Sur les manifestations en cisjordanie
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Nous publions ci-dessous un article rédigé par un proche sympathisant du CCI en Espagne qui fait un récit et tire des leçons des mobilisations réalisées par les travailleurs et les masses opprimées de Palestine. Nous voulons saluer cette initiative. Dans une région où il y a un affrontement impérialiste brutal avec les énormes souffrances que cela entraîne pour la population, des mots tel que classe, prolétariat, lutte sociale, autonomie du prolétariat…, sont enterrés par les mots guerre, nationalisme, rivalités ethniques, conflits religieux, etc. C’est pour cela que ces mobilisations ont beaucoup d’importance et doivent être connues et prises en compte par les prolétaires de tous les pays. On nous propose des solidarités avec des nations, des peuples, des gouvernants, des organisations de « libération »…, on doit rejeter une telle solidarité ! Notre solidarité ne peut aller que vers les travailleurs et les opprimés de Palestine, d’Israël, d’Égypte, de Tunisie et du reste du monde.SOLIDARITÉ DE CLASSE CONTRE « SOLIDARITÉ » NATIONALE.
Courant Communiste International – http://fr.internationalism.org
Manifestations massives en Cisjordanie contre le coût de la vie, le chômage et l’Autorité Palestinienne
Dans cette partie du monde, le Moyen-Orient, si souvent en première page pour cause de massacres et de barbarie militariste, de rivalités entre les différents gangsters impérialistes qui prennent en otage la population civile, et par toutes sortes de haines et de mouvements nationalistes, ethniques et religieux (que les puissances « démocratiques » occidentales fomentent et entretiennent au gré de leurs intérêts), alors que les titres de la presse bourgeoise étaient occupés ces derniers jours par les troubles dans les pays musulmans à la suite des caricatures sur Mahomet, on y a pratiquement rien écrit sur les grandes manifestations et les grèves qui ont eu lieu pendant le mois de septembre contre les effets de la crise capitaliste internationale sur les vies des prolétaires et des couches opprimées des territoires palestiniens de Cisjordanie, pourtant les plus grandes manifestations depuis des années.1
Dans une situation souvent désespérée, le prolétariat et la population exploitée des territoires palestiniens, soumis à l’occupation militaire, au blocage et au mépris total de leur vies et de leurs souffrances par l’État israélien, à d’énormes difficultés pour échapper aux influences autant nationalistes qu’islamistes, et à la tendance à se laisser embrigader par des organisations diverses à la « résistance militaire » contre Israël, autrement dit à aller à l’abattoir sacrificiel face à une énorme supériorité militaire. C’est justement la lutte contre les effets de la profonde crise économique du capitalisme international qui ouvre la possibilité de voir réapparaître des luttes prolétariennes massives au niveau mondial et au dépassement des divisions sectorielles, nationales, ethniques ou d’un autre genre au sein de la classe ouvrière, ainsi qu’au dépassement des illusions et des mystifications de toutes sortes (les illusions « démocratiques » au sein du capitalisme, de la « libération nationale », etc.).
Grèves et manifestations
Le déclencheur de la vague de manifestations et de grèves a été l’annonce faite par le gouvernement du Premier ministre Fayyad2 de l’augmentation des prix des produits de base (alimentation…) et de l’essence. Cela a été l’étincelle qui a fait déborder la défiance de plus en plus forte de la population de Cisjordanie vis-à-vis de l’Autorité Palestinienne. Celle-ci est regardée de plus en plus comme une tanière d’arrivistes et de corrompus, dans laquelle se protège pour ses agissements toute une caste de capitalistes palestiniens et dont Fayyad est d’ailleurs la personnification3 : elle n’a même pas un semblant de légitimité, sans cirque électoral depuis 2006 et en conflit avec le Hamas ; elle est incapable de régler le moindre problème d’une économie palestinienne aux abois et totalement dépendante des dons extérieurs4, étouffée autant par l’occupation militaire que par le contrôle exhaustif sur les importations et les exportations, sur les prix, la perception des impôts ou les ressources naturelles qu’Israël exerce (accords de Paris, le pendant économique des accords d’Oslo).
Déjà durant l’été, le malaise s’est exprimé lors de protestations diverses. Par exemple, fin juin, une manifestation à Ramallah à la suite de l’annonce d’une réunion entre le président Abbas et le vice-premier ministre israélien, Shauz Mofaz, s’est terminée en répression brutale de la part de la police palestinienne5.
