La liste noire de l’État d’apartheid
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeRacismeRépressionResistances
La veille, c’est la présence de notre organisation sœur états-unienne Jewish Voice for Peace (Voix Juive pour la Paix, JVP) sur la liste qui avait été divulguée. Que l’État d’Israël, toujours si prompt à se poser en protecteur des Juives et des Juifs du monde entier, refuse de laisser entrer sur son sol d’autres Juives et Juifs en dit long sur l’érosion de ses normes démocratiques et l’anxiété que suscite l’adhésion croissante des opinions à la campagne BDS. Le peu de vernis restant à l’image d’État refuge pour les Juives et les Juifs qu’Israël aime tant donner de lui-même n’en finit pas de craquer. Gare à celui ou celle qui oserait toucher au veau d’or du sionisme, fût-il ou fût-elle Juive ou Juif ! Pour les autorités israéliennes, la seule allégeance qui vaille est celle portée aux fondamentaux du sionisme. Tapis rouge pour l’extrême-droite antisémite et sioniste, porte fermée à double tour pour les défenseurs des droits des Palestinien-ne-s.
L’UJFP n’est pas nommée, mais la campagne BDS France et la Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine (ECCP) où nous sommes très actifs sont, elles, directement mentionnées. L’Association France Palestine Solidarité est également visée. Nos camarades et nous-mêmes allons donc rejoindre le sort des Palestinien-ne-s, des musulman-e-s, des racisé-e-s et de nombreux activistes qui se voient – systématiquement pour les premiers, bien souvent pour les autres – refuser l’entrée en Israël et en Palestine.
Cette liste noire est le miroir de la « seule démocratie du Moyen-Orient », ou plutôt le sinistre reflet d’un État d’apartheid qui gère ses frontières comme il administre les territoires qu’il occupe et colonise : en distribuant privilèges et ressources pour les uns, interdictions et pénuries pour les autres.
Les menaces et autres tentatives de harcèlement n’y changeront rien. L’UJFP œuvrera inlassablement pour la justice, les droits politiques et la dignité des Palestinien-ne-s en continuant d’utiliser le plus redoutable des outils pacifiques disponibles : Boycott-Désinvestissements-Sanctions.
Le Bureau national de l’UJFP, le 7 janvier 2018
[1] https://www.haaretz.com/israel-news/1.833502
http://www.ujfp.org/spip.php?article6107
Barghouti croit qu’il est puni en raison de son rôle prépondérant dans le mouvement BDS en faveur des droits palestiniens, « étant donné le palmarès bien connu du régime israélien dans sa guerre totale » contre la campagne non violente.
La mère du défenseur des droits de l’homme, Wafieh Barghouti, 75 ans, a reçu un diagnostic de cancer voici plusieurs mois. « Depuis lors, elle se bat avec courage et dignité et continue de publier sur Facebook ses nombreux et typiques commentaires piquants », a déclaré Barghouti ce jeudi.
Israël a menacé publiquement Barghouti à propos de son rôle en tant que dirigeant du mouvement BDS.
En mai 2016, Israël lui a effectivement notifié une interdiction de voyage en refusant de lui renouveler ses documents de résidence.
Et ce, après que le ministre de l’Intérieur Aryeh Dehri avait explicitement menacé de lui retirer le statut de résident en prétextant qu’il l’utilisait « pour voyager dans le monde entier afin de nuire à Israël de la façon la plus grave qui soit ».
Le ministre du Renseignement, Yisrael Katz, a prôné l’instauration d’une campagne « d’élimination civile ciblée » des dirigeants BDS avec l’aide des renseignements israéliens. Le terme hébreu utilisé par Katz était semblable au terme israélien désignant un « assassinat ciblé ».
Gilad Erdan, le ministre en charge de la lutte contre BDS, a déclaré que les activistes devaient « payer le prix » de leur travail.
Amnesty International a condamné ces menaces, disant qu’elles ont « créé un environnement de plus en plus dangereux » pour les défenseurs des droits de l’homme en Israël, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.
En avril dernier, Israël a soumis Barghouti à plusieurs journées d’interrogatoire et à une ordonnance de silence, ce que Bargouti lui-même a qualifié de « chasse aux sorcières maccarthyste » contre lui et le mouvement BDS.
