C’est ce qu’on à appelle maintenant l’équivalent du Bloody Sunday Irlandais en version Iranienne. Il est à noter que le fils de Shahin Mahinfar est mort assassiné par la police anti émeute de Téhéran quasiment dans les mêmes circonstances et avec la même violence policière d’état que celle qui avait assassiné notre camarade Carlo Giuliani le 21 Juillet 2001 lors des émeutes de Gènes contre le G8.

Ce fameux Dimanche du 27 Décembre 2009 Amir Arshad Tajmir manifestait contre le régime avec d’autres camarades , alors qu’il s’interposait contre le tabassage de deux jeunes filles par la police anti émeute et des miliciens Bassidj’is , une voiture de la police lui a foncé dessus une première fois , avant de le tuer en lui roulant dessus et en l’écrasant trois fois de suite en marche avant et arrière . Amir Arshad Tajmir a été délibérément assassiné sur les ordres d’un des principaux et les plus odieux bouchers du régime, le dénommé Ahmad Reza Radan de sinistre mémoire et qui est toujours depuis le second chef de la police anti émeute de Téhéran.

Dans une interview avec Fereshteh Ghazi un vétéran et une personnalité de la radio et la télévision de Roozonline, Shahin Mahinfar, la mère d’Amir Arshad Tajmir est sortie de son silence deux après la terrible représsion des soulévements populaires de l’Achoura qui eurent lieu en Décembre 2009.

Mme Shahin Mahinfar a dit à ce journaliste du site d’opposition Iranien : ” Mon fils a choisi sa propre voie. Il a participé à toutes les protestations postélectorales avec le peuple. Il est mort avec dignité et fierté”.

Shahin Mahinfar : “j’ai donné Amir Arshad mais nous avons gagnés des milliers d’autres Amir Arshad“.

– Fereshteh Ghazi : Amir Arshad Tajmir a perdu la vie dans la rue lors d’une des manifestations de masse de l’Achoura (le 27 décembre 2009),qui éclatérent après les soulèvements qui précédèrent les élections présidentielles Iraniennes truquées du 12 Juin 2009. Sa famille avait gardé le silence, mais dans une interview accordée au site Rooz, sa mère a rompu le silence pour le deuxième anniversaire de ce qui est maintenant connu comme étant le Bloody Achoura Iranien. Elle est revenue sur la mort de son fils qui avait été écrasé sous les roues d’une voiture de la police anti émeute pendant cette manifestation. Et comment son fils avait perdu sa vie en essayant d’aider deux jeunes femmes, qui étaient en train se faire battre par des agents des forces répressives.

– Shahin Mahinfar : ” J’avais dit à Amir de ne pas rejoindre la manifestation, mais il m’a dit qu’il le faisait pour l’amour de son pays. Je lui ais dit “mais tu es mon amour”. Il m’a dit, “Ne sois pas égoïste, je suis votre amour, mais mon amour c’est celui des 70 millions d’autres d’Iraniens“. Je vais sortir pour protester pour eux. Je me sentais honteuse et égoïste, après avoir dit cela. Il est parti et il n’est jamais revenu “ ?

Durant les manifestations et les soulèvements populaires de l’Achoura, neuf personnes (chiffres encore provisoires) ont officiellement perdues la vie à Téhéran selon le régime. Shabnam Sohrabi, Shahram Farajzadeh, Shahrokh Rahmani et Amir Arshad Tajmir ils ont tous été tués par des voitures de police qui ont leurs ont foncés dessus. Mostafa Karimbaigi, Sayed Ali Mousavi, Mohamad Ali Rasekhniya et Mehdi Farhadi ont tous été tués et abattus ce même jour du 27 Décembre 2009. Jahan Bakht Pazooki est l’une des autres victimes de cette terrible journée, toutefois à ce jour les détails sur la manière dont il a été tué par la police anti émeutes n’ont pas encore étés publiés. Les autorités de la “République islamique” n’ont toujours pas admises leurs responsabilités dans ces décès. Quand aux plaintes officielles déposées par les familles des victimes, elles n’ont bien sur abouties a aucunes suites ni à aucuns résultats tangibles.

La mère d’Amir, Shahin Mahinfar dit qu’elle est fière de son fils.

Fereshteh Ghazi : Elle a brisé son silence après deux ans et m’a déclaré. ” J’ai entendu dire que la vidéo du meurtre d’Amir a été largement diffusée par les médias à l’étranger. Mais ils ont ils l’ont identifié comme étant une autre personne. Cette personne malgré tout est aussi chère à mon cœur. Alors s’il vous plaît, dites à tous que la personne qui a été écrasée et tuée par cette voiture de police qui a roulé lui à trois reprises est bien mon Amir. S’il vous plaît dites-leurs de corriger cette erreur”.

