont des guerres contre-révolutionnaires.
La cause des guerres bourgeoises est toujours, au-delà des rivalités inter-impérialistes, la dévalorisation, la chute du taux de profit entraînant une surproduction généralisée de marchandises et donc aussi une surpopulation. Pour la bourgeoisie, hier comme aujourd’hui, le but principal (même si selon sa propre conscience il s’agit surtout de détruire l’ennemi) est toujours le même : la destruction massive d’êtres humains que le capitalisme a transformés en marchandises aujourd’hui excédentaires.
La bourgeoisie doit, pour faire ses guerres, liquider le prolétariat en tant que classe c’est-à-dire en tant que force agissante, pour le dissoudre dans le peuple, pour alors embrigader ces citoyens parmi d’autres citoyens derrière n’importe quel drapeau cachant la face hideuse du capitalisme : le drapeau de l’antifascisme ou du fascisme, au nom du progrès ou de la réaction, au nom de la « démocratie » ou d’un « ordre nouveau », de la conquête d’un espace vital ou de la libération nationale, de la défense de l’occident civilisé ou de l’anticolonialisme,… C’est toujours au nom de la paix, de la liberté, de la démocratie, du socialisme,… que s’amoncellent les cadavres, que civils comme militaires sont mutilés à coups de bombes à fragmentation, qu’ils sont concentrés dans des camps pour crever.
Action communiste contre la guerre et la paix capitalistes
Qu’importe finalement l’issue de la crise actuelle […] car que cela se transforme en guerre locale, en guerre régionale ou encore en guerre généralisée, ou bien que cela n’en reste qu’à la guerre permanente que le capitalisme impose quotidiennement à l’ensemble de l’humanité, notre réponse est toujours, et invariablement, la même depuis des siècles. L’internationalisme est la réponse prolétarienne aux attaques bourgeoises et signifie rompre la paix sociale, la paix du capital, développer nos luttes là où l’on se trouve, contre nos exploiteurs directs partout dans le monde. C’est en répondant coup pour coup aux dégradations de nos conditions de vie que nous préparons notre solution à la crise bourgeoise : la révolution sociale mondiale. C’est l’unique moyen de lutter contre la solution bourgeoise qu’est la guerre généralisée.
Et nous tenons ici à critiquer les positions pacifistes et liquidatrices de certaines expressions militantes se revendiquant formellement de la lutte anticapitaliste et qui […] avancent l’argument éculé, mille fois utilisé par la social-démocratie, mille fois dénoncé par les révolutionnaires, selon lequel « la guerre capitaliste est un terrain particulièrement hostile à l’émergence du prolétariat comme classe pour soi ». Bien sûr, nous ne nous réjouissons pas des préparatifs d’une nouvelle orgie guerrière, mais face à cette nécessité capitaliste inéluctable, voire inévitable, nous refusons de sombrer dans de puériles pleurnicheries. Historiquement, les sociaux-démocrates ont toujours adoré et prôné le « progrès linéaire » du mouvement social, sans accrocs, sans ruptures, qui nous mènerait pacifiquement au « grand soir » du nouvel Eden prolétaire. Mais la réalité de l’enfer capitaliste nous montre d’autres voies et nous appelons les prolétaires en lutte non pas à capituler et à s’enferrer dans des illusions paralysantes mais au contraire à rebondir sur les nouvelles conditions matérielles produites par la guerre et ainsi à assumer leurs responsabilités devant l’histoire et l’humanité…
Car le déclenchement de la guerre impérialiste même généralisée ne signifie pas nécessairement l’écrasement définitif du prolétariat. En effet, historiquement, si la guerre signifie dans un premier temps un relatif écrasement, elle peut ensuite dialectiquement déterminer une reprise des luttes d’autant plus forte qu’elle a mis à nu les contradictions et la brutalité immanente au système capitaliste. Pour les prolétaires révolutionnaires, la lutte contre la guerre signifie directement le défaitisme révolutionnaire.
Le défaitisme révolutionnaire tourne le dos à tout pacifisme même déguisé et radicalisé, c’est-à-dire qui ne donne aucune consigne concrète et précise en vue d’encourager et d’agir violemment pour la défaite de « son » camp, « sa » nation, « son » armée, « sa » bourgeoisie.
[…] Tant que la dénonciation de la guerre capitaliste ne se limite qu’à revendiquer un retour à la période antérieure, à la paix (qui ne peut être que la paix sociale tant nécessaire au processus d’extraction de plus-value provenant de la mise au travail forcé des esclaves modernes que nous sommes), tant que les liens dialectiques entre la guerre et la paix capitalistes ne sont pas dévoilés dans toute leur évidence, tous ces manifestants pacifistes ne sont condamnés qu’à assister passivement à l’imposition d’une paix sociale encore plus terroriste, la paix des cimetières…
Au contraire de toutes ces pleurnicheries pacifistes, le défaitisme révolutionnaire signifie avant tout qu’aucun sacrifice n’est accepté au nom de l’intérêt de la nation, ce qui signifie l’organisation de luttes sociales par rapport aux conditions de vie et de travail de la classe ouvrière, même lorsqu’une guerre est déclenchée et que « notre » bourgeoisie appelle à l’unité nationale. A un niveau plus avancé, cela signifie l’organisation du sabotage de l’économie, de la production, des convois d’armements,… de tout le consensus nationaliste, parallèlement à l’organisation de l’évidente propagande défaitiste qui doit ébranler toute la société jusqu’aux fondements mêmes des certitudes ancrées chez les « idiots utiles » qui marchent encore au pas…
# Le défaitisme révolutionnaire signifie l’organisation de toute action visant à saper le moral des troupes ainsi que d’empêcher l’envoi de prolétaires à la boucherie…
# Le défaitisme révolutionnaire signifie l’organisation de la désertion la plus massive possible et la cessation des hostilités entre les prolétaires sous l’uniforme des deux côtés du front de guerre, ce qui signifie la transformation de la guerre entre prolétaires en une guerre entre les classes, c’est-à-dire la guerre de classe, la guerre dans les centres des superpuissances guerrières…
# Le défaitisme révolutionnaire signifie l’encouragement à la fraternisation, à la mutinerie, au retournement des fusils contre les organisateurs de la guerre carnassière, c’est-à-dire « notre » bourgeoisie et ses laquais…
# Le défaitisme révolutionnaire signifie l’action la plus décidée et la plus offensive en vue de transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire pour l’abolition de cette société de classe, de misère et de guerre, pour le communisme.
