Rennes, 28 avril: un manifestant perd un oeil
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Category: Local
Themes: Exclusion/précarité/chômageLuttes étudiantes/lycéennesLuttes salarialesRépression
Places: Rennes
Communiqué de SUD –PTT d’Ille et Vilaine
28 avril : 12 000 MANIFESTANTS CONTRE LA LOI EL KHOMRI
LES VIOLENCES POLICIÈRES FONT AU MOINS 13 BLESSES
La manifestation à Rennes a été un succès avec plus de 12 000 manifestants, donc plus que le 31 mars dernier, preuve que la mobilisation contre le gouvernement ne faiblit pas.
Comme pour les manifestations précédentes, Le préfet de région, M. Strzoda et la députée maire de Rennes semblent faire une fixation sur l’interdiction de manifester dans le centre de Rennes.
Sauf que ce 28 avril, les charges de police se sont déroulées y compris sur l’esplanade Charles de Gaulle pendant plus de 2 heures. Ce qui et loin de l’hypercentre.
Cela nous fait penser à la boutade de Coluche qui disait : « les manifestations à Paris, c’est non ! Mais à Créteil entre la gare et La Poste, ils peuvent manifester tous les jours s’ils le veulent ».
Manifestement, la municipalité PS-PC et la maire de Rennes aiment les individus casqués et qui lancent des grenades lacrymogènes et matraquent les manifestants, afin de dissuader les salariés et la jeunesse de manifester.
AU MOINS 13 BLESSES DONT 2 COLLEGUES de SUD-PTT
Vers 13h, les « brigades spéciales » de la police nationale et de la « BAC », stationnées rue du Pré Botté sont passées sous les arcade de République et ont matraqué tous les manifestants qui étaient sur les quais. C’est dans cette charge qu’un jeune a été très grièvement blessé à l’œil par un tir de flash ball.
C’est lors de cette charge qu’un militant de SUD-PTT a été blessé à la tête. Notre camarade a la particularité d’être mal voyant et muni d’une canne blanche, ce qui n’a pas empêché ce groupe d’une trentaine de brigades spéciales de la matraquer.
Ce sont les mêmes brigades spéciales de la police nationale et de la BAC qui ont chargé à de nombreuses reprises aux abords et sur l’esplanade du général de Gaulle faisant plusieurs blessés dont un collègue de Sud-PTT qui quittait la manifestation et qui a été hospitalisé pour une blessure à la jambe.
A cela s’ajoute une dizaine d’arrestations essentiellement de jeunes.
LA CONTINUITE DU MOUVEMENT
Le gouvernement est en train de perdre définitivement.
L’entêtement à vouloir présenter le projet de loi à l’assemblée nationale le 3 mai et l’entêtement à vouloir réprimer les manifestations ne sont pas de nature à arrêter la mobilisation et la motivation des syndicats de lutte. Le prochain rendez vous est le 1er mai… puis le 3 !
Rennes le 28 avril 2016
Le bureau départemental de SUD –PTT d’Ille et Vilaine
Encore une fois, après la manifestation de ce jeudi 28 avril, l’Assemblée Générale de Rennes 2 a l’occasion de saluer le nombre élevé de manifestants, et de se réjouir de la détermination et de la solidarité éprouvée dans le cortège de tête. Face à la force de notre mobilisation, la police a été fidèle à elle-même. Le bilan est d’au moins 20 arrestations et de 49 manifestants blessés, dont un camarade éborgné par un tir de flash-ball.
Dans la foulée, à propos de la répression dont il donne les ordres, nous avons entendu Bernard Cazeneuve, premier flic de France, sommer les « organisateurs des manifestations » de « condamner les casseurs » « avec la même fermeté que la [sienne] ». Si nous ne sommes pas sûrs de pouvoir être considérés comme des « organisateurs », nous sommes néanmoins de celles et ceux qui s’organisent, et nous sommes à l’origine de nombreuses manifestations depuis le début de la lutte contre la loi travail. C’est à ce titre que nous lui répondons qu’il n’y aura aucune séparation entre le bon grain des manifestants et l’ivraie des casseur, et que nous continuerons à soutenir chaque camarade arrêté, inculpé ou condamné.
Présents dans les manifestations comme devant les tribunaux pour soutenir des camarades lorsqu’ils sont inculpés, nous savons que les discours médiatiques sur la « violence des casseurs » ont pour but de justifier les arrestations et les condamnations de manifestants. Ils servent aussi à rendre plus acceptables les mutilations infligées à certains d’entre nous par la police, qui qualifie ses ennemis de « terroristes » ou de « casseurs » afin de justifier la répression.
Les conséquences du maintien de l’ordre étant ici trop encombrantes, il est déjà reproché par le préfet au cortège étudiant, dont faisait partie notre camarade qui a perdu un œil, d’avoir osé considérer que nous avions notre place dans le centre de Rennes. De la même manière, depuis le début du mouvement, les actes des flics sont systématiquement excusés par leurs syndicats et le gouvernement au nom du stress, de la fatigue ou du sous-effectif, et ces discours sont aussitôt répétés jusqu’à la nausée par les commentateurs et experts de tout poil. A l’inverse, dans les médias les actes des manifestants sont systématiquement sortis du contexte et dépolitisés. C’est ainsi que Ouest-France parle régulièrement « d’attaques contre des commerces », sans spécifier que ce sont spécifiquement des agences d’intérim, des banques ou des agences immobilières qui sont ciblées.
Pourtant, personne n’est dupe au sein des cortèges, et lorsque la vitre de la Société Générale a volé en éclats en fin de manifestation, nous étions nombreux à scander « Panama, on n’oublie pas ! ». Aussi, plus personne ne reproche à des manifestants de tout faire pour tenir la police à distance. La raison est simple : puisque les cortèges de jeunes déterminés et offensifs sont le cœur de cible du pouvoir, à coups de grenades lacrymos et de flash balls, nous ne pouvons plus croire en la fable des « débordements en marge des cortèges ».
N’importe quelle personne qui ne se satisfait pas de signer une pétition sur internet se retrouve de fait confrontée à la police jusqu’à risquer de perdre un oeil, et c’est pour cela que nous haïssons tous les flics. « Tout le monde déteste la police » et « Tous les flics sont des batards » font aujourd’hui parti de nos slogans. Quant à ceux qui nous reprocheraient de « généraliser », nous les mettons au défi de trouver un CRS sans matraque, un BACeux favorable à l’interdiction du flash-ball, ou encore un RG ne surveillant pas la population.
Nous savons que le pouvoir cherche à marquer les corps pour disperser la masse, et il serait temps que le gouvernement comprenne que cela ne marchera pas. Par exemple, ce 28 avril à Rennes, lors d’une AG de lutte appelée initialement par la Coordination des Intermittents et Précaires, il a été décidé d’occuper le Théâtre National de Bretagne (TNB), et ce peu après avoir appris l’évacuation violente de l’Odéon par les CRS.
Nombreux sont les blessés à chaque manifestation. Les flics doivent cependant savoir qu’il n’y aura ni oubli ni pardon. En plus d’assurer de notre soutien les blessés, les gardés-à-vue et les inculpés, nous appelons à intensifier la lutte, en rejoignant notamment l’occupation du TNB et les manifestations des 1er et 3 mai contre la loi travail.