Shahin Mahinfar : “Amir Arshad a été ce jeune homme qui est allé aider deux de ses concitoyennes, mais il a perdu la vie en le faisant. Ils avaient arrêtés deux jeunes femmes et ils étaient en train de les frapper très durement. Une de ces filles est venue à l’enterrement de mon fils et m’a tout expliqué. Les forces de sécurité étaient en train battre ces jeunes filles et les gens huaient les forces de police. Amir Arshad mon fils a crié, ” nous ne pouvons pas ne pas les aider, nous devons les empêcher de battre ces deux jeunes filles”.

Fereshteh Ghazi : Amir Arshad a essayé de repousser l’un des policiers. Les gens arrivaient de l’avant et se sont impliqués également. Tout d’un coup les forces de sécurité ne se sont plus montrées mais elles n’étaient pas loin. Shahin Mahinfar : ” Je ne sais pas combien de coups de bâtons ont reçus ces jeunes filles avant qu’Amir ne les aide, devant il y avait une voiture de police qui lui a foncé dessus et il est tombé. Quelques minutes après une autre voiture de police qui était garée à proximité à elle aussi reculé et a roulé sur Amir trois fois de suite. S’il vous plaît dites le à tout le monde car chacun doit savoir que l’homme qui a été écrasé par cette voiture de police à trois reprises, ce jour la était Amir Arshad, le fils de Shahin Mahinfar“.

– Fereshteh Ghazi : Mme Mahinfar à dit qu’elle n’aurait jamais pu imaginer une telle chose puisse arriver en Iran. Elle continue. “Finalement ils auraient pu l’arrêter et l’emmener normalement. Mais non, ils l’ont tué, ils l’ont tué trois fois. Ils ont roulé sur mon fils à trois reprises. La première fois ils l’ont fait pour l’écraser, alors qu’il était encore vivant. Oui Ils l’ont tué trois fois .Je ne sais vraiment pas comment appeler ce qu’ils ont fait contre lui. Je n’ai pas de nom pour désigner qu’ils ont fait. Je pense même que les animaux ont un peu plus d’honneur et de dignité, mais pour ces personnes … … … rien “

– Fereshteh Ghazi : J’ai demandé à Mme Mahinfar ce qu’elle pensait de la participation de son fils à ces manifestations de rue. Elle m’a dit : “Amir Arshad avait choisi sa propre voie. Il a participé à toutes les manifestations aux côtés de son peuple. Je garde moi aussi la tête haute, je suis très fière de lui. Je suis fier d’avoir un fils qui s’est soulevé contre ces injustices et qui était honorable, il aimait son pays et ses compatriotes Iraniens. Même si j’estime que je n’ai jamais pu être totalement une assez bonne mère pour lui, les actions de mon fils m’ont rendue assez fière pour tenir la tête haute, même si ma douleur a brisé mon dos. Mon fils était courageusement sorti pour rejoindre cette manifestation, avec la connaissance qu’il pourrait finalement être arrêté et torturé. Mais ils l’ont tué parce qu’il criait : “Ces filles sont nos concitoyennes que nous devons les protéger”.

– Fereshteh Ghazi : Mme Mahinfar m’a ensuite dit qu’elle n’a pas déposé de plainte : “Les gens continuent de me reprocher de ne pas avoir déposé de plaintes. Où dois-je déposer une plainte et devant qui dois-je déposer une plainte au sujet du meurtre de mon fils ? Tant de gens qui ont perdu des êtres chers et qui ont déposés des plaintes en vain. J’aime toutes ces autres mères qui ont perdus leurs enfants et qui ont le cœur brisé. Ce n’était pas seulement Amir qui a été tué il n’a pas été mon seul enfant à mourir, Mostafa, Neda, Sohrab et de nombreux autres qui sont morts ces jour de manifestations étaient tous mes enfants. Je suis fière de tous ceux qui ont perdu leur vie pour la liberté. Ils sont tous mes enfants. Ils n’étaient pas coupables de rien. Ils étaient innocents. Vous n’avez pas besoin de pleurer, je ne pleure plus non plus. Rien n’a été accompli par ces deux années où je n’ai cessé de pleurer. Mon fils ne pourra pas revenir. Non Il ne reviendra plus, et aucun de mes autres enfants ne pourrons jamais revenir “.