Evidemment, le défaitisme révolutionnaire ne peut se concevoir dans un seul camp. Les directives de sabotage sont fonction de la nature internationale du prolétariat et s’adressent donc à notre classe dans le monde entier. Le défaitisme révolutionnaire signifie la lutte à outrance contre « sa » bourgeoisie dans tous les camps, dans tous les pays.
Si le prolétariat désire se débarrasser définitivement de la boucherie qui l’extermine, la seule et unique solution est la généralisation en actes du défaitisme révolutionnaire. Le développement de la lutte a ses exigences : elle doit briser la cohésion sociale non seulement des unités de l’armée, mais aussi de l’ensemble de la société. Pour cela, il faut en finir une bonne fois pour toute avec le nationalisme en réaffirmant haut et fort que les prolétaires n’ont aucun intérêt dans cette guerre, ni dans ce monde agonisant. Nous ne revendiquons qu’une seule guerre, celle qui nous oppose à nos exploiteurs, qu’ils soient ukrainiens, russes, américains, allemands, anglais, français, tchèques ou autres.
# Plus que jamais, nous réaffirmons notre soutien aux prolétaires en lutte partout dans le monde…
# Nous appelons les prolétaires à dénoncer toute intervention militaire et à s’y opposer fermement par l’action directe, par le sabotage, par la grève généralisée et insurrectionnelle…
# D’où que proviennent les avions et les navires de guerre, les missiles et les gaz toxiques, il y a toujours derrière des hommes et des femmes – des esclaves salariés – qui doivent les acheminer vers leur destination, remplir les réservoirs de kérosène… Seuls les prolétaires en lutte peuvent et doivent empêcher la machine guerrière de tuer, la machine de production de fonctionner…
# Développons de nouveaux foyers de lutte, renforçons ceux déjà existant, appliquons la grève aux armées, aux usines, aux mines, aux bureaux, aux écoles… partout où nous subissons l’exploitation de ce monde de mort et de misère…
# Contre notre propre bourgeoisie exploiteuse, contre notre propre État belliciste, aux USA, en Russie, en Ukraine, en France, en Grande Bretagne, dans les autres pays de l’Union Européenne, en Chine, en Iran, en Turquie, en Syrie, etc., organisons et développons le défaitisme révolutionnaire.
# Etre patriote, c’est être assassin ! A bas tous les Etats !
# Solidarité de classe avec les défaitistes révolutionnaires de tous les camps !
# Retournons nos armes contre « nos » généraux, contre « notre propre » bourgeoisie !
# Reprenons le drapeau de la révolution communiste mondiale !
Guerre de Classe # avril 2018
1. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont lancé des frappes aériennes sur la Syrie ce matin alors que des inspecteurs de l’OIAC, l’agence de l’ONU sur les armes chimiques, étaient venus enquêter pour savoir si une attaque chimique – la justification officielle des frappes – avait eu lieu à Douma la semaine dernière et, si oui, qui était responsable.
Il semble que les frappes aient été programmées de manière à prévenir et à déjouer l’enquête de l’ONU. Cela doit faire craindre que nos dirigeants nous trompent, comme nous l’avons été en Irak et en Libye, car ils visent à attiser une nouvelle «guerre humanitaire» dont les seuls bénéficiaires seront les élites militaires, industrielles, sécuritaires et médiatiques occidentales.
2. N’oublions pas qu’une attaque militaire contre un pays souverain sans l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU équivaut à une guerre d’agression. C’est un crime contre l’humanité – le crime international suprême, en fait – comme les juristes l’ont souligné à maintes reprises.
Nous avons à présent tellement inversé l’ordre mondial que les puissances occidentales peuvent prétendre – d’un air impassible – attaquer un pays au nom de la décence et de l’humanitarisme en brisant les principes les plus fondamentaux du droit international, principes développés précisément pour éviter les deux guerres mondiales qui ont dévasté l’Europe et au-delà.
3. Trump a déclaré: « Nous sommes prêts à maintenir cette réponse jusqu’à ce que le régime syrien cesse d’utiliser des agents chimiques interdits. » Étant donné qu’il ne sait pas si Bashar el-Assad a utilisé des armes chimiques ou si les opposants jihadistes d’Assad ont eu accès à de tels agents à Douma, ses déclarations ne peuvent qu’inciter fortement les extrémistes islamistes de la variété coupeurs de têtes à lancer (plus ?) d’attaques réattribuées – ou tout simplement à simuler des attaques factices – pour intensifier la violence occidentale qui fonctionnera en leur faveur.
4. Il n’y a précisément rien d’humanitaire dans les attaques militaires occidentales. Elles encouragent et renforcent le côté perdant, les extrémistes islamiques, et font traîner une guerre par procuration déjà prolongée dans laquelle les civils syriens ont payé le prix principal.
Elles risquent aussi de déclencher une escalade et un élargissement des combats qui pourraient entraîner des morts et des destructions massives dans la région et au-delà (et cela sans envisager les dangers d’une confrontation nucléaire). Nous ne dépendons plus du bon sens de nos dirigeants (ils ont montré qu’ils n’en ont pas), mais de la retenue du dirigeant russe Vladimir Poutine. Nous devons espérer qu’il refusera d’y être attiré par nos propres gouvernements irresponsables.
5. Ce n’est pas la faute de Trump, aussi mauvais soit-il. Il y a un soutien bipartisan pour cette folie. Hilary Clinton et les dirigeants démocrates aux États-Unis, ainsi qu’une grande partie du parti travailliste au Royaume-Uni, sont entièrement d’accord avec ces actions. En fait, ils ont incité Trump à lancer des attaques.
Il est difficile de ne pas remarquer un contexte politique aux États-Unis et au Royaume-Uni où les opposants à l’escalade des tensions avec la Russie – y compris Trump lorsqu’il était candidat à la présidence – ont été dénigrés comme agents du Kremlin et de Poutine.
Sans doute, les affaires douteuses de Trump à l’échelle mondiale méritent d’être étudiées, comme elles l’étaient avant qu’il ne devienne président. Mais le focus sur ses liens avec la Russie, sur l’ingérence supposée de la Russie aux dernières élections américaines, sur le rôle supposé de la Russie dans la production de soi-disant « fausses nouvelles » sur les médias sociaux, sur l’hypothèse d’une implication russe dans l’empoisonnement des Skripals au Royaume-Uni, et bien d’autres choses, ne laissent guère d’autre choix à Trump que d’accompagner les élites de sécurité et de renseignement américaines.
