Des policiers déguisés en pacifistes?

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Des policiers déguisés en pacifistes ?
Alors que la répression des manifestations bat son plein, alors que les médias s’acharnent comme à l’accoutumée à opposer les catégories de « casseur » et de « non-violent » pour diviser les luttes, un appel à constituer des « blanc-blocs » (« La non-violence est un sport de combat », www.acipa-ndl.fr/actualités/lettres-ouvertes-tribunes/item/461) a été diffusé à Nantes peu avant la manifestation du 22 novembre.
Il s’agit de constituer des « blanc-blocs », « nombreux, bien visibles et identifiables, agissant fermement dans le respect de l’intégrité des personnes », et qui se donneraient pour mission de « repérer, photographier et filmer » les « policiers déguisés en black-blocs ».
À la manifestation de Nantes un « blanc-bloc » était visible, heureusement fort réduit en nombre et inefficace. Cependant, il nous paraît important et nécessaire d’apporter une réponse à leur appel, que nous jugeons nauséabond, dangereux et inquiétant.
Dans leur préambule, les auteurs semblent pourtant prendre la mesure de la situation, en rappelant que c’est « la police qui tue », et en niant la validité du débat « violence/non-violence » qui « divise artificiellement les luttes ».
Mais aussitôt ils sombrent dans la figure désormais classique du « policier déguisé en black-bloc », sans le moins du monde reculer devant la contradiction avec ce qu’ils venaient pourtant d’affirmer. Cette thèse complotiste, à laquelle seuls Besancenot ou Mélenchon croient, n’a pour conséquence que, précisément, de diviser et affaiblir les luttes, en créant une sorte d’ « auto-répression » préventive, en forçant chacun à se méfier de son voisin. Qui n’a pas en mémoire la redoutable efficacité qu’eut, à cet égard, l’emploi à outrance de cette thèse grotesque lors du mouvement contre les retraites, en 2011 ? En somme, si nous cédions à notre tour au complotisme, nous affirmerions sans ambages que cet appel est lancé par des policiers déguisés en pacifistes.
On nous présente les « deux craintes » des manifestants potentiels, qui seraient : d’être « assimilés aux casseurs » (individuellement), et de « s’exposer aux violences » que ceux-ci susciteraient. Les auteurs du texte s’appuient ainsi de tout leur poids, toute honte bue, sur la figure du « casseur » qu’ils niaient deux lignes plus haut, et affirment, dans un renversement scandaleux, que ce sont ceux-ci qui génèrent la violence de la police. Or, et l’ignorer relève au mieux de la naïveté, au pire de l’aveuglement, la police n’a jamais distingué, ne distingue pas, et ne distinguera jamais les supposés « casseurs » des supposés « pacifistes ». Les dizaines de blessés de Notre-Dame-des-Landes ou de Nantes devraient pourtant suffire à le rappeler. Mettre ainsi sur le même plan la violence des manifestants et celle de la police revient à justifier cette dernière. Les auteurs affirmaient pourtant, juste avant, que « les policiers et les gendarmes sont sur-armés, avec des armes qui tuent, face à des personnes armées le plus souvent de leur seul courage, et [il] n’est pas question de renvoyer dos à dos les deux « violences ». »
« La non-violence est un outil pour les luttes », dit-on ensuite. Bien sûr ! Et aucun supposé « casseur » n’a jamais empêché un supposé « non-violent » d’être « non-violent », alors que ce texte se propose précisément de faire l’inverse, ce que par ailleurs on observe régulièrement. On se souvient de cordons de manifestants « pacifistes » protégeant les vitrines de tel MacDonalds, voire s’attaquant physiquement à des « violents ». Un service d’ordre est difficilement « non-violent ».
Pourtant, et c’est bien l’essentiel à avoir en tête dans la difficile période actuelle, il y a bien une « complémentarité des formes de luttes ». Les auteurs du texte semblent en avoir conscience, qui rappellent justement les expulsions de la ZAD de l’automne 2012, et la formidable solidarité qui les caractérisaient. Loin de nous d’exiger que chaque manifestation, chaque action, soit l’occasion de s’affronter avec les forces répressives (en réalité, le choix appartient plutôt à ces dernières). Il y a bien des manières d’exprimer des rapports de force et de solidarité, et la tentative qui est faite ici de n’en valider qu’une (la « non-violence ») nous paraît idiote, dangereuse et menaçante.