Une ordonnance du tribunal
Selon ses propres dires, Barghouti a été autorisé à se rendre à Amman avec sa mère pour plusieurs séances de chimiothérapie mais, chaque fois, ses avocats ont dû introduire une demande d’ordonnance du tribunal afin de suspendre temporairement l’interdiction de voyager qui lui est imposée. Mais, cette fois, il lui est impossible de se rendre auprès de sa mère, qui doit être opérée.
« En réponse à une requête urgente introduite par mes avocats – laquelle expliquait l’opération que ma mère doit subir incessamment et la nécessité de ma présence à ses côtés – un tribunal israélien a levé temporairement l’interdiction de voyager du 2 au 16 janvier 2018 », a déclaré Barghouti.
Toutefois, le ministre israélien de l’Intérieur n’a toujours pas renouvelé son document de voyage au bout de trois semaines, et ce, malgré l’ordonnance du tribunal, a-t-il poursuivi.
Barghouti d’ajouter que les menaces et restrictions qui lui étaient imposées « étaient bien légères en comparaison avec les crimes de guerre et crimes contre l’humanité (y compris l’apartheid) perpétrés par le régime israélien d’oppression contre des millions de Palestiniens ».
Et de mentionner entre autres l’emprisonnement de l’adolescente Ahed Tamimi, l’exécution du manifestant handicapé Ibrahim Abu Thurayya, la colonisation et le nettoyage ethnique en cours, et le siège de Gaza (ce dernier privant systématiquement les Palestiniens de soins contre le cancer).
Le temps de l’apaisement est révolu
« Maman, pardonne-moi, je ne serai pas physiquement avec toi durant ton épreuve », a déclaré Barghouti. « Notre sacrifice est insignifiant comparé aux nombreux et pénibles sacrifices de notre peuple. »
Barghouti a affirmé que « les intimidations et les brimades d’Israël ne me dissuaderont jamais de faire ce qui est juste – continuer à assurer ma modeste contribution à la lutte de mon peuple pour sa libération ».
Aux personnes désireuses d’apporter leur aide, par exemple, en adressant des lettres aux autorités israéliennes, Barghouti a fait savoir : « Rien de l’extérieur ne peut soumettre le régime israélien d’occupation et d’apartheid à une pression plus forte que celle des BDS. Le temps de l’apaisement et des appels à genoux afin qu’il respecte nos droits doit venir à sa fin. »
Et de conclure : « Pour contribuer à ce qu’Israël cesse de nous tenir sous sa botte, je demande des campagnes BDS plus créatives, plus stratégique et plus soutenues qui se traduiront par des sanctions internationales semblables à celles qui furent imposées à l’Afrique du Sud de l’apartheid. Ce n’est qu’à ce moment que la justice prévaudra. »
http://www.ujfp.org/spip.php?article6106
Le 8 décembre 2017, une des invités de l’émission 28 minutes a déclaré: » Les israéliens n’ont jamais empêché quiconque de pratiquer sa religion. » Etat des lieux de la pratique religieuse pour les Palestiniens chrétiens et musulmans, depuis 1949…
Dire, comme le fait une des invités, lors de l’émission 28 minutes du 8 décembre 2017, que les Israéliens « n’ont jamais empêché qui que ce soit de pratiquer sa religion » , c’est en quelque sorte faire croire que les engagements proposés dans la déclaration Balfour de 1917, ont bien été tenus. Dans sa lettre au baron Rotschild de novembre 1917, Arthur Balfour écrivait : « Le Gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays.
Que « rien n’ait été fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des dénommées, par déni d’identité, collectivités non-juives », voilà qui s’apparente à une contre vérité, compte-tenu de la situation sur le terrain.
Rappeler, par ailleurs, que de 1948 à 1967, les chrétiens et les juifs n’ont pu se rendre à Jérusalem pour prier, est de bonne guerre, cela permet de bien ancrer dans les esprits que d’un côté on a des Israéliens chrétiens et juifs tolérants et laïcs, et de l’autre des Palestiniens musulmans opposés à toute laïcisation.