C’est la raison pour laquelle il est instantanément fêté par l’establishment politique chaque fois qu’il attaque la Syrie. Il faudra un Trump courageux pour résister à ces pressions à l’avenir – et presque rien ne suggère jusqu’à présent qu’il possède ce genre de courage.
https://www.jonathan-cook.net/blog/2018-04-14/five-thoughts-on-the-air-strikes-against-syria/
« Il semble que les frappes aient été programmées de manière à prévenir et à déjouer l’enquête de l’ONU. Cela doit faire craindre que nos dirigeants nous trompent, comme nous l’avons été en Irak »
En avant les conspis et les campistes et c’est reparti pour un tour.
Visiblement certains trolls aiment à nous spammer, avec des airs de pas y toucher la propagande de Poutine , du boucher et criminel contre l’humanité Bashar Al Assad et de ses alliés impérialistes Iraniens.
A lire d’urgence sur Lignes de Crétes un nouveau site d’analyse et d’opinion collectif, internationaliste. Lignes de Crêtes s’assume politiquement bienpensant, antiraciste, antifasciste, spirituel, international, féministe et résolument contre l’antisémitisme et l’islamophobie.
Non, il n’est pas possible de séparer la « critique des médias » de la défense de Bachar al Assad
https://www.lignes-de-cretes.org/rubrique/medias-etc/
Sur le campisme et ses saloperies, et leurs clichés habituels
https://www.lignes-de-cretes.org/le-bingo-de-lanti-interventionnisme-sur-la-syrie/
Sur les propagandistes du boucher fasciste de Damas
Pierre le Corf, dans l’enfer de la propagande du régime de Bachar-al-Assad
https://www.lignes-de-cretes.org/pierre-le-corf-dans-lenfer-de-la-propagande-du-regime-de-bachar-al-assad/
Désolé mais ici c’est pas une annexe du blog du Bacharophile Claude El Khal, de la chaine de Melenchon le Media et encore moins une annexe de ses potes Michel Collon et les rouges bruns Maxime Vivas et Viktor Dedaj du Grand soir
En avant les conspis et les campistes et c’est reparti pour un tour.
Visiblement certains trolls aiment à nous spammer, avec des airs de pas y toucher la propagande de Trump, May, Macron, et la presse servile à leurs ordres. Défense de contredire la version officielle, celle qui nous est servie jusqu’à la nausée dans les médias du pouvoir. Est-il encore possible en France d’échapper au Figaro, BFMTV, France Info et leurs idiots utiles sans être traité de fasciste et de rouge brun ?
Qui est le vrai coupable derrière les attaques chimiques en Syrie ? Une histoire courte
Vendredi soir dernier, les États-Unis ont lancé une série de frappes de missiles sur la Syrie en représailles des attaques chimiques présumées de l’armée syrienne à Douma, une ville située dans la banlieue nord-est de Damas. Douma, qui fait partie du district de Ghouta où une guerre féroce fait rage entre les forces gouvernementales syriennes et and trois groupes terroristes majeurs, a été complètement encerclée par l’armée syrienne. Ces frappes étaient, bien sûr, totalement illégales. La Russie et le gouvernement syrien ont nié l’existence d’une attaque chimique à Douma, tandis que Peter Ford, ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Syrie, a déclaré dans une interview à BBC Radio Scotland qu’il croyait que l’attaque chimique à Douma était mise en scène. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé que, sur l’invitation du gouvernement syrien, elle enverrait une équipe à Douma pour enquêter sur l’utilisation possible d’armes chimiques contre des civils. Mais le président Trump et son équipe de sécurité nationale n’étaient pas prêts à attendre que les résultats des enquêtes de l’OIAC soient rapportés.
Une fois de plus, les médias dominants en Occident, et en particulier aux États-Unis, battent les tambours de guerre, comme s’ils n’avaient rien appris de leurs grossières erreurs et de leurs analyses et «rapports» trompeurs depuis 17 ans, depuis les attaques terroristes du 11 septembre 2001. L’allégation selon laquelle le gouvernement syrien aurait utilisé des armes chimiques à Douma est acceptée sans discernement et sans l’ombre d’un doute. Personne ne demande pourquoi le gouvernement syrien, qui reprend la plupart, sinon la totalité de la Syrie à un moment où Trump a exprimé son désir de retirer les troupes américaines de la Syrie, devrait commettre un crime de guerre aussi horrible. Personne ne demande si ce seraient les groupes terroristes et leurs partisans en Arabie Saoudite, au Qatar, aux Emirats Arabes Unis, voire Israël, qui bénéficieraient de l’approfondissement de l’implication américaine en Syrie, ou bien le gouvernement syrien et de ses alliés, la Russie et l’Iran. Si l’attaque a été organisée, qui en bénéficiera? Les médias traditionnels ne posent presque jamais de questions aussi critiques.
Bien qu’il n’y ait aucun doute que des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, tuant un grand nombre de civils innocents, on ne sait toujours pas qui était le coupable. En fait, un examen de rapports et d’analyses crédibles par des experts et des journalistes objectifs révèle qu’avant que la Syrie abandonne son arsenal d’armes chimiques en 2014, il était tout aussi probable, sinon plus probable, que l’opposition et les groupes terroristes utilisaient des armes chimiques dans la guerre, comme l’armée syrienne. Après que la Syrie ait renoncé à son arsenal d’armes chimiques, et en particulier après l’intervention décisive de la Russie au nom du gouvernement syrien en 2015, il est devenu de plus en plus improbable que l’armée syrienne utilise des armes chimiques contre ses propres citoyens. Jetons un coup d’oeil sur le bref historique de ces allégations.
La première fois qu’il a été allégué que l’armée syrienne avait utilisé des armes chimiques contre l’opposition était le 17 octobre 2012, lorsque la France a affirmé que la ville de Salqin dans le gouvernorat d’Idlib avait été attaquée par de telles armes. Cela a été suivi par des allégations d’attaques à Al-Bayadah dans le gouvernorat de Homs le 23 décembre 2012; à Darayya et Otaybah, tous deux dans le gouvernorat de Rif Dimashq [Dimashq est le nom arabe pour Damas] les 13 et 14 mars 2013, et plusieurs autres en avril et mai 2013.
