Réponse du BDS : Le maire de Toulouse a osé ! M. Moudenc, maire de Toulouse, a pris la honteuse décision d’interdire une réunion publique prévue dans le cadre de « la Semaine contre l’apartheid israélien », animée par Farid Esack, professeur à l’université de Johannesburg, connu pour son opposition à l’Apartheid et sa nomination par Nelson Mandela comme commissaire à l’égalité des sexes. Cette interdiction n’a été connue des organisateurs que le 31 mars vers 17h par la presse locale. C’est à dire moins de quatre heures avant le début de la réunion et sans même avoir cherché à nous rencontrer.??L’argument du maire concernant « le risque de trouble à l’ordre public » parait pour le moins fallacieux. Aucun appel à perturber cette réunion n’a été porté à la connaissance du public. Les personnes venues pour assister à la réunion ont eu la surprise de constater qu’aucune présence policière n’avait été prévue. De même, aucun trouble à l’ordre public n’a pu être constaté durant le rassemblement devant la salle qui a duré jusqu’à 22h. Quant aux accusations calomnieuses portées par le Maire contre BDS France, il sera bien incapable de les étayer. Dans les procès contre des actions BDS, la justice n’a jamais retenu un motif de « discrimination et incitation à la haine raciale ». Second argument du Maire encore plus douteux : il interdit une réunion qui « risque de prôner la discrimination ». Comme il était facile de le vérifier, et notamment lors des précédentes interventions de Farid Esack en France (Paris, Lyon, Lille, Bordeaux), le Maire – qui prétendait défendre la liberté d’expression dans les rues de Toulouse début janvier – a censuré, en fait, des paroles de droits humains, de fraternité et de justice. Enfin et pour que les choses soient claires pour nous M. Moudenc, le conflit israélo-palestinien n’est nullement un conflit religieux. L’appel au boycott n’a rien à voir avec la religion juive mais avec la politique d’un État qui pratique la colonisation et la discrimination. Nous ne nous laisserons pas faire. En matière de réunion publique le principe qui gouverne est la liberté, les autorités administratives ne pouvant interdire une réunion de se tenir que lorsque les risques de troubles à l’ordre public sont réels et que les forces de police ne sont pas en mesure d’assurer la tenue de l’événement dans le calme. La décision prise par la mairie est particulièrement grave. Il s’agit purement et simplement de l’interdiction de l’exercice d’une liberté fondamentale, et ce sans aucun motif valable et sans respecter les règles de forme. Nous n’avons été appelé à fournir aucune observation préalablement à l’édiction de la mesure. Nous nous réservons donc le droit d’attaquer la légalité de la décision prise par le maire de Toulouse devant les juridictions administratives. BDS-France Toulouse

Voir aussi : Appel de centaines de personnalités du monde entier contre la censure

http://www.bdsfrance.org

Rectificatif de La Dépêche du Midi pour l’édition du 2 avril: « Dans un article publié ce mercredi 1er avril sous le titre « Le Capitole interdit la réunion du NPA », « La Dépêche du Midi » a indiqué à propos de Bernard Cholet qu’il faisait partie d’un groupe de militants condamnés pour « discrimination et incitation à la haine raciale ». Cette information est erronée, et nous présentons nos sincères excuses à M. Cholet. Dans le texte publié ci-dessous, Bernard Cholet a souhaité rappeler les raisons militantes qui l’ont conduit devant la justice, et la relaxe dont il a bénéficié. » « Je me suis retrouvé subrepticement dans les colonnes de la Dépêche du 1er avril victime d’accusations diffamatoires qui portent atteinte à mon intégrité personnelle et à mon honneur, et qui ne respectent pas la chose jugée. A la suite d’une plainte d’une officine de l’extrême droite pro-israélienne, j’ai en effet été inculpé avec deux camarades pour une action Boycott Désinvestissement Sanctions (comme nous en réalisons des centaines partout en France et dans le monde depuis 2010) dans une grande surface pour appeler les consommateurs au boycott des produits exportés illégalement par Israël, boycott international destiné à faire cesser l’impunité de cet Etat pour qu’il respecte enfin le droit international. Après quatre ans de procédures judiciaires, j’ai été relaxé par deux fois par des tribunaux indépendants qui m’ont donc jugé innocent. Mieux encore, contrairement à ce qui a été publié par « La Dépêche du Midi » et diffusé dans un communiqué de la mairie de Toulouse, aucune condamnation pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » n’ a été prononcée contre des militants dans le cadre d’actions BDS. La cour d’appel de Paris – après avoir considéré comme légal le droit à l’appel au boycott émanant de la société civile – sera sur le sujet encore plus précis : « la critique pacifique de la politique d’un Etat relevant du libre jeu du débat politique se trouve au coeur même de la notion de société démocratique ». Le manque de sérieux dans la vérification des sources autant pour le journaliste que pour le Maire est inacceptable et grave de conséquences. Enfin et pour que les choses soient claires, le conflit israélo-palestinien n’est nullement un conflit religieux. L’appel au boycott n’a rien à voir avec la religion juive mais avec la politique d’un État qui pratique la colonisation et la discrimination. Alors oui, militant depuis toujours contre le racisme, contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie, militant anticolonialiste. Pas plus, pas moins. Et soyez persuadés qu’ils ne nous feront pas taire.

