Qui a peur de jean-marc rouillan ?
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Qui est renseigné sur les engagements passés et présents de Jean-Marc Rouillan ne peut penser un seul instant que ce dernier puisse défendre, de quelque façon que ce soit, ce que représentent Daesh et l’EI. À moins d’un soudain excès de folie. Et de folie il n’est pas question ici, l’écoute de l’entretien donné sur Radio-Grenouille ce 23 février confirme, si besoin est, de la lucidité du gars. Sur ce point-là déjà soyons rassurés, sa fidélité à son combat de militant communiste révolutionnaire contre toute forme d’impérialisme, contre toute forme de pouvoir étatique se construisant sur la contrainte des corps et des esprits, reste vive, déterminée, et joyeuse.
Ce qui donc mérite d’être étudié, sont les raisons de cette furie médiatique : comment se construit-elle (organisation des mensonges et des approximations), dans quel contexte, pourquoi…
Car si la phraséologie produite par les rouages communicationnels de la domination est vulgaire, et surprend par son obscénité, derrière chaque nouvelle poussée de l’obscène une intelligence est à l’œuvre contre notre liberté d’expression.
Lorsqu’on écoute cet entretien, on comprend très vite que le hiatus n’est pas, à proprement parlé, sur ce qui se dit sur Daesh (grosso modo, interviewé et intervieweurs sont d’accord sur l’inacceptabilité de ce que propose cet « état » islamique et des moyens employés). Par contre, ce qui pose très vite problème, est le refus de Jean-Marc Rouillan d’accepter le cadre même de la discussion proposée (qu’être contre Daesh ne peut signifier qu’être du côté de ce contre quoi Daesh se mobilise, c’est-à-dire la France démocratique) et l’assignation qui, conséquemment, lui est faite : être un porte-parole de cette démocratie blessée.
On remarquera au passage :
1. Que toute l’argumentation montée contre Daesh et l’E.I. se construit sur le traumatisme né du choc d’actes guerriers, sur l’émotion et l’empathie, et sur du religieux : face au monothéisme criminel de Daesh, se construit un monothéisme républicain (comme symbole : la Place de la République devenue sanctuaire, lieu de prière laïque – François Hollande ne s’y trompe pas, qui lui-même poussera des cris d’orfraie et glapira à l’hérésie lorsque, lors d’une manifestation contre l’état d’urgence, ce sanctuaire fut piétiné – cris très vite ravalés, lorsqu’il fut prouvé que ce saccage, cette inacceptable profanation fut l’œuvre, non des manifestants, mais des CRS eux-mêmes). Ainsi, jamais l’analyse et la critique ne se posent sur le terrain du politique (on se souviendra d’ailleurs du tonitruant « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser » de Manuel valls, menace claire cherchant à surseoir à toute velléité d’analyse), mais sur le système binaire immémorial bien guerrier : le mal contre le bien.
2. l’assignation faite à Jean-Marc Rouillan – assignation fortement suggérée aujourd’hui à toute personne publique –, s’apparente à un nouveau genre du repentir ; si on connait sa forme habituelle (qui commence par le célèbre « je regrette… », que tou-te-s les prisonnier-e-s politiques du monde entier connaissent bien – Jean-Marc Rouillan a payé le prix fort de ne s’y être jamais plié), celle-là, plus subtile, plus perverse, n’oblige plus au regret, mais au contraire à crier moi aussi. « Moi aussi je suis Charlie »… Ainsi certaines personnalités de l’ombre ont pu accéder à la lumière ; et d’autres, que des prises de positions courageuses ou sulfureuses avaient renvoyé dans les marges, se sont réinventées une virginité… et cela à moindre frais, crier avec les loups semble sans doute moins compromettant que la terrible solitude du je regrette. Et pourtant…
Dans cet entretien, Jean-Marc Rouillan, d’emblée, déplacera les curseurs du débat. Dans un premier temps, en ne se plaçant que sur un terrain politique. Et, dans un second temps, en refusant l’assignation qui lui était faite. Ainsi, si il ne cesse d’être critique quant à la politique de Daesh, il ne l’est pas moins à l’égard de la France, et dans cette guerre, il s’affirme neutre : il y a d’un côté un état islamique conduit par une bourgeoisie sunnite criminelle ultra-réactionnaire nommée Daesh, et, de l’autre côté, un état français qui s’est construit lors de la 3e république sur deux événements : le massacre de la commune (30 à 40000 communard-e-s assassiné-e-s) et le fait colonial (Ce qui s’est passé en Algérie m’empêchera toute ma vie de chanter la Marseillaise et de porter le bleu-blanc-rouge, dit-il). Il réfute tout argument religieux ou relevant du choc des civilisations, répugne à piocher dans le champ lexical de l’horreur, de l’émotivité et de l’empathie victimaire afin d’éviter que son argumentation ne soit vrillée de trop d’affect, et reste dans une logique dialectique.
