Le numéro 3 de l’Épine Noire, journal apériodique de contre-information sur Poitiers et des alentours vient de sortir.

Il est disponible en téléchargement ici : http://epinenoire.noblogs.org/?page_id=504

Voici l’édito :

Février 2013.

En ce début d’année 2013, François Hollande, le président de la République, a ouvert plusieurs fronts.

Tout d’abord, il y a le front intérieur, celui de la « bataille pour l’emploi ». Or, il s’ avère que le pouvoir socialo-écologiste a une nouvelle fois démontré qu’il ne pouvait pas tenir une de ses promesses électorales, enrayer la montée du chômage pour des milliers de travailleurs. Les sidérurgistes d’Arcelor-Mittal, les ouvriers de l’automobile comme ceux de PSA à Aulnay-sous-Bois, ceux de Goodyear d’Amiens-Nord ou ceux de Pétroplus ne se font guère d’illusions : ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, les dynamiques de luttes convergentes qui se nouent et les échos certains au sein de la société. Le ministre de la Police, à savoir Manuel Valls, ne s’y trompe pas lorsqu’il se dit inquiet des risques d’« implosions ou explosions sociales », affirme qu’« on ne peut pas casser l’outil de travail » et qu’il arbore des dispositifs policiers autour des usines occupées.
Comme le rappe le groupe La Rumeur : « […] le spectre du chômage justifie une volonté délibérée de flicage ».

Parallèlement, il y a tout un battage médiatique (favorisé par une étrange lenteur à légiférer, même si le projet vient d’être adopté par l’Assemblée) sur la question de l’élargissement du mariage aux couples homosexuels, qui met en lumière la volonté du gouvernement de masquer les luttes en cours par un sujet, certes, sérieux en matière d’« égalité formelle des droits » mais très réformiste au regard de l’histoire des mouvements gays et lesbiens. Cela a eu pour effet de redonner du crédit aux politiques en caricaturant la dualité, rassurante, des camps politiques au Parlement comme dans la rue, gauche/droite, conservatisme/modernité, régression/progrès, croyant/athée, etc.

Puis il y a un second front, extérieur celui-là, ouvert un certain 11 janvier au nord du Mali (ou « Sahélistan »), et qui prouve une fois encore que la gauche de gouvernement souhaitait montrer aux États-Unis que la Fraaaance (!) ne peut se contenter d’être un gendarme régional en continuant d’assumer son impérialisme et son néocolonialisme en Afrique, mais qu’elle est une grande puissance. C’est comme donner un avertissement pour faire peur à tous les gens qui luttent partout, en particulier aux mouvements révolutionnaires de Tunisie et d’Égypte.

C’est ce même pouvoir qui travaille ici, dans la ville « bonhomme », où les laborantins changent de tête. À la préfecture : Élisabeth Borne. Une ancienne jospinette aux manettes dans la région, spécialiste des dossiers de grands projets d’aménagement capitaliste du territoire. Vous voyez le dièse? Cœur d’Agglo, LGV Tours-Bordeaux, LGV Poitiers-Limoges, etc. Ne vous en faites pas, quand il faudra empêcher toute manifestation hostile au contrôle social, elle en sera.
Pendant ce temps-là, des travailleurs se mettent en grève, se battent, luttent comme ils peuvent soit pour sauver leur emploi, soit pour avoir des augmentations de salaire, ou bien encore pour réclamer des indemnités de licenciement comme le font les ex-ouvrières de l’usine saint-savinoise d’Aubade.
Ces réactions de travailleurs (ou pas), qu’elles soient plus ou moins populaires, nous font plaisir, même si elles n’annoncent, bien évidemment, pas la fin imminente du rapport social capitaliste ; ce sont sans doute des voies qui aiguisent les lames de la critique, et comme le dit le vieil adage : « Qui ne tente rien n’a rien ».

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