[nantes – 28 mars] le gouvernement tente de briser le mouvement étudiant
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Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesMouvementRépression
Lieux : Nantes
C’est finalement une foule hagarde, de plusieurs centaines de jeunes, qui se retrouve en début d’après-midi sur la Place du Bouffay, littéralement cernée par des centaines de policiers. On improvise alors une banderole de rechange, à la hâte sur un bout de drap. Cet unique moyen d’expression est à son tour arraché par une charge de policier cagoulés, après quelques dizaines de mètres de défilé. A Nantes, toute expression visible est interdite. Un commissaire en profite pour voler une poignée de tracts à un manifestant, et les jeter ostensiblement à la poubelle. Le défilé a donc lieu dans une nasse géante, qui emprisonne les manifestants, et les coupe du reste du monde. Une nasse mobile, suivie par trente fourgons bleus, gyrophares allumés. Ahurissant.
Le dispositif policier est digne de Poutine : un hélicoptère, et plus de 500 policiers pour un nombre de manifestants équivalent. Un homme armé par opposant. Combien a coûté un tel déploiement de forces ? Plusieurs dizaines de milliers d’euros, minimum. L’isolement est total, hermétique. Asphyxiant. Lorsqu’une répression aussi ridiculement disproportionnée est mise en place pour mater l’opposition dans un pays comme la Russie, les médias occidentaux se précipitent pour hurler à l’autoritarisme du régime. Et en France ? C’est devenu une situation normale. Et dans un silence assourdissant.
Constatant l’impossibilité de manifester dans cette ville, les centaines de jeunes nantais simplement venus crier leur solidarité avec les étudiants de Montpellier, et ceux des autres universités, se dispersent après une marche trop courte, et bien morne. La situation est extrêmement préoccupante : protester contre l’agression d’étudiants par un groupe fasciste est considéré comme une menace prioritaire par le gouvernement de Macron. Lutter pour ses droits expose à des dommages physiques. Et dans cet étau, un black out organisé par les médias passe sous silence les protestations. En somme, tout est fait pour invisibiliser et détruire la vague de colère qui monte en France.
Mais nous ne baisserons pas la tête. Rejoignez nous.
A Nantes la manifestation a commencé et s’est terminée dans une nasse mobile. A Paris : nasse. A Bordeaux : charges et matraques. A Lille : charges et lacrymogènes et matraque.. Croient-ils nous arrêter ? Beaucoup de blessé.e.s, des poignées cassés, des crânes en sang, un amphi a Dijon encore expulsé par la police, à Bordeaux c’est la BAC qui se charge de matraquer au sang des étudiants isolés dans une ruelle devant l’Université…
30 camions de Gendarme Mobile pour 300 manifestant.e.s.
La BAC est en roue libre. Fichage : les flics nous prennent en photo avec leur téléphones personnels. Les banderoles sont volées. Les drapeaux confisqués et les pancartes en carton (Oulalala quel danger) sont arrachés des mains des étudiant.e.s. On ne compte plus le nombre d’intimidations de la part de la police.
Pourtant, un cortège se forme et part en manifestation, avec une banderole en tissus, improvisée. Au bout de 20 mètres le cortège est refoulé par les GM, on s’engouffre dans le passage Sainte croix : la BAC charge, confisque la maigre banderole. On ne se décourage pas, la manifestation repart de plus belle aux cris de « Liberté, liberté de manifester ».
Mais c’est un dispositif délirant, c’est une véritable nasse mobile qui se déploie autour de nous tant c’est gigantesque. Où que l’on aille, on trouve des flics, qui bloquent les accès, les rues, nous filmant sans arrêt, bref répriment notre liberté de manifester, dont on viendrait presque à questionner l’existence ? Puisqu’on ne lésine pas sur les moyens, l’hélicoptère est de sortie en fin de manifestation pour ficher cette dangereuse masse de 300 étudiant.e.s, dont une bonne partie s’est faite fouiller par la BAC avant même le début de la manif.
Ce dispositif étonne, choque, sombre dans le ridicule mais a tout pour provoquer l’effroi : des gendarmes suivent le cortège armés de fusil d’assaut
Ils nous feront pas taire, de Montpellier à Strasbourg, de Bordeaux à Paris, nous n’arrêterons pas. Nous continuerons la grève, nous ne laisserons pas intimider par ces milices, qu’elle soit de la police ou d’un quelconque groupuscule fasciste.
Solidarité avec toutes les universités occupées, avec tou-te-s les camarades en lutte !
Face à cette répression permise notamment par le silence complice des médias, voici tout de même un article de Ouest-France qui résume bien la manifestation d’aujourd’hui. Nous tenons à noter que les bons articles de ce journal se font aussi rares que les bonnes idées d’Olivier Laboux.
« Dès le départ du cortège, le parcours est circonscrit. Des rues barrées par la police. « On veut l’hélico », scandent alors les manifestants. Ils l’auront. Le cortège est pourtant bien calme. « Vous avez peur de quoi ? Vous avez vu notre nombre ? C’est ridicule », lance un petit groupe aux policiers.
« Pas de place aux pas de côté. Et manif très rapide. Parti du Bouffay, le cortège a suivi la ligne de tram le long du château, a bifurqué rue Henri-IV, est passé devant la préfecture sans s’arrêter, puis a emprunté le cours des Cinquante-Otages avant de rejoindre son point de départ. Une heure de parcours sous contrôle. « Un peu partout en France, j’ai l’impression qu’il y a une volonté d’empêcher les manifestations, déplore un étudiant. On ne peut plus circuler et on manifeste dans une nasse. »