Le format de l’émission, sorte de discussion à bâtons rompus, n’offre pas réellement le temps ni l’espace de déplier une pensée politique – juste de poser les bases de son argumentation, en expliquant les raisons de sa neutralité dans une guerre qu’il considère ne pas être la sienne. Il rappelle que, hier comme aujourd’hui, son combat est ailleurs, évidemment international, pour l’émancipation des peuples. Et ce combat, il en trouve l’écho en France du côté des quartiers populaires, des bidonvilles, des camps de réfugiés… et de toutes les minorités menacées par un système policier de plus en plus présent et pressant. Jean-Marc Rouillan ne s’y trompe pas, qui voit dans l’état d’urgence la mise en place de nouveaux moyens de contrôle et de soumission de la population, la lutte anti-terroriste n’étant qu’un prétexte – personne n’est dupe, jamais ces dispositifs policiers et militaires n’empêcheront une organisation terroriste telle que Daesh d’agir.
Ainsi, Rouillan perturbe la grande messe consensuelle qui oppose dans un affrontement duel Daesh représentant les forces du mal et la France démocratique incarnant les forces du bien, renvoie dos à dos ces états à leur logique mortifère de domination, et refuse l’invitation qui lui est faite de rejoindre le cénacle bien pensant des experts autorisés pour retrouver sa place, celle de compagnon indéfectible de la plèbe contre laquelle, au bout du compte, se construit l’état d’urgence.
De replacer le débat sur des bases politiques, permet à Jean-Marc Rouillan de resituer les attentats de Paris dans leur contexte (une guerre menée par la France en Afrique, au Moyen-orient et au Proche-orient, avec notamment les bombardements en Syrie et en Irak – quand on bombarde une école on lève 2000 combattants pour Daesh, rappelle-t-il – et l’hypocrisie d’un état français qui dit combattre Daesh tout en commerçant avec le Qatar et l’Arabie-Saoudite, notamment en leur vendant des armes – alors qu’on les sait défenseurs d’un Islam radical et sont soupçonnés de financer Daesh. Hasard du calendrier, Alors que Rouillan tient ces propos, nous apprenons que Hollande décerne la légion d’honneur à Mohammed ben Nayef, prince héritier d’Arabie Saoudite. Toujours dans cette même cohérence hypocrite et criminelle, et dans un même temps, Manuel Valls, lors d’un dîner au CRIF, affirme que l’antisionisme est « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël », disqualifiant et rendant d’un coup hors-la-loi toute forme de dénonciation de la politique d’apartheid du gouvernement israélien. Ainsi, selon leur propre logique, le premier se rend coupable de collaboration avec l’ennemi, tandis que le second se rend coupable d’incitation à la haine raciale, tant son affirmation révisionniste insulte et isole tout une partie de la population, et notamment une grande partie des habitants des quartiers populaires qui soutient effectivement la résistance palestinienne, non pas pour des raisons religieuses ou racistes comme aimerait nous le faire croire les représentants de l’état français (n’oublions pas que l’antisémitisme est une affaire occidentale, et que ce sont des pays européens – dont la France collaborationniste – qui ont rempli les camps de concentration ; il y a donc là une évidente tentative de permutation des culpabilités), mais pour des raisons bel et bien politiques. Ne sont-ce pas là des actes relevant du terrorisme d’état?