Avec un chômage massif (57 % selon l’ONU, insupportable surtout chez les jeunes), et un coût de la vie qui fait que la majorité des gens ait tout juste à manger, et avec une grande partie des secteurs populaires mécontents (par exemple, on doit des salaires aux 150 000 employés publiques du gouvernement), l’annonce de l’augmentation des prix le 1er septembre a été le détonateur.
Depuis le 4 septembre des manifestations massives se succèdent jour après jour pour l’amélioration des conditions de vie partout en Cisjordanie (Hébron, Bethléem, Ramallah, Jenin, etc.). Les manifestations sont aussi dirigées contre le contrôle israélien de l’économie des territoires (accords de Paris), mais il apparaît évident que le mécontentement ne se limite pas à un sentiment anti-israélien ou nationaliste, l’axe central des manifestations ce sont les conditions de vie et de travail. À Ramallah des jeunes scandaient : « Avant nous luttions pour la Palestine, maintenant nous luttons pour un sac de farine ».6
Au début des protestations, Abbas, dans une lutte évidente au sein du pouvoir contre son rival Fayaad, a montré ses sympathies pour le « printemps palestinien ». Mais au fur et à mesure que les manifestations se développaient, où l’expression du malaise ne se limitait pas au gouvernement de Fayaad ou aux accords de Paris, mais s’étendait contre l’Autorité Palestinienne elle-même, cela a amené le Fatah, qui au début a peut-être joué un certain rôle pour canaliser et même organiser des manifestations, à tout faire pour en finir progressivement avec leur radicalisation et leur extension7.
On peut dire la même chose du Hamas, qui a sans doute tiré profit des mobilisations pour essayer de déstabiliser le gouvernement actuel de l’Autorité Palestinienne, mais face à l’ampleur de celles-là et le danger de contagion à la bande de Gaza, a évidemment reculé.
À Naplouse, une manifestante déclarait : « Nous sommes là pour dire au gouvernement que ça suffit… nous voulons un gouvernement qui vive comme son peuple vit et mange ce que son peuple mange »8. « Nous sommes fatigués d’entendre parler de reformes… un gouvernement après l’autre… un ministre après l’autre… et la corruption est toujours là » comme le dit une pancarte dans la ville de Beit Jala9.
À Jenin, les manifestants ont demandé qu’on impose un salaire minimum, la création de postes de travail pour tous les chômeurs et la réduction des droits d’inscription à l’université10. Le premier ministre Fayyad déclare qu’il est « disposé à démissionner ».
Les manifestations massives continuent, avec des barrages sur les routes et des affrontements avec la police de l’Autorité Palestinienne. Le 10 septembre une grève générale dans les transports a commencé à l’appel des syndicats. Des chauffeurs de taxi, des routiers, des chauffeurs de bus y participent massivement. Beaucoup de secteurs, comme celui des employés de garderie, rejoignent la grève. Le mouvement s’élargit. Le 11 ce sont les étudiants et les lycéens qui font un arrêt de travail de 24 heures en solidarité avec la grève générale11.
Des travailleurs de toutes les universités palestiniennes, ensemble avec les étudiants, convoquent une grève de 24 heures pour le 13 septembre12.
Face à une telle situation et à la suite d’une réunion avec les syndicats, le gouvernement annonce qu’il fait machine arrière en ce qui concerne la montée des prix annoncée, qu’il va payer la moitié des salaires dus aux fonctionnaires du mois d’août, et qu’il va faire des coupes dans les salaires et les privilèges des politiciens et des hauts fonctionnaires de l’AP.
Le 14, le syndicat de transports annule l’appel à la grève parce que des « négociations constructives » ont été entamées avec l’AP.
Aussi, les protestations massives paraissent s’être calmées du moins temporairement, mais le malaise social est loin d’avoir disparu. Les syndicats des fonctionnaires et des instituteurs annoncent des mobilisations avec des arrêts de travail partiels à partir du 17.13 Les syndicats de la santé annoncent le 18 septembre qu’ils commenceront des mouvements si leurs revendications (augmentations des effectifs, amélioration de la mobilité et la promotion des travailleurs) ne sont toujours pas entendues par le gouvernement14.
