Un photographe de taranis news perquisitionné à rennes, disques durs saisis et accusations obscures
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Contrôle socialRépression
Lieux : Rennes
Ce n’est pas non plus la planque des services de renseignements (découverte en pleine flagrance par des militants de la « Maison de la grève » à Rennes durant la période qui a suivie l’affaire du blog et celle du procès en appel de la mort de Zyed et Bouna), qui a amené les enquêteurs sur la piste du/des auteurs de ce trombinoscope numérique. Initiative par ailleurs assez unanimement condamnée par les milieux militants et politiques locaux, toute chapelle confondue. Force est de constater que les efforts mis en place par les services spéciaux et les enquêteurs chevronnés vis-à-vis de la « mouvance d’extrême gauche rennaise » tendance « ultragauche-zadiste-anarcho-autonome-antifa-squateur-anticapitaliste » (présumé comme étant le terreau probable abritant l’instigateur du site), n’ont jamais mené à la découverte du/des véritables auteurs du blog.
Et soudain c’est le coup de théâtre ! Ce jeudi 11 juin 2015 à 9h du matin, le photographe, journaliste et collaborateur de TaranisNews pour la région ouest, Vincent Feuray, était attendu à la sortie de son travail de nuit par la police. Celle-ci l’a placé immédiatement en garde à vue et a procédé à une perquisition de son domicile. Vincent est accusé (à sa grande surprise) d’être l’auteur du blog. Il observe impuissant les officiers saisir tout son matériel informatique : ordinateurs, disques durs, clefs USB, smartphone, CD, DVD, et c’est à peine s’ils n’ont pas pris la PlayStation.
Vincent est un Journaliste indépendant qui travaille pour plusieurs agences de presse, notament Taranis et Andia. Comme il conserve ses archives dans des disques durs (notament celles qui n’ont jamais été publiées), et qu’il a couvert beaucoup de manifestations ces derniers mois dans le cadre de son travail (celles « contre les violences de la Police » à la suite de la mort de Remi Fraisse, ou contre l’aéroport de Notre Dame des Landes à Nantes), la saisie de son matériel informatique est une mine d’or pour ceux qui procèdent à l’identification des manifestants. Est-ce la véritable raison pour laquelle on a prétexté qu’il soit l’auteur du blog : saisir ses rushs ?
Le problème c’est que tout cela n’aurait jamais du se produire. Tout simplement parce que Vincent est un journaliste … Et il n’est pas question ici de profiter d’un privilège quelconque face à la justice : c’est une question de protection des sources. Il ne possède pas la carte de presse (comme 95% des stagiaires en journalisme, plus de la moitié des journalistes indépendants et 90% de nos collaborateurs), et se situe dans cette foutue « zone grise » du journalisme « pas encore encarté ». Alors, les officiers ont cru bon de prétexter que Vincent est un vulgaire militant, s’asseyant tranquillement sur le droit et la liberté de la Presse. Saisissant donc l’intégralité de son travail et de sa vie privée.
Pourtant il y a un mois, Vincent, Emmanuel Brossier, Kévin Niglaut (également collaborateurs de Taranis News à Rennes), d’autres journalistes rennais et moi-même rencontrions les pontes de la Police, de la Gendarmerie Mobile et de la Direction de la Sécurité Publique, au club de la presse de Rennes. Le thème était « Les relations entre la Police et la Presse dans les manifestations ». Une réunion déclenchée suite aux évènements de l’automne dernier ou certains d’entre-nous avaient été blessés par les armes de la Police (dont l’auteur de ces lignes), et avaient portés plaintes à l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN). Vincent était alors parfaitement considéré comme un journaliste par les représentants du commandement régional de la Police et de la Gendarmerie. Ils ont même déclarés reconnaitre la qualité de son travail, après avoir plaisanté sur le fait de s’être déjà croisé sur le terrain. Là on se dit que quelque chose cloche, vous ne trouvez pas ?
Finalement Vincent n’aura passé que 6h en garde à vue. Il en sortira en milieu d’après-midi. Juste le temps de saisir ses empreintes, de prélever son ADN et d’écrire un procès-verbal, en gros. S’il existait vraiment des soupçons le désignant comme l’auteur du blog « Vengeance contre la Police », vous ne pensez pas que les enquêteurs l’auraient un peu plus « cuisiné » ? Sachant qu’ils avaient au bas mot 48h pour le faire, c’est étonnant …
Alors ok, vous savez quoi ? J’ai une seule question : à quel point les soupçons qui pèsent contre Vincent seraient-ils à ce point à charge pour qu’ils justifient la saisie intégrale de son matériel informatique ; Sachant qu’il est un journaliste en activité sur des sujets aussi sensibles que les ZAD, les squats, les migrants, et les récentes manifestations contre les violences de la Police ? Quand à l’éventualité que la démarche soit sincère, que la Police Judiciaire en soit arrivée à croire que notre collaborateur était véritablement l’auteur du blog, je pense qu’il y a de quoi s’inquiéter pour notre sécurité et la qualité de la formation de nos enquêteurs …
De très importantes questions relatives à la liberté de la presse se posent au travers de cette affaire.