Fereshteh Ghazi : Elle ajoute. “Je ne suis pas une personne bien de plus. J’ai l’impression d’être morte, mais il n’y a rien que je peux faire ? Vers qui dois-je me tourner ; vers ceux qui cherchent la justice pour mon fils. Que devrais-je dire que j’ai travaillé si dur pendant vingt-cinq ans pour mon fils puisse avoir une vie meilleure. Que devrais-je dire que, depuis vingt-cinq ans, j’ai veillée jusqu’à la nuit pour que mon fils puisse dormir. Il y’a t-il quelqu’un qui pourrait comprendre … … … Avec toute la douleur que j’ai en ce moment, je n’ai toujours pas de haine ni ne souhaite de malédiction pour les assassins de mon fils. Je n’ai pas le cœur à le faire je pense à leurs enfants aussi, ils sont aussi comme mes enfants. J’ai tellement honte qu’il y ait des gens comme ça qui vivent dans mon pays alors qu’un jeune et un fils vingt-cinq ans, est mort a cause d’une voiture de police qui l’a écrasé trois fois, un jeune qui est mort seulement à cause de son amour pour d’autres êtres humains. Pour couronner le tout ceux qui nous gouvernent n’ont pas de dignité et d’honneur. Ils disent que ça n’a pas eu lieu et que tout cela a été une mise en scène … … … Et vous me dites vers qui dois-je me tourner pour obtenir justice. Sont-ils vraiment capables de dormir la nuit ces gens la ? “

– Shahin Mahinfar : Mon silence ce n’était pas parce que j’ai eu peur.

Fereshteh Ghazi : La mère d’Amir Arshad a déclaré que ces deux années de silence d’elle n’avaient rien avoir avec la peur de témoigner.

Shahin Mahinfar :“Ils disent que nous avons gardé notre silence, car nous avions peur. S’il vous plaît dites le à tous que mon silence n’était pas dû à la peur. Je ne n’ais plus peur de rien. Je ne suis plus en vie. Je me sens comme une personne qui marche avec les morts. Comme tous les autres parents, j’ai eu de nombreux espoirs pour mon enfant. Je ne suis pas une personne riche. Je n’ai pas eu un mari riche. J’ai travaillé très dur pour élever une personne décente et bonne. Maintenant que je n’ai plus rien, il n’y a rien pour moi qui m’obligerait d’avoir peur d’eux en plus ? Je sais que mon téléphone est sur écoute et qu’il est contrôlé, mais je proclame que je n’ai peur de rien. Je ne veux pas perdre un autre Arshad Amir. Je ne veux pas que d’autres mères soient obligées de faire le deuil de leurs enfants”.

– Mme Mahinfar se réfère ici à l’arrestation de certaines des Mères du collectif Iranien des Mères en deuil ( The Mourning Mothers Ndr) Un collectif qui revendique l’héritage des “Folles de la place de mai” ces méres d’Argentine et de Buenos Aires qui protestaient a l’époque contre les disparitions d’opposants orchestrées par la Junte Fasciste de Videla. Comme le firent en leurs temps ces mères de Buenos Aires ou ces collectifs de mères Tchétchènes et Russes qui protestaient contre les exactions commises contre leurs enfants. Ces mères Iraniennes on décidées qu’elles ne céderaient plus devant la terreur d’état et les crimes commis dans la “république Islamique” d’Iran qui durent depuis 32 trop longues années.

– Shahin Mahinfar : “Pouvez-vous croire si je vous dis que je n’ai même pas pu aller régulièrement sur le site de la tombe de mon fils plus. Savez-vous pourquoi ? Parce que si je vais là bas ? Des éléments des forces de sécurité en civil et de la police peuvent se manifester et nous arrêter. Je ne veux pas causer de problèmes à d’autres personnes. Je n’ai pas peur pour moi j’ai peur parce qu’ils peuvent arrêter ces autres personnes, ou même tuer l’enfant de quelqu’un d’autre. Je ne veux plus voir d’autres parents pleurer encore pour leurs enfants. Tous les jeunes de mon pays sont comme mes propres enfants. Je ne veux pas causer de problèmes à aucun d’entre eux. Je suis une femme de 63 ans, et je n’ai plus de force pas plus ; je suis une mère qui peine à trouver la force d’aller dans le cimetière ou est son fils. Je ne vais pas souvent sur le site de la tombe de mon fils à cause d’eux. Et parfois je dois le faire comme une voleuse qui ne doit pas être vue”.

