Charlie a tué la liberté d’expression en france
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Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle socialRacismeRépressionResistances
Et maintenant, on voudrait qu’on oublie tout ça au nom de la défense de la « liberté d’expression », cette même liberté d’expression que Charlie avait contribué à museler chez les autres, chez tous ceux qui n’avaient pas troqué leur impertinence contre la soumission aux valeurs que veut nous imposer la société, avec juste une petite tolérance pour la critique bien-pensante des problèmes secondaires. On voudrait qu’on oublie que Charlie a soutenu toutes les guerres de l’Otan, qu’il n’a jamais rien fait pour défendre les Palestiniens, qu’il a fait de l’islamophobie son fonds de commerce tout en assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme, qu’il n’a jamais remis en cause le libéralisme ou la République… C’est la pire insulte qu’il pouvait faire au Charlie d’il y a quarante ans.
Les assassins fanatiques ne pouvaient pas faire de meilleur cadeau à nos gouvernants qu’en transformant en martyrs de l’Etat ceux qui n’étaient jusque-là que ses idiots utiles et sa caution « libertaire », au même titre que les Cohn-Bendit et autres anciens contestataires passés dans l’autre camp. Au lieu de laisser mourir ces repentis de leur belle mort, sous le mépris de ceux qui continuaient à lutter contre l’Etat, le racisme et la pensée unique, des criminels imbéciles ont préféré en faire des martyrs. On connaissait les martyrs religieux, les martyrs nationalistes et les simples martyrs sans étiquette des dictatures et des fascismes. On a maintenant les martyrs d’Etat, ceux qui défendent les valeurs de la République et de la France profonde avec l’alibi de l’impertinence… envers les autres. Car l’impertinence des débuts de Charlie était oubliée, alors, pour y pallier, il a bien fallu s’inventer de nouvelles têtes de Turcs. Au milieu des crimes et des nettoyages ethniques, que faisait Charlie ? Pour se distraire, il se foutait de la gueule de Mahomet ! Quel courage, quelle lucidité politique ! Pas une fois, pas deux fois, mais en permanence, selon le rythme du déficit de ses ventes. Charlie, ce sont des islamophobes récidivistes, des serial pourfendeurs de musulmans, un créneau très rentable.
Maintenant que l’Etat a ses martyrs, fini de rire ! Il peut décréter la « tolérance zéro » pour tous ceux qui ne sont pas Charlie. Ça a commencé à un rythme effréné : « l’incitation au terrorisme » est devenu le mot d’ordre pour embastiller les déviants, les tribunaux font les trois huit, la France est sous contrôle. Et on ne peut pas demander à un Charlie à cinq millions d’exemplaires de dénoncer ça, ce serait tuer la poule aux œufs d’or. Non, il vaut mieux continuer avec Mahomet, ça fait vendre, ça, coco ! Luz et les survivants n’ont rien compris ! Peut-être rêvent-ils, puisqu’ils ont l’Etat avec eux, qu’ils pourront passer, quels qu’en soient les risques, à dix millions d’exemplaires, et même, pourquoi pas, que le prix des abonnements soit prélevé directement sur nos impôts. Ce serait faire acte de civisme.
Charlie n’est pas mort seulement sous les balles des terroristes, mais sous le poids des millions et le soutien des pires crapules de la planète. Avec un peu de retard, nous sommes enfin arrivés en 1984. Merci Big Brother ! Merci, Charlie Hebdo !
http://bxl.indymedia.org/spip.php?article6375
On peut aussi remarquer que Charlie défendait l’ordre social naturalisé, les nations, l’économie équitable, la petite propriété, le droit, la justice, l’hétérosexualité complémentariste, toutes choses dont se réclament uniment les anti-impérialistes en concurrence avec les zones d’accumulation de la richesse pour la réalisation des mêmes formes sociales et politiques, qui ont donné, ô surprise, le monde où nous sommes.
Bref on n’est pas sortis de l’auberge.
Polémique dans la famille Charlie Hebdo
« Je t’en veux vraiment, Charb. » Six petits mots dans le numéro de L’Obs du 14 janvier ont suffi pour plonger la famille de Charlie Hebdo dans l’une de ces violentes querelles qui agitent l’hebdomadaire satirique depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, il y a bientôt huit ans.
« Je sais, ça ne se fait pas », écrit Delfeil de Ton à la fin d’un long article consacré à l’aventure de Charlie et en s’adressant à son « chef », exécuté le mercredi 7 janvier avec onze autres personnes. Evoquant un « gars épatant », mais « tête de lard », Delfeil reproche à Charb d’avoir mené sa rédaction à la mort. Un procès qui a fait bondir Richard Malka, avocat du journal satirique depuis vingt-deux ans, et beaucoup d’autres.