C’est une vieille habitude, dans notre démocratie, de baliser un débat « publique » puis d’inviter des experts à exercer leur talent de rhétoricien, afin que la population puisse choisir « librement » son opinion. La fabrication du prêt-à-porter de la pensée a toujours très bien fonctionné, l’information ainsi distillée par la presse du pouvoir décide jusqu’à la critique permise. Ainsi, lorsqu’il est question des jeunes des quartiers populaires, nous avons le choix entre deux propositions : ou ils sont racailles (avec l’idée que certaines sûrement sont sauvables), ou ils sont victimes (avec l’idée que certaines assurément vont se muer en racaille) – autant dire qu’ici victime et coupable sont les deux versants du même sujet colonisé, l’un hérité de la droite, qui prône l’asservissement par la force ; l’autre, héritée de la gauche, qui prône un humanisme dont l’idéal serait de soulager sans émanciper (cela peut s’appeler, par exemple, l’intégration).
Prenons deux exemples sur le fonctionnement de ces débats :
1. Lors du procès des enfants Zyed et Bouna : tous les commentaires, analyses et observations tournaient autour du thème de la culpabilité : qui est coupable, non coupable, victime ou non, etc. Personne, parmi les médias autorisées, n’a pensé ou voulu revenir à la simple descrition des faits : en France, des enfants, dans certains quartiers, ont peur de la police. Peur au point de fuir. Peur au point de risquer leur vie – alors qu’ils n’ont commis aucun délit. La notion de responsabilité et de culpabilité alors ne se serait peut-être pas délayée dans ce qui a été finalement traité comme un fait divers, voire un regrettable accident – mais aurait pu prendre toute son ampleur politique, avec une remise en question directe de la responsabilité d’état. On comprend que personne, à gauche comme à droite, n’a intérêt à un tel débat.
2. Lors des émeutes de 2005, la gauche a inventé ce concept fumeux de révolte non politique, en se basant sur la simple observation que, de cette effervescence, n’émergeaient aucune figure charismatique (aucun chef), aucun mot d’ordre, aucun discours, aucune parole – ou plutôt, aucune parole audible de là où ils étaient. Parce qu’il leur était impossible de penser une séquence spontanée qui se vivait en dehors de leur grille habituelle de réflexion ; parce qu’ils étaient dans l’impossibilité de comprendre ce qu’est une parole doublement confisquée (confisquée par une classe politique de gauche qui a trahi, et confisquée par l’aberration même de ce que vivent ces jeunes) ; et enfin parce qu’ils étaient dans l’impossibilité de comprendre que le geste est une parole, que les corps inventent de nouveaux langages, et qu’une pensée peut s’exprimer par l’action… ils ont enterré dans un débat fermé le sens même de cette émeute, ont abandonné ces jeunes face à une violence policière extrême (certains, 11 ans après, croupissent toujours en prison dans l’indifférence générale) et ont ratifié d’un trait définitif la séparation des quartiers populaires du reste de la population.
Dans ce contexte, où la classe politique française dans son ensemble acte sa rupture avec ces populations en révélant son racisme structurel, Jean-Marc Rouillan, à contre-courant, refuse de participer de cette politique de la séparation, déplace les curseurs du débat imposé avec ses logiques binaires et réinjecte de la politique dans le débat public, c’est-à-dire à l’endroit même où se joue habituellement le travail de dépolitisation. Se faisant, il se désolidarise de « l’esprit Charlie » et rejoint la cohorte des soupçonnables tel que définis par Valls.
