Une enquête électorale sur les votes dans la fonction publique lors des élections régionales de 2015 apportent quelques éléments d’analyse intéressants pour les personnes en lutte avec ce monde tel qu’il est et visant l’émancipation. Cette enquête a été menée par Luc Rouban (CNRS) auprès de 23000 fonctionnaires.
 
D’abord, sans surprise, le vote Front National progresse partout, révélant encore une fois le développement du nationalisme et des logiques réactionnaires et conservatrices. Même 10% des enseignants votants ont voté FN au premier tour des élections régionales. Plus important, ce sont 56% des votants de la police et de l’armée qui ont
voté FN, tandis que les votes front de gauche et extrême-gauche disparaissent, et que le PS n’est qu’à 8%. Surtout, ce sont 72% des policiers votants qui ont voté FN, c’est-à-dire les trois-quarts environ.
 
La police a toujours été une police au service de politiques de domination des classes dirigeantes, et traversée par de forts penchants réactionnaires. Métier oblige. Seulement, cette adhésion très large aux idées d’extrême-droite change un peu la donne. Elle joue forcément dans leurs pratiques, et donc dans nos interactions avec les flics. Ce n’est plus seulement l’Etat administrant nos vies au service de l’économie et sa Justice de classes qui nous fait face, à travers ses flics. Ce sont aussi des gens d’extrême-droite. Les interactions entre les flics et les gens qui luttent contre ce qui les opprime, que ce soit un aéroport, un plan de licenciement, un mouvement patriarcal et homophobe, passer une frontière etc., sont nourris de cela. Et que dire lorsque sa couleur de peau n’est pas suffisament blanche, si tu es sans-papiers etc. La police a toujours été raciste. Métier oblige. Elle l’est probablement encore plus. Pour les gens en lutte, nos interactions avec les flics sont aussi l’expression de clivages politiques et sociaux radicaux. Sauf qu’il y en a qui sont en uniformes et armés. De notre côté oublions l’uniforme. Mais pour le reste?
 
anonyme