Le 6 mai 2013, Carla Del Ponte, ancienne procureure générale suisse, procureur auprès du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et membre éminent d’une commission d’enquête des Nations Unies chargée d’enquêter sur des allégations de violations des droits de l’homme en Syrie, a déclaré dans une interview que, sur la base du témoignage des victimes de telles attaques, il y avait «des soupçons forts et concrets mais pas encore la preuve irréfutable» que les «rebelles» – les terroristes – en Syrie avaient utilisé le sarin, un agent neurotoxique, contre les civils, « J’étais un peu stupéfait par les premières indications que nous avons eues … Elles parlaient de l’utilisation de gaz neurotoxique par l’opposition. »
Le 30 mai 2013, les autorités turques ont arrêté 12 terroristes présumés dans les provinces méridionales de Mersin, Adana et Hatay, près de la frontière syrienne. Les suspects transportaient des produits chimiques qui pouvaient être utilisés pour fabriquer des armes chimiques. En septembre 2013, la Turquie a jugé un ressortissant syrien qui avait tenté d’acheter des produits chimiques pour deux groupes terroristes en Syrie, le Front Al Nusra, la branche syrienne d’Al-Qaïda et les Brigades Ahrar al-Sham. Le procureur a déposé un rapport indiquant que l’accusé, en collaboration avec plusieurs autres personnes, avait commandé 10 tonnes de gaz neurotoxique sarin en Turquie. Puis, le 2 novembre 2013, des unités frontalières turques ont saisi saisi une tonne de soufre et huit barils scellés d’un convoi essayant d’entrer illégalement dans le pays depuis la Syrie. Le principal parti d’opposition de la Turquie, le Parti républicain du peuple, a exprimé des préoccupations au sujet de ces saisies.
Les attaques à l’arme chimique semblaient s’être arrêtées après que Human Rights Watch en ait signalé une à Adra, dans le gouvernorat de Rif Dimashq, le 23 mai 2013. Mais elles ont repris à Adra le 5 août 2013. Les Nations Unies ont décidé d’envoyer un groupe d’experts en Syrie pour enquêter sur les nouvelles attaques. Le groupe est arrivé en Syrie le 21 août 2013, exactement le jour où de multiples attaques chimiques se sont produites à Zamalka/Ein Tarma et à Muadamiyat al-Sham, toutes deux dans le gouvernorat de Rif Dimashq. Pourquoi le gouvernement syrien mettrait-il en place des attaques chimiques exactement le jour où la commission des Nations Unies arrivait là-bas? Une fois de plus, les médias traditionnels n’ont pas posé une question aussi évidente.
Puisque les attentats d’août 2013 avaient censément franchi les «lignes rouges» fixées par le président Obama, les attaques américaines contre la Syrie ont semblé imminentes; mais elles ne se sont pas produites. Dans une interview en avril 2016, le président a déclaré qu’il n’avait pas ordonné les attentats parce que James Clapper, alors directeur national du Renseignement, lui avait dit que prouver que le gouvernement syrien était le coupable «ne coulait pas de source».
Le 14 septembre 2013, la Russie et les Etats-Unis ont conclu un accord par lequel le gouvernement syrien abandonnerait son stock d’armes chimiques en vue de sa destruction. La résolution 2118 du Conseil de sécurité des Nations unies a été adoptée à l’unanimité le 27 septembre 2013 pour soutenir l’accord. Le premier chargement a été livré le 7 janvier 2014, tandis que la dernière de ces armes a été expédiée le 23 juin 2014.
Le 23 décembre 2013, l’éminent journaliste Seymour Hersh a rapporté que « dans les mois précédant l’attaque, les agences de renseignement américaines ont produit une série de rapports hautement classifiés, aboutissant à un Ordre d’Opérations formel – un document de planning précédant une invasion terrestre – prouvant que le Front al-Nusra, un groupe djihadiste affilié à al-Qaida, maîtrisait la technique de synthèse du sarin et était capable de le fabriquer en quantité. Quand l’attaque eut lieu, al-Nusra aurait dû être un suspect, mais l’administration a sélectionné les renseignements pour justifier une frappe contre Assad. » Le rapport de Hersh était pratiquement interdit aux États-Unis.
Après les attaques chimiques contre Ashrafiyat Sahnaya, une ville du sud de la Syrie, le 25 août 2013, elles ont cessé une fois de plus. Elles ont repris le 10 avril 2014 et se sont poursuivies sans faiblir jusqu’au 30 août 2014. Dans un article du 17 avril 2014, Hersh a rapporté que « les services secrets britanniques avaient obtenu un échantillon de sarin utilisé lors de l’attaque du 21 août [2013] et [son] analyse prouvait que le gaz utilisé ne correspondait pas aux lots connus dans l’arsenal d’armes chimiques de l’armée syrienne. » Hersh a également rapporté qu’un ancien haut responsable des services secrets américains lui avait dit: « Nous savions que certains dans le gouvernement turc croyaient pouvoir coincer Bachar al-Assad en le faisant tremper dans une attaque sarin en Syrie … »
Les attaques chimiques ont repris dans la ville de Darayya le 15 février 2015. Darayya était contrôlée par l’armée syrienne. Pourquoi l’armée utiliserait-elle des armes chimiques dans une ville qu’elle contrôle déjà? De telles attaques se sont poursuivies jusqu’au 21 août 2015, date à laquelle l’OIAC a déclaré que Daesh avait organisé une attaque chimique à Mare dans le gouvernorat d’Alep.
Il a été rapporté le 21 mai 2015 que les services de renseignement turcs « ont aidé à livrer des armes à des parties de la Syrie sous le contrôle des rebelles islamistes fin 2013 et début 2014, selon un procureur et des témoignage de gendarmes ». En octobre 2015, les rapports de Hersh ont été confirmés. Eren Erdem et Ali Seker, deux membres du parlement turc, ont tenu une conférence de presse à Istanbul dans laquelle ils ont déclaré avoir enregistré des enregistrements et d’autres preuves montrant que la Turquie fournissait le sarin utilisé en Syrie. Cela était cohérent avec le rapport de mai 2015 susmentionné. Étant donné que la Turquie est membre de l’OTAN et un proche allié des États-Unis, ces rapports crédibles auraient dû attirer une grande attention; mais ils ne l’ont pas fait.