 

Paris, le 2 avril 2015

Monsieur le Maire, Nous nous adressons à vous en tant qu’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), association attachée à la défense des droits humains, et qui lutte contre toutes les formes de racisme et toutes les discriminations. Notre message concerne votre interdiction de la conférence du Professeur Farid Esack, qui était prévue dans une salle municipale le mardi 31 mars. Farid Esack est une personnalité sud-africaine bien connue à de multiples titres : combattant opiniâtre au cours de la lutte contre le régime d’apartheid sud-africain, responsable à l’Université de Johannesburg du département consacré aux religions, ancien commissaire à l’égalité des sexes dans le gouvernement de Nelson Mandela, écrivain, militant antiraciste, … Malgré tout le respect que nous devons à votre fonction de maire, permettez-nous de vous dire que cette interdiction est scandaleuse et indigne de qui se prévaut des valeurs antiracistes. Les qualificatifs que vous attribuez à la campagne BDS sont totalement infondés. D’abord BDS n’est pas une association ainsi que vous l’écrivez, mais un collectif d’une centaine d’associations, dont font partie aussi bien le NPA à qui vous avez adressé votre courrier que l’UJFP. BDS est partie intégrante d’une campagne internationale qui vise, à l’image du boycott qui avait contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, à développer le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions vis-à-vis de l’Etat d’Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international. Comme vous ne pouvez pas l’ignorer, cette campagne répond à une demande de la société civile palestinienne, (plus de 170 organisations, associations, syndicats, partis), à l’exigence que la communauté internationale cesse d’assurer à l’Etat d’Israël une impunité dans la poursuite de sa politique de colonisation et d’apartheid. Ensuite BDS ne prône pas la discrimination de « personnes de confession juive et de produits commerciaux associés à la religion juive » mais uniquement à ne pas acheter de produits issus de l’Etat d’Israël, et à ne pas collaborer avec ses institutions. La dimension religieuse est totalement absente du discours de la Campagne BDS. Votre définition est donc erronée et mal intentionnée à dessein: concernant le boycott de l’Apartheid sud-africain, aurait-elle pu se traduire par « le boycott du régime de l’apartheid prône la discrimination de tous les Blancs et des Afrikaners d’Afrique du Sud » sans sombrer dans le ridicule? Les rares condamnations que vous évoquez de personnes ayant participé à des « actions BDS » n’ont d’ailleurs jamais porté sur des discriminations ou incitations à la haine raciale mais sur des appels à la discrimination nationale (à savoir l’appel à ne pas consommer des produits israéliens). Et la grande majorité des juridictions ont considéré que ces appels au boycott relèvent de la liberté d’expression. En vérité, et vous le savez bien, vous avez subi des pressions de la part d’associations qui prétendent s’exprimer au nom de l’ensemble des Juifs de France et ne sont que les courroies de transmission d’une politique faite de dépossessions, d’humiliations, d’assassinats et de massacres contre le peuple palestinien. Si vous avez à cœur la lutte contre l’antisémitisme, vous devriez vous devriez cesser d’entretenir l’amalgame malhonnête entre Juifs français et gouvernement israélien, et lutter contre tous ceux qui cultivent l’inégalité et la discrimination, au Proche Orient comme ici en France. L’UJFP est disposée, monsieur le Maire, à venir vous présenter une autre image de la judéité, et à vous expliquer ce qu’est la campagne BDS et pourquoi de plus en plus de Juifs la rallient dans le monde entier.

Pour le bureau national de l’UJFP, Jean-Guy Greilsamer et Pierre Stambul, coprésidents de l’UJFP