Nous soutenons évidement notre collaborateur et ne croyons pas une seconde qu’il puisse être accusé sur la base de preuves tangibles. Nous nous associerons logiquement à toutes les démarches qui seraient engagées par les « Clubs de la Presse », les syndicats de journalistes ou les autres médias sur ce dossier.
Ce « blog » dont nous n’avions d’ailleurs même pas évoqué l’existence au moment de sa publication, tellement nous jugions qu’il ne méritait aucune publicité. Les familles innocentes, ça n’a rien à faire dans un combat politique ; On ne s’y attaque pas, point final. Nous condamnons l’initiative qui a amené à la création de ce blog (pour ceux qui ne l’auraient pas compris), parce qu’elle est lâche et stupide.
Quant à saisir l’intégralité du travail d’un journaliste sous un prétexte fallacieux, au mépris de la constitution, de la loi et des usages, et surtout pour des raisons politiques ; Cela n’est pas faire preuve de beaucoup plus de courage et d’intelligence.
Gaspard GLANZ
Au nom de toute l’équipe de TARANISNEWS
Louis Witter, Justin Raymond, Emmanuel Brossier, Kevin Niglaut et Vincent Feuray.Toutes les photos sont de Vincent Feuray.
http://www.taranisnews.com/post/123641407843/un-photographe-de-taranisnews-perquisitionne-a
Il serait temps de réflechir a ces intrusions d objectifs photos, vidéos etc…dans les manifs.
A part créer du spectaculaire, donc du mythe et mettre en danger des personnes aux visages non floutés je vois pas l interet d accepter au sein des corteges et manifs la présence de ces « journalistes ».
Le niveau de reflexion frole le niveau zéro quand je lis le blog de ce photographe,le fait qu il ne floute pas certains visages ,qu il aille discuter avec les autorités policieres est un probleme.
Donc avis a taranis news et autres photographes et videastes « artistes engagés », si lors d une éventuelle émotion populaire vos appareils finissent comme un certain jour de juillet 2001 a genes,dans un brasier faudra pas s étonner, c est juste de la « philosophie avec un marteau ».
Et puis c est pas grave si tu t ennuies dans ta vie tu peux retenter les maquettes d avion ou de bateau.
C’est marrant parce que le « travail » de ce « photographe » va bigrement à l’encontre de ce que demande indymedia nantes en fait: photos non anonymisées, se faire du fric sur la lutte, sensationnalisme, d’ailleurs sa carte et sa photo trainent sur la ZAD comme personna non grata pour avoir pris des photos de gens alors qu’il s’était engagé à ne pas le faire à leur demande. Il semblerait que les flics ne se soient pas trompés et qu’ils aient perquisitionné leur meilleur indic. Et ça fait bien plus chier pour tout les gens qui risquent de tomber suite à cette saisie que pour ses disques durs qu’il récupèrera un jour.
Artice validé justement pour que l’info tourne que les keufs ont saisis de nombreuses nouvelles images des manifs de ces derniers mois.
C’est pas la carte de Vincent qui traine, on vient de me prévenir, c’est celle d’un autre photographe tout aussi grillé, ceci dit. Ce qui traine aussi c’est qu’une fois de plus ça va être tendu pour les journalistes… Et après on s’étonne et on se demande pourquoi !!!
Il y a 6 mois, un texte était publié à propos de Taranis news sur indymedia:
https://nantes.indymedia.org/articles/30829
Taranis News, Coup de Coeur de la BAC!
Taranis News est un site internet qui diffuse des vidéos réalisées par ses journalistes, principalement de manifestations ou d’actions. Avec la particularité, par rapport aux autres médias, d’être filmées depuis « l’intérieur ».
Le 18 décembre dernier avait lieu à Rennes une manifestation contre la venue de Manuel Valls. A cette occasion, des personnes ont entendu des policiers de la BAC discuter entre eux du journaliste de Taranis News (TN) alors présent. « Lui, il nous aime pas mais ses vidéos, elles sont super… ».
Bien que cette phrase -et ce qu’elle sous-entend- ne nous étonne pas, elle vient rajouter une couche supplémentaire à toute une série de faits qui nous poussent aujourd’hui à écrire ce texte.
Depuis plusieurs années, des discussions avec le journaliste de Taranis News (anciennement Rennes TV) ont eu lieu régulièrement sur des manifs, des actions, pour demander une attention quant aux images filmées et diffusées afin qu’elles soient moins facilement exploitables par la police et la justice (pas de visages, filmer de dos, demander aux personnes,…). Certaines personnes lui ont explicitement demandé de ne pas apparaître sur ses vidéos.
A plusieurs reprises, TN a pris des engagements qui n’ont presque jamais été tenus.