Car de quoi donc accuse-t-on JMR ? D’apologie du terrorisme ? Sa critique à l’égard de Daesh est sans ombre, et il n’est (ne peut être) à aucun moment solidaire de ceux qui ont commis ces attentats. Le terme de courage qu’il a utilisé – et qui lui est fortement reproché – est un terme difficile, qui ne veut pas dire grand chose. On qualifie de courageux aussi bien un geste de résistance admirable, que l’exploit guerrier né d’une obéissance aveugle et stupide à un pouvoir supérieur, que les exploits totalement idiots que l’on trouve dans certains journaux – souvent ceux-là même qui accusent aujourd’hui Jean-Marc Rouillan –, ou encore dans des livres comme le Guiness des Records – tel ce chinois qui c’est planté 2009 aiguilles dans le corps, ou cet autre saoudien qui s’est introduit 22 scorpions vivants dans la bouche. Couragepeut à la fois saluer un geste noble, une détermination sans intelligence, et l’acte le plus imbécile qui soit. Dans le cadre de cet interview, nul doute que Jean-Marc Rouillan, combattant, s’est imaginé dans la peau de celui qui se trouve traqué par des milliers de policiers armés. Nulle doute qu’il ait déjà vécu ce genre de situation. Et qu’il sait dans sa chair quel sang-froid avoir pour affronter une telle adversité. Lors des reportages télévisuels qui couvraient ces événements, on se souvient de policiers qui étaient eux-mêmes médusés de la détermination de ces jeunes qui non seulement ne reculaient pas mais avançaient droit devant, malgré le tir nourri des armes dirigés contre eux. Appréciation technique donc, où le mot courage trouve mal sa place – ce qui peut sans doute être source de débat voire de désaccord (Jean-Marc Rouillan a d’ailleurs eut maintes fois l’occasion de s’expliquer sur l’emploi de ce mot), mais certainement pas d’une condamnation pour apologie de terrorisme. Par contre, ce que dit Rouillan dans sa critique du terrorisme via Daesh, c’est son esprit totalement capitaliste car basé sur le mortifère, le sacrifice, la mort – qu’il oppose avec l’action directe telle qu’envisagée et pratiquée par certains militants révolutionnaires, où il n’était jamais question de sacrifice, mais, au contraire, de joie, de solidarité et d’espoir.
On comprend bien que cette histoire arrive à point nommé pour le gouvernement. Alors que la jeunesse se mobilise contre la loi El Khomri et semble se préparer à une lutte acharnée ; alors que dans divers secteurs, des ouvriers et salariés se mobilisent ; alors que des collectifs s’organisent dans les quartiers populaires ; alors que des ZAD se créent un peu partout et résistent à l’acharnement policier… réveiller « l’esprit Charlie » (ou ce qu’il en reste) reste une carte maîtresse du gouvernement, qui fédère et permet de jeter un mouchoir sur la mise en place de plus en plus évidente d’un gouvernement totalitaire. Jean-Marc Rouillan est parfait dans le rôle du fusible : état d’urgence oblige, il importe d’envoyer un nouveau signal fort pour le renforcer – par exemple ici, en jetant derrière les barreaux le porteur d’une parole libre.
Car, au bout du compte, c’est cela qui est reproché à Jean-Marc Rouillan. Malgré ses années de prison ; malgré la maladie que 25 années d’enfermement lui a laissé en héritage ; malgré l’interdiction qui lui est imposée de s’exprimer sur certains sujets ; malgré les contraintes de déplacement (interdit de séjour dans 38 départements et interdiction de passer des frontières) ; malgré les astreintes judiciaires et la surveillance policière… malgré tout cela, il agit en homme libre, refuse cette auto-censure si bien et si largement pratiquée aujourd’hui, et s’exprime comme il veut et où il veut.
C’est cette liberté qui est condamnée par l’état. C’est cette liberté qui vaut à Jean-Marc Rouillan la menace d’être renvoyé en prison, et peut-être définitivement. C’est cette liberté qu’avec lui nous perdons un peu plus, si nous ne réagissons pas. C’est cette liberté que nous devons, coûte que coûte, défendre.
https://blogs.mediapart.fr/laurent-cauwet/blog/170316/qui-peur-de-rouillan
Lorsqu’on écoute cet entretien, on comprend surtout que l’auteur de ce texte ne s’est pas foulé dans la critique.
Il y quand même eu un texte de Claude Guillon sur le sujet nettement plus consistant à tous points de vue.
Voir ici:
https://lignesdeforce.wordpress.com/2016/03/21/jean-marc-rouillan-doit-se-taire-non-parce-que-letat-le-lui-impose-mais-parce-que-les-enormites-qui-sortent-de-sa-bouche-nuisent-a-la-cause-quil-pretend-defendre-et-a-lui-meme-acc/
On apprécie ou pas JM Rouillan, mais tout ceci est aussi une conséquence assez logique de sa démarche d’homme public, à laquelle il serait bon qu’il mette quelques limites…
Il faut absolument avoir lu ce texte de Guillon, pour comprendre jusqu’où il est capable d’aller dans la crapulerie. La réponse méritée :
Claude GUILLON doit se taire, ne serait-ce que pour faire oublier sa condition d’ex-libertaire repenti
Si Jean-Marc Rouillan dit des sottises qui risquent d’être mal interprétés, c’est d’abord à ses amis de le lui faire remarquer, et non à d’ex-camarades reconvertis dans le sensationnalisme et qui ne traitent un sujet que s’il prête à scandale et donne l’occasion de « s’écouter » écrire en s’injectant une overdose d’indignation.