Les mouvements semblent être limités à la zone contrôlée par l’Autorité Palestinienne, la Cisjordanie.
L’importance de ce mouvement
Au-delà des éléments concrets ou particuliers de ce mouvement, il prend toute son importance à cause de la région si sensible où ils se déroulent. C’est une région aux interminables conflits impérialistes sanglants, que ce soit directement entre des États, que ce soit par pions interposés15, avec une population civile qui en subit les conséquences16 et qui est devenue le terrain propice au développement des mouvements réactionnaires d’influences nationaliste ou religieuse. Mais, surtout, il faut souligner que ces mouvements ont clairement lieu dans un contexte de luttes similaires autant dans la région qu’au niveau international. N’oublions pas les grandes mobilisations en Israël ces derniers mois contre la vie chère, qui, malgré ses faiblesses et ses illusions « démocratiques », peuvent signifier un important premier pas vers la rupture de « l’unité nationale » dans un État aussi militarisé que l’État israélien. N’oublions pas que ce furent les grandes grèves ouvrières partout en Égypte qui donnèrent l’élan décisif qui déboucha sur la chute de Moubarak, le protégé des États-Unis.
Il faut que le prolétariat et les couches opprimées de Palestine, et de partout ailleurs, comprennent que le seul espoir pour avoir des conditions de vie et de travail dignes et une existence en paix, ce qui est le vrai souhait de l’immense majorité de la population palestinienne, passe par le développement de luttes massives avec tous les exploités de la région, par-dessus les divisions nationales ou religieuses. Briser « l’unité nationale » palestinienne, unifier ses luttes, en premier lieu avec les exploités et les opprimés d’Israël, et de toute la région, voilà l’arme la plus puissante pour affaiblir et paralyser le bras assassin de l’État israélien et des autres gangsters impérialistes. La « résistance armée », c’est-à-dire la soumission à des intérêts des différents groupes nationalistes ou religieux n’amènent qu’au massacre et à la souffrance sans fin, et au renforcement des exploiteurs et autres corrompus palestiniens.
Il faut que les exploités palestiniens comme ceux du reste du monde n’aient pas à avoir le moindre doute : s’ils ne luttent pas pour leurs propres intérêts de classe contre le capitalisme, s’ils se laissent entraîner dans des luttes de « libération nationale », raciale ou d’autres du même acabit, s’ils se soumettent aux « intérêts généraux du pays », autrement dit aux intérêts généraux de la bourgeoisie et de son État, le présent et le futur qui les attend sous le système capitaliste est le même que l’ANC de Mandela réserve à ses « frères » et « compatriotes » mineurs : la misère, l’exploitation et la mort.17
Draba
1 Le peu d’information qu’il y a eu était centré, évidemment, sur l’occupation israélienne et sur « l’anti-impérialisme » (autrement dit, pour eux, « l’anti-américanisme » et leurs alliés) telle l’agence cubaine Prensa latina ou la TV iranienne d’État Press TV, des média toujours si diserts pour tout ce qui concerne les mouvements nationalistes. Les forums, en Espagne en tout cas, de la gauche et d’extrême-gauche du capital (tel lahaine.org, kaosenlared.net, ou rebelion.org) n’ont pas montré non plus un grand intérêt pour ces événements. Si l’on comprend bien, la « solidarité avec le peuple palestinien » est limitée aux moments où celle-ci sert à soutenir les différents intérêts sur l’échiquier impérialiste mondial ou à faire la publicité d’une quelconque cause patriotarde. Lorsqu’on lutte contre « son » propre gouvernement et qu’on brise « l’unité nationale » pour défendre ses conditions de vie, alors cette lutte ne paraît pas mériter qu’on en parle.
2 Homme du FMI, nommé par Abbas en 2007 dans le contexte de la guerre avec le Hamas, sous la pression des États-Unis.
3 http://www.aljazeera.com/indepth/op…
4 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
5 http://altahrir.wordpress.com/2012/…
6 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
7 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
8 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
9 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
10 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
11 http://latimesblogs.latimes.com/wor…
12 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
13 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
14 http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
15 Les liens entre l’Iran et la Syrie avec le Hamas son bien connus, ainsi que les liens de la Syrie d’Assad avec la Russie, son principal allié parmi les grandes puissances impérialistes, et avec l’Iran, son principal allié régional.