Delfeil de Ton, 80 ans, chroniqueur à L’Obs depuis 1975, est un des fondateurs de Charlie Hebdo. Il était déjà des aventures de Hara-Kiri, puis de Hara-Kiri Hebdo, avant de participer à la création du « premier » Charlie, en 1970, puis du « deuxième », en 1992. Il s’en était allé au bout de quatre mois – « je m’ennuyais à mourir avec Philippe Val », le nouveau patron, racontait-il à l’époque. Pour son numéro spécial consacré à la tragédie de Charlie Hebdo, le directeur de la rédaction de L’Obs, Matthieu Croissandeau, a donc demandé à son collaborateur de raconter aux lecteurs ses souvenirs sur deux pages.
Delfeil de Ton ressuscite ses souvenirs, croque ses amis, puis en vient à ce numéro de Charia Hebdo, que Charb avait décidé de publier, avec les caricatures de Mahomet, en novembre 2011. « Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ? », accuse Delfeil. Peu après la sortie du numéro, les locaux de Charlie sont incendiés. Delfeil rappelle ce que son ami Wolinski, même âge que lui, en disait à l’époque : « Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire. » Ni recommencer, estime Delfeil : « Il fallait pas le faire, mais Charb l’a refait, un an plus tard, en septembre 2012. »
Ce n’est pas la première fois que Delfeil crée la polémique en consacrant sa chronique à Charlie. C’était à l’été 2008, lors d’une autre querelle qui avait largement dépassé les frontières de la rédaction de L’Obs et les troupes de Charlie. Après la publication d’un article du dessinateur Siné sur le mariage du fils de Nicolas Sarkozy, que Philippe Val avait jugé antisémite, le directeur de l’hebdomadaire avait décidé de licencier le dessinateur (Siné a depuis fait condamner Charlie pour préjudice moral et financier, et obtenu en appel 90 000 euros de réparations).
« Papier polémique et fielleux »
Déjà, comme si chacun pressentait qu’une autre partie, plus vaste, se jouait par-delà du sort d’une chronique et de dessins, une violente polémique s’était engagée, divisant la rédaction de Charlie, les partis de gauche, et jusqu’aux intellectuels. Le Prix Nobel de la paix Elie Wiesel avait pris le parti de Philippe Val, comme Bernard-Henri Lévy, Elisabeth et Robert Badinter, Pierre Lescure, Elisabeth Roudinesco, SOS Racisme et d’autres. En défense de Siné, des dessinateurs comme Rémi Malingrey et Lefred Thouron et, au sein de la rédaction, Cavanna (qui évoquait en 2011 l’affaire dans son dernier livre, Lune de miel), Willem, Tignous, ou des journalistes comme Michel Polac et Sylvie Caster. Mais aussi, dans les colonnes du Nouvel Observateur, Delfeil de Ton, qui accuse depuis longtemps Val d’entraîner Charlie dans un combat sionisto-islamophobe.
Avocat de Charlie depuis vingt-deux ans, Richard Malka a envoyé mercredi un texto scandalisé à Matthieu Pigasse, l’un des actionnaires de L’Obs (et du Monde), qu’il connaît bien. « Charb n’est pas encore enterré que L’Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux, s’indigne M. Malka. Sur le plateau du “Grand Journal”, l’autre jour, le directeur de L’Obs, Matthieu Croissandeau n’avait pas de larmes assez chaudes pour dire qu’il continuerait le combat. Je ne pensais pas qu’il le ferait de cette manière. Je refuse de me laisser envahir par de mauvaises pensées, mais ma déception est immense. »
D’autres estiment que Delfeil a tort de ressusciter des propos anciens de Wolinski, « alors que “Wolin” est toujours resté fidèle à Charb, et se rendait toutes les semaines au journal ». « Il s’agit d’une chronique, répond calmement Matthieu Croissandeau. Nous avons reçu ce texte, et, après débat, j’ai décidé de le publier ; dans un numéro sur la liberté d’expression, il m’aurait semblé gênant de censurer une voix, quand bien même elle serait discordante. D’autant qu’il s’agit de la voix d’un des pionniers de cette bande. »
Delfeil, lui, refuse d’en dire davantage. « J’ai refusé de parler aux télés, aux radios, à tout le monde. J’ai gardé mon témoignage pour L’Obs, qui l’a d’ailleurs mal titré, et je ne suis pas près de l’ouvrir à nouveau sur le sujet. » Il précise seulement, en ne citant qu’un nom et en pesant chacun de ses mots : « Jeudi, j’irai aux obsèques de Wolinski. »
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http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/14/polemique-dans-la-famille-charlie-hebdo_4556428_3224.html#gXM8K8V6heVKffOU.99