La première invitée, Ayssar Midani, membre de l’Union des Patriotes syriens, « soutient le régime de Bachar Al-Assad malgré ses défauts bien réels ». Un euphémisme qui ne s’invente pas.
Le 2 février dernier, cette Union des patriotes syriens répondait à l’appel du groupe d’extrême droite Troisième Voie pour manifester « contre tous les impérialismes ».
Le 10 février 2013, elle lançait à Paris « une journée mondiale de soutien à la Syrie ».
En août 2012, L’Union des patriotes syriens s’associait à une nuée de souverainistes patriotards de gauche comme de droite pour un soutien à El-Assad déguisé en « Appel à faire cesser l’agression contre la Syrie » : Comité Valmy, Cercle des volontaires [1], Réseau Voltaire, Coordination communiste, PRCF, etc. Ils seront rejoints par des milliers de signataires « anti-impérialistes », « altermondialistes » et jusqu’à l’extrême droite comme l’Union populaire républicaine (UPR).

Le deuxième intervenant est Bahar Kimyongur, protégé de Michel Collon et co-animateur du site Investig’Action. Nous ne reviendrons pas sur le pedigree de Collon déjà bien documenté. [2] On peut tout de même noter qu’il participait dernièrement à une conférence de soutien au régime syrien à Genève aux côtés de néo-fascistes, et de militants d’Egalité et Réconciliation. [3]

Pour ce qui est de la Coordination communiste Lilloise, affiliée au Rassemblement des Cercles Communistes, s’ils soutiennent le régime syrien, c’est que tout est défendable face à l’ « axe américano-sioniste ». De plus, le gouvernement syrien a en son sein un ministre « communiste », interviewé sur le site de la « Coord » : « Pour le Parti Communiste de Syrie, c’est un gouvernement [celui de Syrie] patriotique, anti-impérialiste et antisioniste. »
Face aux mouvements sociaux qui traversent la Syrie, plutôt que de s’intéresser à leur potentiel révolutionnaire, ils soutiennent sans état d’âme la réaction pour un jeu de stratégies géo-politicardes.

Capables de défendre des régimes indéfendable, ces minables stratèges de la contre-révolution parlent avec des millions de cadavres dans la bouche : Chine, Iran, URSS, Corée du Nord, Libye… leurs communiqués sont une succession de délires qui rappellent La Pravda. « Hommage au résistant et au martyr ! » clament-ils à la mort du Guide suprême Kadhafi. Gloire à « ces guérilleros résistants et dirigeants du mouvement national révolutionnaire anticolonial et antifasciste que furent Kim Il Sung et Kim Jong Il. » [4] Vive « Joseph Staline le bâtisseur » ! Bref, ils soutiennent les bureaucraties qui ont écrasé dans le sang toutes les dynamiques révolutionnaires.

Ce ramassis d’ignominies historiques ne se discute pas mais se combat.

Quant au Front de gauche, on reconnaît là leur vieux nationalisme incompatible avec l’émancipation humaine – une insulte à l’appel de Marx « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ».

Ces vieux débris du stalinisme ne savent plus quelle ficelle tirer pour soutenir un régime qui a tué plus de 70 000 personnes, torturé et emprisonné des gamins, et fait un million de réfugiés. Le mouvement populaire et pacifique amorcé en Syrie dans la foulée des « révolutions arabes » serait, d’après eux, complètement manipulé de l’extérieur. Vieille rhétorique qui discrédite toute contestation d’un régime prétendu « anti-impérialiste » comme nécessairement manipulé par l’Occident.

Nous refusons de jouer aux apprentis stratèges et de soutenir tel type de capitalisme contre tel autre.
Même si nous ne sommes pas dupes des velléités d’intervention occidentales en Syrie, méfions-nous des faux amis et apportons notre soutien aux luttes contre toute forme de domination capitaliste. Il n’y a pas à tortiller du cul, Bachar el-Assad et son régime criminel doivent tomber. La conférence du 6 avril n’est pas la bienvenue à Lille.

Des antifascistes sans patrie ni frontière.

http://lille.indymedia.org/spip.php?article27706