16 N’oublions pas que la guerre entre le Hamas et le Fatah pour le contrôle de la bande de Gaza en 2007 a fait de nombreuses victimes et des souffrances au sein de la population civile ; voilà des « dommages collatéraux » de la « libération nationale »… http://www.haaretz.com/news/human-r…, et http://libcom.org/news/palestinian-…
17 Voir « En Afrique du Sud, la bourgeoisie lance ses policiers et ses syndicats sur la classe ouvrière », (http://fr.internationalism.org/ri43…, Révolution Internationale, septembre 2012.
Mais le CCI ne s’intéresse qu’à ce qui peut coller à ses théories sur la lutte de classes et jamais à ce que peuvent subir les populations. Ne JAMAIS parler de la Palestine, SAUF pour taper sur les Palestiniens, responsables de leur nettoyage ethnique.
Mais où avais-je la tête ? Le nettoyage ethnique, l’apartheid, le colonialisme n’existent évidemment pas, car s’ils existaient le CCI leur aurait au moins accordé quelques lignes. Il arrive un moment où personne, même le CCI, ne peut plus dire « Je ne savais pas » !
Une réalité qui a échappé aux idéologues :
« Nous sommes au-delà de l’apartheid » Interview de Jeff Halper par Frank Barat
Pourriez-vous nous donner des nouvelles de la situation concernant les démolitions de maisons palestiniennes et de la situation que nombre de personnes qualifient désormais de « nettoyage ethnique » ?
Je crois qu’à ce jour, Israël en a terminé avec tout ça. Nous sommes aujourd’hui au-delà de l’occupation. Les mouvements palestiniens sont apaisés et du point de vue d’Israël, la situation dans son ensemble a été normalisée. Netanyahu s’est rendu à Washington le mois dernier pour y rencontrer Obama. A son retour, on a demandé à son conseiller comment s’était passée cette réunion et il a répondu ceci : « C’est la première fois qu’un Premier Ministre israélien rencontre un Président des Etats-Unis sans que le problème palestinien soit évoqué. »
Ainsi, dans la mesure où les Etats-Unis sont paralysés du fait de l’influence de Netanyahu sur les deux partis du Congrès et de l’absence de volonté d’action de la part d’Obama, Netanyahu s’apprête à donner le coup de grâce. Israël pourrait très ben annexer la Zone C qui représente 60% de la Cisjordanie. Il y a environ deux mois, les diplomates du Conseil de l’Europe à Jérusalem et à Ramallah, ont envoyé un rapport à l’Union Européenne déclarant qu’Israël avait expulsé par la force les Palestiniens de la Zone C. Dans la bouche de diplomates, l’expression ‘expulser par la force’ est très forte.
La Zone C abrite moins de 5 pour cent de la population palestinienne. En 1967, 250 000 personnes vivaient dans la vallée du Jourdain. Aujourd’hui, le chiffre est inférieur à 50 000. Les Palestiniens ont donc, soit été expulsés du pays, en particulier la classe moyenne, soit poussés vers les Zones A et B. 96 à 97 pour cent d’entre eux vivent dans ces zones. Dans la zone C, le chiffre de la population palestinienne a été ramenée à un niveau tellement bas, probablement autour de 125 000 personnes, qu’Israël pourrait annexer la Zone C et leur donner la pleine citoyenneté.
En résumé, Israël peut se permettre d’absorber 125 000 personnes sans mettre en péril l’équilibre démographique. Que va dire le reste du monde ? Ce n’est pas l’apartheid puisque Israël leur a donnés la citoyenneté. Je pense donc qu’Israël espère s’en tirer comme ça. Personne ne s’inquiète de ce qui se passe dans les Zones A et B. S’ils veulent déclarer un Etat palestinien, ils peuvent le faire, Israël n’a aucun intérêt à Ramallah, Naplouse et Hébron.
Autrement dit, le dossier est clos. Israël est désormais présent de la côte méditerranéenne jusqu’au Jourdain, les Palestiniens sont confinés dans les Zones A et B ou dans de petites enclaves de Jérusalem Est.
Donc, quand les gens évoquent un Etat palestinien représentant 22 pour cent de la Palestine historique, on est loin de la vérité, n’est-ce pas ? Le chiffre est inférieur ?