Ils se proposent de se vêtir en blanc, la « couleur de la paix ». Cette question de la paix n’est pas anodine. La paix, c’est la fin de la lutte, c’est le retour à la normale. La paix, ça voudrait dire que la lutte est finie, ou inutile, que la situation convient et qu’il faut qu’elle perdure. La paix, en l’occurrence, est réactionnaire. La paix, c’est toujours un vainqueur et un vaincu. À nous d’estimer si nous serions l’un ou l’autre.
Tout cela est effectivement problématique. Mais lorsqu’on en arrive aux propositions d’actions que se donnent les « blanc-blocs », le sang se glace dans les veines. Des sit-ins, des flash-mobs, passe encore, mais il faut garder à l’esprit que la répression violente s’abat sans distinction, et que les sit-ins, les actions « suicidaires » comme de s’enterrer jusqu’au cou pour prendre un exemple récent, n’ont jamais protégé de la matraque, bien au contraire. Flash-mob contre flash-ball, la partie ne semble pas équitable.
Mais il est surtout question de « s’affirmer en témoins », de « photographier », de « filmer » les « personnes violentes », et de diffuser les images sur les « réseaux sociaux ». Quelles qu’en puissent être les justifications, de telles pratiques ne sont rien d’autres que des pratiques de pure délation. Des dizaines de personnes sont aujourd’hui entre les mains de la justice uniquement par la faute de « citoyens » ou de « témoins » qui ont diffusé des images effectivement compromettantes. Nous croyions naïvement que la lutte contre l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes avait dépassé cette question, en se donnant les moyens (automédia par exemple) de ne pas s’exposer à de tels dangers. On ne peut pas fustiger les médias et les forces répressives et avoir rigoureusement les mêmes pratiques ! Le rôle du « blanc-bloc » n’est en définitive pas autre chose qu’un rôle de flic bénévole.
On passera sur les « actes stupides ou contre-productifs, comme les atteintes à des structures de transport en commun ». On s’étonnera seulement de cette notion de « contre-productivité », qui semble assigner à certaines composantes de la lutte exclusivement la légitimité de définir ce qui est productif et ce qui ne l’est pas. Ces considérations stratégiques puent. Par ailleurs, la lutte est, pour beaucoup, un moment où précisément on ne produit pas, un moment où l’on n’a pas à être « productif ».
Enfin, les auteurs se proposent « d’isoler les personnes violentes pour les éloigner des affrontements ». Il s’agit donc explicitement d’une menace. Toute « non-violence » semble avoir disparu, à ce stade, et l’on n’a plus affaire qu’à des adjoints volontaires des forces répressives, prêts à se mettre physiquement en jeu dans leur mission d’assistance à la police. Chaque préfet rêve d’une telle situation, et l’on voit d’ici les flics se frotter les mains en regardant les manifestants se battre entre eux. Cette menace est sérieuse. Elle sera traitée comme telle.
En guise de conclusion, nous citerons quelques paragraphes d’un texte circulant en ce moment, intitulé « Police partout ! Assemblées itou ? » (iaata.info/St-Girons-Communiqué-de-l.html) :
« Considérer qu’il est « violent » de casser une vitrine ou de jeter une motte de terre sur des militaires revient à vider ce mot de son sens. Ces pratiques qualifiées de violentes ont existé de tous temps et coexistent avec beaucoup d’autres. Beaucoup de manifestant.es passent des unes aux autres. Une manifestation n’est pas un « cortège discipliné et pacifique ». Si une manifestation ne porte pas en elle de menace de désordre, quel rapport de force peut-elle créer ?
À l’heure où les vendeurs de solutions politiques dénoncent le fait même de se protéger de la police, la seule forme de violence tolérée devient celle exercée contre soi-même. Faire des grèves de la faim, se coucher devant des bulldozers, s’enterrer ou se dénuder à la merci de la violence étatique, n’est pas, pour nous, relever la tête face à la destruction organisée de nos vies. Nous refusons de nous soumettre au culte du martyr, à l’image choc qui ferait basculer l’opinion publique. »
La vocation de ce texte n’est pas de renforcer la tentative de division que constitue pour nous la formation de « blanc-blocs », mais au contraire de rappeler qu’il est plus important que jamais de faire exister réellement la complémentarité des formes de luttes, et, plutôt que de s’affaiblir, de se renforcer mutuellement par l’établissement d’une confiance indispensable.
le 26 novembre 2014,
des participant.e.s aux manifestations du 22 novembre.
Aux Blancs-blocs : avez-vous filmé (photographié, isolé) les automobilistes agacés fonçant sur les manifestants ? Avez-vous filmé (photographié, isolé) les agriculteurs productivistes massacrer des ragondins devant la préfecture ? Vous filmez-vous (photographiez-vous, isolez-vous) lorsque vous avez, quotidiennement des réactions haineuses et contre productives ?