Cependant l’argumentation pèche par son an-historicité, voire son essentialisme. En effet, bien avant la guerre de 1948, comme le rappelle Elias Sambar dans « Figures du Palestinien » (éditions Gallimard, p. 58), CR Conder, l’une des célébrités du Palestine Exploration Fund, qui publie en 1 878 son Tent work in Palestine, dresse, au terme de quatre années de recherches un index de lieux à l’ouest du Jourdain mentionnés dans la Bible et dans les écrits apocryphes, faisant état de 622 sites religieux « mélangés », en d’autres termes où les rituels des trois monothéismes se côtoyaient, voire, empruntaient les uns aux autres.
La période de 1948 à 1967 à laquelle il a été fait allusion,( pour rappeler qu’au cours de ces années les chrétiens et les Juifs ne pouvaient pas aller prier à Jérusalem-Est), est, comme son nom l’indique, un après-guerre, et les comportements des uns et des autres sont à appréhender en rapport avec l’hostilité et les crispations induites par cette guerre, et non en raison d’un essentialisme ou d’un ethnicisme.
Il faut rappeler, à ce titre que durant cette même période, les Arabes dits israéliens » ou « de 48 », ceux qui ne sont pas partis avec les 750 000 autres, sont dans une configuration où 450 villages ont été rasés, et où ils sont soumis pendant ces 19 années au couvre-feu, dont ils peuvent payer de leur vie le non-respect. On voit mal, dans ce contexte comment ces Palestiniens pouvaient bien avoir un accès normal aux mosquées et églises qu’ils étaient supposés fréquenter.
On trouvera sur http://www.ism-france.org/analyses/Rapport-Profanation-des-Lieux-Saints-article-3754 un état des lieux des mosquées, mais aussi d’églises, de leur destruction, de leur « reconversion » ou de l’impossibilité d’y accéder en raison des « zones fermées » et de l’intimidation exercée par les officiels, et aussi des cimetières musulmans abandonnés dont Benvenisti, maire adjoint de Jerusalem-Est de 1971 à 1978, a pu dire que « leur état est si honteux qu’il soulèverait une tempête dans tout autre pays. »
Eu égard aux Territoires occupés :
La colonisation a mis en place un formidable appareil destiné à empêcher les Palestiniens de se déplacer: Le Mur, les centaines de check-points, les terminaux, les blocs de béton, les barrages flottants. Ce dispositif à lui seul rend difficile tout mouvement, y compris pour rejoindre des mosquées ou des églises. A cela s’ajoute à partir de 1993 le bouclage périodique des dits Territoires à hauteur de 2 mois par an jusqu’aux années 2000 (484 jours), qui fige encore plus la vie des Palestiniens en les cantonnant dans leurs zones ou leur ville.
Concernant Jérusalem-Est, faut-il rappeler les tentatives des extrémistes juifs d’empêcher l’accès de l’esplanade des mosquées aux Palestiniens ? Un fait dénoncé par le Conseil de l’UNESCO déplorant : – « Les agressions israe?liennes et les mesures ille?gales limitant la liberté de culte et l’acce?s des musulmans au site sacre? de la mosque?e al-Aqsa/al-Haram al-Sharif.
-Les re?centes confiscations de parties du cimetie?re al-Youssefeyah et de la zone d’al-Sawanah ; l’interdiction faite aux musulmans d’inhumer leurs de?funts a? certains endroits et l’installation de fausses tombes juives en d’autres lieux des cimetie?res musulmans ; la violation que repre?sente la conversion persistante de nombreux vestiges islamiques et byzantins en soi-disant bains rituels juifs ou lieux de prie?re juifs.
Faut-il aussi rappeler, entre autres faits, la construction d’un Musée de la Tolérance sur le cimetière de Mamilla à Jérusalem ouest ?
On lit dans l’article de Vijay Prashad (Frontline – magazine indien) que le « cimetière Mamilla, à Jérusalem, date des premiers temps de l’islam et contient des tombes anciennes soufies, mamelouks et même de Croisés et, qu’en 1927, le Haut Conseil Musulman avait mis un terme aux enterrements et l’avait classé site historique. Qu’en 1964, une section du cimetière a été rasée et transformée en parking avec toilettes. Que depuis 2004, il est devenu la proie du Centre Wiesenthal.
Concernant les chrétiens palestiniens, voit-on, au check-point 300 de Gilo, des cars qui les transporteraient de Jérusalem à Bethlehem, comme ceux que Tony Blair affrète pour les touristes ?