Oui. Salam Fayyad (Premier Ministre de l’Autorité Nationale Palestinienne) dit : « Notre Etat n’a pas à occuper une proportion spécifique du territoire. Notre Etat est un état économique et nous pouvons travailler sur cette base en annexant telle ou telle partie de territoire selon l’endroit où nous pouvons implanter nos villes ». L’idée est qu’Israël leur donne une partie de la Zone C et rassembler les enclaves. Ainsi, le nord, le sud et Gaza seront toujours isolés mais Fayyad explique : « nous pouvons travailler sur cette base ».
Netanyahu et Fayyad sont passés d’une conception à deux états à une conception économique à deux états, ce qui est tout à fait différent. Le problème qui se présente aujourd’hui aux responsables, c’est comment vendre cette idée aux Palestiniens. Mais c’est selon moi ce qui nous attend. Israël a l’impression que les Palestiniens ont perdu. C’est fini. La résistance est impossible à cause de l’armée israélienne, de l’armée palestinienne mandatée, du mur… une troisième Intifada n’est pas envisageable. La politique d’Israël depuis 1923 et le Mur d’acier n’ont fait que décupler le désespoir. J’ai écrit un article à ce sujet (« The mounting despair in Palestine« ).
Les sionistes ont toujours dit qu’une fois que le seuil du désespoir serait atteint – la formulation de Ze’ev Jabotinsky à ce sujet est d’ailleurs intéressante puisqu’il évoque « le désespoir de la terre d’Israël devenant la Palestine » – ce serait la fin et la victoire leur serait acquise. Israël pense qu’on en est là. Si vous vous rendez en Cisjordanie aujourd’hui (Gaza est peut-être différent), vous entendrez les gens dire qu’ils en ont assez et qu’ils souhaitent uniquement trouver un emploi, vivre leurs vies et être heureux. D’une certaine manière, Fayyad pense pouvoir répondre à ça.
Des « pogroms » ont récemment eu lieu a Jerusalem. Un groupe de supporters du Beitar Jerusalem a attaqué des ouvriers palestiniens dans un centre commercial. Ces gens sont-ils des exceptions ou ce type d’évènement est-il représentatif de la société israélienne ?
On est ici au-delà de l’exception. Ils ne représentent pas non plus l’ensemble de la société israélienne. Cette équipe de football de Jérusalem est liée au Likoud. En Israël, de nombreux clubs de football sont associés à des partis politiques. Il existe un lien très fort entre l’idéologie du Likoud, de Begin et l’équipe du Beitar. Pour eux, l’Arabe est l’ennemi. Cela reflète donc environ un tiers de la société israélienne, celle-la même qui est pour une politique d’expansion, de colonisation et qui considère que les Arabes sont des ennemis. Au sein du Beitar, il n’y a pas que les agressions, il y a aussi les chants. A chaque fois que leur équipe marque un but, ils chantent ‘Mort aux Arabes’. On parle ici de 20 000 personnes reprenant en cœur le même slogan. Aucun Arabe n’a jamais joué pour le Beitar.
Les Arabes sont pourtant de plus en plus nombreux dans les équipes israéliennes. Mais pas au Beitar. Cette agression est une sorte de prolongement de ce comportement. On est là dans un contexte de gamins qui ont vu la société israélienne se transformer en économie néo-libérale, à la Thatcher. Et les écarts de revenus sont gigantesques en Israël. Le pays fait désormais partie de l’OCDE mais il fait aussi partie des pays ayant les plus grands écarts de revenus entre les riches et les pauvres.
Ces gamins n’ont aucun moyen de se projeter dans le futur. Ils viennent de cités, un peu comme ces jeunes qui soutiennent le Front National en France ou l’English Defense League en Angleterre. Ce sont des individus qui n’ont pas d’autre choix que de se soumettre à leurs émotions racistes pour évacuer la frustration, et le football est parfait pour ça. Il permet d’évacuer la colère, plutôt que de la diriger contre le gouvernement. C’est pour cela que ce même gouvernement sponsorise des équipes de foot !
Quelle importance ont les mots que nous utilisons, lorsque nous donnons notre avis sur le sujet de la Palestine et d’Israël . Ilan Pappé m’a récemment confié que nous devrions repenser notre vocabulaire. Peut-on encore légitimement parler de paix ou d’occupation ? Ne devrions-nous pas plutôt parler de ‘droit à la résistance’ et d’ ‘apartheid’.