Je m’étonne qu’au mensonge de l’État et des grands médias — qui inversent les responsabilités en accusant les manifestants de violence alors qu’ils pratiquent une violence systématique et protéiforme — on oppose une action qui ne fait que servir les stratégies policières : scinder le mouvement de résistance en des groupes opposés (les blancs et les noirs), pratiquer une dangereuse délation (« il est possible que des dizaines de bras munis de portables se lèvent pour filmer et envoyer directement sur les réseaux sociaux {…} les actes stupides et contre-productifs, comme les atteintes à des structures de transport en commun. ») et isoler les « mauvais éléments » (« On peut, selon le nombre et la situation, tenter d’isoler les personnes violentes pour les éloigner des affrontements. »).
Ces personnes, qui viennent vêtues de blancs, pensent-elles avoir l’âme pure tandis que les autres l’auraient noire ?
Se rendent-elles comptent qu’en isolant et dénonçant les « violents » « irresponsables » et « contre-productifs », elles balaient d’un même coup toute la résistance de NDDL et omettent que c’est en très grande partie grâce à cette résistance — parfois nécessairement butée — qu’aucune piste d’atterrissage ne recouvre encore la zone humide ?
De mon côté, tout en assumant le fait que la violence me fait peur, qu’elle soit physique ou mentale, frontale ou insidieuse, je remercie toutes les personnes qui sont restées sur la place au moment où les forces de l’ordre étaient les plus violentes. Et si je ne partage pas tous les slogans ou actions des manifestants, je les intègre volontiers à la lutte à laquelle je participe, à ma manière aussi.
Je vois dans ce mouvement, au delà de la lutte contre ces grands projets destructeurs, la possibilité de dévoiler toutes les violences qu’on subit quotidiennement : la désinformation et la manipulation ; les injonctions à travailler, à être propriétaire, à fêter Noël en famille, à faire carrière ; notre impuissance face à un système hégémonique, etc.
J’y vois aussi une multiplicité de voix et de voies, échos de nos propres contradictions. C’est de cette multiplicité et de cette complexité que peuvent naître, à mon avis, des discussions constructives. Ce n’est sûrement pas en séparant le bon grain de l’ivraie qu’on y arrivera. À ce jeu-là on se sert que la discorde et la répression.
Alors comme ça les pacifistes feraient le jeu du pouvoir et des flics ? Sous prétexte de diviser la lutte ?
Mais qui divise ? Le mouvement contre le barrage de Sivens, comme celui contre l’aéroport de NDDL, ont montré la détermination profonde des participant-e-s a s’opposer aux violences policières selon de nombreuses techniques non-violentes. Semer et planter notamment, car c’est bien de cela qu’il s’agit en définitive : des terres pour des paysans responsables, soucieux d’écologie et d’entraide, mais aussi faire les clowns, aller déranger Vinci ou la CACG, faire des cabanes dans les arbres, résister en s’enchaînant les uns les autres, se mettre à poil… Toutes ces tentatives ont porté leurs fruits et permis de rassembler beaucoup de monde, de tous âges et toutes origines.
Les personnes cagoulées ont toujours fait la même chose, s’opposer sans construire, interroger sans trouver de réponse, et surtout donner à l’état (toujours bien mieux armé que le peuple) l’occasion de trouver un prétexte pour intervenir avec force ! On voit aussi de nombreuses personnes aux abords des manifestations être arrêtées, soupçonnées alors qu’ils n’étaient que des passants. Combien de gens ont ils ralliés ? A vrai dire on devrait plutôt se poser la question : combien ont-ils faits fuir ? pour qu’une lutte devienne populaire, elle doit rassembler des âges et milieux sociaux différents mais surtout sans limite. Une mère viendrait-elle à une manif qui menace de tourner à l’émeute ? Une personne âgée ou handicapée ? Pourtant ce sont aussi des personnes qui ont leur mot à dire et ne doivent pas servir de “chair à pavé”… Alors qui divise ? Qui fait le jeu de l’état et de sa violence, de son escalade ?
Vous n’aimez pas l’image du martyr, pourtant l’instrumentalisation grossière que vous en faites de la mort de Rémi témoigne que vous aimez les martyrs utiles… Vous moquez les enterrés et d’autres combattant-e-s pacifiques alors même que vous prétendez ne pas les rejeter…
Avant de casser des banques créer les alternatives (ou participez pleinement à celles déjà existantes…)
Si on reste dans un débat dont c’est l’état qui a posé les termes (violence / non-violence), on perd toute la force d’un mouvement qui incluait beaucoup de pratiques.