Le 18 décembre, TN a été informé de cette phrase échangée entre les flics et malheureusement, nous avons pu constater dès le lendemain que cela ne changeait rien de significatif à ses pratiques (plans sur des visages découverts, nombreuses personnes reconnaissables). A la fin de la vidéo de plus de dix minutes, un cadre noir apparaît pendant quelques secondes sur une partie de l’écran. Cela nous paraît dérisoire et quasi-moqueur d’autant plus que des personnes sortent de ce cadre une à une pour apparaître clairement à l’image.
Lors de ces nombreuses discussions, TN a renvoyé plusieurs arguments pour légitimer sa façon de faire.
« De toute façon, les flics filment »
Effectivement il y a toujours des caméras de surveillance, des flics qui filment ou prennent des photos et parfois même depuis des hélicoptères. Mais leur position est encore souvent extérieure aux manifestations. Ils sont d’ailleurs en recherche d’images prises de l’intérieur. Par exemple, après le 22 Février à Nantes, et malgré la quantité de caméras journalistiques et policières en présence, un appel à été lancé aux citoyens, par la préfecture, pour les inciter à « fournir toutes images photos ou vidéos permettant d’identifier des personnes ». A Nantes comme ailleurs, de trop nombreuses personnes se retrouvent aujourd’hui condamnées sur base de ces images prises de l’intérieur. De par sa position actuelle dans les événements, TN en fournit lui aussi.
« T’as qu’à te masquer »
Selon les contextes, certaines personnes décident de se masquer ou non, parfois seulement à certains moments. C’est une des pratiques utilisées pour compliquer l’identification par rapport à des faits précis mais également à des liens ou des présences lors d’événements qui viendraient nourrir des fichiers de police et d’éventuelles poursuites.
Si une personne est filmée masquée sur un moment pouvant être incriminant pour elle (sachant que nous ne sommes pas en pouvoir de décider de ce qui l’est ou ne l’est pas) puis démasquée à un autre moment, il est facile de l’identifier par ses vêtements…Filmer des personnes, mêmes masquées, fournit donc des informations et peut permettre des recoupements pouvant mener à des poursuites, …
Le fait qu’une personne soit ou non masquée ne signifie pas qu’elle soit d’accord pour être filmée et personne ne peut en décider à sa place ni même juger des risques qu’elle encourt.
Dans un contexte de répression potentielle, prendre des images engage une responsabilité et nécessite de modifier sa façon de travailler afin de ne pas mettre en danger les personnes. Cela se fait dès la prise d’images -et pas uniquement au montage- car on ne peut être assurés que cette mine d’informations ne tombe un jour dans la main des flics. Il est possible -et des vidéos ont déjà été produites- de filmer différemment (comme le font les groupes auto-médias dans certains lieux/rassemblements). Ne pas le faire résulte d’un choix politique et le fait qu’une vidéo soit « agréable » à regarder ne pourra jamais contre-balancer le fait de fournir des infos aux flics.
Ceci, TN l’assume pourtant pleinement quand il répond par ces mots : « Je suis un journaliste, pas un camarade ».
Étant donné ses prises de position et l’absence de prise en compte des remarques lui ayant été faites à de nombreuses reprises, il nous semble logique et plus prudent d’entretenir un rapport de méfiance et de distance avec lui, tout comme ce devrait être le cas avec n’importe quels autres journalistes.
Plus largement, les questions qui se posent sont de savoir comment s’organiser pour se protéger des journalistes et du danger qu’ils représentent ? Mais aussi comment s’autonomiser des médias, de leur discours et leurs outils, pour partager et diffuser directement nos idées et nos pratiques ?
A bientôt dans la rue !
NB : Si ce texte s’axe sur la position de Taranis News, il serait urgent d’élargir la réflexion au rapport que nous entretenons à l’image en général et particulièrement à cette base de données que nous offrons gratuitement par l’intermédiaire des profils Facebooks et autres sites internet. Il est hallucinant de voir que, malgré les exemples qui se multiplient -et aux conséquences parfois lourdes- nous gardions une grande naïveté quant à leur utilisation.
Depuis le mois de juin la police enquête avec de nouvelles bases de données vidéo et photos des manif à nantes et nddl et rennes car un journaliste de taranis news qui est « sur tout les coups » s’est fait perquisitionné et saisies tout son matos même ses reuch’, en bref cela risque de donner de nouvelles arrestations dans les temps prochain… nous rappelons à cette occasion qu’il est important de ne garder rien de compromettant chez soi (vidéo, photos ou matériel d’autodéfense…), cette affaire montre bien que personne n’est à l’abris … en cas d’interpellation il est plus prudent de garder le silence car tout ce que vous direz sera retenu contre vous ou d’autre personne, les flics utilisent l’intimidation pour vous faire parler et affirme même des choses dont ils n’ont pas les preuves afin que vous passiez aux aveux qui là vous inculpent…
https://zad.nadir.org/spip.php?article3109