D’une façon générale, peut-on pratiquer une religion, quand à l’entrée du lieu saint, là même où vous êtes supposé faire l’expérience de la transcendance, deux policiers armés vous demandent vos papiers ?
Dire que « les Israéliens n’ont jamais empêché quiconque de pratiquer sa foi », une foi qui induit aussi un respect des morts, relève plus de l’opinion ou de la rumeur que de l’investigation.
Un tel propos risque de distiller dans les esprits que la colonisation n’a pas d’impact sur tous les aspects de la vie des Palestiniens, et que somme toute, il leur resterait des espaces de liberté suffisants pour mener une vie décente.
https://blogs.mediapart.fr/jean-michel-henry/blog/311217/entendu-28minutes-le-08-12-17
Voir aussi sur la désinformation des sionistes :
Israël Palestine: Les vieilles lunes d’Alain Finkielkraut
https://blogs.mediapart.fr/jean-michel-henry/blog/070118/israel-palestine-les-vieilles-lunes-dalain-finkielkraut
https://blogs.mediapart.fr/jean-michel-henry/blog/070118/israel-palestine-les-vieilles-lunes-dalain-finkielkraut
surpublication : mise en débat le temps que le sujet desende un peu dans la rubrique « globale » (on frise le 1/3 en ce moment!)
passage des commentaires en modération à priori, ce qui ne décourage que les trolls mais n’empêche pas les compléments d’info.
L’American Friends Service Committe (AFCS), l’une des entités interdites d’entrée en Israël pour cause de soutien à la campagne BDS, est une organisation couronnée d’un prix Nobel de la Paix … pour l’aide qu’elle a apportée aux victimes du nazisme, notamment juives.
Cette organisation chrétienne, plus connue sous le nom de Quakers, avait en effet été distinguée en 1947, au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale.
Son rôle dans les secours et le sauvetage de milliers de juifs réfugiés ou internés dans le sud de la France et en Afrique du Nord française entre 1940 et 1944 avait en particulier été salué.
Aussi l’annonce que les Quakers devenaient, à leur tour, la cible du gouvernement israélien, a-t-elle fait du bruit dimanche aux Etats-Unis.
Sans décourager pour autant l’association.
« Cela fait plus de 100 ans que l’AFCS est engagée dans le soutien à la résistance non violente. Nous avions répondu, en son temps, à l’appel au boycott du régime d’apartheid en Afrique du Sud, et nous avons fait la même chose vis-à-vis de l’appel à Boycott – Désinvestissement – Sanctions lancé par les Palestiniens qui subissent tant de violations de leurs droits depuis des décennies. Eh bien, nous continuerons de nous battre pour la paix et la justice en Israël, en Palestine, et dans le reste du monde », a aussitôt répliqué Kerri Kennedy, secrétaire générale des Quakers pour les affaires internationales.
Les Quakers, un courant minoritaire dans le christianisme anglo-saxon, se sont historiquement fait connaître pour leurs engagements progressistes aux Etats-Unis, que ce soit la lutte contre l’esclavage au XIXème siècle, contre la ségrégation raciale après l’abolition de celui-ci, contre la sale guerre du Vietnam ou encore pour l’émancipation féminine.
La position du groupe sur le BDS, telle que détaillée sur son site web, précise que les Quakers « appuient les campagnes de boycott et de désinvestissement visant uniquement les entreprises qui soutiennent l’occupation, les colonies, le militarisme, et toutes autres violations du droit international et des droits de l’homme ». Ce qui laisse, on en conviendra, pas mal de grain à moudre.
http://www.europalestine.com/spip.php?article13803
Une excellente intervention d’Anna Baltzer (coordinatrice de la Campagne Campaign pour les Droits des Palestiniens aux USA) sur les dangers de la neutralité.
A écouter, et faire écouter, à celles et ceux qui ont peur de prendre parti dans le soi-disant « complexe conflit israélo-palestinien ». Merci à l’Agence Média Palestine qui s’est chargé du sous-titrage en Français :
https://blogs.mediapart.fr/neogabriel/blog/090118/israelpalestine-une-juive-americaine-denonce-les-dangers-de-la-neutralite