Quand les “blancs blocs” (et toi “devine”) disent que ce sont les soit-disant “émeutiers” ou “black blocs” (ou n’importe quel mot que vous utilisez pour désigner les “jeunes”) qui provoquent, ils renversent les responsabilités de la police vers une partie du mouvement. La voila la division.
Et c’est bien dommage. Parce que tu peux réécrire l’histoire de NDDL et du Testet comme tu veux, et prétendre que les personnes qui expriment leur colère après un mort et des centaines de blesséEs ne construisent pas d’alternatives ou je sais pas quoi, faut pas être passé souvent sur les ZAD pour dire ça. Comme si les gens portaient leur masque toute la journée et ne faisaient que ça… Allo la terre.
Faut pas non plus avoir beaucoup participé aux expulsions pour se rappeler que ce qui a empécher les GMs de raser les ZADs, c’est pas que les gentils clowns (qui sont pas toujours ou ont pas toujours été non-violentEs au passage).
Y’a pas besoin de balancer les gens aux keufs pour résister collectivement et de façon unitaire à la repression, en continuant à trouver des complémentarités. Si t’écoutes trop les médias, EELV et Julien Durand, c’est pas notre faute, décrotte toi les oreilles.
Etonnant de voir les autonomes si soucieux de préserver la pureté de leur mouvement devenir soudainement si enclin à l’ouverture ! Toute personne osant remettre en cause leurs trop nombreuses certitudes étant directement agressée (verbalement, voire physiquement), on a du mal à croire votre déclaration d’amour à la tolérance. Et je ne parle pas des militants encartés qui sont tous vu comme des « collabos » à ce système (on ne sait pas trop lequel).
Je vous accorde que le délire du policier déguisé en casseur n’est pas crédible. La police n’a pas à se fatiguer puisqu’il y a déjà assez de casseurs pour faire le travail qu’ils faisaient avant.
Mais non, il ne faut pas dénoncer les casseurs, parce qu’on ferait le jeu des médias… et surtout parce que beaucoup cautionnent ce genre d’action de manière systématique. La violence est parfois utile mais saccager un centre-ville, c’est le meilleur moyen pour que la population se désolidarise du mouvement. Et que vous le vouliez où non, ce n’est pas en cultivant l’entre-soi entre des « vrais » militants, que l’on gagnera nos luttes. A force de considérer avec autant de mépris les populations locales qui ne partagent pas vos agissements, vous créez la division puisque vous ne supportez pas la différence.
J’ai effectivement du mal à voir le lien entre Notre-Dame-des Landes (où Rémi Fraisse) et les nombreux abris-bus cassés pendant les manifestations. Idem pour les voitures. Ah si, il ne faut pas commencer à être corporatiste et prendre le système capitaliste dans son ensemble, donc il y en aura pour tout le monde ! Enfin, ce n’est pas comme si ces personnes souhaitaient réellement changer les choses.
« Et aucun supposé « casseur » n’a jamais empêché un supposé « non-violent » d’être « non-violent » » : oui, j’ai du mal à voir comment cela serait possible… Mais il faut envisager l’hypothèse que les personnes qui vous entourent ne partagent pas nécessairement vos points de vue et vous n’avez pas à imposer vos actions à tout un mouvement qui représente bien plus que votre microcosme. L’unité oui, mais l’uniformisation non.
Ok Rackham on a compris t’aimes pas les totos. On dirait que t’as un passif avec des gens que tu qualifie comme ça, alors t’as raison t’as qu’à généraliser sur ce fantasme.
Moi il me semble que dans cette lutte y’a un tas d’alliances et de partages, de commun et de pratiques, qui vont au delà de simples catégories comme t’en défini là.
Ensuite pour rétablir un peu d’objectivité:
Dire que le centre-ville est saccagé, c’est un peu poussé le bouchon non ? Ca c’est la version des commerçants du centre-ville, qui pleurent sur leur portefeuille apparement à cause des manifs. Le reste, les morts et bléssés, qu’on ne puisse plus manifester, qu’on est la dalle, ils s’en contre-foutent.
Plutôt que d’adopter le discours de gens qui sont nos adversaires dans cette lutte, on peut peut-être leur répondre? Ou bien le business passe avant les questions sociales en suspend? Clairement, cette population locale la je la méprise.
Dire que c’est systématique, c’est clairement pas rendre compte des nombreuses manifs que le mouvement a fait en centre-ville, et qui se sont passé calmement.
Dans l’histoire, le changement commence avec le 22/02 qui a été aussi tendu en grande partie parce qu’on a été empêché de manifester sur les 50 otages, avec un déploiement militaire en conséquence. Le mouvement a répondu unitairement à cette provocations. Mais aujourd’hui quand la même chose se passe, il faudrait être calme et serein?