Des sujets d’indignation, le Guillon nouvelle mouture n’en trouve plus beaucoup dans l’actualité, alors il guette le fait divers avec la même avidité que les paparazzi de la presse poubelle. Le blog de Guillon est devenu le « Marianne » de quelques libertaires qui ont abandonné la lutte pour s’abîmer dans la nostalgie de ce qu’ils auraient pu faire et qu’ils n’ont jamais fait. Vous avez déjà vu le Guillon s’indigner de ce qui se passe en Palestine, s’indigner du colonialisme, des guerres impérialistes, de la répression contre les militants antiracistes et antisionistes, de l’islamophobie ? Non, jamais ! Le Guillon nouveau aborde rarement les sujets qui fâchent, et toujours pour soutenir, il faut le préciser, des « luttes » qui sont aussi celles de l’Etat et de la majorité silencieuse(1).
Si Guillon n’a aucune indignation pour les crimes qui se commettent tous les jours mais qu’il n’est pas politiquement correct d’évoquer, il lui faut bien trouver un sujet d’indignation de substitution, et quoi de plus facile que Jean-Marc Rouillan ? Là il peut déverser son venin sans le moindre risque, sans avoir peur des juges et des flics, puisque faisant leur boulot.
De quel droit Monsieur Guillon se permet-il de parler au nom des révolutionnaires pour donner un point de vue personnel de repenti ravi de juger à son tour ceux qui continuent la lutte? Quand on voit la pauvreté de son blog sur les sujets qui intéressent les révolutionnaires, on comprend qu’il essaie de compenser par une action d’éclat à la mesure de sa triste régression.
Pendant que des camarades essaient de rattraper la bourde de Jean-Marc et de l’aider en dénonçant le lynchage médiatique dont il est l’objet de la part des fachos et du pouvoir, Monsieur Guillon, en digne supplétif (bénévole) de la Maréchaussée et de la Justice, va gueuler sa haine sur tous les toits, décortiquant tout ce qu’a pu dire Jean-Marc dans les moindres détails, au cas où le procureur oublierait quelque chose. Il intervient même dans les textes de soutien à Jean-Marc car il lui est également insupportable que la moindre solidarité puisse avoir lieu(2).
Nous n’avons rien à foutre des « conseils » de Monsieur Guillon. Oui, Jean-Marc s’est plusieurs fois fait avoir par les journalistes, et il faut espérer qu’il comprendra la leçon. Guillon, lui, ne risque plus depuis longtemps de se faire piéger par des journalistes ou d’avoir des ennuis avec les autorités, il peut écrire et dire ce qu’il veut, ce ne sera jamais que la retranscription à la sauce gauchiste des idées des intellectuels-beaufs. Son « impertinence » ne dépasse plus les limites de l’impertinence gauloise des « chansonniers » de Charlie Hebdo.
Monsieur Guillon, pour faire parler de lui, en est réduit à pourfendre avec véhémence ceux qui contrairement à lui n’ont pas renoncé à la lutte pour se regarder le nombril et ne traiter que les sujets qui ne dérangent pas le pouvoir. Lui qui se flattait jadis de sa réputation sulfureuse et qui fustigeait les anarchistes mous a dû ravaler son radicalisme passé pour aller vendre ses bouquins à Radio libertaire(3) et être accepté dans les milieux plus politiquement corrects.
Pour paraphraser Guillon, on pourrait lui rétorquer :
« Par pitié, Guillon, au nom du respect pour les gens honnêtes, ne te crois l’avocat de personne ! Ne plaide aucune cause ! Laisse tomber la politique, tu n’as aucune disposition ! Tu es aussi mauvais à l’écrit qu’à l’oral, mais continue quand même à écrire des livres, comme on ne les lira pas ça ne nous portera pas préjudice. Mais, par pitié pour les autres, FER-ME-LA ! Ou mieux : SUICIDE-TOI, au lieu de donner le mode d’emploi pour le suicide des autres. On se charge de l’épitaphe :
In memoriam Claude Guillon
Le spécialiste du suicide des AUTRES a fini par s’appliquer à lui-même cette méthode radicale. Le brillant intellectuel a voulu mettre fin à une vie faussement rebelle et au final totalement décevante, au point qu’il a fini par rejoindre ce qu’il y a de pire dans ce qu’il avait fait semblant de combattre quand il était « jeune », singeant avec quelques années de retard dans sa dérive populiste le parcours des Geismar, July, Cohn-Bendit ou Goupil, pour atteindre le niveau d’Yves Coleman.