L’équipe d’enquête de l’OIAC a déclaré le 6 novembre 2015 avec « la plus grande confiance » que Daesh [l’Etat islamique] a utilisé du gaz moutarde lors d’une attaque le 21 août 2015 à Mare « .
Foreign Policy a rapporté le 16 février 2016 que Daesh avait utilisé du gaz moutarde en Irak en 2015.
Avant les récentes attaques à Douma, la dernière attaque majeure a eu lieu à Khan Shaykhun dans le gouvernorat d’Idlib le 4 avril 2017. Des témoins ont déclaré que les attaques avaient utilisé des munitions de dispersion par aérosol contenant un agent neurotoxique organophosphoré. Les responsables du gouvernement syrien ont nié avec véhémence les allégations, affirmant qu’un missile syrien avait accidentellement frappé une usine apparemment utilisée par les terroristes pour fabriquer des armes chimiques. Le ministère de la Défense russe a donné une raison similaire à celle des responsables syriens. Les attaques ont incité le président Trump à ordonner des attaques de missiles contre une base aérienne syrienne.
Le 25 juin 2017, Hersh a présenté des sources et des transcriptions indiquant qu’il n’y avait pas eu d’attaque chimique du gouvernement syrien à Khan Shaykhun. Selon Hersh, la libération de produits chimiques toxiques provenait de matériaux et de munitions stockés dans ou près de la cible désignée qui a été touchée par une bombe conventionnelle. L’article de Hersh n’a été rapporté par aucun des principaux médias américains.
Du point de vue humain, peu importe qui sont les coupables de ces crimes de guerre. Un grand nombre de personnes innocentes, en particulier des enfants, ont été tués. Inutile de dire que quiconque a été impliqué dans les attaques chimiques a commis des crimes de guerre, et après la fin de la guerre en Syrie, doit être jugé par la Cour pénale internationale. Il est toutefois important de se rappeler, comme l’a révélé Joe Biden dans un discours à l’Université de Harvard en octobre 2014, que les «alliés» américains – l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et la Turquie – ont internationalisé la guerre en Syrie en soutenant les terroristes. groupes en Syrie; que les courriels secrets d’Hillary Clinton indiquaient sans équivoque que l’Arabie saoudite et le Qatar soutenaient, et peut-être continuent de le faire, les groupes djihadistes en Syrie; et que la Turquie, un proche allié des États-Unis, a très probablement joué un rôle majeur dans la propagation des armes chimiques en Syrie.
Muhammad Sahimi, 14 avril 2018
C’est l’histoire d’une ville appelée Douma, un lieu ravagé et puant d’immeubles détruits – et d’une clinique souterraine dont les images de souffrance ont permis à trois des nations les plus puissantes du monde occidental de bombarder la Syrie la semaine dernière. Il y a même un avenant docteur en blouse verte qui, quand je le trouve dans la même clinique, me dit avec plaisir que la vidéo sur le « gaz » qui a horrifié le monde – malgré tous les sceptiques – est parfaitement authentique.
Les histoires de guerre, cependant, ont l’habitude de devenir de pire en pire. Le même médecin syrien âgé de 58 ans, raconte quelque chose de profondément dérangeant : les patients, dit-il, ont été vaincus non pas par le gaz, mais par le manque d’oxygène dans les tunnels et les sous-sols où ils vivaient, de gros bombardements ayant provoqué une tempête de poussière.
Alors que le Dr Assim Rahaibani me fait part de cette conclusion extraordinaire, il vaut la peine d’observer qu’il est de son propre aveu pas un témoin oculaire lui-même et, comme il parle bien anglais, il se réfère deux fois aux combattants djihadistes de Jaish el-Islam à Douma en tant que « terroristes » – le mot employé par le régime pour ses ennemis, et un terme utilisé par de nombreuses personnes à travers la Syrie. Est-ce que j’entends bien ? Quelle version des événements devons-nous croire ?
Par malchance, les médecins qui étaient de service ce soir-là, le 7 avril, étaient tous à Damas, témoignant dans une enquête [des Nations Unies] sur les armes chimiques qui tentera de fournir une réponse définitive à cette question dans les semaines à venir.
La France, quant à elle, a déclaré avoir des « preuves » d’utilisation d’armes chimiques, et les médias américains ont cité des sources affirmant que des analyses d’urine et de sang le démontraient également. L’OMS a déclaré que ses partenaires sur le terrain traitaient 500 patients « présentant des signes et des symptômes compatibles avec l’exposition à des produits chimiques toxiques ».
Dans le même temps, les inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) sont actuellement retardés dans leur venue eux-mêmes sur le site de l’attaque de gaz présumée, apparemment parce qu’ils n’ont pas les bons permis des Nations Unies.
Avant d’aller plus loin, les lecteurs doivent savoir que ce n’est pas la seule histoire à Douma. Il y a beaucoup de gens à qui j’ai parlé au milieu des ruines de la ville qui m’ont dit qu’ils n’avaient « jamais cru » aux histoires sur les attaques au gaz – qui étaient généralement racontées, selon eux, par les groupes islamistes armés. Ces djihadistes ont survécu sous le blizzard des bombardements en vivant dans les maisons des autres et dans de vastes et larges tunnels creusés à même la roche par des prisonniers sur trois niveaux sous la ville. J’ai parcouru trois d’entre eux hier, de vastes couloirs qui contenaient encore des fusées russes – oui, russes – et des voitures incendiées.
Donc, l’histoire de Douma n’est pas seulement une histoire de gaz – ou d’absence de gaz, selon le cas. Il s’agit de milliers de personnes qui n’ont pas opté pour l’évacuation de Douma dans les bus qui sont partis la semaine dernière, aux côtés des hommes armés avec lesquels ils ont dû vivre comme des troglodytes pendant des mois pour survivre.
J’ai traversé cette ville assez librement hier sans soldat, policier ou gardien pour s’accrocher à mes pas… juste avec deux amis syriens, une appareil photo et un carnet de notes. Il m’arrivait parfois de grimper sur des remparts de 20 pieds de hauteur, de haut en bas, sur des parois presque à pic. Heureux de voir des étrangers parmi eux, plus heureux encore que le siège soit enfin terminé, les gens sont surtout souriants; ceux dont on peut voir les visages, bien sûr, car un nombre surprenant de femmes de Douma portent un hijab noir intégral.