Bien sûr. Nos analyses comportent un certain nombre de termes. Il y en a deux en particulier : je crois qu’aujourd’hui, nous sommes au-delà de l’occupation et de l’apartheid.
Il y a donc deux mots qui reflètent une réalité politique mais qui n’ont aucune substance légale. L’un de ces termes est la ‘judaïsation’. Le pays entier est en train d’être judaïsé. C’est un terme que le gouvernement utilise pour ‘judaïser’ Jérusalem, la Galilée et ce processus est donc au cœur de la situation présente. Mais elle n’a aucune référence légale. Aussi, nous travaillons avec Michael Sfard et un certain nombre d’avocats pour introduire ces termes dans le discours, avec l’idée de leur donner un cadre légal. Nous devons essayer de faire coïncider le processus et la réalité politique parce qu’il n’existe pas de précédent dans le monde.
L’autre terme est la détention (‘warehousing’ dans la version originale, littéralement ‘entrepôsage’ – Ndt) car je pense qu’il a plus de sens que le terme apartheid. La détention est permanente alors que l’apartheid reconnaît qu’il y a quelque chose de l’autre côté. Le terme ‘warehousing’ est comme une prison. Il n’existe rien de l’autre côté. Il y a nous et ces gens que nous contrôlons, qui n’ont ni droits, ni identité. Ce sont des prisonniers. Cela n’a rien de politique, c’est permanent et statique. Vous pouvez résister face à l’apartheid. Le principe de cette détention repose sur le fait que vous ne pouvez pas résister parce que vous êtes prisonnier.
Les prisonniers peuvent organiser une mutinerie dans la cour de promenade mais les gardiens ont tous les droits pour les réprimer. Israël en est à ce point. Ce sont des terroristes et nous avons le droit de les réprimer. Dans un sens, Israël est venu à bout de la communauté internationale et des Etats-Unis en particulier, en évacuant l’aspect politique de cette situation. Il ne s’agit plus aujourd’hui que de sécurité, comme c’est le cas dans les prisons. C’est un autre concept dénué de cadre légal et nous aimerions parvenir à lui en donner un parce que la détention ne se produit pas seulement en Israël. La détention existe dans tout le monde capitaliste. Deux tiers de la population mondiale subit ou a subi ce type de détention. C’est pour cela que je parle de ‘Global Palestine’. J’explique que la Palestine est le modèle réduit de ce qui se déroule dans la reste du monde.
Frank Barat est un activiste pour la paix, vivant a Londres. Il est le coordinateur du Tribunal Russell sur la Palestine.
Twitter @frankbarat22
http://www.ujfp.org/spip.php?article2289
Le commentaire précédent de notre charlatan de la politique n’a rien à voir avec le sujet du texte et les mouvements sociaux en Cisjordanie contre le capitalisme palestinien. Il est vrai que la lutte du prolétariat n’intéresse pas notre Troll toulousain et qu’il préfère, en bon nationaliste belliciste et bourgeois, les conflits armés !
Notre troll négationniste feint de ne pas voir ce qui se passe en Cisjordanie et plus généralement en Palestine occupée. C’est vrai que le colonialisme, l’apartheid et le nettoyage ethnique ne l’intéressent pas. Ou pire : ils n’existent pas.
Ce qui n’empêchera pas le troll de dormir :
Rapport sur les violations israéliennes des droits humains en Cisjordanie
Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) continuent leurs attaques systématiques contre les civils et les biens palestiniens dans les Territoires palestiniens occupés.
