HISTOIRE DE l’OCCUPATION

Depuis le 3 novembre dernier, les arbres du parc
mistral de grenoble (1) sont occupés et habités afin d’empêcher la
destruction d’une partie du parc mistral. Plus de 300 arbres du ‘poumon
vert’ grenoblois dont un vieil orme bicentenaire devrait disparaitre pour
laisser place à un stade de foot géant. Ce terrain de jeux et de
promenades privilégié représente un nouvel espace public en voie d’être
privatisé…

Une campagne de protestation avait été lancé par des voies de lobbying et
autres démarches politiques traditionelles par l’association « sos parc
mistral » sans parvenir à empêcher le projet. Alors que le démarrage du
chantier s’annonçait imminent, trois personnes d’abord, rapidement rejointes
par une bonne vingtaine d’autres, ont décidé de passer à l’action directe et
d’occuper de manière permanente le terrain pour empêcher la venue des
tronçonneuses et bulldozers. Une dizaine de cabanes dans les arbres, avec
matelas et hamacs, espaces de vie et cuisinières, constitue maintenant un
village en perpétuelle évolution relié par des chemins aériens avec une
plate-forme à une vingtaine de mètres de hauteur.

Le soutien d’une partie importante de la population grenobloise a été
immédiat et les insoumis-e-s du parc Mistral, renforcé-e-s par de nombreux
vivres et sourires, tiennent bon malgré le froid. Ils/elles sont décidé-e-s
à résister coûte que coûte à leur expulsion et à empêcher que l’on vienne
les dénicher de leurs arbres. Grâce au soutien de personnes au sol, la pose
de barrières métalliques autour du parc a pu être empêchée plusieurs jours
de suite en décembre. L’expulsion des occupant-e-s des arbres, aussi bien
techniquement que politiquement, risque maintenant de s’avérer extrêmement
problématique pour les élu-e-s et la police grenobloise. Il faut aussi
souligner cette action arrive dans un contexte où les espaces occupés se
multiplient à grenoble avec de nombreux squats regorgeant d’activités, le
théâtre rio pris par des intermittents depuis quelques semaines, où la fac
en décembre dernier.

MENACES ET APPEL A SOUTIEN URGENT !
Néanmoins, concernant le parc mistral, la mairie
à déjà lancé une procédure d’expulsion acceptée par le tribunal
administratif. Le maire de grenoble a cependant déclaré qu’il respecterait
la « trêve des confiseurs ». L’expulsion risque cependant d’arriver tout de
suite après les fêtes et dans les semaines qui vont suivre. Les occupant-e-s
des arbres appellent donc à la venue de personnes sur place, expérimentées
ou non en matière de campement d’action et d’escalade (y’a de la place pour
tout le monde) et recherchent aussi divers équipements. Une des possibilités
étant bien sur de les rejoindre pour quelques jours, quelques semaines ou
jusqu’à l’expulsion pour étendre l’occupation du parc.

L’avenir et la possibilité de faire plier la mairie dépendra pour partie du
nombre de personnes déterminé-e-s présentes sur les lieux et du type de
défense mises en place contre l’expulsion. Un arbre téléphonique important a
déjà été créé pour répondre à toute attaque contre le campement.

QUELLES REVENDICATIONS / QUELS ENJEUX POLITIQUES ?
Politiquement, les occcupant-e-s se revendiquent collectivement
« eco-citoyens » . Le choix de cette dénomination ne manquera pas de poser
de légitimes questions. Le terme citoyen est en effet revendiqué comme une
marque de responsabilisation politique et sociale par de nombreuses
personnes « engagé-e-s ». Il est cependant à juste titre fortement critiqué
par la plupart des mouvements libertaires et anti-autoritaires en tant
qu’emblême d’une légitimation de l’Etat, d’un renforcement de ses structures
d’oppression, et d’un refus de toute confrontation politiques qui sorte des
cadres autorisés par les institutions et les médias.
Les ‘eco-citoyens’ mettent en avant une démarche écologiste de
sauvetage du parc.Par ailleurs les « eco-citoyens » se revendiquent
« apolitiques » et n’appartenirent à aucun « partis » ni « associations ».
Cette revendication de neutralité semble néanmoins avant tout s’inscrire
dans une volonté de repousser les récupérations électoralistes des partis
institutionnels, que ce soit du coté des verts ou de l’ump. Les enjeux sont
énormes et beaucoup de polticien-ne-s voient en effet d’un bon oeil la
municipalité PS prise à parti par une lutte aussi populaire.

Ces considérations posées, la démarche entreprise d’action
directe contre un tel projet peut néanmoins apparaître en elle-même comme
fortement porteuse de radicalité politique. Tout autant à mon sens que bien
des discours théoriques. La mise en place pour ce faire d’un espace
temporaire de vie communautaire a aussi transformé l’aventure en
expérimentation de la vie et de l’organisation collective égalitaire. Elle
permet la découverte de pratiques militantes pour un grand nombre de
personnes qui pouvaient y être relativement neuves.

Ce type de campement d’action permanent pour protéger un site ou empêcher un
grand projet, et notamment l’utilisation d’un village aérien, a encore
relativement peu été expérimenté en france. La lutte du parc mistral peut
donc créer un précieux terrain d’apprentissage et d’échanges. Ceci dans un
contexte des campements d’actions de ce type, qui ont pu aider à créer des
rapports de force conséquent au cours de la dernière décennie dans d’autres
pays européens, pourraient être envisagés pour empêcher la construction de
nouvelles prisons, centre de rétention, supermarchés, routes et autres
centrales nucléaires…

Cette action est en outre source, de par sa spécificité, de multiples liens
et échanges positifs avec les habitant-e-s de la ville, liens extrêmement
prècieux et souvent trop rares dans le cadre d’actions directes.

Alors reste à faire en sorte de les rejoindre ou de multiplier cette
expérience en d’autres lieux !

Un libertaire solidaire de l’occupation du parc mistral.

leur contact :

Le Platane Insoumis, Parc Paul Mistral
38100 Grenoble FRANCE
E-mail :
lesecocitoyens@fr.st
site web :
lesecocitoyens.fr.st

1. Grenoble est une ville de l’est de la france, proche de lyon, située au pied
des alpes àl’intérieur d’une cuvette et connaissant déjà de forts problèmes de pollution.