J’ai d’abord été conduit à Douma à l’intérieur d’un convoi escorté de journalistes. Mais après qu’un général ennuyeux ait annoncé à l’extérieur d’une maison du Conseil détruite « Je n’ai aucune information » – le terme le plus usité dans la bureaucratie arabe – je me suis simplement éloigné. Plusieurs autres journalistes, principalement syriens, ont fait de même. Même un groupe de journalistes russes – tous en tenue militaire – s’est éloigné.
C’était à quelques pas du Dr Rahaibani. De la porte de sa clinique souterraine – le « Point 200 », l’appelle-t-on, dans la géologie bizarre de cette ville en partie souterraine – un couloir en descente où il m’a montré son humble hôpital et les quelques lits où une petite fille pleurait alors que les infirmières lui soignaient une entaille au-dessus d’un œil.
« J’étais avec ma famille dans le sous-sol de ma maison à trois cents mètres d’ici dans la nuit, mais tous les médecins savent ce qui s’est passé. Il y avait beaucoup de bombardements [par les forces gouvernementales] et les avions étaient toujours au-dessus de Douma la nuit – mais cette nuit, il y avait du vent et d’énormes nuages ??de poussière ont commencé à entrer dans les sous-sols et les caves. Les gens ont commencé à arriver ici, souffrant d’hypoxie, de manque d’oxygène. Puis quelqu’un est venu à la porte – un ‘casque blanc’ – et a crié ‘Gaz !’, Et une panique s’est déclenchée. Les gens ont commencé à se jeter de l’eau les uns sur les autres. Oui, la vidéo a été filmée ici, c’est vrai, mais ce que vous voyez, ce sont des gens souffrant d’hypoxie – pas d’intoxication au gaz. »
Étrangement, après avoir parlé avec plus de 20 personnes, je n’ai pas pu en trouver un seul qui manifestait le moindre intérêt pour le rôle de Douma dans les attaques aériennes occidentales. Deux m’ont dit qu’ils ne voyaient pas le rapport.
Mais c’était un monde étrange dans lequel je suis entré. Deux hommes, Hussam et Nazir Abu Aishe, ont dit qu’ils ignoraient combien de personnes avaient été tuées à Douma, bien que ce dernier ait admis avoir un cousin « exécuté par Jaish el-Islam [l’Armée de l’Islam] pour être « proche de la régime ». Ils ont haussé les épaules quand j’ai questionné sur les 43 personnes qui seraient mortes dans l’infâme attaque de Douma.
Les casques blancs – les premiers intervenants médicaux déjà légendaires en Occident mais avec quelques encoches intéressants à leur propre histoire – ont joué un rôle familier pendant les batailles. Ils sont en partie financés par le Foreign Office [britannique] et la plupart des bureaux locaux sont dotés d’hommes de Douma. J’ai trouvé leurs bureaux détruits non loin de la clinique du Dr Rahaibani. Un masque à gaz avait été laissé à l’extérieur d’un conteneur de nourriture avec un oculaire percé, et une pile d’uniformes de camouflage militaire sales se trouvait à l’intérieur d’une pièce. Interloqué, je me suis interrogé ? Je n’en croyais pas mes yeux. L’endroit était rempli de capsules, de matériel médical cassé et de dossiers, de literie et de matelas.
Bien sûr, nous devons entendre leur version de l’histoire, mais cela n’arrivera pas ici : une femme nous a dit que tous les membres des Casques blancs de Douma ont abandonné leur quartier général principal et ont choisi de prendre avec les groupes armés, les bus fournis par le gouvernement et sous protection russe, pour les emmener vers la province rebelle d’Idlib lorsque la trêve définitive a été conclue.
Il y avait des stands de nourriture en plein air et une patrouille de policiers militaires russes – un supplément désormais facultatif pour chaque cessez-le-feu syrien – et personne n’avait même pris d’assaut la prison islamiste interdite près de la place des Martyrs où les victimes étaient censément décapitées. L’effectif de la police civile syrienne du ministère de l’Intérieur – qui porte étrangement des vêtements militaires – est surveillé par les Russes qui peuvent être surveillés ou non par les civils. Là encore, mes questions graves au sujet des attaques au gaz ont provoqué ce qui m’a semblé être une véritable perplexité.
Comment se pourrait-il que les réfugiés de Douma qui avaient atteint les camps en Turquie puissent y parler d’une attaque au gaz que personne aujourd’hui à Douma ne semble se rappeler ? Il m’est apparu, une fois que j’eus marché pendant plus d’un mile à travers ces tunnels creusés par de misérables prisonniers, que les citoyens de Douma ont vécu si isolés les uns des autres pendant si longtemps que les « nouvelles » dans le sens que nous donnons au mot ne signifient rien pour eux. La Syrie n’a rien d’une démocratie jeffersonienne – comme je le dis cyniquement à mes collègues arabes – et c’est en effet une dictature impitoyable, mais qui ne pouvait pas empêcher ces gens, heureux de voir des étrangers parmi eux, de réagir avec quelques mots tout à fait sincères. Alors que m’ont-ils dit ?
Ils ont parlé des islamistes sous lesquels ils avaient vécu. Ils ont parlé de la façon dont les groupes armés avaient volé des maisons civiles pour éviter les bombardements du gouvernement syrien et des Russes. Le Jaish el-Islam avait brûlé leurs bureaux avant leur départ, mais les bâtiments de quelque importance à l’intérieur des zones réservées qu’ils avaient mise en place avaient presque tous été ramenés au niveau du sol par les frappes aériennes. Un colonel syrien que j’ai rencontré derrière l’un de ces bâtiments m’a demandé si je voulais voir à quel point les tunnels étaient profonds. Je me suis arrêté après bien plus d’un kilomètre quand il a observé de façon énigmatique que « ce tunnel pourrait aller aussi loin que la Grande-Bretagne ». Ah oui, je me souvenais de Mme May, dont les frappes aériennes avaient été si intimement liées à ce lieu de tunnels et de poussière. Et qu’en est-il du gaz ?
http://www.chroniquepalestine.com/recherche-verite-dans-ruines-ghouta/
Du Robert Fisk maintenant de mieux en mieux dans le dégueulasse
Robert Fisk qui s’est couvert de ridicule sur ses « reportages » embeded avec les Chabihas et les troupes Bacharistes du boucher et criminel contre l’humanité Assaf
Robert Fisk’s crimes against journalism
https://pulsemedia.org/2016/12/03/robert-fisks-crimes-against-journalism/
Robert Fisk qui publie régulièrement chez la négationniste Silvia Cattori et chez les Nazbols rouges bruns du grand soir bravo les trolls campistes pour vos sources
LES CHABIHAS HORS D’INDY MEDIA ET VITE
Après avoir tant claironné qu’ils allaient punir Assad, les USA, la Grande-Bretagne et la France ne pouvaient guère faire autrement sauf à passer pour des andouilles.