Nouvelle escalade militaire israélienne contre la bande de Gaza
Durant cette semaine du 14 au 21 novembre 2012 :
• les FOI ont lancé une nouvelle offensive contre la bande de Gaza ;
• 156 Palestiniens, dont 103 civils, ont été tués par les FOI ;
• 33 enfants, 13 femmes et 3 journalistes sont parmi ces civils qui ont été tués ;
• 1000 Palestiniens, dont 971 civils, ont été blessés ;
• 247 enfants, 162 femmes et 12 journalistes sont parmi ces civils qui ont été blessés ;
• les FOI ont effectué 1350 frappes aériennes, au cours desquelles 1400 missiles ont été tirés :
• 55 maisons ont été complètement détruites, et des centaines d’autres ont subi des dommages qui vont de dommages importants à dommages partiels ;
• 2 mosquées ont été complètement détruites, et 34 autres ont subi des dommages qui vont de dommages importants à dommages partiels ;
• 8 immeubles gouvernementaux, 13 bureaux de la sécurité ou de la police, et 2 ponts reliant le centre au nord de la bande de Gaza ont été démolis ;
• 6 bureaux de presse, 6 institutions de santé, 28 institutions d’enseignement, et 22 associations de bienfaisance et associations civiles ont été ciblées ;
• de nombreuses parcelles de terres agricoles ont subi de gros dégâts ;
• les FOI ont usé d’une force démesurée pour disperser les manifestations non violentes organisées par les civils palestiniens en Cisjordanie :
• 2 manifestants palestiniens ont été tués : l’un à Ramallah et l’autre à Hébron ;
• 115 Palestiniens, dont 28 enfants, une femme, et un auxiliaire médical ont été blessés dans les manifestations organisées en Cisjordanie contre l’offensive israélienne contre la bande de Gaza ;
• 3 Palestiniens, dont un enfant, ont été blessés dans les manifestations organisées contre le mur d’annexion et la colonisation ;
• les FOI ont conduit 77 incursions dans les communautés palestiniennes en Cisjordanie :
• elles ont arrêté 76 Palestiniens, dont 6 enfants, l’ex-prisonnier Tha’er Halahla, et 2 femmes ;
• 4 Palestiniens, dont 2 enfants, ont été blessés durant les incursions des FOI ; en outre, 2 des personnes blessées ont été arrêtées ;
• Israël a maintenu un bouclage total sur les TPO et l’isolement de la bande de Gaza du monde extérieur :
• les FOI ont monté des dizaines de check-points en Cisjordanie.
Voir la suite et tous les détails :
http://www.info-palestine.net/spip.php?article12895
Le sionisme est vraiment la honte de l’humanité, et les négationnistes sont ses complices.
Un écrivain israélien, invité au Salon de la Wizo [femmes sionistes] à Strasbourg, futur complice de crimes de guerre et contre l’humanité?
L’écrivain israélien A.B. Yehoshua: « Privez Gaza de nourriture! »
Romancier va-t-en-guerre !
« Le temps est venu pour Israël d’admettre que Gaza est un ennemi. Et d’agir en conséquence : cesser de fournir de l’électricité et de faire passer de la nourriture. Déclarer officiellement que nous sommes en état de guerre et agir en conséquence« .
Gaza, territoire occupé, subit un blocus criminel
« on ne peut pas négocier avec Gaza comme s’il s’agissait d’un territoire occupé [ Pour l’ONU, Gaza est toujours un territoire occupé] ou d’un groupe de terroristes : Gaza est un ennemi et doit être traité comme tel. »
Gaza 2012, ou Varsovie 1942 ?
Tsahal ou Wehrmacht ?
« Israël approvisionne Gaza en électricité, fait passer depuis son territoire de la nourriture destinée à Gaza et ils nous tirent dessus. »
Du sociocide au génocide ?
« Nous parlons d’un État, qui possède sa propre armée et l’utilise contre nous. À quoi ça rime dans cette situation de sélectionner les méchants à éliminer ? Ça ne marche pas, nous l’avons déjà vu. Il faut clarifier la situation une bonne fois pour toutes.Nous devons déclarer officiellement la guerre et agir en conséquence.
« Les habitants de Gaza participent à la guerre contre Israël : nous avons retirés les colons, nous sommes partis [en 2005, Israël a effectué un retrait unilatéral de la bande de Gaza] »
Occuper éternellement ou annexer ?
« Les Israéliens pensent aujourd’hui qu’un retrait complet de Cisjordanie aurait les mêmes conséquences qu’à Gaza. Et laisserait Jerusalem et Tel Aviv à la merci des roquettes. »
Massacrer 1,7 millions d’habitants, dont la moitié de jeunes de moins de 20 ans ?
« Je pense que la paix ne peut pas se faire avec Gaza. Avec le gouvernement de l’Autorité palestinienne, il y a moyen de discuter : nous pouvons négocier le gel des implantations et le retour aux frontières de 1967. »
Extraits -La Repubblica – Propos recueillis par Francesca Caferri – 22 novembre 2012
A.B. Yehoshua appelle à une guerre totale contre Gaza ?
L’Union Juive Française pour la Paix – Alsace appelle
à un boycott total de l’écrivain A. B. Yehoshua
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/41407