(1) De même que Monsieur Guillon va plus loin encore que les juges, les flics et les médias dans son acharnement contre Jean-Marc, il est aussi plus radical que les islamophobes de droite et d’extrême droite dans sa croisade anti-musulmane. Il est de bon ton dans un certain milieu « révolutionnaire » de se dire islamophobe avec l’alibi de l’anti-théisme, qui a vraiment bon dos pour excuser les dérapages racistes franchouillards. Lui, il s’est fixé pour objectif de les dépasser tous par sa véhémence. En pleine islamophobie d’Etat, son principal souci est de protéger nos élites révolutionnaires contre l’« obscurantisme » mahométan. Ça donne ce monument de novlangue qu’il faut absolument avoir lu :
https://lignesdeforce.wordpress.com/2015/08/23/et-dieu-crea-lislamophobie/
Il semble plus particulièrement obsédé par les femmes musulmanes, qu’il veut absolument éduquer en les déshabillant. Au point d’ouvrir son blog à un article dont tout le monde pourra juger de la priorité en pleine répression contre le foulard islamique :
https://lignesdeforce.wordpress.com/2015/07/08/vendredi-10-juillet-journee-mondiale-des-femmes-sans-voiles/
Car, en bon misogyne de gauche, il ne peut pas concevoir que des femmes qui ne s’habillent pas comme il le voudrait le fassent de leur plein gré. Guillon veut enlever leur foulard aux femmes musulmanes, mais pas en Arabie Saoudite, en France, où la Loi les oblige déjà à le faire. C’est ça son radicalisme, aller plus loin que la Loi !
(2) On appréciera son intervention sur Médiapart dans un article en soutien à Jean-Marc :
https://blogs.mediapart.fr/laurent-cauwet/blog/170316/qui-peur-de-rouillan
« L’apologie de Rouillan par Cauwet est à mes yeux aussi délirante et aussi dangereuse que les propos mêmes de Rouillan. »
(3) « COMMENT PEUT-ON ÊTRE ANARCHISTE ? » C’est l’angoissante question que se pose Guillon dans un bouquin pour lequel il démarche auprès du Monde libertaire et de Radio libertaire, au prix d’un ralliement sans états d’âme à leur dérive raciste et leurs compromissions avec l’extrême droite islamophobe :
http://ripostelaique.com/Anne-Zelensky-et-Pierre-Cassen.html
http://www.fdesouche.com/69585-«tant-quon-est-culpabilise-detre-occidental-on-va-droit-dans-le-mur
http://toute-la-droite.forumdediscussions.com/t3470-les-anarchistes-n-aiment-pas-les-barbus
http://www.contrelislam.eu/selection_ouvrages.php
https://quartierslibres.wordpress.com/2016/03/22/radio-libertaire-naime-pas-les-femmes-voilees/
Mais une bonne promotion vaut bien une messe (laïque, bien sûr !). Et ça permet de faire oublier les casseroles qu’il se traîne par ailleurs.
http://www.commentpeutonetrefeministe.net/2015/03/30/apologie-pedophilie-claude-guillon/
http://www.phdn.org/negation/faurisson/faur-broszat.html
Et c’est ce triste personnage qui se permet de JUGER celles et ceux qui ne se sont pas ralliés comme lui au prêt-à-penser de l’idéologie dominante ?