103 missiles de croisières tirés – dont 71 interceptés, selon une source russe – mais tirés sur quoi ou sur qui ? Sur des usines de fabrication d’armes chimiques, clament les assaillants, encore en train d’essayer de broder sur l’hypothèse déjà bien éculée d’une attaque chimique sur Douma par les forces d’Assad.
Sur l’armée syrienne ? Sur les populations civiles ? Même pas si l’on en juge par un autre communiqué russe cité par Jacques Sapir : « Aucune victime [n’est à déplorer] au sein de la population civile ou de l’armée syrienne. »
En tout cas pas sur les troupes russes présentes en Syrie, puisque, toujours selon Jacques Sapir, Macron aurait prévenu au préalable Poutine que ses troupes ne seraient pas visées. Crétin, oui, mais pas téméraire.
Trump, May et Macron croient-ils vraiment qu’ils vont terroriser et faire reculer Poutine, Xi jinping ou Rohani avec des démonstrations aussi pitoyables ? Même Assad doit rigoler dans son coin.
Ne reste pour expliquer ce geste fou, nuisible et vain, commis en violation de toutes les règles internationales, qu’une seule hypothèse, lamentable : pour ne pas passer pour des cons aux yeux de leurs propres populations, pour tenter de reconquérir une opinion de plus en plus défavorable.
Minable et irresponsable.
https://yetiblog.org/frappes-occidentales-en-syrie-le-spectacle-dune-guerre-a-usage-interne/
Du Yeti Blog un des pires blogs rouge brun de la complosphére maintenant, c’est quoi le prochain spam du Collon ou du Soral
COLLON, SORAL, LES DEBRIS DU STALINISME, LES NATIOS DE LA FRANCE INSOUMISES L’EXTREME DROITE FASCISTE EN FRANCE QUI ONT EXACTEMENT LES MÊMES POSITIONS CONTRE RÉVOLUTIONNAIRES AU SUJET DE LA SYRIE ET DU PROCHE ET MOYEN ORIENT.
UNE UNION SACRE DES REACS ET DES FASCISTES QUI PUE DE PLUS EN PLUS DE LA GUEULE
Merci aux face de craie réacs et à leurs potes trolls campistes habituels de bien nous montrer ce qui se planque derrière leurs commentaires, c’est à dire du vraiment pas beau monde
Macron à la botte de Trump !
La conférence de presse commune des deux chefs d’État a démontré l’embarrassante position dans laquelle s’est placé Emmanuel Macron. Vu des États-Unis, on retiendra une embrassade inhabituelle et un président américain campé sur ces positions et son style, en dépit du numéro de charme réussi du président français.
Si les innombrables entretiens qu’il a donnés à la presse et le timing de ses tweets truffés de grossières fautes d’orthographe démontrent une profonde incompétence, Donald Trump n’en reste pas moins l’homme le plus puissant du monde. Doté d’un incontestable talent de communicant, le président américain fonctionne à l’instinct. Son « intelligence émotionnelle » compense son mépris pour la vérité et la connaissance. Pour le convaincre, la flatterie est bien plus efficace que la logique. Emmanuel Macron a bien intégré cette dimension, et s’est lancé dans une vaste opération de charme, débuté sur Fox News la veille du voyage (1). Celui qui sut amadouer ses différents mentors, de Jacques Attali à François Hollande, semble bien placé pour tirer avantage de l’égocentrisme du président américain.
En l’invitant au défilé du 14 juillet avant de l’emmener diner au sommet de la tour Eiffel, Emmanuel Macron a pu tisser une relation personnelle avec le président Trump dont les fruits s’étendent jusqu’à l’étroite coopération militaire sur les théâtres d’opérations syrien et irakien.
Mais mis à part ce « lien spécial » qui unit les deux chefs d’État, les intérêts de leurs pays respectifs ne sauraient être plus divergents.
Les positions contradictoires
Commençons par la plus grave menace qui pèse sur la survie de l’humanité, la crise climatique. Non seulement Donald Trump a retiré les États-Unis de la COP21, mais il a engagé une politique intérieure dévastatrice pour le climat. Son administration supprime une à une toutes les régulations sur la pollution de l’eau et de l’air, ouvre d’immenses parcs naturels à l’extraction pétrolière, taxe de 30 % les panneaux solaires et cherche par tous les moyens à subventionner les centrales à charbon. Emmanuel Macron fait lui aussi beaucoup contre l’écologie (2), mais sur le plan international, il reste un ardent défenseur de l’accord de Paris.
Sur l’Iran ensuite, la France avait engagé de nombreux investissements suite à la signature de l’accord sur le nucléaire. Un traité inespéré du point de vue occidental, et sévèrement décrié par la droite iranienne, dont les éléments les plus conservateurs souhaitent le démantèlement. L’Iran, il faut le rappeler, c’est une culture multimillénaire, une population jeune et éduquée, en quête de liberté civile. Les Iraniens ont massivement voté pour le candidat d’ouverture Rouhani face à l’alternative radicale soutenue par les milieux conservateurs et les ayatollahs. L’Iran, c’est également le principal facteur de stabilisation de l’Irak, le principal acteur dans la destruction de Daesh et, désormais, un belligérant en Syrie. L’Iran, c’est enfin un contrepoids au salafisme de l’Arabie Saoudite et aux pétrodollars qui financent le terrorisme islamiste au Moyen-Orient.
Mais pour les néocons américains, l’Iran est surtout un soutien du Hamas et une puissance à l’influence grandissante, qui fait de l’ombre à l’Arabie Saoudite. Les va-t-en-guerre de Washington n’ont pas digéré l’accord iranien qui ferme la porte à une intervention militaire permettant de renverser le régime de Téhéran. Que ce soit Nikki Haley (ambassadrice des USA à l’ONU), Mike Pompeo (directeur de la CIA et bientôt ministre des Affaires étrangères), John Bolton (conseiller spécial à la défense) ou James « Mad Dog » Matthis (ministre de la Défense), tous ce sont prononcés pour un renversement du régime iranien.