Le gouvernement est a l’offensive, essaye de nous museler, nous réprime depuis un moment, et joue cette carte de la division, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils trouvent du répondant au sein même du mouvement.
Effectivement bibi, c’est une critique mûrement réfléchie et j’ai arrêté de différencier à partir du moment où j’ai compris qu’il n’y avait PAS de différence entre ceux qui cassent et ceux qui ne condamnent pas puisqu’ils adhèrent à ce mode d’action. Mais bon, vous devriez être contents, on ne va pas commencer à diviser en plusieurs catégories comme tu le dis.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu de choses positives dans cette lutte, il y a même des choses très intéressantes. Mais concernant la casse aveugle, je crois qu’il faut être clair, c’est non.
Alors apparemment, le saccage du centre-ville de Nantes ne serait qu’une propagande de la bourgeoisie nantaise. Un moment donné, il faut arrêter de se foutre de la gueule du monde… La date du 22 février est carrément citée comme une des dates les plus importantes des black blocs sur wikipédia et a même été relayée nationalement. Il y en a eu d’autres derrière, la date du 1er novembre en un bel exemple d’ultra-violence viriliste. Et j’ai beau être pour l’abolition de la propriété privée, je peux comprendre que ça fasse chier des commerçants de voir leur vitrine brisée gratuitement. Et là, joker : « Il y a eu un mort alors ils n’ont pas à pleurer pour leurs vitrines ! ». Oui, évidemment que c’est moins grave qu’un mort, mais ça n’en reste pas moins con. Et c’est totalement absurde de mettre sur le même plan la bourgeoisie industrielle et la petite bourgeoisie… Mais bon, apparemment, c’est à cause des commerçants nantais que le projet d’aéroport a été mis en place et que les manifestations ont été interdites, donc des expéditions punitives sont organisées.
Le fameux argument pour tuer le débat : « tu es un collabo parce que tu oses dénoncer la casse, comme nos adversaires le font ». Oui, c’est logique avec le reste de ta pensée qui dit qu’il faut considérer uniquement des blocs qu’on cautionne en entier, où qu’on rejette en entier. S’ils disent que le ciel est bleu, il faudra dire que le ciel est rouge de peur d’avoir le même discours ? Et ces mêmes personnes critiquent Etienne Chouard parce qu’il serait soralien sachant qu’il a clairement pris ses distances avec lui dernièrement. Ces personnes là ont le même discours que les libéraux et les capitalistes, mais là ça ne choque plus ces militants.
J’ai dû rater un épisode parce que tu m’apprends qu’il y a eu d’autres morts que Rémi Fraisse. Rémi Fraisse qui est tué dans une manifestation, ou un membre du grand banditisme qui est tué, c’est la même chose. Même capacité de nuance j’imagine. Excusez-moi, mais je crois qu’il y a une légère différence. Je suis contre la peine de mort, mais je trouve assez choquant de les considérer de la même manière.
Alors s’il faut rester calme et serein, vu la direction que l’on prend actuellement, non évidemment. Mais je crois qu’il faut déjà arrêter de caricaturer la situation. Non, on ne vit pas sous un régime nazi et on a le droit de manifester (sauf à Nantes apparemment). Mais ce que je vois, ce ne sont pas des révolutionnaires qui veulent changer de système, je vois des personnes qui cherchent de l’adrénaline et prennent les manifestations pour un moment fun et qui sont l’occasion de montrer qu’on a des grosses couilles. Utiliser la mort d’un homme pour assouvir ses pulsions destructrices, c’est tout simplement dégueulasse. Faire barrage à la police sur les sites de construction, je peux comprendre, mais chercher l’affrontement en plein centre-ville en cassant les biens publics, je ne vois pas du tout en quoi cela sert nos luttes, au contraire.
En tout cas, tu confirmes ce que je dis dans mon précédent commentaire ; « l’ennemi intérieur » que je suis à tes yeux, menace l’équilibre du groupe. Mais il faut croire que je ne suis pas le seul à ne pas adhérer à votre pensée unique.
on fera mieux la prochaine fois!
ce que l’État comprend c’est ça.
alors à la fin du mouvement contre les violences policières lancé suite à la mort de Rémi l’État fera le comptes des vitrines brisées, blocage d’usines d’armements et fermeture de gendarmeries etc, et là il verra combien ça coûte de tuer quelqu’un-e en manif et si ça vaut le coup de recommencer…
les gentilles ballades d’indignés-es n’ont jamais rien changé…!