– Fereshteh Ghazi : Le 5 Décembre, 2010 lors de la première célébration par sa famille de l’anniversaire de la mort d’Amir Arshad dans le cimetière sa tombe avait été perquisitionnée par la police et des éléments des forces répressives en civil. Ce jour la Ils ont arrêté la mère de Sohrab Arabi, la mère de Ramin Ramezani et la sœur de Mostafa Karimbaigi. Ils les ont ensuite relâchées après quelques heures d’interrogatoire dans le cimetière. Ils ont arrêtés ensuite deux autre des mères en deuil et le père de Ramin Ramezani puis les ont emmenés au poste de police de Shahre Ray, les ont accusés d’agitation et les ont envoyés à la prison a Evin. Note : -Les Mères en deuil sont régulièrement persécutées comme l’étaient en Argentine les “Folles de la place de mai”.

– Tous et toutes ont passés du temps en cellule d’isolement dans les cellules d’isolement de la section 209 de la prison d’Evin pendant plusieurs mois avant d’être libéré sous caution.

– Fereshteh Ghazi : Mme Mahinfar émue rajoute. “Moi et le père d’Amir Arshad sommes très fiers de notre fils. Il a perdu sa vie à essayer d’aider deux autres êtres humains à ne pas se faire taper dessus. Nous espérons qu’aucuns autres parents ne passent par la ou nous sommes passés, je ne l’espéré même pas pour les tueurs de notre fils. Nous espérons que d’autres parents ne se réunissent pas pour pleurer leurs enfants, car je sais ce que l’on ressent à perdre un enfant. J’ai souffert de cette perte terrible et j’ai su tout ce qu’on ressent. Je ne souhaite même pas ça à présent à mon pire ennemi. Ca se développe à l’intérieur de moi et c’est une partie de moi que je nourri et qui l’a nourri. J’ai donné un Amir pour mon pays mais ils ont gagné des milliers d’autres Amir. Les meurtriers de mon fil Amir Arshad ne réalisent même pas ce qu’ils ont fait. Mais moi je sais ce qu’ils ont fait à mon fils…. Ce sera exactement pareil qu’il y deux ans le 27 Décembre 2009. J’ai tenu la tète haute pendant ces deux ans de silence. Mais à présent mon dos est courbé et mon cœur est cassé. Et maintenant est ce que quelqu’un peut-il faire quelque chose à ce sujet ? Quelqu’un peut-il faire quelque chose pour me permettre de me redresser. Je peux encore entendre la voix d’Amir dans ma tête. Et ce qu’il m’avait dit la nuit de Yalda, il m’avait chuchoté à l’oreille “Je t’aime” comme s’il savait que c’était la dernière fois qu’il pouvait me le dire”.

– Fereshteh Ghazi : Mme Mahinfard pose ensuite la question. ”De quoi nos enfants étaient-ils coupables ? Tout ce qu’ils voulaient, c’était la liberté et plus de sécurité et d’égalité pour eux et leurs compatriotes. Deux ans ont passé, mais je reverrais toujours cette scène qui s’est est jouée devant mes yeux à plusieurs reprises. Je les vois toujours tuer mon fils. Je ne suis pas la seule mère qui souffre de cette façon. Qu’en est-il la pour mère de Neda *1, ne souffre t’elle pas de la même façon ? Et qu’en est-il pour la mère de Sohrab et pour beaucoup d’autres mères qui souffrent de la même façon. Je suis comme beaucoup d’autres mères, Je me demande parfois si dieu entend nos cris. Est ce que dieu entends-t’il tout ces cris et nos pleurs. Dieu ne les entendez vous pas ? Où est ce Dieu juste qu’ils ont pensé pour nous ?”

Notes :

*1 Mme Shahin Mahinfard parle bien sur de la Jeune Iranienne Neda Agha Soltan qui fut assassinée sous nos yeux lors d’une manifestation de Juin 2009 par le milicien Bassidj’i un dénommé Abbas Kargar Javid.

Vous pouvez aussi contacter le collectif des Mères du Parc Laleh ou Iranian Park Laleh Mothers sur leur site Internet directement à l’adresse suivante plus bas, car elle ont besoin de notre aide et de tout nos soutiens. ce collectif regroupe des mères de prisonniers politiques et d’enfant disparus ou assassinés lors des manifestations contre la dictature et qui ont décidées de ne pas garder le silence sur les exactions du régime de Khamenei et Ahmadinejad .

Iranian Park Laleh Mothers.

http://www.madaraneparklale.org/

Contact mail :

info@madaraneazadar.com

Voir aussi sur :

http://persianbanoo.wordpress.com/2011/12/09/mother-of-…imes/

D’autres informations sur l’Iran en français

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