De la rengaine « Islamo-gauchiste » contre Jean Marc Rouillan
En France, 7 milliardaires (marchands d’armes, banquiers…) détiennent 95 % de la production journalistique. Autant dire qu’il ne reste pas grand-chose à espérer du « droit de savoir ». Autant dire également, que les médias sont donc quasi totalement dédiés à une propagande permanente propre à détourner l’attention vers des cibles bien pratiques. D’un point de vue purement politique, l’extrême gauche, d’autant plus lorsqu’elle s’affirme farouchement anticapitaliste, est un marronnier ! Déjà à l’époque des régionales de 2010, la rengaine « l’extrême gauche est remplie d’Islamo-gauchiste » avait été empruntée aux plus abjectes sites d’extrême-droite pour remplir les colonnes des médias mainstream… Et depuis, toute occasion est bonne pour associer systématiquement les militants d’extrême gauche à toute campagne islamophobe. Ainsi on peut lire dans Le Monde « … Mais simplement une confirmation de l’alliance de cette secte politique avec le fondamentalisme islamique… », Le Figaro intitule un dossier « Extrême-gauche et Islam : une alliance contre-nature ? ». Attentats contre Charlie Hebdo ? Marianne qualifie l’extrême gauche de « complices des djihadistes ». Attentats du 13 novembre ? « l’extrême gauche saccage le mausolée aux morts ». C’est donc une liste sans fin de dénaturation des positions de notre courant politique qui Oui !est farouchement opposé à l’islamophobie, Oui ! est convaincu que les guerres néocoloniales ne sont pas une solution, Oui ! Condamne fermement l’état d’urgence et la perte de libertés qui en découle…
Aujourd’hui, c’est au tour de notre camarade Jean Marc Rouillan de faire les frais de cette campagne qui n’a pas de nom… Propos déformés, sortis de leur contexte, ministres se pressant devant les caméras pour exiger qu’on renferme l’animal… Pathétique spectacle de détournement d’attention à la veille d’une mobilisation puissante contre la destruction du code du travail, au sein de laquelle l’extrême gauche porte les arguments les plus dévastateurs…
Nous ne sommes pas dupes (comment pourrait-on l’être ?) de la mécanique en œuvre… C’est la même mécanique qui assassine Rémy Fraisse, la même qui condamne les Goodyear, les Air France, la même également qui, nous accusant tou-te-s d’être des suppôts de Daech, remet, dans la même semaine, la légion d’honneur à l’un de ses principaux financiers…
Nous ne céderons pas aux injonctions du « Not in my Name », imposées à chaque musulman-e-s ou supposé-e-s l’être de ce pays après chaque attentat d’extrémistes religieux. Nous ne justifierons rien, juste de notre soutien total à notre camarade Jean Marc Rouillan, car nous savons qui nous sommes, ce que nous voulons et ils ont bien raison les 7 milliardaires de nous craindre ! La perspective de cet autre monde-là les « terrorise » ? Comme nous les comprenons…
Rédacteurs : Véro Sarah (NPA 13) Fadéla (Solidarité Palestine Marseille).
Le Figaro : FIGARO VOX Par Alexandre Devecchio / 23/07/2014
Le Monde : « Le voile du NPA : la farce qui cache la burqa, » par Hamid Zanaz 19/02/2010
Marianne : « Dossier spécial – Les complices de l’islamisme ». N°944 du 22 au 28 mai 2015
https://www.change.org/p/ministre-de-la-justice-soutien-à-jean-marc-rouillan
https://lignesdeforce.wordpress.com/2016/03/21/jean-marc-rouillan-doit-se-taire-non-parce-que-letat-le-lui-impose-mais-parce-que-les-enormites-qui-sortent-de-sa-bouche-nuisent-a-la-cause-quil-pretend-defendre-et-a-lui-meme-acc/
Parmi les sites qui ont repris ce réquisitoire de flicage, on ne s’étonnera pas de retrouver :
http://www.mondialisme.org/spip.php?article2468
https://florealanar.wordpress.com/2016/03/21/a-propos-de-jean-marc-rouillan-et-ses-declarations/
http://www.socialisme-libertaire.fr/2016/03/jean-marc-rouillan-doit-se-taire.html
Quand Monsieur Guillon prétend que les propos de Jean-Marc « nuisent à la cause qu’il prétend défendre, et à lui-même accessoirement [sic] », en réalité, il veut dire qui le dérangent lui, Claude Guillon, car en quoi la « cause » que défend Jean-Marc aurait quelque chose à voir avec la « cause » que défend Guillon ? Il faudrait que ce triste personnage arrête de parler de la « cause » des autres À LEUR PLACE !