L’évolution de la domination capitaliste
Catégorie : Local
Thèmes : Resistances
Lieux : Nantes
Les vendredi de B17
L’évolution de la domination capitaliste
Débat Vendredi 16 décembre 2011
RDV à partir de 19h30
20h30 discussions
Vers 22h « auberge espagnole »
Animé par Philippe Coutant
A partir du livre
« Le sujet et le capitalisme contemporain »
Une introduction au débat suit
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L’évolution de la domination capitaliste
Les idées libertaires ou anarchistes et anticapitalistes sont toujours situées dans l’espace-temps, elles sont indissolublement liées aux situations où elles émergent et s’expriment. Elles sont également inséparables des subjectivités et des collectifs qui les portent. Aujourd’hui nous ne sommes plus dans le contexte de la modernité, le moment où ces idées de transformation sociale et politique se sont manifestées pour la première fois. Nous proposons de nommer notre période « postmodernité » simplement pour dire que nous venons après la modernité, nous avons changé d’époque. Nous ne chercherons pas à qualifier cela, ni à savoir si c’est bien ou mal, c’est ainsi. Nous ne souhaitons pas à promouvoir une attitude « postmoderne », celle-ci est très souvent une façon d’habiller le cynisme des dominants. L’important maintenant, de notre point de vue, c’est que nous faisons dans cette situation. La cause des changements est multiple, il y a bien sur les catastrophes du XXème siècle, le développement des idées critiques et des luttes des exploités et opprimés. De surcroît, le capitalisme lui-même innove, il invente, il réagit aux oppositions et ceci produit des mutations, ce dont nous devons tenir compte. Il cherche à nous inclure dans son fonctionnement tout en nous déclarant libre.
Nous noterons pour commencer que nous sommes sûrs au moins d’une chose : nous vivons toujours au sein du capitalisme. L’exploitation et la domination continuent, ce qui évolue ce sont les formes de la domination.
Pour essayer de comprendre ces modifications nous nous proposons de partir, entre autres, des analyses de Michel Foucault. Celui-ci a étudié la mise en place de la modernité dans les discours, dans la façon s’est constitué la folie et la punition, notamment. Il a cherché à savoir ce qui avait motivé la mise en place de la société disciplinaire et l’invention de la biopolitique. Il a mis en évidence l’importance des nouvelles technologies de pouvoir. Dans la féodalité, le pouvoir était basé sur le territoire, mais les mailles de son filet étaient trop lâches, de plus, ce pouvoir était un prédateur, puisque la noblesse et le clergé ne travaillaient pas. Ces deux classes vivaient d’un prélèvement sur la production collective. Avec la construction de la modernité, la source de la richesse change, elle passe de la terre aux humains au travers du commerce et du travail. Si la domination s’intéresse au corps à ce moment là, c’est pour le rendre productif et pour ce faire, il faut arriver à le discipliner au niveau individuel. Ensuite, la biopolitique s’occupe de la vie au niveau collectif et cherche à obtenir une population de travailleurs nombreuse et en bonne santé.
Les technologies matérielles découvertes et inventées au fil du temps ont besoin d’un mode d’organisation spécifique pour être efficace. Michel Foucault prend, entre autres, l’exemple du fusil et de la réorganisation de l’armée pour expliquer cela. Le capitalisme d’alors a besoin d’êtres productifs pour se développer. La gouvernementalité de l’ensemble social est une conduite des conduites. La domination capitaliste s’intéresse donc aux corps individuels dans la discipline et aux corps pluriels dans la gestion des population. La question que nous nous posons aujourd’hui est celle de savoir si la notion de biopolitique est pertinente pour analyser notre époque.
L’examen des changements dans la subjectivité et des différentes manières dont notre subjectivité est concernée par le fonctionnement du capitalisme peut nous aider à répondre à cette question.
André Gorz a proposé des éléments pour analyser le passage du fordisme au capitalisme cognitif, ils seront un point d’appui pour voir comment l’immatériel est lié au fonctionnement du capitalisme de notre temps. Il s’agit de savoir pourquoi et comment les diverses productions de notre esprit intéressent le système. Que ce soit le désir, les émotions, l’intelligence collective, la capacité de coopération et notre réactivité, le mental humain est devenu une des ressources du système, une sorte de matière première du capitalisme postmoderne. En outre, la multiplication des dispositifs qui organisent notre soumission montre que nos comportements sont l’objet de beaucoup de sollicitude. Tout ceci nous conduit à émettre l’hypothèse que la domination capitaliste est passée du corps à l’esprit, cette domination devient mentale. La biopolitique d’aujourd’hui serait cette attention si particulière portée à l’esprit humain.
C’est dans ce contexte que les idées anticapitalistes prennent un nouveau souffle et que de nouveaux foyers de forces se constituent et cherchent à s’exprimer. Ils naissent dans l’immanence d’aujourd’hui, celle de la complexité et la sophistication de la domination.
Guattari avait bien vu dès 1989 que l’existentiel était en difficulté. Aujourd’hui, cette détresse et ce désarroi sont visibles partout. Ce constat est la base de notre travail, un début d’étude des changements au sein de la domination, là où surgissent les idées et les pratiques libertaires. Pour que ces idées puissent se renforcer et se construire collectivement, l’étape de l’étude du réel nous semble indispensable. Nous pensons que c’est une condition de possibilité pour leur développement. C’est pourquoi nous nous intéressons à la biopolitique d’aujourd’hui, parce qu’elle est inédite et qu’elle est un défi pour les idées anticapitalistes.
Le débat porte notamment sur la question des modèles. Ce qui est abordé ici ce sont des tendances, il est impossible d’être exhaustif, nous ne cherchons pas à construire un système, mais à comprendre notre situation et nous parlons depuis un pays impérialiste du Nord. Nous abordons la question de l’évolution de la domination capitaliste parce que c’est à elle que nous sommes confrontés.
Philippe Coutant, Nantes le 11 juillet 2001
Site : http://1libertaire.free.fr
« la domination est passée du corps à l’esprit » dans le capitalisme post moderne que apparemment nous sommes en train de prendre de plein fouet.
Tous les » forçats » du système capitaliste même à ses débuts politique à la révolution française, étaient contrôlés aussi bien dans leurs mental que physiquement, ainsi que dans leurs périodes en dehors de la manufacture ou de l’usine; impact sur le temps de loisir, les relations interpersonnelles, la fatigue psychique, la manière de pensée, de concevoir le rapport familial etc…
donc je ne comprend pas bien la différence ou la nouveauté entre la domination à cette époque et aujourd’hui dans l’appropriation du corps et de l’esprit …
Si vous lisiez le livre peut-être que ceci vous éclairerait
une des différences c’est la liberté
Ph C