Quant à Donald Trump, obnubilé par la destruction de l’héritage d’Obama et convaincu par Fox News du caractère « désastreux » de l’accord Nucléaire, il s’est juré d’en venir à bout. Sa position a déjà considérablement réduit les bénéfices qu’en tire Téhéran, toujours menacée de sanctions, et à la peine pour faire entrer les capitaux étrangers. À ce titre, le fait que l’Iran n’ait pas déjà dénoncé l’accord témoigne d’un certain sang-froid. Car le but de la manœuvre américaine est simple : annuler l’accord, pousser l’Iran à la faute et ainsi justifier une intervention militaire.
À cela vient s’ajouter la situation en Syrie, en passe de se stabiliser, mais dans un état qui déplait aux Occidentaux et à Israël. Les Turques massacrent impunément nos alliés kurdes avec l’aval de la Russie, Bachar reprend définitivement pied et l’Iran peut étendre son influence et mettre en place une route commerciale vers l’Europe, rendant les pipelines des monarchies salafistes superflus pour alimenter le marché européen. Une situation insupportable aux yeux de la France et les USA, pour une raison qui m’échappe encore, si ce n’est de la nostalgie postcoloniale et des marchés juteux d’armements offerts par les monarchies arabes.
Dans ce contexte, on pouvait prêter à Emmanuel Macron quatre objectifs : :
Pour éviter une guerre future généralisée au Moyen-Orient, convaincre Trump de conserver l’accord iranien
Pour reprendre pied en Syrie, convaincre Trump d’y laisser ses troupes, qui protègent les Kurdes (nos meilleurs alliés contre Daesch) de la Turquie (notre alliée de l’OTAN…)
Permettre à l’UE d’échapper aux nouvelles mesures protectionnistes souhaitées par Donald Trump
Peut-on encore mentionner la COP21 ?
Pour Donald Trump, menacé de poursuites judiciaires et en perte de popularité fracassante, y compris auprès de sa base la plus fidèle, il s’agit de gagner en légitimité à moindres frais.
La conférence de presse devait permettre de se faire une idée de l’avancée de l’opération séduction du président Macron.
Une conférence de presse accablante
Les deux présidents ont rivalisé de mots doux pour rappeler le lien qui unit les deux pays, s’auto congratuler pour les frappes en Syrie et entretenir le flou sur l’avenir de l’Iran. Trump a félicité Macron pour la fermeté de sa politique migratoire, et ce dernier est parvenu à glisser le mot « climat » avant de dessiner une porte de sortie sur l’Iran : un nouvel accord qui viendrait s’ajouter au traité existant, ou le remplacerait. Cette belle effusion s’est conclue par une embrassade qui fera jaser les commentateurs.
Mais les journalistes américains n’hésitent pas à interpeller les présidents lors de la séance des questions, et c’est cet exercice qui a permis de mettre en lumière les divergences.
DonaldTrump dut s’expliquer sur sa propre incohérence, lui qui parlait encore récemment de retirer ses troupes de Syrie, et qui devrait maintenant les maintenir jusqu’à ce que l’influence de l’Iran soit contenue. Peut-être doit-on y voir la suite d’une démarche belliqueuse dans la région, entamée par le cirque des frappes aériennes. On lui a également demandé de commenter les négociations en cours avec la Corée du Nord, dont on devine qu’il sera difficile d’obtenir la dénucléarisation si les USA et la France font voler en éclat l’accord iranien.
À son tour, Emmanuel Macron dut expliquer pourquoi il avait abandonné l’idée de défendre l’accord iranien et venait de s’aligner sur la position de Donald Trump. Son fameux plan B est à priori impossible, puisqu’il consisterait à exiger que l’Iran se retire de Syrie et d’Irak et renonce à son programme balistique. Ce qui revient à renverser le régime iranien, du point de vue géopolitique. Macron ne pouvant pas reconnaitre qu’il venait de s’aligner sur la position américaine, il produisit une longue réponse pour noyer le poisson Cette tirade a néanmoins troublé Donald Trump, qui s’est à son tour lancé dans un long discours improvisé, où il fut question des sommes dépensées par les USA au Moyen-Orient, de la nécessité pour les monarchies du Golf de passer à la caisse, et qui se termina par une menace explicite de frappes nucléaires sur l’Iran. Plan B ou le feu nucléaire, donc.
Le sourire gêné d’Emmanuel Macron ne l’empêcha pas, quelques minutes plus tard, de se lancer dans une nouvelle accolade avec le président américain.
On jugera sur les résultats, mais pour l’instant, cette visite d’État symbolise la soumission la plus complète du président français face au complexe militaro-industriel américain et les délires d’un président autoritaire. Si la manœuvre permet d’éviter la guerre qui s’annonce avec l’Iran, la persévérance d’Emmanuel Macron aura payé. Mais est-ce sage de chevaucher un tigre dans l’espoir de le dompter ?
Notes:
Donald Trump regarde Fox News entre deux et quatre heures par jours selon de nombreuses sources concordantes. De nombreuses personnalités s’adressent à lui directement depuis les plateaux de la chaine ultra conservatrice et de l’historique des tweets de Trump est corrélable aux reportages de la chaine (qui sont souvent des histoires montées de toute pièce – des fake news donc).
Sur l’écologie, rappelons le bilan d’Emmanuel Macron : autorisation des perturbateurs endocriniens, du glyphosate, accords de libre-échange avec le Canada qui permet l’importation des pétroles issus des sables bitumineux et de viande élevés avec des antibiotiques activateurs de croissance. Accord de libre-échange avec le Japon et le Mercosur qui, dans le second cas, encourage l’importation de viande bovine élevée sur les restes fumants de la forêt amazonienne, suppression des subventions à l’agriculture bio, onze milles grenades balancées sur Notre-Dame-des-Landes, autorisation des forages pétroliers au large de la Guyane, soutient à la déforestation de l’Amazonie pour y implémenter une mine d’or, privatisation des outils essentiels à la transition énergétique : rail, aéroports, barrages hydrauliques. Enfouissement des déchets nucléaires à Bure et répression sanglante des opposants.